Non, l’ordinateur à l’école n’améliore pas les résultats des élèves

À toujours vouloir « réduire les inégalités » en fournissant des ordinateurs aux élèves, on oublie que l’important est de savoir lire et écrire.

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Brad Flickinger-student_Ipad_school(CC BY 2.0)

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Non, l’ordinateur à l’école n’améliore pas les résultats des élèves

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 14 décembre 2015
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Par Nicolas Lecaussin

Brad Flickinger-student_Ipad_school(CC BY 2.0)
Brad Flickinger-student_Ipad_school(CC BY 2.0)

 

En France et ailleurs, les politiques veulent toujours apporter leur contribution, avec l’argent des contribuables, à la démocratisation des nouvelles technologies. Au nom de la lutte contre les inégalités, ils ont considéré que le fait d’équiper les écoles avec des ordinateurs portables et le Wifi tout en distribuant gratuitement aux élèves des ordinateurs portables, pourrait réduire les « différences » entre les enfants et améliorer leurs résultats scolaires.

Il y a quelque temps, l’IREF avait révélé par exemple que le Conseil général de l’Oise, en lançant l’opération Ordi60 en faveur du numérique dans les collèges, voulait offrir un ordinateur portable à tous les élèves du département. Fin décembre 2010, 47 000 ordinateurs avaient été distribués pour un coût total de 28 millions d’euros. Un calcul simple montre que le coût d’acquisition d’un portable était de 595,74 euros. Plein tarif ! Même en achetant un seul ordinateur, on peut très bien le faire aujourd’hui à moins de 300 euros dans certains supermarchés ! Alors, pour 47 000… Il est vrai, cette « noble » action avait été lancée avant les… élections cantonales de 2011.

Au-delà des gaspillages, ce genre d’opération s’avère même contre-productive. Un rapport du Département Éducation de l’OCDE publié en septembre dernier compare les résultats (lecture, mathématiques) des élèves dans 70 pays membres et révèle que les pays les mieux situés dans le classement PISA sont aussi ceux qui ont le moins investi dans les nouvelles technologies à l’école.

D’un côté, des pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, la Norvège et le Danemark avec le plus grand nombre d’ordinateurs par élève dans les écoles et, de l’autre, Singapour, le Japon, Hong Kong, la Pologne et Shanghai, pays où les écoles sont les moins équipées en nouvelles technologies et où les élèves passent, en moyenne, deux fois moins de temps sur internet (voir le tableau joint). Ces derniers pays se retrouvent dans le haut du classement pour ce qui est des résultats des élèves en lecture et mathématiques.

Average daily minutes using internet at school
Average daily minutes using internet at school

 

Bien entendu, il ne s’agit pas de nier l’importance des nouvelles technologies dans les écoles. Mais leur utilisation peut s’acquérir plus tard. A l’école, mieux vaut apprendre à lire et à écrire correctement. Et ainsi, on pourrait économiser aussi l’argent des contribuables…

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  • Euh… le graphique représente quoi ? 50 ordinateurs par élève ?
    Les résultats des élèves sont où ?
    Encore un qui est parti voir le match du PSG en vitesse ! 😀

  • Quand on enseignera la FFT au collège, au tableau noir et à grands coups d’équations, alors on pourra dire que nos politiciens ont enfin compris ce qu’est le « numérique ».

    En attendant, pourquoi payer des ordinateurs à 600 euros alors que l’on peut jouer à « Candy Crush » sur un smartphone à 60 euros ?

    • « Quand on enseignera la FFT au collège »

      Enseigner le Fédération Française de Tennis au collège, au tableau noir et à grands coups d’équation ? Quelle drôle d’idée !

      On doit bien pouvoir exposer le principe d’Euler-Bernoulli pour expliquer le fonctionnement des effets; mais de l’analyse harmonique ? Quoi que au départ, Fourier étudiait la chaleur, ça doit avoir son importance au niveau du réchauffement de la balle et de sa qualité de rebond. Et tout cela, il faut le calculer vite ! 😛

      –> [ ]

      • Le message était que le numérique est avant tout une science de l’ingénieur et n’a pas sa place au collège.

        Pas plus que la programmation qui requiert rigueur et logique.

        Le reste : l’ordinateur en tant qu’outil n’a pas vraiment sa place dans une formation générale, théorique et d’acquisition de méthode de travail qu’est sensé dispenser un collège. Et l’accès à internet peut se faire avec une machine 10 fois moins cher.

        A moins qu’on puisse me convaincre d’une autre utilité, je considère donc que l’introduction de l’ordinateur à l’école est le sommet de la gabegie et de la perte de référence sur la mission de l’enseignement secondaire. Et que le gouvernement est dangereusement dépassé par la technologie.

        Pour votre commentaire sur le tennis, vu le sujet du bac cette année, vous n’êtes pas si loin de la réalité.

        • J’avais bien saisi le sens de votre message. 😉

          Pour ce qui est de l’apprentissage de la programmation, j’ai bien commencé à huit ans en BASIC sur cette machine. De là à en faire une enseignement au collège, je vous accorde qu’il y a un monde.

          Sur la nécessité d’introduire la science du numérique dans l’enseignement secondaire, je dois dire que je suis partagé. En tout cas, de mon point de vue, cela ne doit pas se faire comme décrit dans l’article en offrant un ordinateur à chaque collégien et en naviguant sur internet.

