Un salaire minimum obligatoire en Afrique du Sud

Protéger le travailleur de l’exploitation en faisant en sorte que personne n’ait un emploi : ça ne vous rappelle rien ?

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Un salaire minimum obligatoire en Afrique du Sud

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 12 octobre 2015
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Par Leon Louw1

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L’Afrique du Sud est incroyable. Nous y protégeons les travailleurs de l’exploitation des employeurs plus que tout autre pays. Nous enregistrons cependant le plus haut niveau de chômage de longue durée dans le monde. La meilleure façon de protéger de l’exploitation consiste à faire en sorte que personne n’ait un emploi.

Quand on part de cet angle décalé, le problème revient à dire que « trop de gens » ont encore des emplois. On pourrait même qualifier de stupides les travailleurs qui continuent à accepter des emplois en dessous de ce que ces bien-pensants considèrent comme « salaire décent ». Ainsi, afin de réduire l’exploitation et d’étendre les « avantages du chômage », on pourrait déterminer de nouveaux «  standards » de l’emploi qui pousseraient les employeurs à utiliser des machines au lieu de travailleurs et à investir à l’étranger au lieu de l’Afrique du Sud.

Il y est en effet prévu de déterminer un salaire minimum obligatoire. Grâce à la théorie économique et à l’expérience, nous savons que les salaires minimums protègent les travailleurs contre l’exploitation pour la bonne et simple raison que leurs emplois sont fragilisés voire détruits. Les résultats de plusieurs années de salaires minimums sectoriels le prouvent. Si le salaire minimum fonctionne aussi bien que des minimums sectoriels, la prochaine étape sera d’augmenter le salaire minimum indéfiniment, peut-être jusqu’à 1 million de rands par mois. Tant que les gens sont employés, nous pouvons ajouter autant de zéros que nécessaire pour éradiquer complètement l’exploitation des travailleurs par les employeurs.

Les gens exigeant un modeste salaire minimum de quelques milliers de rands, ne se rendent pas compte que la différence entre un haut et un bas salaire minimum est une question de degré, et non pas de principe. Ce qu’ils doivent déterminer est le niveau de chômage qu’ils aimeraient avoir et augmenter le salaire minimum en fonction de ce niveau pour atteindre leur objectif : 1 milliard de rands par mois permettra d’assurer 100% de protection ; 1 million de rands laissera quelques riches PDG en poste, et 100 000 rands par mois permettront de protéger radicalement les travailleurs syndiqués de l’exploitation des employeurs en les transformant en chômeurs.

Pourquoi envisager des sommes aussi minimes que 4 000 rands ? Pourquoi le Congrès des syndicats sud-africains (COSATU) est-il si méchant en exigeant 7 000 rands ? Pourquoi pas 15 000 par mois ? Pourquoi seulement un dixième du salaire minimum proposé aux États-Unis ? Pourquoi pas un million par mois ? Les socialistes ne comprennent-ils pas vraiment le mécanisme des prix ? Pour être juste, les gens qui causent le chômage pourraient ne pas en avoir l’intention. Comme on le dit : l’enfer est pavé de bonnes intentions. Peut-être qu’ils pensent qu’en rendant la décision d’embauche difficile, coûteuse et risquée pour l’employeur, par magie, cela ne réduira pas l’offre d’emploi. Peut-être tourner leur position en dérision et les stigmatiser est-il injuste.

Selon Patrick Craven, gourou du Cosatu (Congrès des syndicats sudafricains), ce que les partisans du libre marché « ne comprennent pas », est que si les employeurs paient plus, les travailleurs dépenseront plus, ce qui permet aux employeurs de payer plus, et ainsi de suite. Cela permet d’entrer dans un cercle vertueux. Selon cette logique, nous avons besoin d’un salaire minimum infiniment élevé. Selon un autre gourou du Cosatu, Neil Coleman, les taux de croissance élevés du Brésil ont été causés par la hausse des taux de salaire minimum, et non pas par la libéralisation des marchés.

Le salaire minimum élevé a transformé notre cher voisin zimbabwéen en une nation de trillions de chômeurs. Il jouissait du plus haut taux de croissance économique dans le monde (dans sa propre monnaie) au moment où il augmentait les salaires de milliers de milliards de dollars zimbabwéens.

La caractéristique déterminante de rares exemples de la hausse des salaires minimaux accompagnée par un faible taux de chômage est toujours et partout la libéralisation du marché. Nous voulons réaliser l’impossible : emploi et croissance avec un rôle accru pour le gouvernement.

Comme l’a observé l’économiste anti-marché, Joan Robinson, « la misère d’être exploité par les capitalistes n’est rien comparée à la misère de ne pas être exploité ». Nous sommes susceptibles d’obtenir un salaire minimum national et d’autres lois de plus en plus onéreuses en matière d’emploi. Cela, combiné à la hausse des niveaux de l’interventionnisme, devrait induire une stagnation du taux de chômage au-dessus de 40% (ou 20% si les travailleurs « mécontents » sont exclus). Si nous ne sommes pas intimidés par les personnes qui veulent le minimum salarial fixé à quelques milliers de rands, nous pouvons réaliser 50% de chômage en moins d’un an.

  • Article initialement publié en anglais par la Free Market Foundation – Traduction réalisée par Libre Afrique.

Sur le web

  1. Analyste pour The Free Market Foundation.
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  • Le salaire minimum est une invention démoniaque des fabricants de robots !

    Le salaire n’est pas une question de besoin ou de bonté, mais correspond à une productivité économique. Si on impose de dépasser ce critère, on se passe de salariés.

    • Le salaire est une question d’offres et de demandes. La productivité vient bien après.

      • Voilà bien un raisonnement de créationniste.
        Dans la réalité, si un employeur fait offre de salaires déconnectés de la productivité, il disparait « bien avant ». Soit parce qu’il ne trouve pas les salariés (qui préfèrent des employeurs plus reconnaissants), soit parce qu’ils lui coutent trop ce qui détruit sa compétitivité.

        • Voilà bien une absence de raisonnement.

          Vous pouvez bien avoir une productivité merdique, vous serez quand même facilement employé pour peu que votre tâche soit indispensable à l’action de l’entreprise et que vous soyez un des rares à être capable de la remplir.

          Si j’emploi un type c’est pour remplir une tâche nécessaire. La question de la productivité vient dans un second temps.

          L’offre et la demande l’emporte sur la productivité. Y compris dans votre propre démonstration boiteuse puisque vous êtes obligé d’y faire appel en parlant « d’offres déconnectés ».

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