Contrepoints 2009-2019 : 10 ans de libéralisme au quotidien !

Contrepoints vous informe depuis maintenant 10 ans. Petite histoire du premier média libéral de France.

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Contrepoints 2009-2019 : 10 ans de libéralisme au quotidien !

Publié le 9 juillet 2019
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Par Nathalie MP.

Quelques milliers de vues à la fin des années 2000, puis une fréquentation mensuelle qui atteint les 300 000 vues en 2011, le million en 2013 et qui dépasse les 2 millions aujourd’hui – telle est la belle progression du journal libéral en ligne Contrepoints tel qu’il existe dans sa forme actuelle depuis 2009. Objectif : faire connaître le libéralisme et commenter l’actualité à l’aune de la pensée libérale. Méthode : une initiative d’abord personnelle puis associative uniquement financée par des dons et un peu de publicité. Les caractéristiques idéales pour figurer dans ma rubrique Les Lib’Héros du Quotidien !

D’autant que s’agissant de Contrepoints, « quotidien » n’est pas un vain mot. Jour ouvré, week-end ou période de vacances, chaque nouvelle journée voit la mise en ligne de 8 à 10 nouveaux articles : dans le vocabulaire maison, c’est la Une qui a été finalisée la veille par l’équipe de rédaction selon trois principes rédactionnels qui étaient présents dès l’origine et qui se sont affermis au fil du temps.

Premier principe, donner de la visibilité à des textes déjà disponibles sous la plume de nombreux blogueurs libéraux dispersés, à l’instar de ce qu’Arianna Huffington a fait en 2005 avec le Huffington Post quoique dans une veine éditoriale de centre gauche.

Au début, la blogosphère libérale française se montra quelque peu réticente, ce qui incita Contrepoints à réaliser en outre de nombreuses traductions d’articles parus dans des revues ou sur des sites libéraux étrangers tels que la FEE, le Mises Institute etc. Aujourd’hui, les auteurs réguliers de Contrepoints sont environ 300. Avec les auteurs occasionnels, ils forment une communauté de 800 personnes.

Second principe : ouvrir le journal à toutes les nuances du libéralisme et les faire dialoguer entre elles, aussi bien sur des sujets d’actualité – à ce titre, la présidentielle de 2017 a suscité quelques débats animés entre pro-Macron et pro-Fillon – que sur les fondements philosophiques du libéralisme. Tout récemment, Contrepoints a donné la parole à un représentant de la gauche libérale qui s’est essayé à une critique des libertariens. Ces derniers ont répondu quelques jours plus tard et le débat a rebondi ensuite avec la publication d’un commentaire critique des deux premières contributions.

Pour le dire avec les mots d’Arnaud Bichon, qui fut co-rédacteur en chef de 2010 à 2015 :

« Contrepoints s’écrit au pluriel […] Ni de droite, ni de gauche, [il] entend être la caisse de résonance de toutes les voix libérales. »

Enfin, faire en sorte que chaque jour des lecteurs très différents trouvent leur compte et leur plaisir dans l’un des articles formant la Une. C’est ainsi que peuvent s’y côtoyer des billets d’humeur, des textes de vulgarisation scientifique, des analyses politiques, de l’actualité internationale, des critiques littéraires et cinématographiques… sans oublier le célèbre édito d’h16 et le dessin de presse de René Le Honzec ! Ci-contre, son dessin en l’honneur de la conférence de presse donnée par Macron à l’issue du grand débat.

Sur le plan des méthodes, il a été clair dès le départ qu’en dépit de sa structure associative, Contrepoints devait se positionner comme une entreprise de presse de niveau professionnel et qu’il devait mettre en œuvre les approches managériales d’une véritable entreprise.

Retenir des auteurs de qualité et compétents dans leur domaine, respecter les standards de la presse en matière de droit de la presse, évincer les fake news et ne jamais tomber dans la diffamation, être membre des organisations professionnelles telles que le SPIIL (Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne), optimiser les ressources en capitalisant sur les compétences disponibles au sein de l’association, juridiques et informatiques notamment – tout ceci a permis à Contrepoints d’émerger et de durer.

