Cette malédiction qui rend les régions ingouvernables

À chaque élection, les partis se refilent le mistigri, la droite remplace la gauche, la gauche remplace la droite, avec les mêmes recettes.

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Cette malédiction qui rend les régions ingouvernables

Publié le 10 décembre 2015
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Par Bernard Zimmern.

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En écoutant les discussions qui ont suivi les résultats des élections régionales le 6 décembre 2015, on ne pouvait s’empêcher de se rappeler que toutes les élections régionales et départementales passées ont vu l’effondrement du parti au pouvoir.
Ceci est particulièrement notable lors des élections locales, régionales et départementales, mais reste également vrai lors des élections nationales parlementaires ou présidentielles.
À chaque fois, depuis 1974, c’est une déroute pour le parti qui gouverne.

Jusqu’en 1974, la France votait systématiquement à droite à 53% contre 47% pour la gauche.
Depuis le programme commun de François Mitterrand qui a réuni communistes et socialistes, la martingale qui faisait gagner la droite s’est cassée d’autant qu’avec la mention par Mitterrand du Front National, il a créé le piège Mitterrand, symétrique de la division parti communiste parti socialiste, et qui fait qu’à chaque élection il est très difficile pour la droite de l’emporter en raison de ses divisions.
Mais derrière ce jeu politique se profile un mistigri que les partis au pouvoir se repassent et qui à chaque fois signe leur défaite.

Lorsqu’on sait comment, dans la pratique, sont prises les décisions gouvernementales ou parlementaires les plus importantes, lorsqu’on sait que ce sont les mêmes qui ont préparé et fait décider les mesures qui nous ont conduits à la situation économique et sociale de la France d’aujourd’hui, que ce sont les mêmes sous la gauche ou la droite qui ont continué de se tromper et d’appliquer, durant les dix années où la droite fut au pouvoir de 2002 à 2012, les recettes qui avaient échoué sous Lionel Jospin et continuent d’échouer avec François Hollande, on peut se demander si les partis, y compris le Front National, vont continuer à se passer le mistigri qu’est notre haute administration.

Le plus terrifiant pour les élections présidentielles qui se rapprochent n’est pas le Parti socialiste dont la version actuelle est manifestement sur le déclin et où apparaissent quelques signes d’un renouveau mais qui mettra le temps d’une ou deux alternances pour devenir une force de renouveau, si jamais elle y parvient. Ce n’est pas le Front National dont on peut espérer que le programme n’existe que pour ceux qui y croient et qu’ils ont dans leurs troupes des réalistes qui savent où sont les vrais problèmes. Le plus terrifiant se situe dans les partis de droite où ce sont les mêmes qui ont échoué que l’on voit aux manœuvres et qui reviennent avec les mêmes experts.

Cela fait quarante ans que l’ENA a pris le contrôle de l’État avec l’arrivée à la présidence de la République de Valéry Giscard d’Estaing et au poste de Premier ministre de Jacques Chirac, deux énarques sortis dans les grands corps, l’un à l’Inspection des finances l’autre à la Cour des comptes, et ça fait quarante ans que le chômage a commencé et n’a cessé d’enfler car depuis quarante ans nos gouvernements n’ont cessé d’appliquer des gadgets qui sont des reformulations des mêmes erreurs.

À chaque élection, les partis se refilent le mistigri, la droite remplaçant la gauche puis la gauche remplaçant la droite, mais avec les mêmes recettes.

La vraie question que pose à travers les élections régionales la perspective prochaine des élections présidentielles est de savoir comment nous allons mettre le mistigri hors du jeu politique français et donner sa chance à une société civile qui souffre, et mettre un terme aux mesures qu’enchaînent ceux qui sont en fait les profiteurs de l’État.

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  • Le système clientéliste et corporatiste de la politique française oblige (avec complaisance) les élus à « faire »; intervenir, contrôler, légiférer, rapidement, n’importe comment sans aucune responsabilité ni réel contrôle du peuple ou des instances.

