Anti-Piketty : Piketty et Marx (3)

Les riches s’enrichissent-ils plus vite que le reste de la population ?

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Anti-Piketty : Piketty et Marx (3)

Publié le 16 octobre 2015
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Par Mathieu Bédard.
Un article de l’Institut économique de Montréal

Thomas Piketty credits News blu.org (CC BY-SA 2.0)Dans ma chronique précédente sur le livre collectif Anti-Piketty : vive le Capital au XXIe siècle, je me suis concentré sur les données statistiques de Thomas Piketty, qui sont censées être la plus grande qualité de sa thèse. On a vu que celles-ci ont été trafiquées. Cette troisième et dernière chronique sera dédiée à la théorie même de Thomas Piketty, à savoir l’idée que les riches s’enrichissent plus vite que le reste de la population.

Ce n’est pas une exagération que de dire que Thomas Piketty réutilise les vieilles théories maintes fois discréditées de Karl Marx. Il ne s’agit pas ici de ressusciter la peur du communisme du XXe siècle, mais d’avoir une discussion honnête sur les allusions théoriques et les liens théoriques que Thomas Piketty établit lui-même.

En effet, non seulement le titre de la thèse de Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, renvoie directement au Capital de Karl Marx, mais sa thèse en est la continuation directe. La stratégie de Thomas Piketty est, comme Marx, de trouver de grandes lois générales du capitalisme. L’Anti-Piketty nous rappelle que la première loi générale de Marx était que les revenus du travail diminueraient progressivement dans la société, au profit des revenus du capital. Cette grande loi du capitalisme est essentiellement identique à la thèse centrale de Piketty, à savoir que le capital croît toujours plus rapidement que le reste des revenus de la société.

Dans l’Angleterre de l’époque où Marx écrivait, les changements politiques et les interventions publiques se sont bousculés. La démocratisation de 1832, l’avènement de l’inspection professionnelle des usines, l’abrogation des taxes douanières et l’abolition de lois injustes sur le travail, cite l’Anti-Piketty, ont à la fois nourri l’augmentation des salaires et l’évolution technologique. À son tour, l’évolution technologique rapide et son adoption généralisée, la révolution industrielle, a poussé les salaires à la hausse. Marx fut contredit par les événements et les faits avant même que l’encre du Capital soit sèche.

Les raisons de cet échec intellectuel de Karl Marx sont les mêmes que celles pour lesquelles la thèse de Piketty convainc peu : les deux penseurs ne s’intéressent pas aux changements de la société et à l’évolution technologique.

Tout porte à croire que nous vivons actuellement une époque de changements importants et d’innovations techniques importantes. Internet, le pétrole et le gaz de schiste, la mondialisation des échanges et les libertés économiques croissantes en Inde et ailleurs sont autant d’indications que, comme pour Marx, une révolution technologique et institutionnelle va infirmer les prédictions de Thomas Piketty. Tout porte à croire que nous sommes à l’aube d’une époque où on doit être optimiste à propos de l’avenir, n’en déplaise à Thomas Piketty.

Cela n’a pas empêché Marx de devenir l’influence principale du communisme au vingtième siècle, avec ses goulags, sa grande famine et ses cent millions de morts. Il est courant, aujourd’hui, de prétendre que le communisme fut une perversion de la vision de Marx. Cette affirmation, aussi banale puisse-t-elle nous paraître, ne se retrouve toutefois pas chez les écrits des soviétologues. Au contraire, selon ces derniers l’influence profonde de Marx sur la théorie et la pratique communistes est facile à déceler.

Fort heureusement, Thomas Piketty n’a pas encore l’influence de Marx. Ses recommandations, soit une taxe de 80 % sur les revenus supérieurs à 500 000 $, et une taxe de 5 % à 10 % pour les patrimoines d’un milliard de dollars, sont aussi extrêmes qu’anti-économiques. On tuerait l’investissement et la croissance qui ont permis aux revenus réels d’augmenter de 2000 % ces 200 dernières années. On n’améliorerait pas la situation des pauvres, bien au contraire.

La thèse de Thomas Piketty est somme toute une vieille boisson, le marxisme, présentée dans une nouvelle bouteille redessinée. Une nouvelle bouteille ne rend pas le breuvage moins indigeste. Et comme Marx l’a écrit, lorsque les choses se répètent, c’est la première fois une tragédie, la seconde fois une farce. L’Anti-Piketty est un outil précieux pour garder son calme devant les propos alarmistes sur les inégalités de revenu, et de le faire de façon informée.

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  • Les termes de superstition et d’obscurantisme ne sont pas exagérés pour qualifier la thèse centrale de Karl Marx et Picketty. En toute rigueur. En voici la démonstration.

    1 – Que disent Karl Marx et Piquetout ? « Dans le capitalisme pur (liberté économique pure) la valeur du capital productif croît plus vite que les salaires de ceux qui l’utilisent. »

    Démontrons d’abord que c’est faux, irrationnel et même ridicule:
    Une machine ne peut valoir plus que le travail qu’elle remplace, sinon elle ne le remplacerait pas, mais elle serait mise au rebut et vaudrait moins que zéro. Par conséquent. Il s’ensuit qu’elle augmente la valeur du travail plus que celle du capital. Les salaires dépendant de la productivité, ils croissent eux aussi plus que le capital.

    Puisque la raison démontre le contraire de cette thèse, et de science certaine, elle est donc irrationnelle. Et comme deux phrases y suffisent, elle est ridicule.
    C’est un préjugé irrationnel très répandu, en un mot une superstition.

    2 – Comment combattent-ils la raison ?
    Pour Karl Marx, par le sophisme, l’ambiguïté des termes. Pour Piquetout, par le scientisme, pseudo-expérimentalisme (Guillaumat), qui rejoint l’animisme.
    L’animiste croit que les objets pensent et agissent, alors qu’ils sont mus conformément aux lois immuables de la physique que l’observation de la nature permet de dégager. Piquetout croit que l’action humaine (Von Mises) obéit à des lois du même ordre alors qu’elle résulte de la pensée. C’est bien la même confusion.
    Non seulement les statistiques de Piquetout sont fausses, mais sa démarche même est irrationnelle, et infiniment vaniteuse, imprégnée de l’auto-exception (Sowell).
    Bref, Karl Marx et Piquetout sont des charlatans qui propagent une superstition à la mode de leur époque – de nos jours il faut 800 pages de statistiques pour noyer le poisson.

    Ce combat contre la science, alors qu’elle est connue et clairement exposée au moins depuis 1850, donc avant la publication de Das Kapital, par Frédéric Bastiat, est exactement de l’obscurantisme.

    3 – Pourquoi cet obscurantisme ?
    Pour justifier la violence, alors même que son absence est le seul critère objectif de justice – il s’ensuit que nous devons nous résigner à l’arbitraire, au totalitarisme. Les taxes de Piquetout en sont pas la conclusion d’une analyse, mais ce qu’il souhaite de tout son coeur et emploie sa raison à populariser par le mensonge.

    Il faut donc relayer le cri de Frédéric Bastiat « Il n’est pas vrai que les grandes lois providentielles précipitent la société vers le mal. »

  • « une taxe de 80 % sur les revenus supérieurs à 500 000 $ »

    Vu qu’il entre dans cette catégorie, j’espère que l’imposteur Piketty, le soit-disant statisticien qui confond taux de rendement avec taux de croissance, donnerait l’exemple si cette loi était appliquée.

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