Deux peurs et une solution pour le chômage français

Pour relancer l’emploi, il faut prendre le contre-pied des politiques économiques traditionnelles d’assistanat.

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Deux peurs et une solution pour le chômage français

Publié le 27 octobre 2015
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Par Jean-Luc Ginder.

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La science économique est vie, vie de l’humanité qui bouge. Et si cette science parle d’un monde vrai et vivant, nous sommes interpellés par cette beauté inattendue.

Le principe initial d’un système économique cohérent repose sur la diffusion de la propriété. La propriété privée est une incitation au travail, à l’initiative, au progrès, à l’épargne, à la constitution du patrimoine. À condition que le plus grand nombre ait accès à la propriété.

Notre économie à la française s’est construite sur des valeurs solidaires, humanistes, charitables avec l’idée d’avoir l’envie de construire un futur en France. Nous devons offrir aux générations qui arrivent une vision rassurante de l’avenir, afin de préserver cette envie de construire un futur solidaire et sans peurs.

Les deux peurs françaises

deux peurs rené le honzecPourtant cette volonté, ou cette vision, d’un monde économique positif et engageant est anesthésiée par deux dimensions émanant de nos peurs nationales. La peur de l’étranger est la première peur. La seconde est la peur du déclassement social.

La peur de l’étranger nous rappelle la période 1910 et voit se développer la peur de l’étranger, le racisme, le terrorisme, la fermeture des frontières. L’ouverture au monde semble donner le vertige et c’est cette peur de l’autre, de l’inconnu qui prête soudain à l’étranger, celui qui est notre voisin mais qu’on ne connaît pas, des torts excessifs infondés. L’économiste que je suis reste glacé par la méconnaissance du fait économique qui alimente des propos effrayants et terrifiants. La réalité est que nous, peuple français, devons comprendre très vite que l’Autre est notre richesse. Dire que l’on ne se sent plus chez soi en France n’élèvera aucun esprit. L’avenir de la France doit passer par l’accueil de l’Autre, talentueux et qui excelle. Ce creuset de talents prouvera que nous sommes chez nous et resterons chez nous. Penser que nous nous suffisons à nous-mêmes et que les autres sont danger nous conduira à une mort économique certaine. Il est urgent que nous comprenions que la peur de l’autre, de l’étranger, du différent est une conception morbide. En économie, l’autre, c’est la chance qui passe. C’est ce qu’ont compris les grands peuples de demain qui savent accueillir les autres et construire avec eux.

La deuxième peur qui hante les esprits est plus réelle. Nous parlons de la peur du chômage pour un certain nombre et de la peur du déclassement social pour beaucoup. Le déclassement social est la peur des parents qui craignent de voir leurs enfants vivre moins bien qu’eux. Ceci tend à devenir une réalité. Les nouvelles technologies, les rêves conduisent paradoxalement à vivre moins bien que les générations passées. Où trouver le sens ?

Cette situation renvoie à un fait majeur et incroyablement prosaïque : depuis 10 ans, 80% de l’accumulation des richesses est détenue par 1% de la population. Pas besoin de pratiquer les mathématiques à haut niveau pour comprendre que les 99% de la population restants voient leur richesse tirée vers le bas.

La convergence de la peur du déclassement social, de la vision négative de l’avenir, de l’extraordinaire processus de concentration des richesses et de la peur montante de l’étranger crée un mélange explosif et véritablement révolutionnaire. Les dangers sont réels si nous ne sommes pas capables d’apporter des solutions économiques positives, généreuses allant dans le sens de la justice sociale et de l’ouverture aux autres. Il est impératif et urgent d’inventer le nouveau modèle de développement de la classe moyenne française.

Le défi de la création d’emplois

L’équilibre doit être trouvé entre les pensées et les actions. L’analyse doit conduire à l’action. Nous entrons dans une immense vague de mouvement qui balaiera la stabilité et la cristallisation de la classe moyenne. La technologie conduit le monde à s’ouvrir et la globalisation changera tout. Les frontières ne peuvent plus être fermées. Nous sommes 7 milliards d’individus, 200 millions vivront dans un pays différent de celui où ils sont nés. Ce chiffre est faible. Si je projette ce chiffre en l’inscrivant dans les tendances actuelles (base banque mondiale), il atteindra 1,5 milliard en 2 040.