    Vous pouvez nommer n’importe qui, ça ne marchera pas, ça ne marchera jamais.

    La solution, c’est plus de démocratie, parce que le peuple globalement déteste les privilèges, le corporatisme, les contraintes et les impôts.

    • « le peuple globalement déteste les privilèges, le corporatisme, les contraintes et les impôts. »
      hum… j’aimerai le croire, mais … Le fait est que le peuple vote systématiquement pour plus de privilèges (dont il peut profiter), plus de corporatisme, plus de contraintes et plus d’impôts (pour les autres). Qu’il plébiscite des truands notoire (Chirac…) et même condamnés (Juppé, Bédier, Mitterand, …). Alors qu’il a le choix.
      Le peuple n’est pas meilleur que les zélites qui en sont issus, les zélites lui offre ce que le peuple demande. Du pain et des jeux. De la rente sans risque, de préférence au dépens des autres.

    • Moins d’état et plus de responsabilité personnelle.

    • @ ilmryn

      « Le peuple globalement déteste les privilèges, le corporatisme, les contraintes et les impôts. »

      On dit bien « le peuple globalement » car les citoyens, pris séparément, sont très heureux de bénéficier d’un privilège, ou d’appartenir à une corporation, ou des contraintes exercées sur les autres qui LE protègent ou des impôts que, eux, ne doivent pas payer.

      Cela répond au mythe de « l’égalité » dont les exceptions sont multiples et variées: il suffit de voir la différence entre un contrat de travail en entreprise privée et un statut de fonctionnaire: rien de comparable!

      Je crois qu’un des aspects, pas souvent abordé, des problèmes politiques réside dans la « professionnalisation » des « carrières » politiques à plein temps: des gens qu’on déplace d’un secteur à un autre, comme si ils étaient omniscients. Alors bien sûr, ils se connaissent entre eux, forment une corporation qui défend ses intérêts communs, et redeviennent agressifs (en façade) à chaque « compétition » électorale, et qui soit ont un succès, auquel cas, ils sont reconduits, soit subissent un échec et sont « recasés » dans le même « fromage », sans véritable contact quotidien avec « les problèmes du peuple ».

      On a suffisamment parlé de leur « déconnexion » sans pourtant y apporter aucun correctif qui, au mieux, se résume à des « comités consultatifs ». De fait, ça manque de démocratie vraie (« par le peuple et pour le peuple »), de compétences dans les domaines dirigés, de renouvellement des personnes et des idées, avec cette propension à prélever l’argent nécessaire là où c’est le plus facile!

      Comme dans toutes les activités humaines, il faut changer (bousculer?) les systèmes et les personnes si on ne veut se confire dans celui, où, avec le temps, on accumule les trucs et les mauvaises habitudes! Il me semble de plus en plus urgent d’écrire la constitution de la VIième république, puisque depuis G.Pompidou, plus personne ne respecte l’esprit de la Vième, taillée sur mesure pour Ch.De Gaulle, mais conservée car bien trop confortable pour les successeurs, y compris celui qui s’y était farouchement opposé!

      • Mikylux: « On dit bien « le peuple globalement » »

        Oui, et ça tombe bien dans un referendum ou une initiative, c’est justement lui qui vote.

        Quand dix élus siègent et SE votent quelques milliards ou quelques privilèges à des associations ou corporations amie, que pensez vous que le peuple globalement va voter si on lui pose la question ?

        « Acceptez vous les régimes spéciaux des fonctionnaires »
        « Acceptez vous la retraite par capitalisation des élus en dehors du régime général »
        « Acceptez vous le cumul de mandats des élus »
        « Acceptez vous les 20 millions de subventions pour « l’association des tickets restaurant de bercy » (authentique)

  • « Jusqu ‘ en 74 , la F…………
    NON d’ abord ne pas confondre voter et mandater ( élire)
    de plus , 1 des seules fois ou les gens ont voté sauf erreur en 69 référendum c’ était contre CDG donc à gauche

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