Porto Rico : la nouvelle Grèce des Caraïbes ?

La dette est-elle un point commun suffisant pour comparer les deux pays ?

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Porto Rico : la nouvelle Grèce des Caraïbes ?

Publié le 23 août 2015
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Kevin Hoogheem, Paseo Covadonga, San Juan, Puerto Rico, Licence Creative Common

« Nous sommes prêts à prendre Porto Rico dans la zone euro si les États-Unis acceptent de prendre la Grèce dans le système du dollar. » Wolfgang Schäuble, ministre des Finances de l’Allemagne, a un don certain pour les réponses cinglantes. Difficile pour Jack Lew, Secrétaire américain au Trésor, de répondre à une telle boutade, qui visait clairement à calmer les récurrentes réflexions paternalistes, censées apprendre aux jeunes européens comment soigner le nouvel homme malade de l’Europe. Après tout, les États-Unis ne sont pas non plus capables de gérer Porto Rico, qui a annoncé lundi 3 Août être dans l’incapacité d’honorer un engagement à hauteur de 58 millions de dollars. Un événement éclipsé par les affaires de la Grèce et de la Chine, mais qui toutefois mérite une analyse approfondie.

Toujours plombée par une dette de 72 milliards de dollars, l’île des Caraïbes risque d’entrer dans une tourmente qui pourrait rappeler une histoire désormais bien connue pour l’Union Européenne : la Grèce. Afin de comprendre les tenants et les aboutissants de ce nouveau défaut souverain de l’histoire économique contemporaine, cet article retrace rapidement l’histoire de l’île, et s’attache à présenter son économie dans ses forces et faiblesses. Une esquisse de solutions possibles pour relancer l’économie est ensuite exposée. Enfin, une fois toutes ces analyses faites, nous nous demanderons si une comparaison avec la Grèce est pertinente. Cela permettra donc de savoir si, oui ou non, M. Schäuble avait raison de proposer, même ironiquement, un tel échange.

De Juan Ponce de León à Luis Muñoz Marin.

Il faut remonter au XVIe siècle pour connaitre l’histoire de Porto Rico. Le territoire – d’une superficie de 8 900 km² – est alors conquis par les Espagnols. Juan Ponce de León, le conquistador célèbre pour sa quête de la fontaine de jouvence, y fonde Caparra en 1509. San Juan, la capitale, est fondée en 1521. Si l’économie y reste longtemps sous développée, c’est avant tout parce que l’île revêt pour les conquistadors un intérêt stratégique militaire. Considérée par les Espagnols comme la « clé des Antilles » de par sa localisation, les colons décident d’y bâtir en 1540 la forteresse El Morro. Financée par les revenus des mines du Mexique, la forteresse résistera à l’assaut du 22 novembre 1595, durant lequel le vice-admiral de la Royal Navy Francis Drake – celui qui a réussi à vaincre l’Invicible Armada – tente de conquérir le fort avec 26 navires !

La recuperación de la isla de Puerto Rico por el gobernador de la isla, Juan de Haro. Por Eugenio Cajés, Domaine public

Il faut attendre la période de la Révolution industrielle et du réel développement des échanges internationaux pour que l’économie portoricaine trouve une chance de s’exprimer. Son avantage comparatif, Porto Rico le trouve dans le café et le sucre. L’île, toujours sous le joug de l’Empire espagnol se voit cantonnée à un rôle de simple fournisseur lointain, taxé et contraint par l’Empire. Le système capitaliste colonial y est imposé avec force, même si l’esclavage ne représente selon les estimations « que » 11% de la population. On retrouve d’ailleurs souvent des comparaisons avec l’île voisine de Cuba, les deux pays ayant mené leur indépendance un demi-siècle après le restant de l’Amérique espagnole1.

La fin du XIXe siècle permet l’obtention du statut d’autonomie, bien que l’empreinte espagnole reste omniprésente et les liens économiques quasi-exclusifs. Porto Rico se verra une nouvelle fois conquis, mais cette fois-ci par les américains durant la guerre hispano-américaine (1898-1901). Le premier gouvernement civil, faisant suite à plusieurs années de gouvernement militaire, sera institué en 1901 par la loi Foraker.

