Immobilier : Hollande distribue du PTZ comme d’autres la malaria

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Immobilier résidentiel (Crédits mehdi benmansour, licence CC-BY 2.0), via Flickr.

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Immobilier : Hollande distribue du PTZ comme d’autres la malaria

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 2 novembre 2015
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Les effets de la loi Duflot en matière d’immobilier continuent de se faire sentir : au lieu de centaines de milliers de nouveaux logements neufs chaque année, la construction ne décolle pas. Les prix stagnent toujours bien trop haut pour le revenu moyen, tant dans le neuf que dans le vieux.

Heureusement, le chef de l’État a décidé de ne pas rester les bras ballants et de les agiter sans rythme ici ou là pour relancer un peu tout ça.

Il faut dire qu’au sujet des pulsations économiques du pays, les systoles et les diastoles s’enchaînent à un rythme inquiétant, et surtout ralentissant. Sentant déjà la fin de son mandat approcher, et comprenant aussi que les prochaines élections régionales vont avoir un goût âcre, François Hollande mise donc en partie sur l’immobilier pour relancer l’activité.

Son idée est, comme d’habitude, extrêmement simple : distribuer de l’argent gratuit.

Hollande, capitaine de pédalo CCCP

Vous pourrez sans aucun doute pointer l’absence d’originalité de la méthode gouvernementale qui, à chaque fois qu’un problème se présente, consiste à dépenser des paquets de brouzoufs, par camions entiers, montrant en cela à quel point le socialiste de base est obsédé par l’argent (et notamment celui des autres). Mais c’est comme ça : encore une fois, nos dirigeants entreprennent d’augmenter la dose d’intervention étatique dans un problème relativement complexe de marché immobilier déjà complètement gangréné par l’intervention massive des pouvoirs publics, depuis les normes jusqu’à la fiscalité, en passant par les messages confus de l’exécutif.

En l’occurrence, plutôt qu’une réelle simplification du secteur en sabrant les centaines de lois toutes plus tarabiscotées les unes que les autres, le chef de l’État a choisi d’y ajouter un niveau de complexité supplémentaire en triturant encore un peu plus le Prêt à Taux Zéro.

Le PTZ+ (Prêt à Taux Zéro Trop De La Balle) , la soluce !Rappelez-vous : le prêt à taux zéro (PTZ), c’est un prêt sans coût (et parfois sans intérêt), bien évidemment soumis à des conditions de ressources, s’adressant à des personnes souhaitant acquérir leur première résidence principale, et qui ne finance qu’une partie de l’opération.

Autrement dit, c’est un prêt gratuit d’argent, couvert par l’État, qui incite les foyers modestes ou pauvres à s’endetter pour acheter un bien immobilier. Et comme ce prêt ne suffit plus à pousser les individus à s’endetter, le président François a choisi de faire une grande et belle réforme « permettant de faciliter l’accès à la propriété en faisant en sorte d’élargir le prêt à taux zéro ».

Bien évidemment, ce fameux PTZ comportera toujours les nécessaires garde-fous pour éviter tous les débordements qu’on peut imaginer à base de capitalistes se lançant dans la construction de lotissements en placoplâtre mal ajusté pour éponger la manne publique en refourguant leurs habitations de carton en rase campagne à de jeunes couples un peu naïfs et désargentés.

Ainsi, si le chef de l’État souhaite bien porter le montant de l’emprunt jusqu’à 40 % de la somme totale, il précise tout de même que ce PTZ sera applicable à la « quasi-totalité du territoire » pour les logements neufs, c’est-à-dire pas tout le territoire, et donc qu’il y aura des exceptions, des décrets, des listes, des petits ajustements, des détails à préciser, et, concernant l’ancien, « à condition qu’il y ait des travaux », voilà voilà…

Et si vous sentez comme une petite odeur de gaz, c’est parfaitement normal puisque le président de la République vient, encore une fois, de construire une belle usine gazogène. La simplification administrative continue de cogner dur.

