Réduction du chômage : un montage ridicule

S’occuper de la demande d’emplois ? Mais il n’y a pas d’offres d’emplois !

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Réduction du chômage : un montage ridicule

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 24 janvier 2016
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Par Jacques Garello

chomage-Insomnia Cured Here-Charlie Chaplin(CC BY-SA 2.0)
chomage-Insomnia Cured Here-Charlie Chaplin(CC BY-SA 2.0)

 

Après l’opération COP 21 dont personne ne se souvient, mais qui a permis d’amortir le choc des régionales, voici maintenant lancé le grand programme d’inversion de la courbe du chômage. Il s’agit, une fois de plus, d’un montage médiatique et assez scandaleux : on fait croire aux Français, et aux chômeurs les premiers, que la solution est dans la formation de 500 000 personnes aujourd’hui sans emploi.

Dans la rubrique de conjoncture de notre lettre 1257 (décembre) nous rappelions que rien n’est plus simple que de mettre fin au chômage massif, et nous avions énuméré les dispositions élémentaires à prendre. En voici le rappel :

1° Stimuler l’activité économique et la croissance en diminuant les charges publiques (impôts et cotisations) et surtout en supprimant la progressivité des prélèvements qui pénalise ceux qui veulent davantage travailler, épargner, entreprendre. Les cotisations sociales (retraites et santé) atteignent un taux dramatiquement haut avec les systèmes de répartition.

2° Libérer le marché du travail en réhabilitant le contrat individuel, au lieu d’imposer salaires et conditions de travail fixés par des négociations collectives ou des réglementations publiques. Le SMIC doit disparaître, comme la durée légale du travail, comme la durée du contrat.

3° Prévoir un filet social pour aider les chômeurs en leur garantissant un revenu minimum familial, limiter dans le temps cette indemnisation, améliorer la formation.

4° Réduire les interventions économiques et sociales de l’État, qui créent des revenus immérités au travers de privilèges et statuts, et redistribuent arbitrairement les revenus tirés de l’activité productive, profits, salaires et intérêts.

Ces mesures doivent être à l’abri de toute manipulation et garantir la stabilité institutionnelle et législative qui permet des anticipations fiables.

Le gouvernement n’a retenu qu’une seule de ces dispositions, à vrai dire mineure : améliorer la formation.

Le prétexte du gouvernement est de se rapprocher du modèle allemand. Il est vrai que l’on évoque très souvent la qualité de la formation et de l’apprentissage en Allemagne. Mais il s’agit de mesures préventives du chômage, destinées à mettre à la disposition des entreprises un capital humain de qualité, capable de s’adapter pour occuper les emplois disponibles.

En revanche, les grandes réformes des quatre lois Hartz (sous le gouvernement Schröeder) ne sont même pas évoquées par le gouvernement. Elles seraient contradictoires avec la tradition « sociale » de la France, car elles conduisent à privilégier les accords d’entreprises au détriment des négociations collectives menées par les syndicats et les instances patronales, à moduler le contrat de travail individuel en fonction de l’intérêt des parties, à supprimer la durée légale du travail (en se tenant en principe en dessous du plafond européen de 48 heures), à libérer les salaires horaires (même si le SMIC a été instauré récemment, mais fort éloigné du salaire médian).

Il n’est qu’à constater le sort qui a été réservé à la réforme du Code du travail tout au long de l’année 2015 pour comprendre qu’on a en France renoncé à donner aux salariés et aux employeurs les éléments de flexibilité dont ils ont besoin pour sceller un accord personnel.

Quant à la création d’emplois, elle est bloquée dans notre pays. Entreprendre, épargner et investir, c’est s’exposer à des charges sociales galopantes, à des impôts sur les bénéfices et sur les revenus, et au coût d’une réglementation pléthorique et incertaine.

Mais l’essentiel, pour calmer l’opinion publique, n’est-il pas de faire croire que l’on a introduit tout d’un coup des changements miraculeux dans l’économie française ? On jouera – et on joue déjà dans certains discours – sur le fait que la formation ne porte ses fruits qu’à terme, et on scrutera avec espoir les chiffres mensuels des demandeurs d’emplois, tandis que le nombre des créations d’emplois sera stationnaire, ou en déclin.

Qu’il existe une insuffisance des « appariements », que des employeurs cherchent en vain du personnel de qualité et de quantité voulues, c’est incontestable (hôtellerie par exemple), mais cela n’explique pas 5 millions de personnes sans emploi durable. Assimiler une fois de plus des gens en formation à des personnes en voie d’être rapidement employées est une manipulation de plus. Sans doute le gouvernement prépare-t-il en sous-main la vraie mesure anti-chômage, conçue par Bernard Tapie ; mettre le chômage hors-la-loi. On y viendra en 2016.