Dans un contexte d’aspiration à la liberté et à l’autonomie, un personnage émerge : Luis Muñoz Marin, premier gouverneur de Porto Rico, élu par le peuple de l’île en 1949. Cet homme politique – également poète et journaliste – avait d’abord été opposé à l’indépendance de Porto Rico, avant de militer pour une étroite collaboration avec les États-Unis. Son zèle politique et ses liens avec les États-Unis où il a étudié, lui permettent d’obtenir de la part de ces derniers le statut « d’État libre associé avec une Constitution démocratique » (Commonwealth of Puerto Rico). Ce compromis entre en vigueur en 1952. Le père du Porto Rico moderne ne s’arrête pourtant pas et mène un ambitieux programme de développement : l’opération Bootstrap. Il s’agit de moderniser les infrastructures, d’équiper l’île. En somme, il s’agit d’accélérer l’industrialisation du pays2. Dans l’environnement de la guerre froide, le succès de Porto Rico est logiquement érigé en vitrine pour la propagande nord-américaine. Mais l’essor porté par les chantiers, les routes et le tourisme de luxe s’essouffle petit à petit, et le modèle économique du pays entre en crise dès les années 1990.

Luis Munoz Marin, Domaine public

Une île en manque de conquistadors aujourd’hui …

Afin d’avoir une bonne idée de la situation actuelle de Porto Rico, il est assez commode de comparer l’évolution de l’île avec celle de l’économie américaine, ou prendre l’île sous le prisme d’une sorte de petit État américain3. La population de l’île s’élève à 3,5 millions d’habitants, une tendance aujourd’hui à la baisse, suite aux exodes vers la Floride. Un pays dont la population est plus élevée que 24 États américains, mais dont la superficie représente à peu près celle du Connecticut. Le PIB du pays s’élève à 103,1 milliards de dollars, soit un PIB/hab. d’environ 28 600$, soit grosso modo la moitié de celui des États-Unis (53 000$). En tant qu’État-libre associé, Porto Rico utilise le système bancaire et financier américain ainsi que le dollar. Les capitaux ainsi que la main d’œuvre peuvent se mouvoir librement entre le « mainland » et l’île. Les États-Unis représentent une part non négligeable du commerce portoricain : environ 80% des exportations du Commonwealth.

Les conséquences de l’opération Bootstrap sont encore aujourd’hui au cœur de l’économie portoricaine. En effet, si certains pensaient que les vagues massives d’émigration étaient une manifestation du brain drain des États-Unis, il s’avère qu’une rapide étude de la population de l’île offre une autre vision en accord avec le programme mené par L. Marin.

1
Alexis Ladasic, http://businesscycles.eu/eco/porto-rico-la-nouvelle-grece-des-caraibes/

L’émigration a sûrement privé Porto Rico de plusieurs ouvriers qualifiés, cependant il convient de remarquer qu’une large partie de la population a obtenu un diplôme sanctionnant des études supérieures. En conséquence, il semble en fait que la main d’œuvre de l’île soit relativement comparable à celle d’un pays développé. Si l’économie a pu se développer durant toute la deuxième moitié du XXe siècle, le salaire médian et le salaire moyen des employés à temps plein représentent à peine un tiers de ceux des États-Unis… Et légèrement moins de deux tiers de ceux du Mississipi (l’État ayant le salaire médian le moins élevé) !

L’héritage le plus indéniable de la période L. Marin est celui de l’industrialisation. Le tableau ci-dessous résume l’emploi dans le secteur privé au sein de quelques industries. Rappelons toutefois que l’État (ou les entreprises publiques) contribue à hauteur de 30% de l’emploi total du Commonwealth, soit près de deux fois plus qu’aux États-Unis (16%).

2
Alexis Ladasic, http://businesscycles.eu/eco/porto-rico-la-nouvelle-grece-des-caraibes/

Un chiffre saute aux yeux : le secteur pharmaceutique. Ce développement extraordinaire est le résultat de la mise en place de la section 936 du Code des impôts américain (Internal Revenue Code), section en vigueur de 1976 à 2006. Cette loi dispensait les entreprises de payer l’impôt sur les bénéfices provenant de produits fabriqués à Porto Rico. Cela attira principalement des entreprises générant de gros profits, et pouvant fabriquer des produits facilement transportables, tels les médicaments. Cette disposition étant arrivée à échéance, l’évolution de l’économie portoricaine s’est petit à petit déconnectée de l’évolution américaine. Une déconnexion naturellement entérinée par la crise économique de 2008.