Ne pouvant résister à l’envie de l’annoncer à toute la planète, Hollande s’est ouvert de son nouveau projet en passant par la Lorraine avec ses sabotages immobiliers. Au passage, l’occasion était trop belle pour ne pas écorcher une fois encore la grammaire française (« La politique, elle a besoin du temps long ») et ponctuer son intervention par l’une de ces phrases étranges dont on se demandera, dans les générations futures, si elles ne recelaient pas un sens caché qui friserait le foutage de gueule voilé. Évoquant cette pulsion réformatrice dont il prétend être animé, il a ainsi expliqué que « Nous devons avancer, tout en restant ce que nous sommes », frôlant de peu le « où nous sommes » en deuxième partie de phrase qui n’aurait en réalité choqué personne.

Parallèlement, son service de communication, toujours au taquet, a immédiatement relayé l’annonce tonitruante du chef de l’État (pensez donc, distribuer du PTZ à grandes brassées, voilà qui mérite amplement un petit tweet) :

tweet élysée PTZ

Tout à l’heure, on sentait une petite odeur de gaz. À présent, vous avez peut-être entendu un bruit de tôle froissée ou de casserole heurtée. C’est, là encore, normal pour ce service de communication qui, en définitive, ne loupe jamais une occasion de distiller une petite blagounette en se gamelant dans l’une ou l’autre formulation. Ici, ça n’a pas loupé : le tweet laisse assez clairement entendre que notre ami François cherche une méthode pour faciliter l’achat de son prochain petit pied à terre parisien. On lui souhaite bien du plaisir, d’autant que c’est avec notre pognon.

Grammaire bafouée, discours gnan-gnan, réforme à l’amidon, originalité d’un tube de dentifrice vide, tweet pourri ? Tout ceci est normal : il faut absolument focaliser les Français sur les grandes et belles réalisations du président alors que les élections régionales approchent.

Maintenant, on rigole, on s’amuse, mais les imbécilités présidentielles montrent encore une fois l’opacité mentale de nos dirigeants.

Premièrement, on ne peut que constater l’aspect particulièrement brouillon ou grassement idéologique de la politique étatique en matière de logement : à la France de propriétaire sarkozienne qui avait justifié toutes les bidouilles pour intervenir sur le marché immobilier déjà malade de sur-intervention étatique, a succédé la France de bien logés hollandesque, qui s’est traduit par une loi ALUR abominablement mal écrite dont on mesure encore les effets catastrophiques. Les dernières déclarations à la syntaxe titubante du chef de l’État montrent son revirement vers les propriétaires, donnant à l’ensemble des démarches entreprises jusqu’à présent un côté hésitant frisant le parkinsonnien.

Deuxièmement, en élargissant ainsi le PTZ, on va à nouveau pousser des foyers à s’endetter sur des périodes et des montages financiers relativement risqués, en faisant passer l’endettement comme un mal nécessaire voire souhaité alors qu’il devrait, en toute logique, rester une voie de dernier recours. Comment ne pas se rappeler que ce sont justement les distributions de prêts de plus en plus risqués qui ont provoqué, en 2008, une crise mémorable ? Même s’il n’est pas question ici de comparer les subprimes et les PTZ français, que peut-on réellement attendre d’une société qui mise avant toute chose sur l’endettement et non l’épargne, sur les dépenses immédiate plutôt que sur la planification ?

Troisièmement, avec ce nouveau bricolage, Hollande et toute la clique derrière lui qui a eu cette brillante idée démontrent encore une fois leur méconnaissance crasse des mécanismes de marché : en distribuant ainsi des PTZ à qui en voudra ou presque, le risque est grand de voir les prix de marché s’ajuster pour tenir compte des nouvelles capacités d’emprunt disponibles. Autrement dit, il y a fort à parier sur une hausse, au moins temporaire, des prix dans les endroits où les PTZ seront le plus distribués, de la même façon qu’on a observé l’augmentation des loyers à l’arrivée des Aides au Logement dans la proportion de ces APL.

Au vu de ces éléments, factuels, tangibles et inquiétants, l’approche des régionales ne justifie en rien l’attitude parfaitement irresponsable du chef de l’État. Et le fait qu’il nous fasse bien rire avec sa diction catastrophique, son service de communication de Prisunic campagnard et ses idées senteur naphtaline ne compense en rien les évidentes sottises décisionnelles derrière.

Ce pays est foutu.
—-
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  • qui friserait le foutage de gueule voilé.

