À qui profite l’augmentation des prix ?

Qui est le plus affecté par l’inflation ?

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battus credits political posters from USSR 70s and 80s (licence creative commons)

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À qui profite l’augmentation des prix ?

Publié le 9 septembre 2015
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Par Aster.

battus credits political posters from USSR 70s and 80s (licence creative commons)
battus credits political posters from USSR 70s and 80s (licence creative commons)

La baguette du boulanger, en bas de chez vous, doit coûter aux alentours de 0,85€, un peu plus ou un peu moins selon où vous vivez. La quasi norme culturelle est de voir les prix augmenter, de façon généralisée, un peu partout, un peu tout le temps… Personne ne sera choqué si j’annonce qu’a priori le pain, l’essence, les loyers, les impôts et pas mal d’autres choses, seront un peu plus chères l’an prochain. Cette hausse généralisée des prix (et en théorie des salaires) s’appelle l’inflation.

Le phénomène économique inverse existe, c’est la déflation.

La déflation est souvent « mal vue » par les économistes keynésiens car elle a tendance à se renforcer par un cercle d’action et de réaction. Si les prix baissent, les consommateurs sont incités à différer leurs achats, ainsi le volume d’affaires est moindre ; certains y voient une nouvelle incitation à baisser les prix (ce qui reste à vérifier) ou encore tout simplement un facteur de ralentissement économique.

Toujours sous cet angle on peut trouver quelques avantages à l’inflation ; en effet, lorsque tout augmente et que ce tout signifie salaire et prix, les grands perdants sont, in fine, ceux qui ont de l’argent. Et quand on lit  « ceux qui ont de l’argent », l’illusion est de croire qu’il s’agit des riches, car il s’agit de ceux qui ont de l’argent, mais pas nécessairement de la richesse.

Un des moyens de créer de l’inflation est tout simplement d’imprimer de la monnaie. Admettons qu’il s’échange uniquement 10 kg de nourriture, et que la masse monétaire en circulation soit de 10 € (en totalité sur l’intégralité d’un pays pour une période donnée), très logiquement on peut supposer que le prix d’1 kg de nourriture soit de 1 €.

Si demain pour la même quantité échangée, on double la quantité de monnaie en circulation, 20 €, la quantité de bien en circulation étant la même, on double très logiquement le prix de chaque bien, on aura probablement un prix de 2 €/kg.

Avant la monnaie, il y avait le troc, ce qui signifie que je pourrais envisager dans mon exemple qu’il n’y ait pas juste 10 kg de nourriture mais 5 kg de viande et 5 kg de pommes, en supposant que les deux soient également désirables, on aurait un « taux de change » de 1 kg de pommes pour 1 kg de viande. La chose semble parfaite jusqu’au jour où il y a en fait 5 kg de pain, 2 kg de viande et 3 kg de pommes, car si je n’ai que des pommes et désire du pain de quelqu’un qui ne souhaite avoir que de la viande, là ça devient compliqué. La monnaie n’est rien d’autre qu’un moyen de simplifier le troc, de sorte qu’au final nous sommes tous en train d’échanger nos biens et nos services.

Une des choses les plus distrayantes est d’entendre les grandes théories autour de la monnaie. Parmi elles, et très tendance avant que l’euro ne se casse la gueule, donner le contrôle de la monnaie à un gouvernement populiste résoudrait probablement tous les problèmes de la France, de la Grèce, du monde entier… L’euro serait trop fort… Comprenez à travers tous ces messages qu’il faut imprimer des billets.

Naturellement aujourd’hui on imprime rarement des billets dans les pays développés, on procède à des opérations plus sophistiquées de LTRO ou de QE. Le wording est plus sexy, le grand public ne comprend rien, mais il ne se passe pas grand-chose de différent. Plus de détail sur ces pratiques sur la Main invisible.

Faire tourner la planche à billets à deux impacts principaux : augmenter la masse de monnaie et transférer de la richesse.

L’augmentation de masse monétaire est assez intuitive, c’est le premier effet et généralement le seul qui arrive en tête quand on parle de faire tourner la planche à billets. J’ai 100 billets, j’en imprime 100, j’en ai 200… Tout devrait coûter deux fois plus cher et dans le fond pas grand chose ne changerait, si chacun recevait autant de billets que ce qu’il a en poche.

Si vous imprimez de la monnaie chez vous, vous êtes un faussaire, vous abusez du monopole de l’État, en l’occurrence, en Europe, de la Banque Centrale Européenne. Car en général celui qui imprime de la monnaie s’enrichit. En général, il s’agit de l’État, il imprime la monnaie puis s’en sert, et comme en payant des voyages en jet privé à Manuel Valls et sa famille on dépense de l’argent, au bout du compte, ce sont l’État et ses serviteurs qui s’enrichissent (en ayant appauvri les servis)…

Les nouvelles méthodes d’impressions (LTRO / QE) de billets donnent une place aux banques qui généralement prêtent en contrepartie aux États ou s’assurent de maintenir les marchés boursiers à flot pendant que l’économie s’effondre ou stagne.