Taux de croissance des Etats-Unis et Puerto Rico, Alexis Ladasic, http://businesscycles.eu/eco/porto-rico-la-nouvelle-grece-des-caraibes/

Désormais, il est plus intéressant pour les entreprises de s’implanter au nord du Mexique, là où le transport de biens est plus aisé et finalement moins cher sans avantage fiscal. Ce désavantage de taille est exacerbé par la loi Jones, exigeant que le transport entre Porto Rico et les États-Unis soit effectué sur des bateaux américains. Bref, une loi protectionniste qui rehausse à nouveau le coût du transport, et plombe parallèlement l’économie du Commonwealth.

Le décrochement de l’économie était cependant latent depuis le début des années 2000. Effectivement, Porto Rico n’a pas dégagé d’excédent primaire depuis cette date. Contrainte de s’endetter outre-mesure pour financer ses dépenses, l’île avait déjà atteint un point de non-retour au moment où la section 936 a expiré. Le pays en est donc arrivé à une dette totale représentant 105% du PIB. Lundi, le Commonwealth devait s’acquitter d’une dette de 58 millions de dollars, émise par la Public Finance Corporation (PFC), un organisme dont la mission est d’émettre des obligations sur les marchés (principalement pour équilibrer le budget de l’île). Or ce dernier n’a remboursé que 628 000 dollars. Le début d’un défaut général selon les analystes de Moody’s. Les États-Unis ont déjà exclu tout sauvetage financier de l’île qui s’exposera désormais à des poursuites en justice de ses créanciers (dont le redoutable et peu flexible OppenheimerFund). Le statut d’État-libre associé montre ici ses limites : contrairement aux villes américaines comme Detroit, Porto Rico n’a pas la possibilité légale de se déclarer en faillite pour restructurer sa dette à l’abri de ses créanciers. Une proposition de loi lui accordant cette possibilité a été déposée au Congrès américain mais n’a reçu aucune réponse.

Quel avenir pour le Commonwealth ?

Depuis que la section 936 n’est plus en place, l’économie de l’île a totalement dévissé. Pourtant de solides fondamentaux sont présents, comme la précédente analyse a tenté de le souligner. Les quelques points qui suivent sont des propositions d’axes de développement pour restaurer la croissance de Porto Rico, directement inspirés des travaux de la Federal Reserve de New York :

  • Améliorer le marché du travail ainsi que le capital humain :  le Commonwealth est soumis à de nombreuses législations américaines, y compris celles sur le travail. Porto Rico a donc un salaire minimum (celui des États-Unis) qui finalement pèse sur la potentielle croissance et contribue au renforcement du taux de chômage. Pour ce qui est du capital humain, il conviendrait de renforcer le système éducatif, et de développer des partenariats internationaux pour les universités portoricaines (des partenariats avec l’Espagne semblent un choix intéressant eu égard à l’histoire).
  • Mobiliser la finance et réduire les dépenses dans l’industrie : les banques portoricaines sont entrées dans un cycle de désendettement. Le resserrement de crédit qui s’ensuit ne sera pas sans conséquence sur la consommation des ménages. En outre, les banques ne présentent pas de fonds propres assez solides (principalement composés de dépôt non-core) pour espérer s’internationaliser. En somme, il convient soit d’attirer de nouveaux acteurs ou bien de participer à un développement du système financier4. Concernant la réduction des dépenses inutiles il n’existe, selon nous, qu’une seule solution viable consistant en une réduction du poids de l’État dans l’économie, substituant la logique smithienne d’une main invisible à la logique inopérante de la main visible de l’État. Des mesures allant dans ce sens sont par ailleurs en train d’être discutées au sein du Sénat de l’île, notamment vis-à-vis de la gestion du système de santé.
  • Réforme du système fiscal : la récente fin de la section 936 du Code de l’impôt n’a pas été sans conséquence pour Porto Rico. Ayant beaucoup souffert de ce rehaussement soudain du taux d’imposition, il apparaît désormais inévitable d’élargir l’assiette et de réduire les taux, afin d’inciter à la consommation, tout en préservant des recettes fiscales conséquentes. L’objectif à court terme étant d’obtenir un excédent primaire, gage d’amélioration de la situation.

