Migrants : ces malheureux qui fuient l’islam radical

Le prétendu « islam réel » fait fuir les migrants comme le « socialisme réel » a fait fuir les boat-people.

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Palmyre-Jacqueline Poggi(CC BY-NC-ND 2.0)

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Migrants : ces malheureux qui fuient l’islam radical

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 6 septembre 2015
- A +

Par Lucien Oulahbib

 

Palmyre-Jacqueline Poggi(CC BY-NC-ND 2.0)
Palmyre-Jacqueline Poggi(CC BY-NC-ND 2.0)

En premier lieu, soulignons que la solution frontiste visant à appliquer la méthode australienne aux migrants qui arrivent ne tient pas : pas plus que l’Indonésie, la Malaisie n’est en guerre, à la différence de la Syrie et de la Libye ; d’où la possibilité d’y ramener les migrants qui, même s’ils fuient eux aussi l’islam réel tant vendu dans sa version imaginaire par nos politiques et artistes, ne risquent pas eux, autant leur vie que leurs congénères proche-orientaux et africains (ajoutons l’Érythrée, l’Algérie, étant musulmanes).

En second lieu, si l’Allemagne et l’Autriche sont prêtes à les accueillir massivement (ainsi que le Royaume-Uni) il n’y a aucune raison de les en empêcher comme le fait la Hongrie qui affrète désormais des bus pour acheminer les demandeurs d’asile vers ses frontières. Et il est intéressant d’observer le regard de ces réfugiés quand ils voient des policières allemandes leur indiquer telle ou telle direction pour leurs diverses démarches.

Enfin, et plus profondément, observons que nombre de ces réfugiés sont certes également des migrants, mais en ce sens où plutôt que de rester parqués dans des camps en Turquie ou au Liban et surtout d’attendre de subir le joug de l’État Islamique qui se trouve désormais à 5 km de Damas, ils savent que malgré la qualité de leurs métiers (ce sont essentiellement les classes moyennes et supérieures qui fuient) ils devront subir la réalité de l’islam wahhabite resserré jusqu’au dernier écrou.

Cela fait penser à la fuite des élites nord africaines (latines et chrétiennes) à l’arrivée de l’Islam au VIIe siècle en direction de l’Italie, tant et si bien que les Arabo-Musulmans durent acheminer leur propre main d’oeuvre qualifiée, car il n’y avait même plus (ainsi que le soulignent Charles-André Julien et François Decret, comme je le relate par exemple dans Les Berbères à la croisée des chemins) un seul charpentier à disposition pour réparer leurs bateaux et construire l’intérieur de leurs demeures.

En France, au Royaume-Uni, aux USA, il existe bien sûr encore l’imaginaire de l’Andalousie, le fameux âge d’or, mais comme le relatent les auteurs cités, on oublie d’indiquer qu’à l’époque il n’y avait plus d’autorité politique centralisée depuis la chute et la fuite des Omeyyades chassés par les Abbassides. Cela avait entraîné la multiplication de micro-califats incapables d’obliger la société civile, en effet composite, de vivre la vie normale de l’Humanité lorsqu’elle est livrée à elle-même : elle recherche la prospérité et donc la paix, ce qui n’exclut évidemment pas les injustices au quotidien (résolues cependant par la société civile elle-même). C’est ce que ne supportèrent pas les politiques rigoristes de l’époque, d’où leur appel à l’État Islamique à disposition, les Almoravides qui furent ensuite suivis par les Almohades, ce qui, loin de redresser la situation, ouvrit plutôt la voie à la Reconquista

Aujourd’hui, comme le relatent les observateurs sérieux, la cause de tout cela réside moins dans l’intervention occidentale (en Syrie elle fut inexistante) que dans l’échec, total, des régimes issus du nationalisme arabe ou la version qui se voulait moderne de l’islam et qui sont aujourd’hui assaillis par leurs concurrents islamistes persuadés, on le sait, qu’il suffirait de revenir aux racines arabo-musulmanes pour s’immuniser contre la décadence occidentale.