          Sur le sujet, on pourra lire :
          ce rapport de l’Académie des Sciences : L’enseignement de l’informatique en France, il est urgent de ne plus attendre.
          Fondements de l’informatique, à la croisée des mathématiques, de la logique et de la linguistique de Gérard Huet.

          Dans le deuxième document, outre la première partie très théorique où l’auteur défend la thèse que l’informatique est une science (lamda-calcul, logique formelle, théorie des types…), on trouve un passage très intéressant à partir de la page 19. L’auteur y montre l’analogie entre la règle logique du modus ponens (si A alors B, or A, donc B), les équations aux dimensions en physique (si une machine à laver a une puissance de 2kW et un cycle d’une demi-heure, alors elle a consommé 1kWh), et les règles grammaticales sur les verbes transitifs (un verbe transitif à qui l’on fournit son complément d’objet est équivalent à un verbe intransitif). Si ce sont là des notions sans doute difficiles pour le collège, elles sont peut être abordables au lycée.

          « Pour votre commentaire sur le tennis, vu le sujet du bac cette année, vous n’êtes pas si loin de la réalité. »

          Par curiosité, quel était le sujet du bac de cette année ?

  • Pourquoi pas d’ordinateurs à l’école. Cest un accompagnement et pas une fin en soi. Un ordinateur entre les mains d’un élève sachant lire, calculer, écrire à peu près sans faute, ayant envie d’apprendre, c’est un plus indéniable. Si les bases ne sont pas acquises, si l’élève traîne les pieds, le résultat sera nul ou negatif.

    • Le problème n’est pas là : à quantité d’heures fixée, plus d’ordinateur = moins de savoirs fondamentaux, comme la lecture et l’arithmétique fondamentale.

  • J’enseigne (entre autre) la programmation pour développer des outils financiers à des étudiants de grandes écoles de commerce et d’ingénieur. Les étudiants sont de plus en plus les produits de cette évolution vers « plus d’ordi pour les enfants » et plus « d’enseignement de l’informatique ». Ils sont, année après année, de plus en plus « à l’aise avec la machine » mais aussi, année après année de plus en plus perdus avec la logique de programmation.
    En effet, ils ont eu plus de cours d’informatique (qui ne sont en général que des cours d’usage de la bureautique et des blabla de principe fumeux pour faire sérieux) et moins de cours de maths ou du moins des cours de maths de plus en plus « utilitaires » (j’ai ce problème, j’utilise cette méthode, j’ai la solution, au revoir) qui fait qu’ils connaissent (de nom) des choses qui semblent pointues mais ne maîtrisent pas la logique fondamentale, n’ont plus acquis la rigueur de l’exercice des mathématiques (autrement plus important que de se rappeler d’une liste de théorèmes non compris et qu’ils seraient bien en peine de redémontrer).
    Ça commence même à m’effrayer. Sur la dizaine d’année écoulée depuis mes premiers TD (en maîtrise à Dauphine) et aujourd’hui le contenu de ce qu’on arrive à faire en 30 h a pratiquement été divisé par deux alors que le niveau des étudiants que j’ai est sensé être plus élevé…

    Et on parle de « digital natives » !

  • Ce n’est pas parce que les donnees concordent qu’elles ont un lien de cause a effet. Les pays asiatiques ainsi que les anciens pays sous regimes communistes etant passes en Democratie, ont en commun que les parents de quelques milieux que ce soit, payent des cours particuliers en langues (natales et etrangeres, Anglais) ainsi qu’en Math. C’est de la en tres grande partie la raison de leur succes aux classements PISA et autres, bien plus que le nombre de minute passees sur Internet en classe. On peut tres bien ne rien faire en classe et apprendre en cours particuliers tous les soirs.

    • On est bien d’accord, l’important ce n’est pas le temps passé sur internet ou avec un ordinateur, mais le temps et la qualité de ce temps passé en vais cours de langues (et d’abord de la langue maternelle) et de maths (des vraies, où on réfléchit, on démontre et on se frotte à des problèmes non résolus de temps en temps). Si on rajoute de la culture et de la culture scientifique, on est bons, le reste n’est que de l’habillage…

  • Sur le même sujet et avec les mêmes résultats
    Il y a une étude française récente sur l’Aquitaine : comparaison avant-après, suite au plan du conseil général des landes, à partir de 2001, d’un ordinateur par élève + équipement des collèges.
    L’effet du numérique est grosso modo neutre, avec une légère (mais peut-être pas significative), baisse pour les élèves déjà en difficulté. Peut-être parce que ça leur donne encore plus d’occasion de ne pas se concentrer sur l’enseignement …
    Et tout ça pour, évidemment, beaucoup d’argent dépensé.
    Cette étude est sur internet (et je l’ai déjà mentionné quelque part sur contrepoints, il me semble) mais je ne l’ai pas retrouvée. Une autre fois peut-être.

    Tout ce que j’ai trouvé par contre c’est le rapport du ministère qui est … dithyrambique !
    http://cache.media.eduscol.education.fr/file/2013/08/3/R_2012-148_collegien_250083.pdf
    60 pages où il n’est question nulle part des résultats scolaires. Rien que ça, c’est significatif du fonctionnement du mammouth

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