Par Marcel Kuntz.
Récemment, la société Syngenta a fait part à la Commission européenne de plusieurs erreurs découvertes dans la séquence d’ADN initialement annoncée pour des plantes génétiquement modifiées qu’elle commercialise. L’occasion pour les opposants de monter au créneau. Quelques explications s’imposent.
Le support chimique de l’information génétique, l’ADN, est constitué de 4 « lettres » dont l’enchaînement dans un « mot » (gène) dicte à la cellule vivante quelle protéine synthétiser. Les plantes génétiquement modifiées (PGM) ont généralement un ou deux gènes additionnels qui leur confèrent une caractéristique particulière. L’évaluation scientifique des risques avant autorisation de mise sur le marché impose de « séquencer » l’ADN ajouté, c’est dire déterminer l’ordre des 4 lettres tout au long de cet ADN.
Dans le cas du maïs portant le caractère MIR604 (permettant de combattre un insecte ravageur, la chrysomèle), la société Syngenta s’est aperçu en re-séquençant récemment cet ADN qu’il y avait une erreur dans la séquence communiquée en 2004 dans le cadre de la procédure d’évaluation des risques. Syngenta en a informé la Commission européenne qui a demandé l’avis de son Autorité de Sécurité Sanitaire des Aliments, l’EFSA. Celle-ci a rendu publiques ses conclusions le 8 octobre 2015 : cette erreur, qui concerne l’identité d’une seule lettre sur les 2100 « séquencées », n’est pas de nature à changer son avis sur la biosécurité du MIR604. En effet, cette lettre est localisée en dehors du « mot » proprement dit, le gène codant qui n’est donc pas modifié et par conséquent la protéine synthétisée non plus. L’EFSA a également examiné la possibilité qu’un « mot » supplémentaire se forme en incluant cette lettre, et qu’il conduise à la production d’une protéine allergénique. Hypothèse hautement improbable, mais que l’EFSA a examinée en concluant par la négative.
Il faut souligner que l’évaluation d’une PGM porte sur divers paramètres mesurés chez la plante, et non uniquement sur la séquence du gène ajouté. Celle du MIR604 a inclus également une étude toxicologique après alimentation de rats (voir toute l’évaluation). On peut donc dire que, dans le dossier MIR604, Syngenta a commis une erreur évitable, signalée dès qu’elle a été identifiée, sans conséquence en termes de biosécurité.
Ce n’est évidemment pas l’opinion des anti-OGM. Le journaliste du journal Le Monde, Stéphane Foucart, situe cet évènement « à la suite de l’affaire Volkswagen » et fustige les « procédures européennes d’évaluation des risques technologiques ». L’occasion était trop belle pour les marchands de peur : « l’affaire jette une lumière inquiétante sur le sérieux des contrôles européens des OGM ». Rappelons que les évaluations des PGM imposées par la réglementation n’ont jamais révélé de problème de biosécurité depuis environ 20 ans. Il n’y a aucune « faille dans l’homologation » des OGM, mais plutôt une faille dans le raisonnement qui impose une telle réglementation pour ce qui n’est, en réalité, qu’une inoffensive plante cultivée.
Note : L’EFSA examine également le cas du maïs GA21 pour lequel Syngenta a signalé plusieurs erreurs dans les informations concernant l’ADN ajouté, ce qui confirme un manque de rigueur de l’entreprise à l’époque où ces structures de gènes ont été analysées.
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Merci pour cet article de vulgarisation, clair et concis.
Continuez le combat cher Marcel ! Au fait, avez-vous des infos sur la demande d’ autorisation des peupliers GM qui ne fleurissent pas déposée aux USA (voir un article de mon blog sur la chalara du frêne)
Il faut aussi signaler que la variété correspondante n’a toujopurs pas été commercialisée. c’est donc doublement un faux problème.