La performance est d’autant plus remarquable que selon l’expérience d’Alexis Vintray, rédacteur en chef jusqu’à l’an dernier, la mortalité à 1 an des nouvelles entreprises de presse dépasse les 50%. Inutile de dire que sans aides ni subventions comme c’est le cas de Contrepoints, la chose s’avère extrêmement compliquée.

Du côté financier, justement, le budget annuel semble modeste par rapport aux millions d’euros nécessaires à ses concurrents (Atlantico ou l’Opinion principalement). Avec 200 000 euros, provenant à 75 % d’une multitude de dons (des lecteurs, essentiellement) et à 25 % de recettes de publicité, Contrepoints assure son indépendance rédactionnelle et finance sa masse salariale, ses coûts de maintenance technique et de diffusion et ses éventuels frais de consulting (études de marché, tests maquette, etc.).

Historiquement, tout a véritablement commencé en 1996. Fabrice Ribet, 21 ans à l’époque, formé à Sciences Po et spécialisé en économie, crée une page web pour mettre à disposition des textes de grands auteurs libéraux dont beaucoup de Hayek. Il s’était rendu compte que ce terrain était pratiquement vierge en France, si ce n’est sur le site du Front national où Jean-Marie Le Pen citait le libéralisme parmi ses sources d’inspiration.

Scandalisé de ce qu’il jugeait n’être qu’une récupération politique, Fabrice se lance afin de promouvoir le libéralisme pour lui-même : c’est ainsi que naît Catallaxia (mot forgé par Hayek à partir d’une racine grecque signifiant échange), site qui existe encore aujourd’hui et dans lequel j’ai abondamment pioché, pour vous parler de Jacques Rueff par exemple.

Catallaxia grossit tandis que les premiers blogs et les premiers forums en ligne apparaissent. Aussi, vers 1999/2000, Fabrice se rapproche d’autres animateurs de sites internet avec l’idée d’entamer un dialogue. Il en résulte la création du forum de discussion liberaux.org (gratuit) avec l’aide de deux amis (pseudos : LaFéeC et Jabial), puis, en 2002, la formalisation de tout ceci dans l’association Liberaux.org. Le premier bureau est composé des trois partenaires.

Rapidement, Liberaux.org s’enrichit de Librairal (bibliothèque virtuelle) puis de Wikibéral, encyclopédie libérale en ligne qui fonctionne sur le même principe technique que Wikipedia (voir ci-dessus la « galaxie » actuelle de Liberaux.org). Contrepoints est créé au même moment mais se limite à de rares publications espacées qui restent très académiques.

Aussi, dès 2003, se pose la question de lancer un site traitant l’actualité sous l’angle libéral. Un espace particulier du forum est spécialement ouvert pour fédérer les bonnes volontés en ce sens : il s’agit du projet « banquise » qui vise la création d’un média quotidien d’actualité en ligne qui s’appellerait « La Presse libre ». Or entretemps, Alexis Vintray est parvenu à référencer Contrepoints sur Google tandis que l’environnement WordPress apparaît plus adapté aux besoins que ne l’était le système SPIP utilisé jusqu’alors.

C’est donc Contrepoints qui, une fois transféré sur WordPress, va devenir à partir de 2009 le vaisseau-amiral de Liberaux.org. À cette époque, Guillaume Kalfon est Président de l’Association. Il a énormément contribué aux traductions et à la rédaction des premiers articles (archives ici) et c’est sous son impulsion ainsi que celle des deux co-rédacteurs en chef bénévoles Alexis Vintray et Arnaud Bichon que Contrepoints va viser la professionnalisation constante de ses activités.

En 2014, un premier secrétaire de rédaction salarié est embauché. Il s’agit de Frédéric Mas, un habitué du forum diplômé en droit, en sciences politiques et en philosophie qui a travaillé d’abord dans l’enseignement et la radio. Suit en 2015 le recrutement de Séverine Berthier, diplômée ès lettres, qui, travaillant le week-end, va prendre en charge la confection des Unes du dimanche et du lundi tandis que Frédéric se consacre au reste de la semaine.

Tous deux bénéficient depuis longtemps de l’assistance efficace de Dominique qui assure la relecture attentive des articles et procède aux corrections syntaxiques et orthographiques nécessaires.

