Le bonheur : pas trop vite, pas trop fort

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Produits alimentaires (Crédits : US National Cancer Institute, libre de droits)

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Le bonheur : pas trop vite, pas trop fort

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 18 septembre 2015
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On l’a vu : c’est avec constance que le sénateur (ou la sénatrice en l’occurrence) s’immisce dans la vie des Français pour en réguler, règlementer, calibrer, légiférer et mesurer tous les aspects. Et cette semaine, il semble que les repas de la cantoche du Sénat, pourtant réputés splendides, n’ont pas suffi à calmer l’ardeur de nos barons de l’interventionnisme. C’est à une véritable avalanche que nous avons droit.

Vous aimez avoir le teint hâlé même en hiver ? Plus pragmatiquement, vous avez noté que le fait d’être exposé de façon correcte au soleil améliorait votre humeur, votre santé et vous fournissait de la vitamine D en suffisance ? Et logiquement, vous avez donc décidé de passer de temps en temps par la cabine de bronzage à UV ? Qu’à cela ne tienne, le Sénat intervient pour vous protéger complètement contre tout abus en sucrant purement et simplement ces cabines qui seraient, d’après le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire, responsables de 19 à 76 décès annuels (notez l’écart des deux valeurs) par mélanome cutané.

Parce que les sénateurs savent ce qui est bon ou pas pour vous. Les sénateurs savent pertinemment que si on laisse les professionnels de santé expliquer aux individus comment se servir de ces lampes à bronzer, ou pourquoi s’en passer, ou bien encore comment éviter les abus, ils n’y parviendront jamais seuls. Les sénateurs sont les aides efficaces et pertinentes de nos dermatologues. Alors les sénateurs peuvent interdire. Et ils peuvent le faire même lorsqu’ils savent pertinemment que leur interdiction sera retoquée en seconde lecture à l’Assemblée, parce que même dans ce cas de travail parfaitement inutile, ils sont payés et peuvent ainsi faire leur propre publicité à peu de frais.

Du reste, ce si charmant empressement à chouchouter notre santé épidermique de la part des sénateurs tombe à point nommé au moment où ces mêmes sénateurs s’occupent d’autoriser l’ouverture et l’expérimentation des salles de shoot, dont la première doit ouvrir à Paris à Lariboisière.

La cohérence assez violente de ces deux décisions mises l’une à côté de l’autre laisse un peu groggy, mais baste, passons ; car s’ils savent mieux que vous ce que vous devez faire de votre bronzage et de vos veines, ils savent bien évidemment aussi quelle quantité vous devez boire et manger.

On savait depuis un moment déjà que l’État, dans son immense sagesse, s’était très judicieusement improvisé nutritionniste en établissant une pyramide alimentaire tout à fait crédible et pas du tout pathogène. La chasse permanente aux lipides (celle contre l’huile de palme en est devenue caricaturale) et la profusion invraisemblable de sucre dans l’alimentation courante, directement issues des « recommandations » catastrophiques de nos gouvernants, n’a bien sûr absolument rien à voir avec l’explosion des diabètes ou des maladies cardio-vasculaires qu’on observe partout où leurs indications sont suivies scrupuleusement.

La nouvelle pyramide alimentaire - Cliquez pour agrandir
La nouvelle pyramide alimentaire – Cliquez pour agrandir

On découvre à présent que nos sénateurs, continuant la même tendance qui consiste à se mêler d’absolument tous les aspects de notre vie, à commencer par notre régime alimentaire, viennent de prendre quelques dispositions dans ce sens.

Il est maintenant clair qu’on ne devra surtout pas boire ou manger trop peu : le Sénat a modifié il y a quelques jours un article du projet de loi sur la Santé qui tentait déjà de résoudre le délicat et prégnant problème de la silhouette des mannequins en soumettant leur activité à un indice de masse corporelle (IMC) minimal. Par décision sénatoriale, la mode vient donc d’être régulée, le régime alimentaire des mannequins aussi, et les choix de nos couturiers clairement rappelés à l’ordre. Les sénateurs ont tranché : si vous êtes trop maigre, même si c’est naturel, il vous sera impossible d’en tirer profit dans la mode. N’y revenez plus. Et allez manger plus gras, plus salé, plus sucré au lieu de gémir bêtement sur votre liberté rabotée. C’est pour vot’bien qu’on vous dit.