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  • L’état providence n’est pas la solution mais le problème ! Dans un pays libre le statut public est incompatible avec la démocratie. Pôle emploi favorise le chômage autant que les HLM bloque le logement
    Pour le chômage, les chambres consulaires doivent se substituer aux machins étatiques et syndicaux car eux connaissent le marché, l’emploi et les employeurs. Employeurs qui s’écroulent sous les charges sur salaires car, ce ne sont plus les salaires qui doivent supporter le sociale mais le chiffre d’affaires et les énergies produites et consommées comme suggéré par A. PINAY en 1974. La Justice Sociale n’est pas un partage imposé mais l’accès à chacun de la part des richesses qu’il a crée

  • « Un montage ridicule », on peut effectivement se poser la question quant à son efficacité à résoudre le problème du chômage.
    Néanmoins, ne s’agirait il pas d’un montage uniquement opportuniste destiné à faire illusion et à satisfaire un clientélisme électoral ?
    Un montage qui pourrait s’avérer, pour ses promoteurs, d’une grande efficacité en 2017 dans une configuration de 2ème tour d’élection présidentielle…

    • Mais comment ne voit-on pas, en France, que tout va dans le même sens, un sens (dé)construit depuis plus de 40 ans (en fait, 60, au moins: déjà dans la résistance, les communistes rêvaient que rien ne soit plus après la guerre, comme avant! Et vu le régime de Ph.Pétain, il y avait de quoi y penser!)

      Mais depuis la guerre et Ch.De Gaulle vous êtes maintenant en train de tondre la moquette: tout dans l’image, la petite phrase et l’apparence, totalement inefficace et, en fait simplement populiste: dire et faire ce que la majorité veut entendre, droite comme gauche: depuis le « Général », son successeur G.Pompidou (Loi « Rotschild » mise à part), le pouvoir, en France, ne fait que s’effondrer pour n’arriver qu’à une apparence de pouvoir sans aucun argument viril de l’utiliser vraiment!

      Fr.Hollande, vous l’avez vu discourir pour ne rien dire? Ou simplement négligé par B.Obama?

      Mais N.Sarkozy, ce n’était pas mieux: en France (où les plus critiques lui reconnaissent ses « réussites à l’ extérieur ») , après avoir regardé ses conférences de presse (en Français, exclusivement, seules à passer sur la télé française) après les sommets successifs: vous avez gobé ce qu’il racontait: Il venait de « sauver l’Europe définitivement » (à lui tout seul, avec ses petits bras et … – « mezza voce » – avec « Angela » – qui était finalement la seule à décider! -) au moins une douzaine de fois, dans la crise grecque!

      On ne le prenait pas au sérieux et son aventure ridicule, légitimée a posteriori, en Libye (avec le Royaume-Uni et l’U.S.Navy, pas loin) avec B.H.Lévy, c’était tragi-comique et, de nouveau, à une pure destination française! Juste pour renforcer les mythes nationaux … comme prétexte!

      Pas crédible! Il suffisait de regarder la télé dans d’autres pays pour le savoir! Un premier ministre à qui on demandait comment était N.Sarkozy, en réunion a répondu simplement: « il bouge beaucoup! »: lui non plus ne serait plus pris au sérieux. Et des Français s’apprêtent encore à voter pour ce perdant!

      Le simple fait que la France soit incapable de se réformer de quelque manière que ce soit, avec n’importe quelle couleur de parti au pouvoir, et qu’elle n’approche qu’à peine, d’une année sur l’autre, des critères de convergences, alors qu’objectivement, elle n’a aucune autre excuse que sa mauvaise volonté et sa vicieuse habitude de prendre « Bruxelles » comme l’un des nombreux boucs émissaires au service de LA « République ». Alors quand elle vient plaider son cas à « Bruxelles », plus personne ne peut la prendre au sérieux.

      Je « prophétise » que ce n’est pas d’ici à 2017 qu’une « vraie » réforme aura lieu.

      Et ne copiez pas les autres pays: déjà, les Français ont horreur de se comparer à d’autres: on leur a tellement bourré le crâne avec les mythes: « RRRépublique » (qui parle de la république allemande?), « Lumières » devenues poussiéreuses depuis des siècles, « Droits de l’Homme » (à côté de la « jungle » de Calais et de cette « trouille » face à une immigration pourtant comparativement bien raisonnable et des chocottes face à une hypothétique « perte d’identité » rencontrée nulle part ailleurs mais qui fera le scrutin de l’année prochaine! etc … etc…

      • Mikylux
        Vous relatez en fait ce que d’autres ont appelé le « mal français » qui consiste à faire montre de nombrilisme en toute circonstance. Nous vivons dans un pays dirigé par une caste de hauts fonctionnaires, véritables « barons » de la république, qui prétendent tout régenter notamment en ce qui concerne le secteur économique, et ceci, peu important que nous ayons un président de la république de gauche ou de droite.