    À ce niveau, c’est du foutage de gueule en burka … Sinon va y avoir des soldes mahousses dans 2 ou 3 ans …

  • Pour faire durer le ponzi collectiviste, les caisses publiques étant vides et la dette publique abyssale, les socialistes veulent créer de la dette privée.
    Ça perfuse l’économie exsangue. Miam-miam, y’a bon le keynésianisme travesti en traites sur le dos de la population!
    Combien de pauvres gens vont tomber dans le piège?

    • C’est tout simplement dramatique. Finalement, c’est l’Euro qui empêche mais de peu que la dette soit de 5.000 milliards ou plus et qu’il faille quelques milliers de Francs pour acheter UN mark après moult dévaluations. La gestion économique de nos politiciens, et de gauche particulièrement consiste à dépenser et dépenser…….Puis emprunter et emprunter, et puis après tout on s’en fout, le principal c’est d’être élu. Après nous le déluge.
      Mais nos enfants et petits enfants dans tout ça?

      • De mémoire, la dette française annoncée ne prends pas en compte les provisions pour les retraites, comme c’est le cas outre atlantique. La dette est déjà d’au moins 4000 milliards 😉

      • Vos enfants et petits-enfants, pourquoi devraient-ils se sentir tenus par les emprunts des dirigeants de leurs parents et grands-parents ?

        • tout à fait. pour se sentir libre de ces emprunts irresponsables, il suffit de ne pas commencer à investir dans ce système, ne pas y travailler, ne pas y cotiser, partir dès que possible. mes enfants, je vais très fortement les inciter à partir s’établir 20 ou 30 km plus à l’est, en suisse. apprentissage en suisse, boulot d’été en suisse, stages en suisse, copine en suisse, travail en suisse, logement en suisse, et enfin passeport rouge. ils seront à l’abri et ils pourront regarder leur ancien pays, la france, avec ses fonks, ses chômeurs et ses chances pour la france qui s’entretueront pour se partager l’argent de la spoliation légale de plus en plus rare.
          c’est ce que j’ai dit à un militant socialiste qui distribuait ses tracs pour le « référendum de l’union de la gauche », ça ne l’a pas fait rire du tout, et j’ai vu qu’il était inquiet pour sa propre retraite, si tout le monde fait comme moi…

  • Messieurs les bobos écolos socialo,

    Réfléchissez 2 secondes (ou essayez en faisant appel à ce qui vous reste de neurones non connectées exclusivement à Gaïa).

    Le surcout de la performance énergétique label A++++ suractivé à rupture de portefeuille thermique et forte émission de dettes – même après les pseudo aides sous forme de prêt (qu’il faudra rembourser) ou de crédits (qui vont dans la poche de l’entrepreneur) – est tout simplement incompatible avec la capacité d’endettement des ménages qui ne possèdent pas vos revenus.

    Aidé par les normes spécifiant que le logement de chacun doit être de plus adapté aux invalides (top petit, trop grand, trop typé – comme dans la pub de la vache-qui-rit), il en résulte un effondrement de tout le secteur de la construction.

    Persister dans cette voie de l’utopie à tous les étages conduit inévitablement à l’effondrement du secteur de la construction. Alors qu’il est bien évident pour des raisons de confort et de cout du chauffage que les propriétaires sont prêts à investir un minimum, le jusqu’au-boutisme énergétique a l’effet inverse.

    • Perdez pas votre temps, ces gens sont lobotomies, ils n’ont plus que la moitié gauche du cerveau.
      Réflechir par eux-mêmes? impensable.

  • Dans certaines villes , les nouveaux PLU prévoient des constructions massives et à marche forcée, de logements sociaux après avoir spoliés des propriétaires privés détenant des grandes surfaces de terrain.

    • Vous pouvez ajouter que ces document d’urbanisme programment la concentration urbaine au détriment des lotissements avec jardin.
      Fini la qualité de vie.
      Bonjour les cabanes à lapin.
      Mais les français sont tellement bas de plafond qu’ils ne se rendent même pas compte que les politiques qu’ils ont élus les spolient.
      Il gobent n’importe quoi pour se faire mener vers cet habitat minable.

  • Les commentaires sont fermés.

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