Pour une vraie concurrence des monnaies, de Hayek

Exclusif : un entretien avec Guillaume Vuillemey, traducteur et spécialiste de Hayek.

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Pour une vraie concurrence des monnaies, de Hayek

Publié le 13 octobre 2015
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Les temps changent, et le libéralisme recommence à être étudié sérieusement en France. Les Presses universitaires de France viennent de publier un essai de l’économiste et théoricien libéral Friedrich Hayek sous le titre Pour une vraie concurrence des monnaies. Préfacé par Pascal Salin, l’ouvrage paru à l’origine sous le titre de The denationalization of money en 1976. Contrepoints a interrogé le traducteur de l’essai, qui est aussi l’auteur d’une postface très éclairante sur l’histoire de cet écrit hayékien. Guillaume Vuillemey est professeur assistant de finance à HEC Paris.

Que propose Hayek dans ce livre totalement inédit en langue française ?

guillaume vuillemey
Guillaume Vuillemey

Hayek propose une réflexion tout à fait inédite en théorie monétaire. Avant lui, toute la théorie économique a pris pour acquis, explicitement ou implicitement, l’idée selon laquelle une monnaie ne peut être émise que par un monopole. En d’autres termes, qu’il ne peut y avoir qu’une seule monnaie en circulation sur un territoire donnée. Dans Pour une vraie concurrence des monnaies, Hayek propose au contraire l’établissement d’une liberté monétaire et bancaire totale, qui se traduirait notamment par l’émission concurrentielle de monnaies distinctes.

Il faut être clair à ce sujet : des émetteurs en concurrence n’émettraient pas tous la même monnaie, mais des monnaies distinctes, ayant des noms et des propriétés potentiellement différentes. Chaque émetteur de monnaie serait donc incité à gérer sa monnaie, notamment la quantité de sa monnaie en circulation, de manière à satisfaire au mieux les besoins du public. Un émetteur qui imprimerait de trop grandes quantités de ses propres billets verrait l’acceptabilité de sa monnaie diminuer, car celle-ci perdrait de la valeur, de sorte que les épargnants seraient incités à s’en débarrasser. Sans corriger le tir, une telle monnaie disparaîtrait purement et simplement.

Hayek pense que la concurrence monétaire permettrait de garantir une stabilité monétaire plus grande que celle rendue possible par tout autre système monopolistique. Un système monopolistique, pour Hayek, est bien trop sujet à des pressions le poussant régulièrement à abuser de ses prérogatives en matière de création monétaire. Cette création monétaire altère le fonctionnement du système des prix, crée des bulles et des crises, et anéantit sur le temps long la confiance du public dans le marché libre.

Quelle est la place de cet ouvrage au sein de la réflexion économique et sociale hayékienne ? Y a-t-il une vraie évolution sur la monnaie depuis The Constitution of Liberty ?

Les principaux écrits monétaires de Hayek datent des années 1920 et 1930. Jusqu’à Pour une vraie concurrence des monnaies, qui parait au milieu des années 1970, Hayek a avant tout été un partisan de l’étalon-or classique, qui était pour lui le mieux à même de garantir la stabilité monétaire et de lutter contre une création monétaire excessive. Il y a donc clairement une évolution entre la défense de l’étalon-or et celle de la concurrence monétaire. Hayek est très explicite à ce sujet : il ne s’agit pas d’une rupture, mais d’une évolution. Son objectif est toujours le même : garantir l’existence de monnaies stables, qui permettent le bon fonctionnement du système des prix comme mécanisme d’allocation des ressources ; ou encore, éviter que les déformations du système des prix causées par l’inflation n’entraînent l’alternance de bulles et de crise. Simplement, le moyen de parvenir à la stabilité monétaire est nouveau.

Pour une vraie concurrence des monnaies HayekLa place de Pour une vraie concurrence des monnaies dans l’œuvre de Hayek est tout à fait singulière. J’insiste sur ce point dans ma postface à l’ouvrage. Hayek a délaissé la théorie économique pure depuis longtemps, et se consacre essentiellement, après la Seconde guerre mondiale et jusque dans les années 1970, à sa théorie de l’ordre social, notamment à son maître-livre Droit, législation et liberté. S’il revient à la théorie monétaire dans les années 1970, c’est parce que les questions monétaires sont liées à l’avenir de la société libre. Une création monétaire illimitée (en 1971, Nixon a suspendu la convertibilité-or du dollar américain, ouvrant la voie à de pures monnaies-papier inconvertibles) perturbe le système des prix, et anéantit sur le long-terme l’ordre de marché. L’État croît aux dépens du marché chaque fois qu’une nouvelle bulle éclate, et la société libre en sort diminuée. Hayek écrit son ouvrage dans l’urgence, et nous dit que « le futur de la civilisation » dépend de la question monétaire. Si la stabilité monétaire n’est pas retrouvée, le marché sera peu à peu anéanti.

Quelle est la portée de l’ouvrage pour la discipline économique ? Quels sont les tenants de ses thèses aujourd’hui ?

