Derrière l’expatriation, le chômage des jeunes Français

Ce que la France nomme depuis trop longtemps «expatriation» est en fait une émigration économique.

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Derrière l’expatriation, le chômage des jeunes Français

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 10 octobre 2015
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Par Julien Gonzalez
Un article de Trop Libre

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Ce lundi 5 octobre au Palais du Luxembourg a eu lieu un colloque organisé par la sénatrice Hélène Conway-Mouret au titre éloquent : « Les Français à l’étranger, un atout pour la France ». Une occasion de s’intéresser à la novlangue socialiste, savant dosage d’optimisme niais et d’imperméabilité aux enseignements du réel.

Habituée aux propos lénifiants sur l’exil de nos compatriotes lorsqu’elle était ministre déléguée en charge des Français de l’étranger (« les expatriés sont des ambassadeurs de notre pays »), Hélène Conway-Mouret récidive aujourd’hui en grande pompe dans les ors de la chambre haute du Parlement. Au menu : introduction par François Hollande et tables rondes aux intitulés aussi rassurants qu’un discours de Michel Sapin sur la courbe du chômage : « Les Français de l’étranger : des départs… et des retours » ou « L’intérêt économique des Français de l’étranger pour la France », avec la participation de nombreuses huiles gouvernementales (Thierry Mandon, Christian Eckert, Matthias Fekl).

« L’expatriation est une chance pour la France » ou comment tenter de ringardiser les apôtres du déclin

Conformément à la mécanique d’opposition gauche-droite, il est d’usage que les premiers s’attèlent à ringardiser les seconds. Rien de plus simple : tenez des propos caricaturalement généreux et simplistes sur un sujet de société – égalité hommes-femmes (pardon femmes-hommes), mariage gay, migrants – et la droite, excédée par tant de mièvrerie, sur-réagira dans l’autre sens, se condamnant de fait au camp conservateur, allergique à toute idée de modernité et de progrès.

Les jeunes diplômés ne trouvant pas d’emplois à la hauteur de leur niveau de qualification envisagent l’émigration pour satisfaire leur besoin d’accomplissement, soit près de 53% des personnes interrogées dans le dernier baromètre Deloitte-Ifop.

Le Parti socialiste et le gouvernement pensent que l’expatriation est une chance ? Ils ont raison ! Les jeunes Français auraient tort de ne pas se saisir de toutes les possibilités offertes par la construction européenne et la mondialisation. L’international est à notre porte, les distances n’ont jamais été aussi courtes, le champ des possibles s’étend : ouvrons-nous, voyageons, imprégnons-nous de cultures nouvelles et rentrons en faire profiter la mère patrie. Tout le monde y gagne, CQFD.

De l’expatriation heureuse à l’émigration douloureuse : la France, ils l’aiment et ils la quittent

exil fiscal des françaisC’est alors le moment de relever le tapis et d’en extraire la poussière lâchement dissimulée.

Celle des 12 000 contribuables assujettis à l’ISF ayant quitté la France depuis une vingtaine d’années, emportant avec eux près de 250 milliards de valeur patrimoniale.

Celle des 75 000 entrepreneurs français qui sont à la tête, hors de nos frontières, d’une entreprise comptant au moins 10 salariés, et ayant créé près d’un million d’emplois chez nos voisins.

Celle des 42 000 millionnaires qui ont fui le pays ces quinze dernières années, la France occupant en la matière la peu envieuse première place mondiale (en proportion de sa population).

La poussière des 11 200 déposants de brevets de nationalité française qui se sont installés dans un pays étranger, conduisant à un solde migratoire déficitaire sur les inventeurs avec chacun de nos pays concurrents (Canada, Royaume-Uni, Japon, Belgique, Allemagne, Suisse, États-Unis), si l’on en croit l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).

La poussière, enfin, des jeunes diplômés ne trouvant pas d’emplois à la hauteur de leur niveau de qualification et qui envisagent l’émigration pour satisfaire leur besoin d’accomplissement, soit près de 53 % des personnes interrogées dans le dernier baromètre Deloitte-Ifop.

Tous ces Français partent et partiront pour des raisons économiques, réglementaires, culturelles, emportant avec eux une partie des réponses aux problèmes de notre pays, l’affaiblissant d’autant par les emplois et richesses créés ailleurs, le privant de ressources fiscales. Ce que la France nomme pudiquement depuis trop longtemps l’expatriation, qui est en fait une émigration : l’acte résolu de s’installer dans un autre pays pour améliorer sa situation matérielle.

Se priver de s’en inquiéter serait un luxe que la situation actuelle ne permet pas. Il s’agirait au mieux d’une étourderie, au pire une lâcheté. Dans les deux cas, c’est la France qui trinque.

