Investissement : pourquoi les ETF ne sont pas à la mode ?

Malgré leur progression incontestable dans l’univers de l’investissement, les ETF ne sont pas à la mode. Voilà pourquoi.

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Investissement : pourquoi les ETF ne sont pas à la mode ?

Publié le 24 novembre 2015
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Par Régis Yancovici.

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Non les ETF ne sont pas à la mode ! Tous les types d’investisseurs n’ont pas succombé à leurs attraits. De leur côté, les professionnels de l’investissement les ont adoptés depuis de nombreuses années. Au niveau mondial 287 milliards de dollars ont été investis dans les ETF en 2015 (+23% par rapport à 2014). En Europe, les flux acheteurs ont été de 68 milliards de dollars. Au total, les actifs en ETF sont légèrement supérieurs à 3.000 milliards de dollars(1). Mais il existe un type d’investisseurs encore absent des ETF : les particuliers français. Plusieurs raisons à cela :

  • Bien que la France fournisse des bataillons de mathématiciens, d’analystes quantitatifs… au monde de la finance, force est de reconnaitre que les Français préfèrent se passionner pour d’autres sujets que l’économie ou la finance. En 2010, le CODICE (Conseil pour la diffusion de la culture économique) a posé une série de 20 questions aux Français. La note moyenne a été de 8.3/20 (accessible ici). Il y a quelques jours, Standard&Poors a rendu les résultats d’une enquête menée dans 144 pays (accessible ici). Il s’agissait de mesurer des compétences basiques en finance. La France arrive en 25ème position, derrière Myanmar et le Botswana. Pas brillant. Puisque les français ne vont pas aux ETF (malgré le bénéfice qu’ils en tireraient), les ETF devront venir aux français. Ainsi pour être adoptés, les ETF devraient être « poussés » par les distributeurs de produits financiers (Agences bancaires, Conseillers Financiers…).
  • Un des charmes des ETF est leur faible coût. Les frais de gestion en moyenne se montent à 0.1% pour les grands indices, de 0.4% à 0.7% pour des indices plus spécifiques. Ces niveaux sont à comparer avec les OPCVM classiques dont les « frais courants » se montent à 2.4%. Ce niveau de frais permet de rémunérer tous les intermédiaires entre le gérant de l’OPCVM et le client final. Dans le cas des ETF, c’est impossible. Aucun intermédiaire n’a donc d’intérêt à les proposer à sa clientèle. Pourtant, plusieurs solutions, dont la nôtre, permettent aux investisseurs particuliers d’accéder à une gestion en ETF de leur compte titre, leur PEA ou leur contrat d’assurance(2).
  • Les ETF seraient ennuyeux. La gestion active permettrait, elle, de raconter des « histoires » aux clients. L’histoire de performances passées exceptionnelles, l’histoire du gérant qui voyage dans le monde entier à la recherche des meilleures opportunités… J’en connais également. Mais je connais surtout l’histoire du gérant sous-performant. Toutes les études sur le sujet nous la racontent. Je connais l’histoire du gérant qui fait vivre tous les intermédiaires en prélevant des commissions élevées. Enfin, je ne crois pas que les investisseurs français aient plus besoin « d’histoires » que les investisseurs des autres pays ayant déjà adoptés les ETF.

Mais la principale raison pour laquelle les ETF ne sont pas à la mode est ailleurs. « La mode, c’est ce qui se démode » disait Cocteau. Or, les ETF prennent une place à part entière et de manière durable dans les portefeuilles des investisseurs. Ce n’est pas prêt de changer.

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  • Forcément vous faîtes la publicité pour les ETF…mais hormis la faible culture financière des français qui est indéniable, il ne faut pas oublier que bien souvent, certains ETF sont des usines à gaz.
    La composition est tellement floue qu’il est impossible de suivre la valeur de l’ETF de manière objective.
    Ce qui bien entendu, enrichit le créateur de l’ETF, car plus la composition d’un produit est complexe, plus il est facile de prendre de la marge.
    Quitte à suivre un marché, je préfère 100 fois utiliser des CFD, qui eux reproduisent fidèlement le cours d’un actif.

  • Bonjour lekahn,

    Permettez-moi de répondre point par point à vos remarques.

    Nous ne sommes pas producteur d’ETF. Rien ne nous oblige à en dire du bien. Nous avons choisi de construire des allocations à base d’ETF pour nos clients par conviction.

    Faudrait-il n’avoir aucune conviction pour être crédible ?!

    La structure des ETF est parfois complexe – mais jamais floue -, d’autres fois simplissime. Nous l’expliquons à nos clients.

    Les coûts des ETF sont connus à l’avance à la différence des OPCVM classiques.

    Les CFD répondent à d’autres besoins.

    Les CFD ne sont pas éligibles à un PEA ou à l’assurance-vie.

    Si la culture financière est un frein à l’adoption des ETF, que dire des CFD.

    • Sur la culture financière des français, je suis d’accord avec vous elle est catastrophique.
      Mais mon post n’était pas pour démolir les ETF, mais je regrette que parfois, certains soient aussi peu transparents.
      Pour les coûts vous parlez bien évidemment des coûts de transactions, mais pas du spread bid offer qui peut parfois être bien large sur certains ETF (car la seule contrepartie est l’émetteur lui même).

      • Les frais de transactions entrent en ligne de compte. Ils sont connus avant toute transaction.

        Mais également le bid offer spread. Celui-ci est aussi connu au moment de la transaction. C’est même un critère significatif dans le choix d’un ETF.

        Contrairement à ce que vous avancez, l’émetteur n’intervient sur le marché secondaire.