Les idées proposées par Hayek sont radicalement nouvelles en théorie économique. Qu’on les partage ou non, la lecture de Pour une vraie concurrence des monnaies est nécessairement un choc intellectuel. Au moment de sa sortie, l’ouvrage a eu un retentissement limité, notamment parce que beaucoup, tels Milton Friedman, ont accueilli la proposition hayékienne avec incrédulité. Depuis, l’ouvrage a suscité des débats considérables entre différentes familles de pensée libérales. Certains économistes autrichiens ont préféré demeurer partisans d’un étalon-or classique. D’autres auteurs, comme Lawrence White ou George Selgin, ont publié des travaux historiques ou théoriques d’une portée tout à fait importante, qui prolongent la réflexion de Hayek. Face à un tel ouvrage, l’enjeu n’est pas tant de savoir si l’on est pour ou contre, mais de se laisser pénétrer par une réflexion riche et provocante. Si la concurrence est toujours bonne et le monopole toujours condamnable, pourquoi en serait-il différemment dans le domaine monétaire ? Voilà ce que nous demande Hayek.

La concurrence monétaire est par ailleurs un sujet d’une actualité brûlante, et qui devrait prendre une importance de plus en plus grande dans les années à venir. Le développement de monnaies électroniques, telles que le bitcoin, en témoigne. Leur importance reste limitée aujourd’hui, mais le développement des technologies de cryptage ou la volonté de certaines institutions gouvernementales de tendre vers la suppression des espèces pourraient renforcer l’attractivité de ces nouvelles monnaies « sans État ». Les réflexions théoriques de Hayek sur la concurrence des monnaies sont indispensables pour penser ces enjeux.

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  • cette histoire de monnaies est totalement ringarde , ce monsieur vivait a une époque où chaque état indépendant vivait dans une bulle économique . avec le mondialisme il n’y a plus qu’un pays , le monde , il ne devrait y a voir qu’une monnaie…. ou une monnaie par zone économique ..et c’est comme cela que nous vivons actuellement jusqu’à ce que tous les marchés s’unissent et qu’une seule monnaie subsiste..sans doute du genre Bitcoin pour ménager la volonté des ‘grands’ d’être ‘le plus grand’ imprimeur du monde .

    • oui c’est ca: une monnaie unique, un pays unique, un parti unique, un systeme legislatif unique… vive la liberte!

      • le monde nous appartient , si ce parti unique est libéral ..en fait il n’existe pas car il n’y a plus d’élections partisanes puisque les états ont disparu , les hommes sont tous égaux et n’ont de pouvoir que sur leur vie , la législation est la même partout ….. ce monde serait un paradis

        • « si ce parti unique est libéral  »

          et pourquoi le serait-il? le pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument.

          • C’est bien le problème!

            L’utopie libérale exige une moralité sans faille où la liberté et la responsabilité doivent s’accompagner de l’interdiction de nuire: soit on entre dans la « république mondiale » avec une super-police qui évite qu’un seul « sujet » (ah oui, évidemment!) ne nuise à personne, soit cette république ne sera pas vraiment libérale.

            Un politicien (A.Cools) a dit: « À quoi bon le pouvoir, si ce n’est pour en abuser? ».

            Or, la concurrence (libérale) est une compétition et nous savons que toute compétition conduit inéluctablement les plus malins à tricher sans se faire prendre: dans ce domaine, l’imagination est sans limite et la cupidité trop tentante!

            Il est clair qu’avant, la « monnaie mondiale » était l’or représenté par la monnaie papier (ou pièces): seuls les pays producteurs d’or pouvaient donc augmenter l’impression de monnaie à condition de stocker l’or extrait et purifié ou les pays non-producteurs qui en achetaient.

            Les autres, comme la France, imprimaient en dévaluant leur devise papier, ce qui est une spoliation de tout détenteur de papier ou de compte bancaire. L’inflation est une autre façon de dévaluer la devise au détriment de tout créancier.

            L’or étant aussi une matière première, il y avait donc, en fait, du troc, facilité par du « numéraire » plus pratique.

            Il est à remarquer qu’à côté des monnaies type « bitcoin », internet « crée » aussi des cercles de « troc » où on échange la tonte d’une pelouse contre des heures de baby-sitting, un cours de math complémentaire, une leçon de piano etc … (la « république mondiale » pourrait-elle empêcher cela?)

            Alors quand une banque vend la même quantité d’or-lingot jusqu’à 8 fois à des clients différents, espérant que tous ne réclameront pas leurs lingots en même temps (ce qui serait surprenant), je plains le pauvre Gabriel Lacoste qui défendait hier, sur ce site, ces banques « pas si méchantes » et leur complices, les banques centrales, alors qu’elles ne font que parier sur un avenir incertain.

            Mais tout cela n’effraie pas Ch.Lagarde!!! Car la Banque Mondiale joue aussi avec les monnaies, en imposant des monnaies-DTS / SDR en pariant que ces devises resteront fiables!

            Investir dans la pierre (et son logement) reste donc ce qu’il y a de plus intelligent!