É ce type de petits jeux d’arrangement comptables, généralement, si quelqu’un gagne de la richesse (ici donc les banques et les États), quelqu’un se doit d’en perdre quelque part. Probablement ceux qui détiennent de la richesse ? Oui, dans un sens, mais de la richesse en termes monétaire, c’est-à- dire du cash, de l’argent sur un compte un banque ou de l’argent à venir (un crédit que l’on doit vous rembourser)…

Dire « les riches » est faux, si vous détenez quelques millions vous avez probablement diversifié votre investissement en actifs financiers (et de ce fait, que quelqu’un maintienne les marchés peut vous arranger), dans l’immobilier et, vous avez probablement une proportion faible de votre richesse sur un compte en banque. En dehors des créanciers, ce sont probablement les classes moyennes qui sont les plus affectées par ce genre de stratégies.

In fine, c’est comme lever un impôt assis sur les créances et les possessions monétaires. Mais ça semble moins douloureux.

Dans tous les cas, si ce n’est que parce qu’on appauvrit les populations, j’ai toujours du mal à saisir en quoi ça augmente la compétitivité du pays. Question ouverte ceci étant dit, avec les commentaires, tout ça.

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  • Un des avantages de l’inflation en plus des autres (diminutions des dettes) est qu’elle est facilement taxable par les états :

    si le salaire d’une individu passe de 50 000€ à 55 000€ le gain est soumis de facto aux prélèvements fiscaux. Si en revanche un individu en a plus pour son argent dans un contexte déflationniste, comment les états peuvent-ils taxer en dehors d’une augmentation du taux de prélèvement, mesure largement impopulaire ?

  • « prêtent en contrepartie aux États ou s’assurent de maintenir les marchés boursiers à flot » : il ne faut pas confondre le cadeau Bonux, à savoir la hausse incidente des marchés financiers, avec le paquet de lessive du même nom, c’est-à-dire l’achat des bons souverains pour repousser le moment du défaut des Etats obèses impécunieux, seul véritable objectif des BC.

    Cependant, les marchés actions finissent toujours par rejoindre un niveau correspondant à la réalité économique. La réalité économique est plutôt du genre poussive ces temps-ci, pour la bonne raison qu’il faut bien que quelqu’un paye le prix des libéralités inflationnistes des BC aux Obèses. Dès lors, la hausse vertigineuse des marchés ayant été financée par de la dette à peu près partout dans le monde, le retour à la case départ risque d’être brutal et douloureux. Eh oui, le problème avec la mauvaise dette offerte par les BC, à la différence du bon capital privé épargné à force de travail, c’est qu’il faut la rembourser plus ou moins rapidement, ce qui rend insupportable toute perte sur les investissements. C’est cette sorte d’inquiétude qui commence à titiller le cerveaux reptilien des opérateurs de marché, malgré ou à cause des QE, ZIRP et autres joyeusetés des irresponsables notoires dirigeant les BC.

  • l’inflation permet aussi une baisse des salaire caché, car ceux ci sont actualisé seulement une fois par an et pas forcément avec le bon taux (dépend du calcul de INSEE ) Enfin ca change pas le fait que c’est un impot déguisé qui ne sert pas la compétitivité (alors qu’une baisse des coût salariale, salaire compris, le permet)

  • L’exemple du kilo de nourriture dont découle le raisonnement et la problématique est lui-même erroné.
    Si l’on double la masse monétaire les prix ne doublent pas forcément. Si le producteur du produit vendu y trouve son compte et maintient une marge, il pourrait décider de maintenir son prix pour en vendre plus. Et dans un monde ou nos gains en efficacité permettent de réduire la plupart des coups de production c’est le scénario le plus probable. Ca fait bien 7 ans qu’on le droit à des théories qui nous annoncent une inflation énorme qui n’arrive jamais. On peut soit en chercher la raison, soit, plus simple, continuer à parler d’inflation.

  • Pour un pays, ou une collectivité, comment défendre ou améliorer sa qualité de vie ?
    2 politiques opposées sont régulièrement envisagées :
    la politique de la demande, consiste pour simplifier à augmenter par des moyens divers le pouvoir d’achat de la population, escomptant par ce biais, augmenter la consommation, et de ce fait les besoins de production, donc l’emploi. Son échec répété vient principalement du fait que, la libre circulation des biens et services ayant fluidifié les approvisionnements, elle se traduit souvent par des importations et un travail créé chez les plus compétitifs, souvent les autres.
    la politique de l’offre, tente la démarche inverse : créer des offres compétitives, en particulier innovantes, susceptibles non seulement d’être consommée dans le pays inventeur, mais également exportées dans le reste du monde, créant de ce fait plus d’emplois que la simple consommation locale. C’est la politique de l’Allemagne, mais aussi d’industries françaises, comme le luxe ou l’aéronautique. Elle semble aujourd’hui inéluctablement liée à la mondialisation et à la libéralisation des échanges, qui a semble-t-il été un facteur déterminant dans les phases récentes de croissance mondiale.
    Historiquement, avant l’euro, la France a presque toujours vécu en inflation -dévaluation-inflation ….
    L’Allemagne depuis 1948 a vécu en déflation- réévaluation – déflation….
    D’où la difficulté de faire rouler la locomotive de l’€uro sur 2 rails qui s’écartent !

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