Un long chemin attend le gouvernement portoricain qui va très certainement vivre de pénibles années, contraint de gérer ce qui s’annonce comme la plus grande crise économique que le pays ait subi.

Verdict

Porto Rico : la Grèce des États-Unis ? Non. Assurément non. Tout d’abord statistiquement, l’écart est évident. La dette publique portoricaine de 70 milliards de dollars est loin des 320 milliards de la Grèce. Même rapporté au nombre d’habitants, l’écart reste présent bien que plus restreint (29 600€ contre 19 000€). En pourcentage du PIB, la différence est claire : 70% pour Porto Rico, 177% pour la Grèce.

En outre, il apparaît qu’entre ces deux pays, les dépenses de consommation ne sont pas exactement sur la même pente. De manière intéressante, on peut noter que l’île a été relativement peu touchée par la crise de 2007. L’explication principale de ce phénomène tient au fait que l’État-libre associé profite des aides de Washington. Or ces dernières sont restées au même niveau et ont même légèrement augmenté sur cette période, alors que les recettes envoyées à Washington ont, elles, diminué. Ces aides ont donc mécaniquement augmenté au sein des revenus des ménages permettant de soutenir la consommation.

Croissance des dépenses de consommation finale des ménages par habitant (% annuel)
Alexis Ladasic, http://businesscycles.eu/eco/porto-rico-la-nouvelle-grece-des-caraibes/Croissance des dépenses de consommation finale des ménages par habitant (% annuel)

Les perspectives ne sont pas les mêmes. Les contraintes non plus. Il ne suffit donc finalement pas de ne pas honorer sa dette pour ressembler à la Grèce. Porto Rico devra faire mieux que ça.

Sur le web

  1. Pour plus d’information nous renvoyons vers l’exhaustif livre de Francisco Scarano, Sugar and Slavery in Puerto Rico. The plantation Economy of Ponce, 1800-1850 (The University of Wisconsin Press, 1984).
  2. Pour plus d’information nous renvoyons vers l’utile Economic History of Puerto Rico : Institutional Change and Capitalist Development (Princeton University Press, 1986) rédigé par James L. Dietz.
  3. L’île est toutefois relativement isolée, se situant à plus de 1 000 miles de Miami. Les entreprises sont donc moins incitées à s’y installer pour pénétrer le marché américain. Mais de manière intéressante, elle est moins isolée qu’Honolulu ou l’Alaska.
  4. Par souci de concision, nous ne traiterons pas ici la complexe mais non moins intéressante question d’une sortie de Porto-Rico du système dollar.
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  • Il y a un point commun entre Porto Rico et la Grèce: le socialisme.
    Ces deux pays sont des bastions socialistes.
    Porto Rico est un fief gauchiste, c’est sans doute l’endroit le plus à gauche des USA. Porto Rico était l’exemple à suivre de l’aile gauche du Parti démocrate. On voit le résultat aujourd’hui de la politique socialiste.
    Ces deux pays ont été ruinés par le socialisme. La Grèce est le pays le moins libre économiquement de l’UE

  • Excellent article qui met fin à une comparaison ridicule. Et puis Porto Rico n’a pas d’autre choix que de faire des efforts vu qu’un renflouement du gouvernement US n’a aucune chance d’arriver. La possibilité pour les Portoricains d’émigrer aux USA sans contraintes permet aussi d’éviter un chômage de masse où des gens se sentent sans perspective et creusant le déficit de l’île via les allocations chômage. Tout comme Detroit je pense que Porto Rico se remettra, aux USA il y a toujours une incroyable capacité à se relever…Indianapolis et Cleveland sont plutôt prospères après des décennies difficiles, Las Vegas se remet et Miami s’est totalement remise.

    • Pour ce qui concerne la capacité à se [re]lever, et pas mal d’autres choses, Puerto Rico, c’est les Etats-Unis comme Mayotte est la France.

      • C’est pas faux. Cependant en plus de 100 ans sous contrôle américain l’île a très probablement intégré partiellement la culture américaine, donc la capacité à se relever est peut-être là, et puis l’île va être un peu obligée de se réformer et maîtriser ses dépenses.

    • « Tout comme Detroit je pense que Porto Rico  » Marrant, comme par hasard, Detroit et Porto Rico sont deux bastions gauchistes. Ces deux endroits ont fini en ruine alors que c’étaient des fiefs gauchistes

      • Il n’y a point de hasard. Et pour Detroit c’est surtout un gouverneur Républicain qui a remis de l’ordre et a permis à la ville de pouvoir enfin aller de l’avant.