            Maintenant, qui ignore encore que seuls, les mouvements de la bourse rapportent aux spéculateurs, prêts à les provoquer pour gagner tant au « gonflage » de la bulle que dans la phase de « crevaison »: les paris boursiers par les « produits dérivés » avec effet de levier, permettent ce genre de choses au détriment des vrais créateurs de richesses, les entreprises!

        • @Reactitude: la nature paradisiaque de votre utopie dépend de beaucoup trop de « si » pour etre credible…

        • sauf que vous éludez la question essentielle, si il n’y a qu’une monnaie celui qui en controle l’émission, détient un pouvoir « fiscal » et « économique » caché…et qui a un pouvoir en use dans son intérêt.

    • S’il y a des choses furieusement ringardes, ce sont bien les monopoles monétaires, les banquiers centraux ou la croyance absurde que la monnaie relèverait du domaine régalien. Lorsque tout ceci sera parti en fumée, les croyants des mensonges économiques resteront désemparés.

    • Ringard ? En voilà une énormité ! Rien n’est plus actuel ! Demandez aux Suisses s’ils ne sont pas heureux que la BNS ait arrêté son peg avec l’euro. Un monnaie forte, c’est l’assurance d’acheter les importations peu cher, et de conserver sa richesse sur le long terme. Travaillez un peu, que diable !

      •  » Demandez aux Suisses s’ils ne sont pas heureux que la BNS ait arrêté son peg avec l’euro.  »

        C’est bien à ça que Cavignac voulait en venir. Probablement que sans le monopole monétaire la BNS n’aurait pas son peg avec l’Euro.

        D.J

        • En conclusion: jeu, set et match pour la Suisse, contrairement aux « imprimeurs » (USA, UE, Chine …).

          À noter que la Suisse aussi a « imprimé », mas pas en ouvrant le robinet autant ni aussi longtemps.

  • J’ai un gros doute sur cette histoire de monnaies multiples dans un même pays. Peut être ce système pourrait résoudre certains problème car il a été pensé pour cela, mais ne risquerait il pas d’en créer bien d’autres.
    Essentiellement je me demande si cela n’entrainerait pas un coût de transaction plus important le vendeur et l’acheteur devant connaitre les taux de change par exemple.
    Si l’acheteur possède sa liquidité dans une monnaie mais que le vendeur exige une autre, il y aura des frais de change là aussi car il y aura un intermédiaire supplémentaire le changeur.
    Les possesseurs de monnaies devront suivre le cours de leur monnaie ou se créer des paniers de monnaie pour éviter des risques de dévissage d’une des monnaie.
    Combien de monnaies serait supportable sur une zone comme la France une, deux , trois ? une par régions ? une par métier ?
    Est on sûr qu’un monopole naturel ne réapparaitrait pas à la manière des réseaux sociaux ce qu’est la monnaie à sa manière.

    Enfin peut être que le livre répond à ces questions.

    • quand on voyage on peut payer ou retirer en devise etrangere avec sa carte qui est pourtant liee a un compte en euro, et les frais bancaires sont en general entre 3% et 5%. Si les monnaies se multipliaient vous pouvez etre sur que cette marge de transaction baisserait drastiquement.

      Il existe deja des societes qui proposent des transfers de devises avec des frais bien moindres.

      • Certes j’ai pensé à ça aussi mais cela ne signifie t’il pas que se crée une « méta-monnaie » électronique qui fini par cacher les multi monnaies; auquel cas retour à la case départ.

        La possible faiblesse de modèle multi monnaie serait le rejet d’un système « prise de tête » par les consommateur/producteur qui fuirait dans un nouveau système mono-monnaie. Pas de preuve mais je l’imagine bien.

        • Alors d’accord pour un coût du change moins cher (mais de façon inversement proportionnelle aux sommes changées, évidemment) et grâce aux chambres de compensation – travaillant éventuellement avec une seule monnaie de référence internationalement commune -, d’une part, et à des monnaies informatiques, d’autre part, ce serait encore très cher payé pour un service ridicule, payé à qui?

          Aux banques pardi!

          Ces intermédiaires aussi obligatoires que contre-productifs que les états n’osent plus laisser se crasher: ce sont les champions de la privatisation des bénéfices et de la mutualisations des pertes, le B-A-BA de l’escroquerie de connivence officielle! N’en déplaise à Gabriel Lacoste et son plaidoyer d’hier sur les « gentilles banques », ici-même.

        • Non cela signifie juste qu au moment de payer on vous indique sur le terminal de paiement le prix dans votre devise et le prix dans la devise utilisee par le magasin, converti a un taux de change variable defini par le marche. Bien sur, un systeme multi monnaie aurait probablement quelques devises tout au plus.

          Si je me souviens bien dans denationalization of money Hayek propose d ailleurs comme premiere etape qu un pays accepte comme moyen de paiement legal les monnaies des autres pays.

          Comme a l epoque en France, le franc et la livre circulaient, ce qui limitait le pouvoir de l etat, qui risquait de voir le franc disparaitre de la circulation s’il s’avisait de trop tricher sur le contenu en metaux precieux des pieces de monnaies. Dans le cas de taux de change fixe, la mauvaise monnaie chasse la bonne, mais dans un systeme de changes flottant, c’est la bonne monnaie qui chasse la mauvaise.

    • « Peut être ce système pourrait résoudre certains problème car il a été pensé pour cela  »

      Le libéralisme ne « pense pas un système ». il se contente d’observer la nature et ses lois.

      • Au contraire, ceux qui prétendent « penser un système » commettent un crime.

        La nature leur fait croire qu’ils savent, mais en réalité ils ne savent strictement rien et seront confronter tôt ou tard à la vengeance de la réalité.

        • Vous aimez les phrases ampoulés et boursouflées vous ! crime, vengeance personnalisation de « la nature » tout y est.

          • @Montaudran: Quand on critique la forme c’est souvent qu’on n’a rien à répondre sur le fond…

            • Je ne critique pas la forme je me moque, je me gausse carrément du style, nuance.

              J’ai été taclé car j’ai utilisé le mot « système » pour le mécanisme proposé par Hayek pour la génération de monnaie. Si j’ai lu le texte proposé aimablement et à propos par Arnaud il y des mécanismes, des intervenants, des conséquences et donc je crois qu’il n’est pas ahurissant de parler de système.

              Hayek est il un penseur ? ne pense t’il pas un système ? s’est il fendu d’un ouvrage qui fait l’objet de l’article à l’issu d’une réflexion pointue ou s’est il « contenté d’observer la nature et ses lois. » ?

          • On n’appréhende pas les choses de la même façon c’est tout : vous au niveau 0, moi au niveau +1

      • Je veux juste dire que la multi monnaie est peut être efficace dans la lutte contre l’inflation car imaginé pour cela mais que cela n’implique pas que ce soit parfait par ailleurs et que donc d’autres problèmes ne puissent en découler.

        Sinon les lois de la nature qui les détermine ?

        • J’ai un gros problème avec la «  »NATURE » »: de 2 choses, l’1: ou l’homme (comme je le crois) fait partie intégrante du monde tel qu’il existe (et donc de la nature) ou la nature n’englobe pas l’homme (comme si l’homme n’était pas un mammifère, n’avait pas de squelette identique à celui des grands singes, de séquelle de fentes branchiales etc…). Une définition claire est donc indispensable!

          Alors oui, les hommes normaux ont « spontanément » envie de justice, il n’y a pas de justice « naturelle »: la beauté ou la laideur, les maladies ou les malformations, les gènes reçus à la naissance: tout est « naturel mais pas « justes », égalitaires!

          C’est une faiblesse du libéralisme: nous ne partons pas tous avec les mêmes atouts! Que la société ait envie de compenser la malchance de certains: ce n’est pas « socialiste », c’est humain, et que des humains se regroupent pour atteindre un résultat ne demande pas l’intervention de l’état et de ses coûteux fonctionnaires!

    • Montaudran: Je pense effectivement qu’il y aurait des chances pour que des quasi monopoles naturels s’établissent dans une telle situation, mais je ne vois pas en quoi ce serait une limite. En effet les monopoles existent et ce n’est pas grave tant qu’on peut leur opposer des challengers. Des gens qui trouvent un moyen d’augmenter la liquidité du système, sa sûreté, sa confidentialité etc… peuvent lancer des monnaies alternatives qui sauront s’imposer si elles répondent à un besoin du public et avec un peu de chance.

      Qu’un produit s’impose sur un marché n’est pas grave. Qu’on garantisse la rente par la loi à ce produit, c’est ca qui est grave…

      • Comme vous le suggérez, il n’existe pas de monopole naturel. Un monopole n’existe que s’il fait usage de la violence (violence d’état en particulier).

        Sinon, il ne s’agit que d’un service qui à un instant T satisfait les consommateurs.

        Exemple de pseudo monopoles : Microsoft (Apple, Linux, Android …), Google (Mozilla, Duckduck, Being …) Pas de violence.

        Véritables monopoles : URSSAF, SNCF, ERDF, LA POSTE … Contraints par la violence.

        • Je trouve cela un petit peu spécieux il y a monopole contestable et monopole non contestable.
          Ainsi il n’y a pas de monopole de la SNCF sur le transport puisqu’elle est contestée par la voiture. Il y a monopole sur le transport ferré.
          La poste n’est pas en monopole sur le transport de document car il y a les emails mais reste en monopole sur les lettres papiers et c’est là un monopole naturel car aucune société cherche à la contester sur ce champ précis. .
          Il peut y avoir monopole naturel un temps tant qu’effectivement le service soit satisfait les consommateur soit ne les satisfait pas mais qu’il n’y en a pas d’échappatoire.
          Microsoft a eu un monopole sur les OS et sur les outils de bureautique car ils étaient supérieurs que Linux et les office libre mais aujourd’hui ce monopole disparait car le PC n’est plus le support unique.

          • Tututut !

            Vous ne pouvez créer une ligne de chemin de fer, ou même simplement posséder un train privé, ne serait-ce qu’un wagon, commercialisé sur les lignes existantes, à cause de la loi : Il y a bien monopole.

            Vous ne pouvez transporter du courrier, à cause de la loi : il y a bien monopole (et bien sûr que de nombreuses sociétés entendent contester la Poste sur ce marché, tellement les marges de progrès sont béantes).

            Microsoft n’a jamais eu de monopole sur les OS, même pas une seconde, car jamais aucune loi ne vous a obligé d’utiliser son OS.

            Tout monopole est nécessairement une excroissance de l’Etat, destiné à mentir sur les prix et les quantités en imposant des tarifs et des pénuries artificiels, décidés par des fonctionnaires afin de piller la population. A côté des taxes délirantes et des normes ubuesques, les monopoles injustifiables sont l’autre volet de la spoliation organisée par l’Etat aux dépens de la population.

            • Le monopole est un état de fait qui peut très bien être naturel.

              Un marchand d’art qui vend un tableau unique a de facto (par contrat) le monopole sur la vente de ce tableau.

              Le monopole « de jure » est lui complètement artificiel, néfaste etc…

        • Cette pseudo règle libérale sur les monopoles est comme toutes les options sidérations morales générales : idiote.

          Un monopole peut être bon comme mauvais, tout dépend du contexte, de l’usage, de ce que l’on en fait Et de la façon dont on regarde les choses.

          Le « monopole » de Microsoft a permis un essort fabuleux de milliers d’entreprises qui ont trouvé avec Windows un moyen de conquérir le monde : rien ne se serait passé de la même façon avec 40000 OS différents et la nécessité de développer autant de versions de leur logiciel.

          Par contre le monopole de Google ou de Facebook n’a pour l’instant pas vraiment permis de développer d’écosystèmes à valeur ajoutée ou tout du moins dans une moindre mesure.

          Ce qui est clairement spécieux est l’organisation de monopoles dans un but politique ou moral, comme le monopole des services publics qui n’a aucun sens économique : le fait d’avoir une seule solution de protection santé en France (la sécu) n’apporte aucune valeur ajoutée mais uniquement un jugement moral.

          • Cette pseudo règle libérale sur les monopoles est comme toutes les considérations morales générales : idiote. – damned correcteur orthographique …

    •  » J’ai un gros doute sur cette histoire de monnaies multiples dans un même pays.  »

      Rien ne vaut mieux l’expérience en pratique pour s’apercevoir de ce qui marche ou ne marche pas.

      D.J

      • Pas faux mais comme ce n’est pas demain la veille, nous sommes réduit à nous poser des questions et à faire des expériences de pensée.

        • C’est clair!

          Sans compter que ces essais vont très vraisemblablement faire des victimes alors que le « créateur » de cette monnaie sera sans doute le mieux informé pour être le capitaine qui va quitter le bateau, le premier!

          Il y a quelque chose de naïf dans ces consdérations sur des monnaies multiples en compétition, alors que la France est en pleine construction d’une monnaie encore récente qui reste un défi immense, avec 500 millions d’européens appelés à rejoindre ce système monétaire encore très perfectible mais qu est déjà la deuxième DTS du monde!

          Il me semble clair que dans la WW3, économique, en cours, le challenge est autrement et plus difficile, et plus sérieux, et plus prometteur comme complément à la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux: c’est une première dans l’histoire humaine.

          Si la France préfère d’autres possibilités, est-ce parce qu’elle ne parvient pas à rejoindre les critères de convergence (dont elle serait pourtant la première bénéficiaire)?

          Est-ce parce que la France aurait bien voulu utiliser son système habituel de dévaluation compétitive, mais seule (surtout que l’Allemagne ne profite pas aussi de la chute de l’ € face au $!)?

          Est-ce parce que l’ € a été utilisé, avec l’U.E., comme boucs émissaires des gaffes de l’exécutif français actuel et ancien? Comme si la France seule se débrouillerait mieux toute seule avec les mêmes bras-cassés? Dans une économie mondiale où elle représente de moins en moins?

          Comment peut-on déplorer les gaffes de son gouvernement, plusieurs fois par semaine, le fait que la facilité et la communication l’emporte sur le courage politique de réformer mais conserver cependant la prétention d’un rôle moral « Universel », quasi comme « la Lumière du monde »? C’est vraiment ne douter de rien!

  • Une concurrence intra étatique de la monnaie? Bisounours land.

    La monnaie n’ est plus un enjeu économique mais politique et géopolitique depuis la fin des accords de Bretton Woods.

    La théorie monétaire n’ a plus aucun sens actuellement , la bulle monétaire qu’ on nous promet tant depuis des lustres n’ arrive pas tout simplement parce que la guerre des monnaie devient une guerre de tranchée où tout le monde s’enlise petit à petit.

    Le revers de la bulle monétaire? Il est politique: statut quo face au chomâge, culturel: replis identitaire et géopolitique: régionalisation des conflits à l’échelle de la planėte et prétentions impérialiste tout azimut.
    Bref si la bulle éclate un jour ça sera pas la misėre mais la guerre tout simplement

    • Non, pas un enjeu politique mais une arme: à mon avis W.W.3 (économique) a déjà commencé , depuis un bon moment!

