Assurance-médicaments au Canada : pourquoi l’idée est mauvaise

Une « assurance médicaments publique à 100 % », est-ce une bonne idée pour le Québec ? Non, et voilà pourquoi.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
médicaments credits image money (licence creative commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Assurance-médicaments au Canada : pourquoi l’idée est mauvaise

Publié le 9 décembre 2015
- A +

Par Michel Kelly-Gagnon.

médicaments credits image money (licence creative commons)
médicaments credits image money (licence creative commons)

Une coalition lance aujourd’hui une campagne web pour une « assurance médicaments publique à 100 % ». L’organisme – qui a probablement de très bonnes intentions – vise à recevoir l’appui d’au moins 10 000 Québécois qui sont ensuite invités à écrire une lettre, en ligne, à leur député.

C’est une très mauvaise idée, et voici pourquoi.

Un argument souvent évoqué est qu’un monopole public d’assurance médicaments permettrait à l’État de faire des économies, notamment en lui procurant un pouvoir de négociation supérieur auprès des compagnies pharmaceutiques, ce qui permettrait de mieux contenir les coûts des médicaments. Mais les tenants d’un tel régime oublient de souligner un fait crucial : les fameuses économies seraient obtenues par le biais d’un plus grand rationnement et non par une plus grande efficacité.

Comme le montrait mon collègue Yanick Labrie en août dernier, les expériences de pays ayant adopté un tel modèle peuvent servir d’avertissement. Depuis les années 1990, les patients au Royaume-Uni subissent les contrecoups des politiques de maîtrise de dépenses de leur régime d’assurance médicaments public. Les patients anglais ont dû se passer pendant de nombreuses années de médicaments pourtant disponibles partout à travers l’Europe.

En Nouvelle-Zélande, l’accès des patients aux nouveaux médicaments est tout aussi restreint qu’au Royaume-Uni, sinon davantage. Or, de nombreux rapports font état des conséquences négatives pour la santé qu’ont entraînées les politiques de plafonnement des dépenses adoptées dans ce pays depuis une vingtaine d’années.

Au Québec, le régime repose sur une mixité d’assureurs (public et privé). Les coûts du régime d’assurance médicaments ont augmenté depuis sa mise en œuvre, mais c’est en bonne partie, justement, parce que le Québec a résisté plus que les autres provinces à la tentation de rationner l’accès aux nouveaux médicaments.

C’est d’ailleurs ce qui explique qu’au Québec on retrouve la couverture la plus généreuse quand on compare les régimes d’assurance médicaments publics provinciaux, avec 38 % des médicaments homologués par Santé Canada entre 2004 et 2012 qui sont remboursables, par opposition à 23 % en moyenne à travers le pays.

Si la population québécoise dépense davantage en médicaments que celle des autres provinces, c’est essentiellement parce que le nombre de prescriptions y est plus élevé, et non à cause des prix plus élevés pour les médicaments. Notons aussi que ces dépenses de médicaments plus grandes s’accompagnent de dépenses moindres dans le système public de santé. Comme le taux d’hospitalisation diminue depuis le début des années 2000, on peut en déduire que des thérapies pharmaceutiques plus accessibles au Québec ont vraisemblablement remplacé d’autres types de traitements médicaux plus coûteux, comme les chirurgies en milieu hospitalier.

Des politiques qui restreignent l’accès aux nouveaux médicaments pénaliseraient tous les Québécois de la même façon. Nous avons un modèle qui est de loin préférable à un monopole 100 % public, gardons-le ainsi.

Sur le web

Retrouvez sur Contrepoints tous nos articles sur le Canada

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
Montréal ville francophone
1
Sauvegarder cet article

Début 2015, dans La langue française : une arme d’équilibre de la mondialisation je dressais un panorama de la situation du français dans le monde, point d’appui pour les militants de la langue française et avec l’espoir de les multiplier.

Sept années ont passé, voyons comment la situation a évolué.

 

Les Français ont l’impression que leur langue est en recul

Ils constatent l’invasion des mots anglais dans leur environnement et l’usage de l’anglais à Bruxelles malgré le Brexit.

À l’inverse les études de l’OIF ... Poursuivre la lecture

décroissance
3
Sauvegarder cet article

Par Germain Belzile et Alexandre Moreau, depuis le Canada. Un article de l'Institut économique de Montréal

 

Récemment, une série de capsules vidéo sur la « décroissance économique » et ses bienfaits a enflammé la toile québécoise. Cette série, produite par Radio-Canada, suggère que nous vivons sur une planète de moins en moins propre, plus pauvre, mal nourrie et que la santé des humains diminue.

Il n'y aurait qu'une minorité de riches qui tirent profit de la situation actuelle et ceux-ci alimentent une croissance ef... Poursuivre la lecture

Par Oliver Rancourt[1. économiste à l’IEDM], depuis le Canada.

Le chancelier allemand Olaf Scholz vient de visiter le Canada pour parler, entre autres, d’importation de gaz naturel canadien vers l’Europe. À la suite de l’invasion de l’Ukraine et des sanctions qui ont suivi, l’Allemagne, qui importait 55 % de son gaz naturel de la Russie en 2021, a dû rouvrir des centrales au charbon et a commencé à chercher d’autres sources d’approvisionnement en gaz naturel.

Bien que cette situation soit difficile pour le public allemand, ce tr... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles