Après COP21 : les premières actions concrètes pour le climat

Nucléaire et énergies renouvelables sont parfaitement complémentaires. Au secteur privé de se saisir de ces enjeux pour ne pas les laisser aux politiciens.

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Après COP21 : les premières actions concrètes pour le climat

Publié le 10 février 2016
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Les annonces et mesures en faveur de la transition énergétique semblent se multiplier un peu partout dans le monde, avec davantage d’investissement vers les filières énergétiques décarbonées. Une tendance qui permettra peut-être de transformer intelligemment l’essai de la COP21 dans les années à venir. 

Par Roland Berthier.

Éolienne (Crédits Lollie-Pop, licence Creative Commons)
Éolienne (Crédits Lollie-Pop, licence CC-BY 2.0)

La question environnementale, évoquée lors de la COP21 à Paris, en décembre dernier, dépasse la simple dimension théorique et gagne progressivement en pragmatisme. Débats et positions ont pris de la distance vis-à-vis du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), et la perception du dérèglement climatique a changé. Cette prise de conscience croissante touche désormais l’ensemble des acteurs concernés, qu’il s’agisse des producteurs, des consommateurs, des pays en voie de développement ou des grandes puissances industrielles.

« Nucléaire et renouvelable sont parfaitement complémentaires »

Les initiatives et les investissements du secteur privé ont contribué à l’émergence de propositions concrètes et innovantes dans l’ensemble des filières de production énergétique décarbonée. Et ce dans le but de composer un mix énergétique optimal permettant à la fois de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et de garantir l’approvisionnement des réseaux.

Face aux enjeux du réchauffement climatique, l’ensemble des énergies bas carbone doivent être mises à contribution, afin d’établir la combinaison énergétique la plus adaptée et raisonnable en tenant compte des particularités nationales ou régionales. Comme l’explique dans Le Figaro Christian Pierret, ancien ministre délégué à l’Industrie et président du think tank Vista dédié aux question énergétiques, « nucléaire et renouvelable sont parfaitement complémentaires dans ce cadre et constituent la condition pour mettre en place une décarbonation de la croissance économique. C’est le nouveau paradigme qui doit être pris en compte et qui va se substituer aux problématiques énergétiques fossiles ».

Un retour à l’atome pour accompagner les renouvelables

Plusieurs pays n’ont d’ailleurs pas attendu pour se positionner dans ces filières et enclencher une transition énergétique nécessaire. Le Costa Rica par exemple fait d’ores et déjà figure de modèle avec un mix électrique à plus de 99 % renouvelable en 2015. De nombreux pays africains s’orientent également peu à peu vers les énergies décarbonées et ont annoncé depuis début décembre plusieurs mesures fortes. On pense notamment au Maroc et à la Zambie qui comptent désormais pleinement sur l’énergie solaire ; à l’Éthiopie qui profite d’un potentiel éolien considérable ; ou encore à l’Afrique du Sud où l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables, éolien en tête, seront associées dans un mix énergétique futur ambitieux.

Certains pays développés comme le Royaume-Uni ou le Canada, font quant à eux le choix d’un retour au nucléaire pour accompagner le développement et la maturation technologique des énergies renouvelables. La province de l’Ontario, au Canada, par exemple, a annoncé la semaine dernière la mise en place d’un vaste programme de rénovation nucléaire lui permettant de garantir un mix électrique propre et durable dans les prochaines années.

« Le mouvement est en marche et nous devons l’accélérer »

La France possède déjà un mix électrique largement décarboné avec plus de 75% de nucléaire et près de 20% d’énergies renouvelables. Elle souhaite aujourd’hui optimiser ses moyens de production thermique, toujours indispensables pour répondre aux pics de consommation d’électricité. Le groupe EDF s’est engagé pour cela dans un programme de rénovation et d’amélioration technique de ses centrales thermiques. Le nouvel équipement « cycle combiné gaz » de Bouchain (Nord) devrait remplacer dans ce cadre dès cet été l’ancienne centrale thermique et améliorer significativement le rendement et l’empreinte carbone de ce site de production. Concernant les renouvelables, l’investissement en France a progressé de 26 % (7 milliards de dollars), en partie grâce au financement du projet de parc solaire de Cestas (Gironde), qui représentera une capacité de production de 300 MW.

Appelés à se multiplier dans les mois à venir, ces mesures et engagements en faveur d’un système énergétique plus durable suscitent l’intérêt des politiques. La ministre française de l’Écologie, Ségolène Royal, s’est d’ailleurs félicitée, le mois dernier, que le secteur privé se soit ainsi « saisi de la transition énergétique […] et de la chance d’investir dans la croissance verte », y compris par anticipation. « Le mouvement est en marche et nous devons l’accélérer », avait-elle alors ajouté.

Retrouvez sur Contrepoints notre dossier spécial COP21

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  • Article très intéressant.

    Je suis gêné par un point : les déchets ultimes de l’énergie nucléaire. Selon moi, ils sont chiffrables, et le montant est une énormité. (Stockage sur mille ans). Ils devraient figurer dans le bilan d’AREVA et EDF, pour être amortis disons en 40 ou 50 ans, voire 80 ans.

