Économie collaborative : le coavionnage arrive en France !

Économie collaborative : après le covoiturage, le coavionnage ?

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Départ d'avion (Crédit : Gabriel Rocha, Creative Commons)

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Économie collaborative : le coavionnage arrive en France !

Publié le 1 octobre 2015
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Par Romain Ryon.

Départ d'avion (Crédit : Gabriel Rocha, Creative Commons)
Départ d’avion (Crédit : Gabriel Rocha, Creative Commons)

L’économie collaborative repose sur une consommation moderne, basée sur un lien direct entre producteurs et consommateurs, sans intermédiaires, sur l’usage plutôt que la propriété. Comme tout système disruptif celui-ci cherche à bouleverser les schémas traditionnels de secteurs économiques qui ne dépendaient dès lors que de la vente de produit physique.

De AirBnB à Uber en passant par BlaBlaCar, le succès de ces pratiques est favorisé par l’utilisation d’outils numériques permettant la mise en relation directe et presque instantanée des consommateurs entre eux.

Le succès de ces startups est aujourd’hui très simple à expliquer, il repose sur la monétisation d’un actif jusque là inutilisé pour faire bénéficier offreurs et demandeurs du bien/service respectif. En ce sens, la société Wingly a osé le pari de pouvoir démocratiser le coavionnage en France.

Le coavionnage fonctionne sur le même principe que le covoiturage, il s’agit, via une plateforme internet, de mettre en relation pilotes et passagers. Cette mise en relation présente un double intérêt, d’une part elle permet au pilote de pouvoir effectuer des heures de vol à frais partagés et d’autre part, le partage des coûts permet au passager de voyager à des prix raisonnables.

Aujourd’hui, compte tenu du prix élevé d’une heure de vol (environ 160 euros/heure sur un DR400) et de celui d’une licence de pilote privée (environ 6000 euros) cette nouvelle forme de mise en relation apparaît comme une opportunité importante pour les pilotes.

Cependant, cette reconfiguration du marché des transports n’est pas passée inaperçue auprès de la direction générale de l’aviation civile (DGAC) qui, dans un communiqué du 15 septembre 2015, est venue mettre en garde contre cette pratique, avec comme principaux arguments l’assimilation de ces vols à du transport public de passagers et des garanties de sécurité qui ne seraient pas respectées.

Il convient cependant de venir clarifier certains points :

  • Le vol à frais partagés ne peut s’assimiler à du transport public, il s’agit là de « petits » avions (essentiellement DR400 et Cessna 172) pouvant transporter au maximum 3 passagers.
  • Par ailleurs, ces avions ne permettent pas de concurrencer les compagnies aériennes traditionnelles compte tenu des coûts fixes (location) qui sont à la charge du pilote et de ses passagers.
  • On ne peut assimiler cette activité à du « transport public », cette mise en relation n’a pas pour objectif la réalisation de profit mais bien un partage équivalent des coûts entre les occupants de l’aéronef.

Malgré tout, dans un baroud d’honneur propre au syndicalisme français, l’Union Syndicale du Personnel Navigant Technique (USPNT) est venue s’insurger contre cette nouvelle pratique allant même jusqu’à prétendre que celle-ci serait interdite en France.

« L’USPNT se félicite que la DGAC dans son communiqué de presse du 15 septembre 2015 sur le coavionnage reprenne à son compte les arguments soumis par l’USPNT dans son courrier du début du mois d’août envoyé à Madame la Ministre de l’Écologie du Développement Durable et de l’Énergie.

C’est ainsi que la DGAC rappelle que le coavionnage public est interdit en France. Un pilote privé ne peut transporter que des passagers faisant partie de son cercle de connaissances »

(Extrait du communiqué de presse de l’USPNT en date du 16 septembre 2015.)

Je ne peux que conseiller à l’USPNT de s’intéresser aux règles de droit qui réglementent son secteur d’activité et de ne pas simplement faire une interprétation du droit hasardeuse et à son profit.

En effet, le vol à frais partagés est une pratique parfaitement légale en France et en Europe. Le règlement (UE) n°379/2014 de la Commission du 7 avril 2014 modifiant l’article 6 du règlement (UE) n°965/2012 prévoit ainsi que les vols à frais partagés par des particuliers sont possibles « à condition que le coût direct soit réparti entre tous les occupants de l’appareil, y compris le pilote, et que le nombre de personnes supportant le coût direct ne dépasse pas six ».

Par ailleurs, il n’y aucune précision sur les passagers pouvant être transportés par le pilote, il ne se limite donc pas aux simples « cercles de connaissances » de celui-ci.

Malheureusement, ce n’est pas la mauvaise foi intellectuelle de l’USPNT qui suscitera l’adhésion du plus grand nombre.

On peut donc espérer que l’État, sous la pression des syndicats, ne vienne pas s’acharner à lutter contre cette révolution en marche qu’est l’économie collaborative.

 

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  • J’adore l’article!!!