Quatre modèles d’entreprise, certains existent déjà, seront créateurs d’emplois d’ici là. Le premier modèle représentera la majorité des entreprises de demain : « chacun est une entreprise », nous sommes les entrepreneurs de notre vie et chacun gère sa vie. Le deuxième modèle sera « l’entreprise provisoire » : un groupe d’individus est créé autour d’un projet jusqu’à sa réalisation finale. Le troisième modèle sera « l’entreprise marque » qui définit le critère d’excellence des produits et des services et ne recrute que des talents. Le quatrième modèle sera le « social business » pour qui l’argent n’est pas une finalité mais un moyen et pour qui la finalité n’est pas le profit. Tout comme le capitalisme fut un développement génétique du système féodal, système que le capitalisme a fait exploser, le social business fera exploser le capitalisme.

Le temps du changement passe par la création d’emplois. Si, en France, pays développé, 5ème puissance mondiale, les inégalités se réduisent, si chaque Français, à chaque niveau de sa vie peut avoir un contrôle sur son appareil industriel ou commercial, sur sa commune, sur ce qu’il appelle vivre, sur ce qu’il appelle aussi réussir, pas seulement par l’argent, pas seulement par le pouvoir, mais aussi par le droit de créer, de vivre librement, alors la conception de la production changera de sens.

En France, nous possédons un formidable potentiel de réussite et un formidable défi de création d’emplois. Quoi qu’il arrive, la France va changer, le choix n’est plus à un capitalisme sécurisant qui a apporté par le passé quelque équilibre et bien-être.

Il est insupportable de savoir qu’en France trois millions de personnes sont en situation de grande pauvreté, que deux ont recours à l’aide alimentaire, que 1 600 000 personnes sont concernées par le Revenu Minimum d’Insertion. L’idée de 2,4 millions d’enfants vivant dans la pauvreté selon les chiffres du rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale est intenable.

Agir par la création d’emplois

Pour relancer l’emploi, le vrai, il faut prendre le contre-pied des politiques économiques traditionnelles et plutôt que d’allouer des budgets gigantesques pour acheter du temps et entretenir l’assistanat, il est urgent de prêter de petites sommes d’argent à ceux et à celles qui sont en capacité d’entreprendre. Il est primordial de donner notre confiance aux chômeurs–entrepreneurs insolvables. Un chômeur talentueux porteur d’un projet, volontaire, entreprenant mais pauvre sortira de la pauvreté et de l’assistanat dès qu’on lui accordera ce qui lui manque. Aucune femme, aucun homme n’attend de vivre de la charité mais attend que la société lui accorde la chance de pouvoir entreprendre et de valoriser son savoir-faire et son savoir afin de gagner dignement sa vie et de permettre à d’autres encore de la gagner aussi.

Et si la France leur annonçait enfin « la France te prête les moyens de le mettre en oeuvre, maintenant c’est à toi de relever le défi et de réussir » ? Aider à la création de 85750 entreprises (cf. exemple ci-dessous) avec au minimum un emploi pérenne sur une durée de 3 ans coûte autant que d’indemniser l’ensemble des chômeurs français pendant 3 mois tout en créant un potentiel de 214944 emplois autofinancés à 2500 euros, en moyenne, brut mensuels ; les allocations chômage en France représentent 34,3 milliards € par un an. La ligne à suivre est d’aider les chômeurs à devenir maîtres de leur avenir.

Avec une aide moyenne de 100000 euros sur 3 ans par entreprise.

Exemple 1

Projection de création d’emplois sur base d’une aide à la création (100.000 euros) attribués à 85 750 entreprises en année 1 en tenant compte d’un taux de dépôt de bilan annuel de 2% (taux actuel en France) – 940 380 créations potentielles d’emplois sur une période de 18 ans.

Ginder1

Exemple 2

Projection de création d’emplois sur base d’une aide à la création (50 000 euros) attribués à 171 700 entreprises en année 1 en tenant compte d’un taux de dépôt de bilan annuel de 2% (taux actuel en France) – 2 701 475 créations potentielles d’emplois sur une période de 18 ans.