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  • le cirque continue , l’enfumage à plein tube .. tout un art de vivre , un gros marigot socialiste !

  • le privant de ressources fiscales qu’à cela ne tienne, on cogne violemment sur ses petits voisins dénommés « paradis fiscaux » pour mieux cacher l’enfer que l’on a généré.

  • que va donc faire not bon gouvernement lorsqu’il n’y aura plus en france que des retraités pas riches , des chomeurs non indemnisés , des pauvres , des immigrés sans boulots , des entreprises qui taillent la route , des délinquants , des smigards qui ne peuvent joindre les deux bouts……? hé ben il se cassera la gueule parce qu’il n’y aura plus d’argent pour entretenir cette caste d’imbéciles aux nez allongés par leur mensonges , à la vue courte parce qu’incapables de bosser sur le long terme , mais aux dents longues qu’il va falloir arracher …..trois an et demi de pouvoir , bonjour les dégats …..j’appréhende la suite ….

  • Moi je rêve de me transformer en Mao-Tse-Toung et d’envoyer tous ces parasites socialistes à l’étranger, une fois débarrassés des hauts fonctionnaires et des petits fonctionnaires (ils devraient y être heureux en exil, eux qui célèbrent sans arrêt le modèle « social » français de pouvoir le porter chez les autres).

    Nos jeunes expatriés forcés pourraient alors revenir au pays, et débarrassés d’una administration pléthorique et phagocytaire pouvoir relancer l’économie du pays.

    En prime je rendrais même à son pays d’origine notre incompétente ministre de l’éducation nationale, mêm si elle n’est pas énarque.

  • Tout à fait d’accord je fait d’ailleurs partis de ceux qui veulent s’expatrier

  • « des jeunes diplômés ne trouvant pas d’emplois à la hauteur de leur niveau de qualification et qui envisagent l’émigration pour satisfaire leur besoin d’accomplissement, soit près de 53% des personnes interrogées »
    Et pas que des jeunes diplômés ! J’ai passé presque 9 ans à bosser dans mon métier pour lequel j’ai un diplôme d’étude supérieur, rien que le fait d’avoir voulu entreprendre (dans un autre domaine bien moins qualifié mais ce n’est pas le problème) pendant 4 ans, plus aucune entreprise de mon métier originel ne veut me faire confiance (Et pourtant je n’ai pas coulé mon entreprise, bien au contraire, j’ai juste anticipé car l’avenir est devenu sombre dans ce secteur, d’ailleurs qu’est ce qui n’est pas sombre en France).
    La France c’est ça, la méfiance de l’autre car c’est un pays de profiteur et où l’on aime mettre les gens dans des cases. Dans 2 ans (contrainte personnel), j’aurai 38 ans et j’envisage un départ à l’étranger dans un pays qui accepte ceux qui ont voulu entreprendre.

  • Bonjour

    J’aime la France, et je suis parti.

    Et un médecin généraliste de moins, et j’ai pas mal de collègues qui me contactent, envisageant de me suivre.

    Quand on travaille et qu’on se fait mépriser, insulter, menacer par un papa-état et une maman-sécu, il est temps de quitter le nid.

  • Au-delà de l’émigration économique, qui est de plus en plus une évidence, l’auteur parle de raisons culturelles, et je crois que c’est aussi un motif important d’émigration. Personnellement je me reconnais de moins en moins dans l’état d’esprit de ce pays jusqu’à parfois me demander si je ne suis pas né ici par erreur. Et puis dans ces motifs culturels, personne ne l’avoue publiquement, mais pour beaucoup le seuil de tolérance de l’islamisation du pays est atteint, on part aussi pour fuir la racaille, les incivilités, la violence impunie, les ghettos, le danger terroriste, etc…

    • Merci pour votre commentaire. Cadre ‘moyen’ nous avons quitté Paris non pas en raison de la fiscalité (enfin, ça n’a pas été l’élément déclencheur) mais à cause du cadre de vie pourri entre les clochards qui nous enquiquinent en permanence quand on prend un verre, les racailles insupportables, les roms qui dorment dans la rue, les rues qui sentent le pipi le soir, les dégradations de scooter………. Et nous n’avions pas les moyens de nous offrir un appartement dans les beaux quartiers. C’est hallucinant de se retrouver dans un pays où certes tout n’est pas rose mais où on n’est pas agressé en permanence. Mais bien content que tout ça soit derrière nous. D’ailleurs, j’ai plaqué mon job à Paris pour suivi de conjoint et j’ai retrouvé mieux en 3 semaines !!!

  • Les commentaires sont fermés.

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