Une gestion déficiente de la crise économique

Le recours au crédit est une option « facile » mais qui a conduit à une impasse.

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It's a dead end-Andrew Mason(CC BY 2.0)

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Une gestion déficiente de la crise économique

Publié le 27 septembre 2015
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Par Eberhardt Unger

It's a dead end-Andrew Mason(CC BY 2.0)
It’s a dead end-Andrew Mason(CC BY 2.0)

 

Comment un pays peut-il sortir d’une crise économique et être remis sur le chemin de la croissance via la politique économique et financière ? Aucune réponse satisfaisante n’a encore été apportée à cette éternelle question. Depuis la crise mondiale de 2008, la dette publique et la politique monétaire (taux zéro, QE…) ont été sollicitées à des niveaux sans précédent.

L’économiste britannique John Maynard Keynes (1883-1946) pensait que, dans le cas d’un ralentissement économique, l’État devait stimuler la demande par l’intermédiaire de programmes de relance financés par le crédit (déficit budgétaire) et rembourser ses dettes lors de la reprise économique qui s’ensuivrait.

Dans de nombreux pays, on cherche une possibilité de stimuler l’activité économique. Mais comme les caisses publiques sont vides, la seule possibilité qui reste est le financement par le crédit. La vraie question est donc : combien de croissance économique est créée par une nouvelle dette publique ? La Banque centrale américaine publie une statistique qui indique le taux de croissance réel du PIB (ligne bleue) et le développement de la dette publique (ligne rouge). Le graphique ci-dessous montre le développement sur les 50 dernières années, un temps suffisamment long pour en tirer une conclusion.

Eberhardt Unger
Eberhardt Unger

 

Depuis 1965, la dette publique aux États-Unis est passée d’environ zéro au niveau actuel de près 18500 milliards de dollars sans qu’aucune influence positive sur les tendances économiques ne se manifeste de façon évidente. Les dépenses déficitaires (deficit spending) ne marchent pas parce que la deuxième partie de la doctrine de Keynes – qui dit que la dette doit être remboursée – est passée aux oubliettes. Comme on le voit sur le graphique, la ligne rouge n’a jamais cessé de s’élever.

Pendant ce temps, il est devenu évident que, dans les pays industrialisés, un dollar ou un euro de crédit produit moins de croissance de PIB. L’utilité marginale de la dette publique tend vers zéro et une nouvelle dette ne crée plus de croissance. Au Japon, aux États-Unis et dans les pays de la périphérie sud de la zone euro, ainsi que dans de nombreux pays émergents, l’utilité marginale est probablement déjà négative.

Conclusion

Le poids croissant du service de la dette provoque un effet contre-productif et annule les effets espérés de l’endettement public sur l’économie. Le recours au crédit est une option « facile » mais qui a conduit à une impasse.


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  • une chose me gêne un peu avec une courbe montrant une croissance relative..mieux vaut montrer une croissance absolue une croissance de 1% suivie d’une baisse de 1% ça ne fait une croissance nulle.. d’un autre coyé la dette est en valeur absolue…
    une courbe façon dette vis à vie de richesse ou capital serait plus éclairante…
    je trouve que le diagramme n’éclaire pas beaucoup sur la pertinence des politiques , en outre, il y a bonne et mauvaise dette..et un certain décalage entre causes et effets…

    Et surtout, le vrai problème avec une dette « publique  » est sont immoralité individuelle qu’on ignore à cause prétendument de sa moralité collective… sans parler de l’aspect générationnel..
    la dette publique est irresponsable…

    • et il y a un truc amusant c’est que ceux qui au final nous disent que la dette est illégitime appartiennent au m^mes partis qui en appellent à l’augmentation de la dépense publique…et qui au passage trouvent tout à fait légitime de nous sortir de leur chapeau une dette environnementale non seulement légitime mais supérieurement morale…

  • Les commentaires sont fermés.

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