mangibougisme, programme nationale d'interdiction du fun

D’un autre côté, il ne faudrait pas sombrer non plus dans l’excès inverse et boire trop, par exemple. Si vous comptiez vous enfiler une bière ou deux pour oublier vos problèmes de maigreur naturelle mais inemployable sur les plateaux de shooting mode ou sur les catwalks, n’y comptez pas non plus. Là encore, nos amis sénateurs se sont jetés tels le guépard bourré sur une proie trop grosse et ont décidé de s’attaquer à la consommation excessive d’alcool chez les jeunes en adoptant un amendement fixant un prix seuil lors d’opérations de promotion, les fameuses Happy Hours, périodes au cours desquelles un débit de boissons propose assez scandaleusement de l’alcool à des « tarifs plus avantageux que d’ordinaire et parfois très bas », comme le dénonce Franck Mautaugé (évidemment PS), auteur de l’amendement et tout a fait outré de ce genre de pratiques qui jettent les âmes faibles dans les affres de l’alcoolisme et de la déchéance (au moins).

Propagande anti-alcoolCar tout le monde sait que les « happy hours » engendrent l’alcoolisme. Tout le monde sait que les jeunes attendent le moment propice pour se torcher, dans des bars coûteux. Tout le monde sait qu’en régulant les prix, on résout le problème. Tout le monde sait que les sénateurs sont les mieux placés pour cette tâche. Et tout le monde sait qu’est maintenant largement révolu le temps où les sénateurs, du haut de leur sagesse, se penchaient avec parcimonie sur le travail législatif, prenaient leur temps et adoucissaient l’interventionnisme de l’Assemblée en agissant avec prudence. C’est maintenant l’ère médiatique où il faut pouvoir faire parler de soi, et quoi de mieux qu’un amendement à la con, une loi bâclée, une procédure foutraque et une disposition débile pour montrer qu’on ne tremble pas trop et qu’on existe encore ?

Maladie de la sénilité ? Croyance, futile mais trop fermement ancrée, d’une indispensable utilité au point de légiférer sur tout, n’importe quoi et n’importe comment ? Volonté réfléchie entre deux vins trop capiteux d’influer sur la vie de leurs concitoyens ? Décisions malencontreusement prises derrière les brouillards épais d’un stupéfiant médical trop libéralement avalé avant le repos postprandial ? Difficile de savoir ce qui, précisément, pousse les sénateurs à ainsi légiférer dans ces domaines (et d’autres encore) pour le plus grand désarroi du Français lambda confronté, ensuite, à l’application de cette avalanche de textes débiles.

En tout cas, une chose est sûre : les sénateurs ne sont pas les seuls à se vautrer ainsi dans l’expression la plus consternante de l’exercice du pouvoir, qui consiste à faire pleuvoir sur les citoyens victimes les décisions arbitraires comme pleut le ciel sur certain Président. Ce qu’on trouve au plus haut niveau de la République est reproduit, religieusement et avec zèle, même, au niveau de chaque commune, par chacun des maires qui se sentira pousser la fibre dictatoriale et l’envie d’en découdre avec la réalité.

C’est ainsi que les maires de 42 communes membres de Grenoble-Alpes-Métropole, « la Métro », se sont décidé à furieusement contraindre la vitesse des automobiles en agglomération, en inversant la logique qui prévaut à la limitation en vigueur : à partir de la mi-2016, la vitesse maximale autorisée sera de 30 km/h et non plus de 50, cette dernière vitesse étant réservée pour des zones explicitement indiquées. Eh oui, en effet, si à 50 km/h, 45% des piétons heurtés par un véhicule motorisé décèdent, la mortalité tombe à 5% si on réduit la vitesse à 30 km/h, sans oublier du reste que si on réduit encore à 0 km/h, la mortalité à cause de la voiture s’effondre à 0 aussi.

yes-wayLe zéro mort par la voiture est donc à portée de main, ou plutôt, à portée d’interdiction. Du reste, une ville dont les commerces auront fui, les entreprises se seront retirées, n’aura rapidement plus suffisamment d’intérêt pour attirer la voiture et l’objectif sera là encore, atteint.