    • J’ajouterais que les CFD sont des produits de marge, donc ils necessitent de payer des interets alors que les ETF non. Le meilleur moyen d’avoir une exposition de long terme a un indice est d’acheter un ETF, les CFD etant plus adapte au trading de court terme.

      Les ETF les moins chers prelevent moins de 0.10% de frais par an, et les frais de transactions sont de l’ordre de 0.05% (0.10% bid-ask) + commission du broker qui peut etre de l’ordre de 5 a 10 euros par trade.

      Donc si je veux une exposition a un indice pour plusieurs annees l’ETF ne coute quasiment rien, contrairement aux CFD sur lesquels il faut payer des interets. IG markets (un des leaders en CFD) preleve 2.5% + libor 6 mois, par exemple.

  • Le jour où il y aura un modèle économique qui fera une prédiction « juste », peut-être les français s’y s’intéresseront-ils … … en science « humaine », les Nobels ferait mieux de reconnaître la psychologie plutôt que l’économie, qui n’est décidément pas une science (ne peut répondre au critère de testabilité), mais un savoir sciemment « compliqué » produit pas les élites, au même titre que l’astrologie ou autre pseudo-science.

    • Les marchés ne sont qu’un miroir, souvent très déformant, de l’économie. Le facteur qui participe le plus à cette déformation est la psychologie.

      Je crois que les Français sont capables de comprendre qu’il n’y pas de certitude sur les marchés financiers, bien qu’ils soient, plus que la moyenne, averses au risque.

      • Les français sont capables de comprendre qu’il y a parfois des prédictions (economiques, astrologiques) qui fonctionnent uniquement « par hasard ». Car le « risque » est justement une grandeur rationnelle basée sur la probabilité d’occurence d’un phénomène. Or en finance (et en économie en général), cette mesure est souvent inepte et dépassée par les événements. Par ex les prédictions ineptes du prix du pétrole; derrière cela juste des états qui se tirent la bourre et se font des guerres pour l’accès aux resources: bref, beaucoup de psychologie et aucunement des lois « économiques » garantes d’une réalité fonctionnelle du monde.

        L’économie regroupe des théories pseudo-rationnalistes des dominances, au même titre que les religions. D’ailleurs, en terme de croisade, ne parle-t-on pas de guerre économique ?

        Au lycée, il faut rapidement enseigner la psychologie à la place de l’économie. Ca serait ça, aussi la laïcité.

  • Les ETF n’ont aucune chance de séduire les Français, c’est de la macro-économie et ils sont convaincus qu’ils seront toujours les pigeons de la finance (et du fisc). Pour les séduire, il faut leur raconter quelque chose qui ait une teinture bien-pensante, ce que n’a pas un ETF. Il faut aussi les former aux calculs, suffisamment pour qu’ils se posent la question : en sais-je assez pour investir dans un indice plutôt que de demander à mon banquier de choisir à ma place ?

    • Dans le contexte de remise en cause des banques, de leur frais, de leurs méthodes… les ETF sont une proposition très attractive.

      • Il me semble avoir un sondage il y a quelques années, avec en gros 3 Français sur 4 qui pensent pis que pendre des banques, et 9 Français sur 10 qui font confiance à leur banque pour gérer leurs sous mieux qu’ils ne le feraient eux-mêmes. Donc soit il y a une contradiction, soit plus des 2/3 des Français sont encore pires que les banquiers…

  • c’est quoi un ETF ?
    Rien dans l’article, pas même un petit lien, ne permet de le savoir , c’est un peu dommage …

  • La moindre des choses serait d’avoir un paragraphe introductif donnant la définition d’un ETF et expliquant son fonctionnement.

    De mon expérience personnelle: très peu d’assurances vie permettent de placer son argent sur des fonds indiciels (ETF), ou en tout cas j’avais galéré à en trouver une à l’époque. Et à ma connaissance une bonne partie de l’épargne des français est placée sur des assurances vie.

    • Pour l’aspect pédagogique, je peux vous renvoyer vers le lien https://fr.wikipedia.org/wiki/Tracker_(finance).

      Vous avez raison. L’absence des ETF dans l’assurance-vie a été un des freins majeurs à leur développement auprès des investisseurs particuliers. Ce n’est plus le cas. Il est possible d’avoir accès à la totalité de l’univers des ETF au sein d’une assurance-vie.

  • Évidemment, si les opérateurs n’ont rien à y gagner, pourquoi s’embêter ? Pour faire gagner de l’argent aux gens ?
    On l’oublie trop souvent, mais le rôle des banques est de gagner de l’argent, pas d’aider leur client. Ceci explique cela…
    C’est bien dommage, parce que comme vous le dites dans l’article, les ETF ont bien des avantages.

    Et quand on ne dispose pas d’une excellente culture financière pour se permettre de choisir des actions une par une, ou quand on ne dispose pas de capital suffisant, s’intéresser aux ETF peut rapporter de l’argent. Plus qu’un simple livret en tout cas.

    Et apprendre leur fonctionnement ne demande pas un bac + 10. En espérant que les gens cesseront un jour d’écouter leur banquier.

    https://www.en-bourse.fr/gagnez-largent-en-investissant-les-etf/

    • Bonjour Lucas,

      Merci de vos commentaires.

      Au sujet des conseillers financiers dans les réseaux bancaires, le terme de « conseiller » est parfois galvaudé. Ce sont souvent des vendeurs.
      La confiance qui est facilement acquise à un conseiller doit être chèrement vendue à un vendeur. Conservez les yeux grands ouverts !

      Sélectionner des titres vifs nécessite bien plus qu’une grande culture financière.

      On a constaté sur les investisseurs en ETF ont des portefeuilles plus élevés que les autres.

      Bon dimanche.

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