    Cela permettrait de constituer un fonds financier à la disposition des générations futures.

    En d’autres termes, l’électricité nucléaire est beaucoup lus chère qu’on le dit, parce que la gestion des déchets est considérée comme une externalité négative (une de plus) mise à la charge des générations futures.

    Sur ce point, la génération du baby boom, tant gâtée, et qui est aux commandes depuis 30 ans manque d’éthique vis à vis de ses descendants.

    • Pour qui cette question intéresse, pourquoi pas lire le point 4 ici :

      https://www.contrepoints.org/2015/02/17/198196-17-objections-bidons-contre-le-nucleaire

      • C’est effectivement très intéressant à lire, et vous noterez que je me suis bien gardé de soulever toutes les objections décrites dans les pages que vous nous avez fournies.

        J’ai même évité de parler de Ministre Madelin qui déclarait à la TV que le nuage de Tchernobyl s’était arrêté aux frontières françaises, ce qui a dû être apprécié par eux qui ont découvert (trop tard…) qu’ils étaient contaminés et ont déclaré un cancer.

        j’ai simplement dit que la totalité du coût de la gestion des déchets devrait être payée aujourd’hui par les consommateurs d’électricité nucléaire, ce qui ne semble pas hors de portée, et évitera aux générations futures de payer la note.

        N’est-ce pas le B.A. BA du libéralisme ?

        • Le coup du « nuage qui s’arrête à la frontière » est un mythe, personne n’a jamais déclaré cela officiellement. Il est en revanche établi que les retombées sur le territoire français ont été minimes et que les autorités de pays voisins, notamment l’Allemagne, ont largement sur-réagi donnant de fait l’impression fausse que la France cachait des choses à sa population. Par ailleurs aucune augmentation de cancers ne peut être imputée à cet accident, la chose est largement documentée et appuyée par des décisions de justice.

    • La France a accumulé en 60 ans 2 293 m3 de déchets HA hautement radioactifs.

      Dans la même période, elle a produit 6 milliards de tonnes de béton en utilisant 648 milliards de litres de fuel ou équivalent énergie et des dizaines de milliards de tonnes de déchets, gaz et sous-produit toxique ou nuisible.

      Ce n’est que le béton, on pourrait multiplier ces chiffres par la production de produit chimique, métaux, plastiques. Un Français produit 12.8 tonnes de déchets divers par année contre 3.3 grammes de déchets HA.

      Et vous prétendez que ce sont quelques conteneurs vitrifiés profondément enfoui dans des couches géologiques (dont la particularité est de ne PAS remonter à l’échelle de temps humain) qui vont constituer un problème pour les générations future ?

    • On devrait surtout prendre en compte que les « déchets ultimes » nucléaires actuels sont le carburant nucléaire des réacteurs de quatrième génération.
      Ces déchets sont donc à valoriser, certes, mais positivement. Ils sont un stock disponible pour utilisation future (qui n’aura donc pas à acheter de carburant ailleurs, au pire simplement à reconditionner ces « déchets »).

      Bref, l’énergie nucléaire est actuellement vendu PLUS chère qu’elle ne devrait.

      Cela dit, dans un sens comme dans l’autre, les durées et les incertitudes (donc le taux d’actualisation) sont telles que l’impact est sans doute négligeable.

  • De janvier à octobre 2015 : 98,7 % de l’électricité a été produite à partir d’énergies renouvelables, dont 74,6 % hydroélectriques, 12,9 % géothermiques, 10,3 % éoliens, 0,89 % biomasse, 0,01 % solaire et 1,3 % énergies fossiles (Source : ICE)
    et photo du journal le monde d’ou vient cet article des panneaux solaires…

    • Au Costa Rica, pays de moins de 5 millions d’habitants. Petit exercice de calcul : de combien faudrait-il réduire le niveau de vie en France pour élever la part de l’hydroélectrique à 74.6% ? Et dans le monde (pas le journal, le vrai) ?

      • Les possibilités en hydro-électricité sont forcément limitées , on ne crée pas des rivières à la demande donc le nombre de barrages est fonction de la géographie.
        Un petit pays avec un gros fleuve ou plusieurs grosses rivières s’en sortira plutôt bien.

      • La réduction du nouveau de vie jusqu’à atteindre un idéal se situant en équivalence quelque part entre le Néolithique et le Moyen-Age n’est-il pas justement l’un des buts recherchés par nos amis écologistes?

      • ou comment pourrait sxe debrouiller le ccosta rica pour produire plus de jus sans utiliser de fossile….

  • Il faudrait préciser que les énergies renouvelables en France, c’est très majoritairement de l’hydroélectricité.
    D’autres possibilités dans ce domaine existent, que les écologistes refusent toujours, de même qu’ils s’opposent au nucléaire. Le tout avec la violence propre à vaire plier le gouvernement.
    Pour le bilan, regarder ce que devient EDF.

  • Pour mémoire, il n’y a pas de consensus sur le rôle du CO2 anthropique sur le réchauffement climatique (en panne depuis 18 ans).
    Dès lors, décider de politiques énergétiques en tout premier lieu en fonction de ce critère ne peut que conduire à des solutions inadéquates.