Plus aucune voiture, des consommations millimétrées (ni trop, ni trop peu), avec bien sûr pas trop de gras, de sel et de sucre, du sport pour conserver son esprit neurasthénique dans un corps sain … Les hommes et les femmes de pouvoir, tant au Sénat qu’au plus près de nous, travaillent chaque jour à notre bonheur. Mais attention : le bonheur, c’est surtout pas trop vite, et surtout pas trop fort.

coffin car
—-
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  • Beaucoup de citoyens voit cela sous l’oeil de la bienfaisance (et tombent dans le panneau des arguments utilisés), mais aucun d’eux ne note qu’il s’agit d’une intrusion flagrante dans la vie privée et dans la vie économique.

    Mais ce qui est hallucinant est qu’il ne s’agit pas d’une simple intrusion informative (ou le gouvernement se contenterait de dire qu’il pense qu’il est mauvais de faire ci ou ça car blablabla), mais plutôt d’un contrôle total et ACTIF de nos décisions.

    J’ai quitté la France. Ne soyons pas aveugle, à l’étranger les gouvernments font la même chose, simplement, j’ai l’impression que dans l’Hexagone, on ne sait faire QUE ça.

    • « à l’étranger les gouvernments font la même chose »

      Est-ce qu’ils ont pensé à interdire les cabines à UV dans les pays tropicaux, la maigreur au Bangladesh et la vitesse en ville en Amazonie ?

      Émigrons ! Nous pourrons ainsi bronzer toute l’année, manger ce qu’on veut et rouler en 4×4 aussi vite que les pistes le permettent … (Pour ceux qui ont un doute, relisez « Le loup et le chien » de La Fontaine.)

  • Le besoin naturel de toute administration est de grossir pour que le constat de ses gaspillage puisse être masqué par le fait qu’elle a changé de situation.

  • Incroyable !

    Après les mannequins trop maigres… les cabines UV…. bientôt les plages…. merde ! Le ski c’est dangereux…

    Vivre tue !

    Tous ça serait marrant si on vivait pas dans ce pays !

    • on comprend pourquoi l’avortement à été libéraliser, c’est le seule moyen qu’on a trouver pour mourir encore en bonne santé…

  • Prochaine étape : réglementer le fait de traverser les rues.
    Vous voulez traverser une rue ? Appelez alors un agent de police qui vous tiendra par la main, ça vous coutera 1€.

  • A l’approche de la cop21, ils auraient tout de même pu légiférer sur le nombre de tirage de chasse d’eau par jour !!!

  • Vu que je n’ai pas assez de vitamine D, et même vraiment presque pas, cela pourrait être une possibilité de s’offrir 5 minutes par jour de cabine UV.
    La pyramide est superbement commentée. D’ailleurs, c’est l’heure des chips et d’une petite mousse.
    Miam et bon appétit.

  • Dans la même lignée, j’ai récemment découvert certaines perles dans le code du travail: il dit clairement à quellle vitesse, une clim doit tourner (le débit d’air y est même inscrit, Article R232-5-2) et dit que si l’alcool est interdit sur les lieux de travail, il y a dérogation lors des pots sur la bière, le vin, le cidre et le Poiré (Article R4228-20)

    Les bras m’en sont tombés !

  • Sur le sujet de la maigreur des mannequins, le plus marrant est que depuis les campagnes et les lois dénonçant le phénomène, elles sont de venues squelettiques. ELLES FONT PEUR !
    Donc, non seulement nos « bienfaiteurs » ne servent à rien mais ils servent à moins que rien.
    Ils pourraient remplacer les éoliennes.

  • Un jour un homme, bon vivant, va voir son médecin pour quelques désordres qui commencent à durer. Après examen, le médecin lui annonce qu’il ne lui reste plus que 2 semaines à vivre.
    – 2 semaines ? Il n’y a rien à faire…?
    – Si, vous pouvez arrêter de boire de l’alcool, de fumer et commencer une diète sévère
    – Oh… si je fais tout ça, j’en aurai pour combien de temps ?
    – Non, vous ne vivrez pas plus longtemps, mais je peux vous garantir que le temps vous semblera vachement plus long !

  • à prendre en compte : le nombre délirant des élus.