Sans disposer de cet « article de vulgarisation » les personnes qui peuvent le lire savent, pour la plupart, ce qu’est l’ADN, comment il est organisé et comment il fonctionne. Autant les acides aminés qui entrent dans la composition des protéines constitutives de l’ADN ne sont pas « agencés » aléatoirement, autant les bases (ACGT) qui « relient » 2 brins d’ADN ne sont pas non plus « agencés » aléatoirement. C’et ainsi qu’au cœur de la cellule est TRES PRECISEMMENT écrit le Grand Livre du Vivant, et ce livre la Vie a pris des millions voire des milliards d’années à l’écrire très progressivement, très lentement. Insérer un segment d’ADN exogène dans un ADN indigène, c’est nécessairement ajouter dans l’immédiateté des « phrases » susceptibles de modifier le sens du message délivré par le « Grand Livre du Vivant » pour l’espèce de vivant concerné. Cette insertion n’est rien d’autre qu’une intrusion, qu’une agression dont « l’apprenti sorcier » manipulateur ne mesure pas, n’a pas conscience des conséquences qui pourraient s’exprimer à plus ou moins long terme. Regardez ce qui se passe aujourd’hui au niveau planétaire : à force de modifier l’organisation et le fonctionnement de la Nature, celle-ci est en train de commencer à furieusement manifester sa colère vis-à-vis de ses agresseurs : les scientifiques humains. Les « apprentis sorciers » auront probablement disparu lorsque toute la communauté humaine aura à faire face à leur imprévoyance et leur inconséquence.
nous brulerons tous en enfer, de toutes façons.
n’oubliez pas vos poupées vaudou.
Ca commence comme un commentaire scientifique … et ça se termine comme un commentaire religieux !
La science a ses limites, parfois elle s’égare ou elle peut être cause de problèmes. Mais il est impossible de s’en passer et la vraie science est la seule chose qui peut nous permettre de maitriser le présent – à défaut de maitriser notre destinée (grande utopie constructiviste).
La religion quant à elle n’a jamais rien apporté de bon en la matière.
les gens qui savent lire savent que le grand livre du vivant a écosystèmes ont mis beaucoup de temps à s’installer et instaurer des écosystèmes en équilibre blah blah et c’est pour ça que la nature refuse l’introduction de plate exogène et se rebiffe…arrêtons l’agriculture…
alors certes ce genre de discours peut convaincre des convaincus…mais il est creux….et surtout applicable à tout et n’importe quoi concernant quelque progrès humain que ce soit, c’est le fameux , expérimenter d’accord mais jamais pour la première fois..trop risqué…
j’ai assisté à une conf de seralini, il avait avec lui un philosophe qui a développé son laius contre la technoscience…
on a eu quelque problèmes avec des paragraphes du grand livre du vivant qui a la gentillesse de zigouiller pas mal de bébés et de femmes en couche… etc…
c’est le premier avantage des vieux philosophes, ils ne sont pas morts en bas age…
« Insérer un segment d’ADN exogène dans un ADN indigène, c’est nécessairement ajouter dans l’immédiateté des « phrases » susceptibles de modifier le sens du message délivré par le « Grand Livre du Vivant » pour l’espèce de vivant concerné. »
Comme à chaque fois qu’une mutation se produit dans la nature, pas de quoi fouetter un chat donc.
« Insérer un segment d’ADN exogène dans un ADN indigène, c’est nécessairement ajouter dans l’immédiateté des « phrases » susceptibles de modifier le sens du message délivré par le « Grand Livre du Vivant » pour l’espèce de vivant concerné. »
Comme à chaque fois qu’une mutation se produit dans la nature, pas de quoi fouetter un chat donc.
Magnifique le mythe de la nature comme une oeuvre divine que l’homme ne peut modifier sans risquer le courroux du créateur! Tant qu’à se référer à des mythes je préfère celui de Prométhée. L’apprenti sorcier a payé cher mais l’humanité a largement bénéficié de sa transgression.
Personnellement je serais curieux de savoir qui détient les droits d’auteur sur le grand livre du vivant.
« L’ADN des anti-OGM ne change pas ».
Pour changer leur ADN on pourrait concevoir des OGM d’anti-OGM. Au nom du principe de précaution je m’y oppose fermement, aucune maitrise, ne jouons pas au docteur Frankenstein.
En partant d’une base aussi atteinte cérébralement, imaginez la monstruosité sectaire et fanatique qui pourrait en ressortir.