Grèves, insécurité, désordre : mais à quoi sert l’État d’urgence ?

Rien ne ressemble plus à l’État d’urgence que son contraire.

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Violence des taxis à Porte Maillot à Paris lors de la grève du 26 janvier (Capture d'écran)

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Grèves, insécurité, désordre : mais à quoi sert l’État d’urgence ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 26 janvier 2016
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Par Frédéric Mas.

La grève des taxis n’a pas simplement bloqué le périphérique au détriment des Parisiens, elle a rapidement dégénéré en affrontement avec les forces de police. Pourtant, comme pour n’importe quelle autre manifestation, celle-ci devait être autorisée par la préfecture de Police (si incidence il y a sur l’ordre public). Cette dernière a donc donné son aval à une manifestation qui risquait sans grande surprise de se transformer en émeute, ne serait-ce qu’en se référant aux épisodes précédents de la guerre entre taxis et vtc.

À Calais, le désordre règne et la police est impuissante à protéger une population au bord de la crise de nerfs face à une crise migratoire que les pouvoirs publics laissent pourrir depuis des mois. Une manifestation organisée par l’extrême gauche en faveur des migrants a, là encore, dégénéré en affrontement, dégradations des biens et des commerces du centre-ville.

Certains observateurs cyniques pourraient juger ces atteintes graves à l’ordre public habituelles en France. Après tout, les émeutes dans les banlieues, les gens du voyage qui estiment devoir faire justice eux-mêmes ou les grèves qui se transforment en prise d’otages sont légion dans l’actualité. Andrew Hussey observait depuis Londres à l’occasion des émeutes de 2007 à Paris (Gare du Nord) que : « Paris [s’était] endurcie pour supporter des niveaux de violence qui, dans n’importe quelle autre capitale européenne, auraient menacé la survie du gouvernement. » Il ajoute que « les Français se sont habitués à la violence, aux mini-émeutes et aux affrontements entre la police et la jeunesse insatisfaite. » (Hussey Andrew, Insurrections en France. Du Maghreb colonial aux émeutes de banlieues, histoire d’une longue guerre, éditions du Toucan, 2015, p. 36.)

Mais voilà, la situation est censée être exceptionnelle, et l’état d’urgence instauré par le gouvernement pour combattre l’État islamique donne à l’administration des moyens et des raisons pour garantir l’ordre public contre le terrorisme. Comment les pouvoirs publics peuvent-ils prétendre s’emparer de ce sujet s’ils ne sont même pas capables d’assurer leurs fonctions régaliennes touchant à la sécurité intérieure ? Il y a là un décalage entre la réalité et le discours politique qui en dit long sur le rôle de l’état d’urgence pour le gouvernement Hollande : il s’agit essentiellement d’une mesure politique de communication visant à faire patienter une population en grande partie exaspérée par ses manquements. Il faut cependant ajouter que ses effets sont réels, et que sa prolongation risque fortement d’être ressentie, à tort ou à raison, comme une manière pour la classe politique de s’isoler un peu plus du reste de la population devenue à ses yeux la nouvelle « classe dangereuse » à fliquer, domestiquer et neutraliser… Si même les politiques ne croit plus à l’État de droit, qui le défendra ?

Lire sur Contrepoints notre dossier spécial état d’urgence

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  • C’est précisément pour cela que l’Etat d’Urgence, que nombreux irréfléchis soutiennent (car « quand meme faut tout faire »), il est assez logique et mathématique, d’ailleurs devoir de 6eme :
    – Paul le professeur de collège a 30 gommes
    – il décide d’en donner une par élève… dans une classe d’informatique de 27 élèves
    – il lui en reste 3 a distribuer, qu’il donne aux élèves de cours de dessin qui sont 27 aussi.
    Question :
    – Combien d’élèves en possession de gommes ne vont pas s’en servir ? et combien d’élèves qui en auraient l’utilité n’en auront pas ?
    Mais au moins les élèves du cours d’informatique sont rassurés, au cas ou… tous les ordinateurs ne marcheraient plus et qu’aucun stylo ne soit disponible, ils auront de quoi effacer leurs erreurs.