    • Exact.
      Et cet article semble considérer que même le GIEC (hautement contestable et contesté) est en dessous de la réalité et que les pouvoirs concernés semblent « enfin prendre conscience des vrais enjeux ». Les vrais enjeux c’est sabrer encore plus la liberté, instaurer une théocratie écologiste et sabrer la richesse des nations ?

    • exact, et le jour où le baril de pétrole est à 30 usd le barril, je ne vois personnellement aucune urgence à décarboner.

  • J’ai cru lire sur ce site des articles « anti-Giec, d’autres très critiques sur les soi-disant énergies renouvelables .( les taxes pour celles-ci sont renouvelables)
    Rappel( de mémoire ,hop)/ Les éoliennes productivité 17% (plein de tonnes de béton et nuisances pour les riverains), le solaire 20ans maximum d’espérance de vie, rendement faible et aléatoire ( sauf pays ensoleillés), utilise des matériaux rares donc peut susceptibles de pouvoir baisser(le cout), il est fragile.
    Quand au réchauffement climatique je l’attend avec impatience (provoc)…
    Très très drôle : le dérèglement climatique . Il était réglé le climat comme une montre suisse, et les vilains hommes ,surtout les capitalistes ( les prolétaires complices qui « roulent », se chauffent, consomment) , l’ont déréglé.
    Mais les techno-écolos touchés du doigt divin (eux aussi, c’est incroyable le nombres d’experts touchés du doigt divin ) savent comment le réparer le « rerégler »! Ils connaissent la règle du climat ou sa régulation , ferme et définitive . Plus d’histoire du climat ,l’affaire est close . Leroy Ladurie au chomage…
    Le changement climatique : imaginez un climat qui ne change pas…
    Transformer intelligemment l’essai de la COP21: l’auteur pourrait-il se pencher généreusement aussi sur la révolution (putch) d’octobre 1917, tout n’était pas à jeter avec le sang du bain .
    Je souhaite à Mr Berthier, Roland d’avoir une belle mission très bien rémunérée par nos impots, taxes sur l’énergie, dans de merveilleux comités ou hautes autorités qui font l’admiration du mode et la joie des rustres dont je fait parti. Pendant ce temps le rustre travaille dans le privé, le vulgaire quoi .
    L’empire du bien est à nos portes je l’entend sonner, les chatons mignons de H16 sont rassurés.

  • J’insiste!
    Article comique et navrant, voire tragique , qui reprend platement les « problèmes » de l’énergie (pic de consomation etc.) .
    Il est servile et jargonneux (transition énergétique, c’est d’un drôle) et déroule ses courbettes devant les étatistes de tous poils et les crony capitalistes avides de subventions, monopoles etc

    • +1

      L’état peut à la rigueur imposer des règles de sécurité, inciter pour favoriser une évolution – bien que d’un point de vue libéral c’est toujours douteux.

      Mais quand il prétend planifier à grand coups de statistiques biaisées et d’idées toutes faites, en négligeant les contraintes techniques, économique et humaines, en se focalisant sur une petite partie du problème, en enfonçant les portes ouvertes et en abusant d’un jargon digne de l’Education Nationale, on dépasse très rapidement le mur du çon. L’auteur postule-t’il pour la fonction de chef d’escadrille ?

  • Chapeau !
    Chapeau à Contrepoints pour sa tolérance et laisser commettre un tel article, condensé des idées à la mode, des clichés post COP21 tarte à la crème. L’œcuménisme énergétique avec une grosse dose de nucléaire (que j’approuve) pour faire passer les dogmes écolos, est un peu lourdingue.
    Que Contrepoints prenne garde à ne pas se laisser aller au flux mainstream, le marché est déjà bien encombré.

    • En effet, mais pour se protéger du group think il faut que des avis divergents s’expriment. Les médias mainstream devraient s’en inspirer.

      • Certes, oui à la pluralité des idées mais Contrepoints est censé être le nivellement par la haut. Je parle du contenu mais que devrais-je dire de la « qualité » d’écriture, niveau étudiant poussif !
        Dans le genre pronucléaire et pro GIEC je préfère, de loin, une analyse d’un Jancovici.

  • Que se passe t’il autour des LENR? Difficile de trouver des infos crédibles a ce sujet; En tout cas cela reglerait définitivement la question et le collectivisme devrait aller se battre sur le terrain d’autres polémiques

  • Manifestement, l’auteur ne connait pas le sujet des énergies solaires et éoliennes : facteur de charge en particulier. Voyez ce que donnent 11000 MW d’éolien et 6200 MW de solaire installés : http://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-mix-energetique C’est dramatique vu le prix que cela coûte.

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Éric Chaney est conseiller économique de l'Institut Montaigne. Au cours d'une riche carrière passée aux avant-postes de la vie économique, il a notamment dirigé la division Conjoncture de l'INSEE avant d'occuper les fonctions de chef économiste Europe de la banque américaine Morgan Stanley, puis de chef économiste du groupe français AXA.

 

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