  • Bonjour
    Autant j approuve uber blablacar et les utilise. Par contre là il y a un point qui me dérange: la sécurité.
    Vous montez dans un avion de ligne, vous avez deux pilotes formés solidement et régulièrement. Là vous ne savez rien sur le seul pilote à bord à part qu il a de grandes chances d être amateur ce qui n a rien de péjoratif. Mais vole t il régulièrement ou un fois tous les trois mois?…
    Je suis pilote de ligne. Un jour j ai du me poser en urgence dans un champ (dans un petit avion je précise!). L inspecteur a dit à l agriculteur que j avais fait un atterrissage forcé parfait, il n y a eu aucun blessé ni aucun dommage sur l avion ou au sol. En aurait il été de même avec un passager que je ne connais pas, ne me connaissant pas, qui aurait pu paniqué au risque de me perturber voir même de bloquer les commandes?
    Et à l inverse si ce passager avait été avec un pilote moins bien formé ? Ce jour là l inspecteur ne s est pas attardé il est parti sur un autre lieu ou il y a eu un mort… Sur le terrain ou j étais, deux accidents mortels au cours de l été.
    On peut acheter n importe quel service mais la confiance, j en suis moins sûr.
    Merci pour ce site vraiment extra. Je vous laisse je vais regarder le journal de TF1…
    @+
    Guillaume

    • « vous ne savez rien sur le seul pilote à bord »
      Ben justement, les applications de co-avionnage marchent comme celles de covoiturage avec une note des clients sur les prestataires.

      • Noter quoi et comment si l on n a pas de connaissance? Je pourrais noter la sympathie d un conducteur de train mais sa conduite?…

    • Combien de morts sur avion de ligne sur les 12 derniers mois et combien de mort sur les petits avions également ?

      Ce genre d’économie collaborative n’est que sur de courtes distances uniquement sur le territoire français. Et à ce que je sache les pilotes volent tous avec des licences.

      Ils ont un nombre d’heures de vol obligatoires et les trajets proposés sont pour le passagers une chance de se déplacer rapidement et à moindre coût et de l’autre diviser le prix de sa passion pour le pilote qui de toute manière doit faire le voyage.

      • Bien plus sur de petits avions. Mais c est beaucoup moins médiatisé surtout si c est un Cessna 150 à l autre bout du monde.
        Il ne suffit pas d une longue distance pour avoir un accident. Comparer deux « diplômes » l un au début d une formation et l autre à la fin d une formation n est pas très correcte. Surtout pour celui qui a été jusqu’au bout! 😉
        Pour le partage des frais oui c est le but !

    • Et qu’y a-t-il de plus comme garanties quand le pilote a obtenu de l’Etat une licence d’avion-taxi ? L’Etat s’engagerait-il à indemniser les victimes d’accidents survenus malgré la licence ?

    • Si vous êtes inquiets, abstenez-vous. Une solution simple et définitive pour votre problème.
      Avez-vous déjà fait un baptême de l’air dans un petit avion ? Vous ne connaitrez pas mieux le pilote.

      • Merci, j envisageais de consulter un psychiatre pour cette phobie ou pour le fait d exposer un simple point de vue…
        Pour les baptêmes de l air, ce que j ai déjà fait, les pilotes ne sont as pris au hasard. Les clubs ou propriétaires d avion choisissent en général des pilotes expérimentés et/ou professionnels

    • La solution est simple, vous ne montez pas et vous laisser les autres décider pour eux-mêmes.

    • Cette question est sans intérêt car c’est aux intéressés et uniquement à eux de décider de ce qui est bon pour eux-même, pas à vous.

  • Merci pour cet article, objectivité et lecture rigoureuse des textes montrent que le coavionnage, c’est possible en France, en espérant que la DGAC et le ministère soient également objectifs dans leur analyse et les futures règlements

  • « Le vol à frais partagés ne peut s’assimiler à du transport public, il s’agit là de « petits » avions (essentiellement DR400 et Cessna 172) pouvant transporter au maximum 3 passagers »

    Du coup, on sort les taxis des transports publics ?

    Par ailleurs, autant le vol en frais partager permet de réduire le cout horaire des heures de vol pour le pilote (passer de 160€/h à 40, s’il a 3 passagers), autant je vois mal comment il peut réduire le cout de la licence qui est également évoqué plus haut. (peut-être que les vols avec instructeurs peuvent avoir également un passager, je me rappelle avoir volé avec un autre élève, mais je ne pense pas que ce soit le cas des vols solo, qui constituent une bonne part de la formation)

  • la grosse différence entre une voiture et un avion.. la fiabilité de l’engin , non, l’avion-stop n’est pas sans danger et tous les pilotes ne sont pas des anciens de l’armée de l’air !
    faut déjà être gonflé pour rouler avec un inconnu mais dans un avion c’est quasiment du suicide !

    • Il me semble que le nombre de morts/km est de l’ordre de 7 10-9 pour la voiture, 3.5 10-9 pour l’avion de tourisme, et 3.5 10-10 pour l’avion de ligne.