Ginder2

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Créer un compte Tous les commentaires (8)
  • Seule la création d’entreprise créer de l’emploi…

    – il faut lever tous les carcans administrativo-corporatistes, pour une totale liberté d’entreprendre ( avec une seule contrainte : la sécurité et la santé des clients, salariés, riverains)
    – il faut accepter la perte d’emploi, voir la destruction d’entreprise existante.
    – il faut un statut de l’actif unique, mêmes droits mêmes devoir, facilitant le passage entre les types d’entreprise. ( l’employeur n’a pas à s’occuper des assurances sociales de ses salariés, juste soumis à une declaration des heures ou jour travaillés et payés par salarié, les embauches et licenciemment ; l’administration publiant le taux d’absentéisme et le taux d’ancienneté médiane )

  • L’emploi est le fond du problème pour la population, mais le chômage n’est qu’une conséquence d’un constructivisme à demi assumé. Il faudrait surtout lâcher du mou sur ce constructivisme et l’emploi repartirait comme par miracle.

  • « Depuis 10 ans, 80% de l’accumulation des richesses est détenue par 1% de la population. Pas besoin de pratiquer les mathématiques à haut niveau pour comprendre que les 99% de la population restants voient leur richesse tirée vers le bas. » Oh le beau raccourci intellectuel que voilà ! Si 1% de la population voit sa richesse augmenter plus vite que les 99%, cela ne veut pas dire que ces 99% s’appauvrissent.

  • pas étonné encore un économiste qui propose n’importe quoi.
    1 – je vous conseil de relire baquiat (le vitrier). car pour investir il faut désinvestir. ici on ne peut le faire dans les volumes que vous espérez pour des raisons évidentes.
    2 – ça suppose aussi que les gens aient des idées d’investissement, et plus encore les compétences
    3 – autrefois il n’y avait pas d’assurance chômage et régnait l’ultra pauvreté alors que tout le monde bossait. qu’est-ce qui fait alors que l’on passe de 120€/mois par individu à 2100€ ?

    encore des tours de passe-passe d’individu pour qui le monde ne se développe qu’à partir de bon vouloir et de l’argent. donc zou retournez réfléchir !

  • « depuis 10 ans, 80% de l’accumulation des richesses est détenue par 1% de la population. Pas besoin de pratiquer les mathématiques à haut niveau pour comprendre que les 99% de la population restants voient leur richesse tirée vers le bas. »
    Pas besoin de pratiquer la logique à haut niveau pour comprendre que cette phrase est un parfait sophisme.

    « Tout comme le capitalisme fut un développement génétique du système féodal, … »
    Tiens, un marxiste qui publie sur Contrepoints…

    « Et si la France leur annonçait enfin « la France te prête les moyens de le mettre en oeuvre, maintenant c’est à toi de relever le défi et de réussir » ?  »
    Avec l’argent de qui? Cet argent ne serait-il pas mieux employé par les contribuables? Feignez-vous d’ignorer que les dépenses publiques se substituent toujours à des dépenses privées?
    Quelqu’un gagnerait à lire Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas, ou encore L’Économie en une leçon…
    http://herve.dequengo.free.fr/Hazlitt/EPL/EPL_6.htm

  • Les chiffres de vos graphiques correspondent à des créations d’entreprises avec des fonds privés et par des entrepreneurs responsables devant leurs investisseurs. La France ne manque pas d’investisseurs potentiels, ce qui manque c’est le cadre où leur mise de fonds ne sert pas à payer des stupidités administratives et des charges sociales, mais effectivement à développer l’entreprise, et où ceux qui tirent des dividendes de leurs choix judicieux d’investissement et de développement ne se les voient pas confisquer pour financer les lubies étatiques et canards boiteux de l’économie citoyenne.

  • Le problème des projets qui créent de l’emploi est que le retour sur investissement se fait souvent sur un temps long qui n’est pas compatible avec un système monétaire basé sur la dette.
    Ces projets ont besoin de fonds propres, pas de prêts. Or, qui peut fournir des fonds propres alors que la quasi-totalité de la monnaie a été mis en circulation avec une création de dette. Ceux qui pourraient investir en fonds propres doivent des intérêts sur l’argent placé et demande un retour quasi-immédiat. J’ai constaté qu’un investissement sur plus de 2 ans n’a aucune chance de trouver des capitaux et il faut faut parfois plus de 10 ans pour mener un projet créateur de richesse à bien. Les financiers privilégient les placements court terme, mais ceux-ci ne sont que faiblement créateur de richesse. La logique de prédation prévaut sur une logique de création.
    La solution passe forcément par un changement de la contrepartie lors de la création monétaire pour sortir de l’impasse. On pourrait utiliser les richesses créées comme contrepartie, mais il faut au préalable se poser la question de la définition de la richesse. La monnaie n’est pas la richesse, elle un bon serviteur mais un mauvais maître.

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