      Si personne ne voit que l’impérialisme est actuellement économique, c’est qu’en France, comme d’hab’, on a une guerre de retard! C’est l’économie qui a fait tomber le mur de Berlin et le « rideau de fer »!

  • La concurrence des monnaies existe de façon intrinsèque dans un marché libre : tout bien, tout actif est monnaie.

    Ce n’est pas parce que l’or, l’argent, le Bitcoins, le pétrole… ne sont pas acceptés pour payer les impôts que ce ne sont pas des monnaies : rien ne vous empêche d’épargner (ou d’emprunter) en or, en argent, voir en sable si vous avez les poches assez grandes 🙂

    Le vrai problème est bancaire, il réside dans la création monétaire. Et les monnaies multiples ne le règlent pas, bien au contraire : plus une monnaie est restreinte en volume, plus elle est sujette à spéculation et donc à valeurs et volumes artificiels.

    • Le marché n’est malheureusement pas toujours vertueux comme le libéralisme économique le voudrait!

      Mais les gens que ne chatouillent pas le « sens de la responsabilité » ni le souci de ne pas nuire, existent aussi sur le marché, viciant le libéralisme qui se transforme en « ultra-libéralisme » (dans mes termes) où le libéralisme est le mauvais prétexte et où la cupidité est la motivation prioritaire, par tous les moyens, légaux, plus ou moins légaux, ou carrément illégaux: c’est sans importance! Je ne vous donnerai pas d’exemples, vous vous en doutiez déjà!

      Soyons toujours attentif « à qui profite le crime »!

    • Je ne suis pas d’accord pour dire que toutes marchandise ou matière première est monnaie.
      Si l’on se tient aux qualité de doit posséder une monnaie
      Intermédiaire d’échange: le pétrole n’est utilisé que par de rares pays producteur sous forme de troc et aucun particulier n’achète une voiture avec du pétrole.

      Réserve de valeur: là oui c’est assez commun que des matières premières, des œuvres d’art , des actions soient réserve de valeur mais cela ne suffit pas à en faire une monnaie.

      Unité de compte: personne n’utilise l’once d’or ou le baril de pétrole en unité de compte on bascule nécessairement en dollars ou Euro.

      Certains disent que la monnaie est une marchandise comme une autre mais c’est fortement contesté par beaucoup d’économiste et autre scientifiques sociaux mais inverser la proposition pour dire que toute marchandise est une monnaie est absurde sinon pourquoi aurions nous inventé ce vecteur d’échange.

      Une monnaie a une tendance intrinsèque à l’universalité c’est à dire à être le vecteur simple et accepté par tous pour les échanges. On voit qu’il y a un biais contemporain vers la simplification de l’utilisation de la monnaie via l’électronique et les portables à paiement sans contact. Je me dis que la proposition d’Hayek casse cette universalité en y introduisant la complexité qui ne serait vivable justement que grâce à l’informatique mais qui du coup cacherait l’information portée par les multiple monnaies.
      Complexité car l’acheteur et le vendeur auraient le cauchemar d’avoir à suivre les cours des monnaies et peut être même d’avoir à prendre des produits financiers pour couvrir le risque.

      • Vous m’avez mal compris : la Monnaie est différente d’une monnaie … la Monnaie est un protocole, un langage, une convention, ce que ne sont pas les biens qui sont tous monnaies.

        C’est un peu comme mélanger les serveurs et Internet : il y a un Internet, avec un protocole (TCP/IP) et c’est lui qui permet la concurrence des serveurs, des services. Pour les gens Internet ce sont les serveurs, les services, alors que dans la réalité, c’est un protocole.

        La querelle monopole/concurrence vient de cette confusion … qui est morale comme souvent : les services sont porteurs de sens, alors que le protocole ne l’est pas.

        • Je suis dubitatif quand je vois des mots avec et sans majuscule, mais bon je n’ai parlé que de monnaies avec un petit « m » et j’ai précisé les qualités que l’on demande communément aux monnaies.
          Les biens ne sont pas monnaies car ils ne possèdent pas ces 3 qualités. Si je possède 100.000 euros ou dollars je peux acheter une belle voiture, si par contre je possède pour 100.000 euros de tomate fraiche je n’ai pas cette possibilité car le vendeur ne les acceptera pas en paiement, de plus j’ai le problème de la dépréciation car mes tomates vont pourrir. Certain biens sont plus pérennes comme l’or ou l’argent et donc ont donc bien servi comme monnaie mais ce sont les exceptions.

          Sinon je ne vois pas pour ma part le coté moral du débat multi monnaie/ monnaie monopole, c’est à mon avis tout à fait technique. Si on me prouve (peut être ne lisant le livre) que l’utilisation de monnaies multiples au delà de combattre l’inflation est efficace je dis banco !
          Actuellement il me semble que ce système comporte une énorme dose de complexification des relation marchande alors que l’utilisation de la monnaie à précisément pour but de gommer la complexité de l’échange et de l’épargne.