      • on se rassure comme on peut.. mais , mes stats a moi , c’est moi au volant je n’ai aucun risque d’accident , avec quelqu’un d’autre , c’est au petit bonheur la chance , donc , seulement si je ne peux pas faire autrement et a mes risques et périls..et jamais de petits avions ou de baptême en hélico et encore moins un UBER machin ! .

        • Faites à votre idée, mais n’en dégoutez pas les autres.

          • les autres…ils font comme ils le sentent, un type aillant du temps a perdre a transporter les autres pour 3 fois rien …faut vraiment avoir faim !

        • « mes stats a moi , c’est moi au volant je n’ai aucun risque d’accident  »
          Une erreur de jugement, d’inattention, ou meme un facteur externe (Besancenot apres l’apero de midi par exemple) peuvent vous faire avoir un accident.

          Le risque zero n’existe pas.

          L’avantage de l’avion, c’est qu’au moins on peut faire des maneuvres d’evitement dans les 3 plans, contrairement a la voiture

    • Rien n’est plus réglementé que le monde de l’aviation de loisir, par exemple:
      Je suis pilote de planeur, a chaque vol, meme un decollage/atterrissage, nous avons obligation de noter nos heures de vol, puis de les faire valider par le chef pilote ou autre personne assermentee.
      En cas de probleme, les infos peuvent etre verifiees avec les annotations du controle des vols, et avec le FLARM(detecteur anti collision/mini boite noire) du planeur
      Pour pouvoir prendre un passager, c’est a minima 30h de vol par an ET un vol test tous les 6 mois avec instructeur qualifié.

      Pareil pour le pilote privé: Non seulement le brevet PP est assez difficile, il faut en plus un certain nombres d’heures, plusieurs vols de test par an pour un lacher machine,…Puis, un pilote prend en general plus soin de l’avion que de la voiture, pour la simple et bonne raison qu’un avion ne peut pas s’arreter comme ca en bord de nuage 🙂

      Pour revenir a Wingly, leur site precise bien que :
      « Moreover, pilots have to verify their flight licenses, flight logs and flight hours. We are doing our best to provide you a safe wingly. »
      Quand vous faites un covoiturage, vous demandez au conducteur de vous montrer son carnet de conduite, avec le nombre d’heures de route tamponnées et validées par une personne agréée?Moi, non 🙂

      • À votre place j’éviterais les avion-stoppeurs, il parait que parfois ils ont d’autre copains cachés dans les nuages 😀

  • Je suis d’accord avec tout l’article sauf cette petite phrase :
    « cette révolution en marche qu’est l’économie collaborative »

    Cette économie existe depuis la nuit des temps, aujourd’hui elle permet juste d’être plus visible. Seulement l’économie du partage des coûts ne crée aucune richesse, si vous voyez dans le terme « révolution » une chose qui va nous sortir de la panade économique dans laquelle on est alors vous vous trompez.

    •  » l’économie du partage des coûts ne crée aucune richesse » ??

      Et les économies réalisées ?

      D’autre part, sur le fond, si une réglementation empêchait les problèmes de survenir, ça se saurait. Le pilote allemand qui a suicidé un avion entier dans les Alpilles, la réglementation ne l’en a pas empêché ?

      • « Et les économies réalisées ? »
        De la décroissance inutile ! Ce qu’il faut c’est que les gens gagnent plus d’argent et non qu’ils en dépensent moins.

        « si une réglementation empêchait les problèmes de survenir »
        Effectivement, une réglementation n’est qu’une suite de mot sur un bout de papier. Je crois juste que placer le focus sur ce type de pratique qui n’a rien de révolutionnaire ne permet pas de trouver les vrais solutions pour sortir de ce marasme. On ne sauvera pas la France par l’économie collaborative mais par une énorme réforme structurelle laissant un poids très faible de l’état dans les affaires des citoyens.

  • Le covoiturage est défini comme suit par Wikipedia :

    « Le covoiturage est l’utilisation conjointe et organisée (à la différence de l’auto-stop) d’un véhicule, par un conducteur non professionnel et un ou plusieurs tiers passagers, dans le but d’effectuer un trajet commun.
    Il procure des avantages individuels (économiser les dépenses de carburant et de maintenance, agrémenter les voyages, développer le lien social) et collectifs (augmenter le taux de remplissage des véhicules, diminuer les embouteillages, la pollution et les accidents de la route.
    En France, le covoiturage est indemnisé dans la limite du barème fiscal kilométrique, ce qui permet au plus grand nombre de se déplacer. Le conducteur ne doit donc pas faire de bénéfices (l’argent qu’il reçoit doit correspondre au partage des frais liés au trajet). Il dépend de la motivation des particuliers et repose en grande partie sur un principe collaboratif d’auto-organisation mais peut être encouragé, coorganisé ou aidé par des collectivités ou entreprises qui y trouvent divers bénéfices. »

    Le coavionnage repose sur les mêmes principes. PAR CONTRE, Uber (pour prendre cet exemple) n’a strictement rien à voir avec le covoiturage.

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Les auteurs : Olivier Emile, enseignant chercheur en physique, Université de Rennes. Janine Emile, professeur en physique, Université de Rennes

 

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