        Quant à votre appréciation sur l’immigration, j’ai un avis différent car nous avons, en France, atteint et même dépassé le seuil d’assimilation de populations étrangères dont beaucoup d’éléments viennent chez nous pour tenter de nous imposer leur façon de vivre et leur refus de s’intégrer à notre société.

  • Combien de chômeurs qui répondent aux offres mais se font refouler parce que les employeurs cherchent des moutons à 5 pattes ? Avec une liste de compétences longues comme le bras, 45 ans d’xp et avoir serré la main d’au moins 4 chefs d’État ?

    • Un mouton à 5 pattes, c’est simplement quelqu’un qui sait s’adapter rapidement. En général, la demande est hypocrite car la cinquième patte est d’accepter un salaire inférieur à sa qualification ou ses capacités.

      Mais le problème de fond est que en France, c’est l’employeur qui est responsable de l’adaptation des ses salariés : il ne peut ni les virer, ni les récompenser par le salaire.

      • La plupart des annonces demande du personnel débutant (salaire faible) mais très expérimenté dans un domaine très spécifique. Ce profil n’existe pas. Mais embaucher étant très dangereux en France, les entreprises ne peuvent pas prendre le risque de se tromper donc de former elle même les personnes. Et la réalité est qu’un salaire de débutant est indispensable car le coût du travail n’est pas proportionnel au salaire mais augmente exponentiellement.

  • Très intéressant, j’y ajouterai obliger les banques à jouer leur rôle pour financer les PME
    Souligner qu’en Allemagne on peut devenir ingénieur par la voie de l’apprentissage!
    Enfin pour redonner le pouvoir aux citoyens, prélever les impôts localement avec une stratégie globale pour lisser certains écarts. La vitesse de réaction sera fortement améliorée , les coûts de réalisation seront baissés.
    Obliger tous les français salariés à se syndiquer comme ils le décident pour une vraie représentation des citoyens Qu’en pensez vous?

    • « Obliger », puis « prélever » et de nouveau « obliger » … Vous êtes énarque !

    • Ce que j’en pense ?
      « obliger les banques … »
      « stratégie globale pour lisser certains écarts … »
      « Obliger tous les français …. »

      Ici, camarade, c’est contrepoints avec un « s » !

    • « on peut devenir ingénieur par la voie de l’apprentissage! »

      On peut en effet créer des filières d’apprentissage d’ingénieur en vannage et désinfection des interfaces de contact homme-sol …

      Un titre n’est rien ! J’ai plus de respect pour un ouvrier qui est devenu entrepreneur que pour ceux qui se donne des titres ronflants. L’essentiel est la vision d’ensemble, la méthodologie et la capacité à résoudre un problème – cela ne correspond en rien au terme « apprentissage ». Le diplôme est un critère de sélection. Mais sa valeur reste subjective et à appréciation de l’employeur.

      Pour une entreprise, il est tout aussi (ou plus) logique de former un employé expérimenté pour renforcer ses bases théoriques que de former au métier un jeune « ingénieur » diplômé. Pour l’état, je ne vois pas l’intérêt. Et quand les jeunes ingénieurs ont déjà du mal à trouver du boulot, les chances d’un vieil ingénieur nouvellement formé mais sans expérience me semblent faibles …

      • Ingénieur n’est justement pas vraiment « un titre ».

        L’acception de ce terme varie d’un pays ou d’une culture à l’autre.

        D’ailleurs, il en va de même avec le titre de « docteur », très répandu, en Allemagne, bien moins en France où il demande, logiquement, de défendre une thèse de « doctorat », ce qui n’est pas vrai, ailleurs.

        Mon frère est « ingénieur civil », mon fils est « ingénieur industriel », ils sont diplômés dans le même pays mais pas du même genre d’école: l’une « universitaire », l’autre « grande école ».

        Un « ingénieur civil » s’oppose à « polytechnicien » ou « X », en France: il n’est pas de formation militaire.

        Un ingénieur industriel est un diplôme « master », comme l’ingénieur civil.

        L’ingénieur civil doit être capable de calculer et créer des solutions, un ingénieur industriel de les faire appliquer et de les vérifier lors de la réalisation: ce n’est jamais le nom ou titre qui font les compétences.

        Je comprends les patrons qui demandent « de l’expérience »: quelqu’un qui a donné satisfaction, dans son boulot, pendant plusieurs années semble plus fiable qu’un parchemin!

        Et c’est bien ce manque d’expérience (= avoir fait ses preuves) qui fait qu’engager quelqu’un sur son diplôme reste un pari risqué … qui laisse le « nouveau sur le carreau »!

        Bien évidemment, comme ça, il ne va pas en acquérir, de l’expérience! Le serpent se mord la queue!

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