          • Tout bien échangeable possède les caractéristique d’une monnaie et ne les possède qu’imparfaitement. Même l’or est « périssable » : faites le tremper dans du mercure et vous obtiendrez un amalgame grisâtre, l’or des Incas n’avait pas de valeur marchande … Ces monnaies « concrètes » ont jusqu’au XVIII° siècle régit les échanges : on payait encore des impôts en sels et en grain au XVIII°

            Vous parlez non pas des monnaies, mais de la Monnaie : vous séparez le sens (unité de compte, intermédiaire d’échange, réserve de valeur) de la nature (matière, émetteur …) : un euro et un dollar ont pour vous le même sens, mais pas la même nature.

            Le débat est moral dès lors que l’on associe sens et nature et que l’on considère que posséder le pouvoir sur la nature permet d’avoir le pouvoir sur le sens, que celui qui possède l’émission de monnaie possède le pouvoir sur l’économie. Cette vision morale se traduit dans la modélisation du capitalisme, du socialisme, du communisme … quand le pouvoir sur l’argent (le capital) est associé au pouvoir tout court.

            L’issue libérale (celle de Friedman, pas celle d’Hayek) est de séparer complétement le sens de la nature : mettre en place une monnaie scripturale centrale unique.

            • Deux petites corrections tout d’abord :

              Le sel n’était pas un moyen de paiement de l’impôt dans l’ancien régime mais une base fiscal. C’est dire que les gens étaient obligés d’acheter une quantité minimale de sel au prix fixé par le fermier général ; prix bien sûr très supérieur au prix du marché. Une partie du surplus allant au fermier général qui faisait l’avance de trésorerie à disons l’Etat pour rester général.

              Secondement certes l’or peut faire amalgame avec le mercure mais il est possible de le récupérer par sublimation du mercure, c’est d’ailleurs un des moyens de « miner » l’or notamment illégalement en Guyane. Il est simplement caché et non perdu comme le sel dans l’eau. De plus franchement le mercure a presque toujours été aussi rare que l’or sinon plus, cela aurait été vraiment ballot de perdre son épargne à cause du mercure. Reste que l’or n’est pas périssable en condition normale.

              Maintenant je ne confondrai pas pour ma part monnaie et moyen de paiement. Effectivement il est possible dans les économies non ou faiblement monétaire de payer soit en nature soit même en services (corvée). La monnaie est le moyen de paiement le plus parfait mais n’est pas le seul ni le premier.

              La part de récolte ou la corvée ne sont pas des monnaies, simplement des moyens d’éteindre la dette que pouvait par exemple avoir le paysan du fait de sa protection envers son seigneur ou l’église.

              Donc à mon avis il est inutile d’installer une confusion en utilisant deux termes avec et sans majuscule. Le sens qui est explicité par les qualités de la monnaie c’est l’échange universel, le compte comparatif et la conservation de la valeur. Le tas de sable de votre premier commentaire ou les tomates de ma réponse ou encore le grain ne sont pas des monnaies car ils ne possèdent pas l’ensemble des qualités, le sable peut à la limite être une réserve de valeurs mais personne ne l’acceptera en paiement, mes tomates pourraient à la limite me permettre de troquer mais il ne faut pas attendre car elles vont pourrir et enfin rien de tous cela ne peut me permettre de comparer le prix d’un autre bien. Combien vaut une baguette en tomate ou en sable ?

              Le Dollars et l’Euro ne sont pas de natures différentes car au-delà des noms nous avons deux monnaies fiduciaires ; l’Euro et la pièce d’or sont eux de natures ou de types différents, la pièce d’or monnaie divisionnaire étant porteuse de sa valeur en elle-même à contrario du billet de 10 euro.

              • @Montaudran : vous usez à foison de l’argument qui étaye ce que j’essaie de dire : « si par contre je possède pour 100.000 euros de tomate fraiche je n’ai pas cette possibilité car le vendeur ne les acceptera pas en paiement » : vous parlez ici d’une monnaie qui est acceptable, acceptée.

                La Monnaie est ce concept : celui d’être autre chose qu’un moyen de paiement, d’échange, de mesure, de conservation etc… la Monnaie est avant tout un code social fort qui détermine les règles d’usage de toute monnaie, quelque soit sa forme, sa nature, son unité.

                Et donc comme vous le dites plus haut : il est complétement inutile d’user de subterfuges avec des « monnaies » concurrentielles qui ne font que complexifier le code, l’espéranto économique qu’est la Monnaie.

                D’autant que l’inflation se règle via les taux d’intérêts dans le cas d’une monnaie scripturale centrale unique, comme l’a démontré concrètement Friedman.