    • Sacré libéral complètement déjanté , qui suggére qu’il vaut mieux une bonne peste qui guérirai une bonne fois pour toute ,toute velléité de lutte des classes ..Finalement vous avez les mêmes symptômes contagieux que les marxistes pur porc .

  • Pas du tout d’accord. Cela ressemble exactement à ce que l’on pouvait s’attendre. Privations de libertés individuelles parfaitement arbitraires et certainement pas la protection des populations.

    • Et puis, même si ça ne rapportera rien pour la sécurité anti-terroriste, ça aura pourtant permis de créer la N.S.A., avec cette « french touch » qui fait que c’est Bercy qui va en profiter pour collecter des sous dissimulés: le « FRIC », cette chose dont il est extrêmement malséant de parler, entre « gens du monde », pourtant prioritairement « obsédés », comme tous les Français, par ce sacré « POGNON », qui manque tant, dans cette France de moins en moins productive.

      Les vrais riches Français sont tous, maintenant à l’étranger, ou avec des « accointances » à l’étranger! Ils n’ont pas attendu cette inquisition systématique dans tout ce qui vous touche dans votre sphère privée!

      Vous ne vous rendez pas compte de l’effet que ça fait quand ma première banque française me donne mon premier carnet de chèque (déjà inexistant depuis 2002, chez moi, mais les banques françaises sont préhistoriques, c’est évident!) mais voir que tous mes chèques sont « barrés » à l’imprimerie, c’est troublant: chez moi, quand ça existait encore, je les barrait moi-même ou pas! C’est un des premiers indices pour sentir que je vais devoir me méfier!

      Mais peu de Français peuvent comparer la France (combien s’informent aussi à l’étranger?) et ses partenaires pour voir se creuser l’abîme!!!

      Ceux de l’étranger ont bien ouvert les yeux (dont les faux « expatriés » – en fait « vrais émigrés » – qui écrivent régulièrement sur Contrepoints!).

      Mais les autres?

  • J’espère me tromper…

    L’état d’urgence me semble totalement inefficace en matière de lutte contre le terrorisme. D’ailleurs, c’était et cela reste open bar total.
    Les migrants entrent & se baladent. Les organisations extrémistes de gauche manifestent et « niq ». Les intégristes passent à la télé piétinant les femmes, la laïcité, la république… La ministreLes associations douteuses reçoivent leur subventions. Les frontières sont poreuses. Bref, le lit du FN….

    Par contre, pour l’état exsangue, cet état d’urgence en cas de lourd et brutal problème financier, c’est pas le panard?

    • D’accord avec vous, sous réserve de remplacer « en cas de » par « étant donné le ». En conséquence, l’état d’urgence sera prolongé jusqu’au retour (plus exactement jusqu’à l’arrivée) de la croissance à deux chiffres.

  • Tout à fait d’accord.
    Le terrorisme n’est qu’un prétexte le but étant un contrôle serré de la population alors que des temps difficiles s’annoncent avec sa cohorte de troubles sociaux

  • L’Etat d’urgence devrait prendre fin complètement en mai, tel qu’il est dans la loi de 1955. 15 jours+3mois+3mois. En mai donc, mais en juin, il y a la Coupe d’Europe en France ! Si nous sommes toujours en « Etat d’urgence » en juin c’est que l’Etat aura bafoué (encore) la DDHC et la Constitution (l’Etat aime bien faire des lois qui l’arrangent et les détourner).
    Les attentats de 1996 dans le métro parisien n’ont pas viré à l’Etat d’urgence, et pourtant les auteurs ont été chopés quand même et plus rapidement me semble-t-il.

  • Je ne comprends pas les voitures qui s’arrêtent benoitement devant un gus qui tend les bras.
    Je vois cette crapule devant moi, je mets un coup d’accélérateur sans débrayer pour lui faire peur, s’il ne recule pas, j’embraye et j’avance, et tant pis pour lui.

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