    Si chacun a le désir de faire quelque chose pour le pays, alors pas étonnant d’être « encombré » de bons sentiments.

  • j’adore ! quand on voit le teint fleuri de nos sénateurs (à commencer par le premier d’entre eux) ils pourraient commencer par s’auto-appliquer les règles du « manger moins ».
    Comme disait ce bon Avare de Molière « manger pour vivre et non vivre pour manger » Mais avec une bonne « cantine » et la cave qui va avec, difficile pour nos sénateurs de mettre cela en pratique.
    Bientot on nous dira combien de pas obligatoires nous devrons faire chaque jour, combien d’heures nous devrons dormir, bref ils trouveront bien encore d’autres moyens de nous pourrir l’existence.

  • Juste pour signaler un « article » sur le « libertarisme » par Libération aujourd’hui.

    Rien que le chapeau nous vend du rêve : « Né dans les années 60, le mouvement ultra individualiste reste marginal politiquement mais essaime aujourd’hui dans la pop culture. ». Magique.

    Voici le lien : http://next.liberation.fr/culture-next/2015/09/17/les-libertariens-sont-parmi-nous_1374248.

  • quel est le clampin qui a doctement annoncé qu’en roulant à 30 km/h (en seconde vitesse donc) on consommait moins, donc polluait moins ,qu’à 50 (en 3ème vitesse)? .Vu le rendement des moteurs thermiques et les principe de la démultiplication des vitesses, un élève de seconde est à même de démontrer que ce serait plutôt le contraire.Jusqu’où ira t on dans la perte du bon sens et la foutaise démagogique?On pourrait aussi suggérer au maire un peu largué de Grenoble de rouler en 1ère à 10km/h… comme dans un bouchon.(de champagne car ce pays est foutu comme dirait notre ami)

  • Hélas, le bon sens n’est pas la chose du monde la mieux partagée.
    Saluons le courage de ceux qui défendent les libertés perdues.
    Pour ma part, j’ai un peu baissé les bras, j’en viens à considerer que les gens n’ont que ce qu’ils méritent, qu’ils restent dans leur merde dans leur France de merde.

  • Je ne sais pas pour vous mais il y a comme une odeur particulière, un musc bizarre qui commence à se répandre, entrecoupé de relents capiteux qui camouflent le tout.
    Le totalitarisme façon Aldous Huxley, mêlé à du Big bro bien Orwellien.

  • A quand un élu qui s’occupe de notre balance commerciale? Ah oui, c’est vrai… quand ils reviennent de l’extérieur, c’est pour ramener des mallettes à titre privé.

  • En 1969 le référendum proposait ( entre autre) la suppression du sénat une majorité a voté non
    Pourquoi ne pas soumettre de nouveau la question ? on est en démo dans ce pays oui ou non ?
    faudrait se décider les enfants à la fin c’ est pénible

  • Bonjour,
    Je trouve que cet article relate correctement une liaison de type hiérarchique entre deux individus ou organisations.
    Pour ma part je n’adhère à aucun système hiérarchique, cela ne m’intéresse pas.Je ne cherche ni subordonné, ni à l’être.
    Maintenant, pour en revenir à cet article, il existe d’autres voies.
    Le soleil sur la peau favorise la création de vitamine D et c’est sympa d’y être exposé, dans des conditions raisonables.
    Pour cela il faut avoir le temps, être là au bon moment, et malheureusement lorsque l’on donne l’essentiel
    de son temps à d’autres on ne peut pas profiter de ce bon moment.
    Concernant l’alimentation, c’est un peu pareil; soit vous donnez votre confiance aux industriels, soit vous vous en occupez vous-même.
    Dans cette histoire on voit bien que le rôle que s’octroyent certaines oganisations est tellement artificiel
    et inutile.
    Bon courage les gens.

  • Sur la vitesse, en Latin Amérique les gouvernements font la même chose. En particulier au Brésil.

    Merci.

  • cet article me confirme que ce que je pense est conforme à cette image tirée d’un média Latino :

    « Antes nos preguntabamos si en este pais teniamos futuro,
    Hoy nos preguntamos si en el futuro tendremos pais… »

    Avant on se demandait si dans ce pays on avait un futur
    aujourd’hui, on se demande si dans le futur on aura un pays….

  • Les commentaires sont fermés.

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