En juillet 2018, le journaliste Ludovic Delory qui a connu Contrepoints à ses tout débuts rejoint le journal en tant que rédacteur en chef salarié. Passé par Radio Nostalgie et RTL, il est détenteur de la carte de presse depuis de nombreuses années, tout comme Frédéric Mas qui l’a obtenue en 2018. Le directeur de la rédaction est Thomas Palermo, Président de l’association Liberaux.org.

Voici donc l’équipe de rédaction actuelle : 

 

Les projets en cours ou encore dans les cartons sont nombreux et se développent selon trois axes : rendre Contrepoints toujours plus attractif, coller au plus près de l’actualité en donnant également une large place aux solutions libérales et mettre l’accent sur le thème des libertés civiles chères aux libéraux.

Concernant le premier point, le recrutement d’un « community manager » expérimenté vient d’être conclu. Sa mission consiste à augmenter la diffusion du journal sur les réseaux sociaux et à veiller à l’optimisation des référencements dans les moteurs de recherche. Par ailleurs, un budget a été réservé pour accéder à des banques de photos payantes afin d’améliorer le visuel du site et une évolution de la maquette devrait intervenir courant 2020.

Dans le cadre du suivi de l’actualité, les reportages vidéo maison vont être développés. Ce dernier aspect a déjà connu une première application ce mois-ci avec une série de témoignages sur la vie quotidienne au Venezuela rapportés par une journaliste correspondante de Contrepoints en Amérique du Sud. Frigos vides, écoles à l’abandon, rien n’échappe à la débâcle prévisible du socialisme.

Last but not least, Contrepoints a à cœur de défendre les libertés individuelles, à commencer par la liberté d’expression régulièrement écornée en France. Le mois de juin dernier fut l’occasion d’un dossier étoffé sur le sujet.

Ainsi donc, « Contrepoints s’écrit au pluriel ». Ce S final si révélateur de la diversité de ses contenus est aussi un hommage rendu à Raymond Aron (1905-1983).

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Tout comme celui-ci fonda en 1970 la revue Contrepoint (sans s) pour apporter un point de vue détaché du marxisme dominant de l’époque et accueillir dans ses pages les témoignages de nombreux dissidents soviétiques, le Contrepoints en ligne du XXIe siècle s’attache à éclairer l’actualité en « contrepoint » du discours dirigiste porté par la plupart des médias actuels de gauche ou de droite :

Contrepoints « s’inscrit dans une perspective respectueuse de la liberté et de la responsabilité individuelles, d’une société et d’une économie libres et d’un État au pouvoir limité. » (Arnaud Bichon)

Autrement dit, une perspective libérale pratiquée au quotidien par Contrepoints depuis plus de 10 ans (23 ans si l’on remonte aux sources)… et pour quelques années encore si j’en juge par les convictions et l’enthousiasme de tous les acteurs de cette véritable aventure intellectuelle et humaine.


Pour écrire cet article, j’ai parlé avec Ludovic Delory, Guillaume Kalfon, Frédéric Mas, Arnaud Bichon, h16, Séverine Berthier, Fabrice Ribet, Alexis Vintray et Thomas Palermo. Merci à eux !

Sur le web

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  • 10 ans. Je me posais la question. C’est à peu près l’époque où j’ai commencé mon blog (fermé depuis). C’était l’époque des blogs d’ailleurs. L’Institut Coppet a été créé vers la même époque.
    Contrepoints a bien évolué, bravo. Il a été précurseur, puisqu’un journal comme le Guardian à désormais un modèle économique similaire (avec sans doute un financement publicitaire plus important ). Bonne continuation.

  • Merci pour votre travail Nathalie MP.

  • Bravo à Contrepoints pour quelques articles. Et merci à Contrepoints de m’avoir permis d’élargir mes connaissances du climato-sceptisme.

  • Contrepoints : « Le nivellement par le haut »
    Merci encore pour le rappel de ce précepte essentiel plus que jamais d’actualité !

  • Merci Nathalie pour vos articles, que j’admire pour leur clarté, la fermeté sans concession mais aussi sans outrance. C’est assez rare, donc précieux !

  • Les commentaires sont fermés.

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