                Le seul « problème » avec une monnaie centrale qui contrebalance l’inflation via les taux est l’incapacité pour les Etats de bricoler le système et de flouer les citoyens en leur racontant des bobards (du genre dévaluation compétitive – aka vol généralisé – ou du genre taux d’intérêts artificiellement hauts – aka moyen pour les spéculateurs de s’en mettre plein les poches au détriment des citoyens qui payent les effets des crises que cela engendre – ou encore convertibilité en or – aka moyen de régler les dettes de l’Etat en convertissant impôts en réserves faisant monter artificiellement la valeur de la monnaie – etc…)

  • Pour les néolibéraux, les libertariens, peu m’importe le terme, la monnaie est « irrémédiablement perturbatrice » comme l’écrit Bruno Pays dans « Libérer la monnaie. Les contributions monétaires de Mises, Rueff et Hayek ». En effet, le phénomène monétaire pose problème à tous ces auteurs, pour la simple raison qu’il va à l’encontre de la logique contractuelle à la base de leur pensée. Je m’explique. Pour ces auteurs, l’échange marchand est très simple : un individu A produisant un bien x qui veut un bien y et un individu B produit un bien y qui veut un bien x vont échanger. Cela ne concernera que ces individus (même si en fait, un échange marchand implique trois individu, les deux cocontractants et un juge qui vérifie la validité et le respect du contrat, mais passons sur ce point). Dans un échange de troc c’est vrai, mais dans un échange monétaire c’est tout autre. L’échange ne va pas être le bien x contre le bien y mais le bien x (ou y ) contre de la monnaie. Or cette monnaie n’est pas un bien anodin, c’est un bien liquide, le bien qui permet d’obtenir toutes les marchandises produites par tous les producteurs. Ainsi l’échange monétaire ne fait pas intervenir deux individus mais la société entière. Un individu échange son bien contre de la monnaie non pas parce qu’il veut cette monnaie mais parce qu’il sait que c’est ce que veut les autres membres de la société dans laquelle il vit. Cette monnaie lui permettra par la suite d’échanger. On peut ainsi parler de contrainte sociale dans l’échange marchand monétaire qui n’existe pas dans le troc et qui déplaît nécessairement à la pensée néolibérale ou libertarienne (la société n’existant pas selon eux). Voilà pourquoi le phénomène monétaire ne peut être appréhendé par la logique contractuelle, il fait . intervenir l’autorité de la société, celle-ci impose aux individus le moyen d’échange. C’est pour cela que les auteurs tels Hayek n’aiment pas la monnaie et veulent la « neutraliser ».

    La proposition de Hayek dont il est question ici va pleinement dans ce sens jusqu’au point d’être contradictoire avec la nature conceptuelle de la monnaie. je m’explique une nouvelle fois. La première fonction de la monnaie est classiquement de faciliter les échanges, de se substituer au troc, je ne pense pas qu’on me contredira là-dessus. Or si on pousse la proposition de Hayek au bout, tout le monde peut produire sa propre monnaie. mais alors quel est l’intérêt ? C’est un retour déguisé au troc puisque pour acheter un bien produit par A il faudra obtenir de la monnaie A qu’on ne pourra obtenir qu’en vendant un bien à A ou en vendant un bien à C qui aura lui-même vendu un bien à A. La monnaie ici ne sert à rien, n’apporte rien de nouveau par rapport au troc, on peut s’en passer. On retrouve là l’idée de neutralisation de la monnaie chère à ces penseurs néolibéraux ou libertariens

    Mais la monnaie n’est pas un « voile », ne peut être neutre. C’est dans sa nature. La monnaie a par nature tendance à être monopolistique, parce que le phénomène monétaire est un phénomène mimétique. Imaginons une société dans laquelle existent deux monnaies. La monnaie A est utilisée par un groupe A et la monnaie B par un groupe B. tant que ces groupes échangent en interne aucun problème. Mais dès que des échangent ont lieu entre A et B, la situation évolue. Si des individus de A estiment que les individus de B ont plus de choses à leur fournir, il ira de leur intérêt d’adopter la monnaie B pour échanger, idem dans l’autre sens. Tant que cela restera équilibré les deux monnaies subsisteront mais dès que l’un des deux groupes attirera davantage que l’autre (ce qui est le plus probable car il n’y aucune raison qu’il y ait équilibre), on assistera à un effet mimétique : pour maximiser leurs échanges de plus en plus d’individus chercheront à se procurer la monnaie employée par le plus grand nombre. Mimétisme qui tend vers le monopole. C’est la nature de la monnaie.

    Enfin, je ne vois pas tellement en quoi un modèle fractionné serait gage de stabilité. Je vois mal comment un système dans lequel le taux de change serait soumis sans cesse à des fluctuations pourrait être stable. Invoquer la concurrence qui serait gage de stabilité via des rétroactions négatives (Walras en somme) n’y change rien. Même pour des systèmes traitant de biens ou services et non pas de monnaie (donc a priori pas mimétique), il n’y a aucune stabilité (démontré via le théorème de Perron-Frobenius).

    Finalement, Hayek, Rueff, Friedman et compagnie font preuve de constructivisme. Ils cherchent à réformer la réalité économique, chacun à sa manière (étalon-or, indépendance des banques centrales, concurrence monétaire) pour que celle-ci soit conforme à leur cadre de pensée.

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