Observons en passant que celle-ci a en réalité bien d’autres sources que la liberté tant pourchassée puisque l’on voit bien comment les islamistes radicaux sont aujourd’hui en quelque sorte épaulés par les rescapés du communisme anti-libéral, les nationalistes arabes étant eux soutenus par les fascistes et les robespierristes pour tenter de trouver toujours une cause toujours externe à leurs contradictions internes.

En tout cas, on le voit bien, ni l’islam(isme) ni le baathisme ne sont les solutions aux affres de la conscience moderne, pas plus que le communisme et le fascisme. Cette crise humanitaire ouvrira peut-être les yeux à certains sur l’islam réel et l’arabo-nationalisme, comme ce fut le cas quand les boat-people ont fui le socialisme réel.


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  • Avatar
    Nafy-Nathalie Diop
    6 septembre 2015 at 7 h 18 min

    Le titre de l’article est particulièrement mal choisi de mon point de vue
    « L’islam réel » ce n’est pas « l’islam wahhabite resserré jusqu’au dernier écrou. » et réduire l’islam à ça c’est aussi refuser la réalité de tout un tas d’autres pays ou de toutes les autres formes de pratiques de l’islam à travers le monde. C’est une manière de stigmatiser cette religion et de réduire le monde musulman, une forme de racisme aussi. Du coup l’avertissement de la modération est plutôt amusant dans ce contexte.
    En tous cas c’est dommage parce que sinon l’article aurait été très bien.

    • Avatar
      Nafy-Nathalie Diop
      6 septembre 2015 at 7 h 26 min

      Ce qui est à pointer c’est l’extrémisme, fondamentalisme sous toutes ses formes.

    • Absolument d’accord. Même le fondamentalisme ou l’intégrisme ne sont pas la raison de tout cela : dans certaines religions, le fondamentalisme et l’intégrisme donnent des communautés certes repliées sur elles mêmes mais pas du tout violente.

      Ce qu’il faut remettre en cause est la révolution, ce concept vaseux complètement pervers et perverti en grande partie par la France.

      Ceux qui fuient l’islam révolutionnaire aurait été bien plus juste.

  • Je vous remercie mille foi d’avoir fait remarquer le désastre qu’a été le socialisme arabe (enfin, c’était une sorte de national socialisme) et sa responsabilité dans la situation actuelle. Toutefois si le socialisme arabe était nationaliste il faut se rappeler qu’il partageait plus ou moins avec le « califisme » le projet de construire un état pan-arabe (à la place de pan-islamiste) géant.

    Ce rêve mouillé est mort. Il est mort à cause de la non fonctionnalité du socialisme, des divers échecs militaires contre Israël, de la dérive dictatoriale des régimes baathiste (non pas que ces pays était auparavant des démocraties, mais les monarchies qui les précédaient suivaient chacune des tradition politiques qui limitaient le pouvoir du roi), des diverses tentatives de génocide contre les kurdes et de la perte de soutient de l’URSS (il semble toutefois que se soutient revienne).

    Comme tout le socialisme, le baathiste faisait la promotion de l’idée révolutionnaire de la « table rase ». C’est ainsi que les révolutionnaires ont massacrer les familles royales et hommes politiques en place, on aboli toutes les normes juridiques et politiques traditionnelle et dans l’esprit centralisateur du socialisme ont bafoué le principe de subsidiarité qui était pourtant fondamentale dans les systèmes politiques du moyen orient depuis des milliers d’année (une grande subsidiarité compensait le manque de démocratie pour assurer une certaine liberté).

    Le fait que les dictature arabes soient les plus exposés à l’islamisme n’a rien à voir avec un complot antisocialiste américain, mais tout à voir avec l’échec systématique du socialisme partout il a été mit en place.

    Plus vite le moyen orient reviendra à un principe de subsidiarité poussé, profondément anti-nationaliste comme l’a toujours été cette région, plus vite elle retrouvera sa stabilité.

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