        • Les habitants de détroit n’ont pas attendu l’arrivée du gouverneur pour remettre leur ville en route. Vous prenez les gens pour des moins que rien. C’est typique des socialistes de s’attaquer à l’intelligence des autres.

          • Moi socialiste? Vous vous prenez pour qui?? La ville était en décomposition totale avant cela, point à la ligne.

            • Et alors ? Les liens de la vraie solidarité entre les gens avaient complètement disparu ?

              • La solidarité je sais pas, par contre le crime lui s’amplifiait, et la population continuait à fuir massivement. La majorité de ceux restés étaient pauvres et noirs à 87%, sans les moyens de sauver la ville par eux-même…La ville était trop affectée par 40 ans de règne progressiste, il fallait nettoyer les écuries pour permettre à la population et ses entreprises de s’émanciper justement et redonner du souffle à la ville, ce qu’a fait Rick Snyder justement en tant que gouverneur..Des politiciens comme moi, qui ont des tripes, il en faudrait davantage.

    • Merci pour votre commentaire !
      Effectivement le gouvernement américain se refuse à un bail-out. Cependant on est en droit de penser que le gouvernement fera partie des potentiels acheteurs des obligations portoricaines dans les prochains jours. Pour rappel, ces dernières – dont l’émission a été repoussée – auraient un coupon de 8% selon des sources Bloomberg. La levée devrait fournir 750 millions de dollars au Commonwealth. Bref, un bail-out dissimulé ?
      Par contre, je pense que la comparaison avec Detroit est difficile à établir. Justement parce que le gouvernement se refuse à renflouer l’île, là où ses aides ont très certainement permis à la ville de limiter la casse et le chômage … Au moins pendant un certain temps !

      • Vous ne trouvez pas qu’il y a aussi un problème de fond?

        Ce statut « bâtard » qui soumet Porto Rico à des exigences U.S. (vos exemples: transport par bateau et salaire minimum mais aussi une représentation hybride au parlement U.S.: si je me souviens bien: 2 députés, 0 sénateur).

        On ne peut pas dire qu’il s’agit ‘un pays indépendant ni que c’est un état des États-Unis: il est toujours difficile de voir qui décide quoi (officiellement ou par influence) et qui est responsable de quoi directement et indirectement!

        • Pour cela un référendum doit avoir lieu pour que le peuple décide s’il veut devenir un Etat ou non puis le Congrès doit l’entériner. Mais il y a de nombreuses divisions aux USA comme à Porto Rico.

        • Vous soulevez un excellent point. Mais il ne faut pas oublier que ce statut comporte également un certain nombre d’avantages dans des situations économique données. En période de développement par exemple, Porto Rico a profité d’un marché américain déjà développé vers lequel exporter plus facilement. L’île a également profité d’une devise internationale. En outre, en période de crise, Porto Rico reçoit des aides qui permettent aussi de maintenir un niveau de demande élevé. Bien évidemment, cette solution temporaire ne saurait être gage de croissance future. Aujourd’hui, à mon humble avis, si Porto Rico obtenait une indépendance totale, cela devrait aller de pair avec une plus grande diversification de son économie et des réformes sur les points énoncés dans cet article !

          • Les soit disant « avantages » se transforme le plus souvent en fardeau avec le temps. C’est un peu comme le pétrole, les richesses acquises sans efforts ne conduisent jamais à rien de bon car elle poussent aux solution facile et à la paresse. Pourquoi travailler, innover? l’argent tombe tout seul. L’histoire de l’industrie pharmaceutique a Porto Rico est exactement l’exemple qui démontre pourquoi des avantages indus finissent toujours par produire des situations délétères.

            • Je suis entièrement de votre avis. Cependant, je ne peux m’empêcher de penser que certaines aides ont pu avoir un impact positif sur l’île, dont la situation économique est si particulière. Comme je le souligne dans l’article, l’éducation a su profiter de nombreuses aides, ce qui ne sera pas sans conséquences sur l’avenir du pays ! L’industrie pharmaceutique a profité d’avantages fiscaux qui ne sont effectivement plus d’actualité. Cela suffit-il à dire que c’est un échec, simplement parce que cela a été temporaire ? Il est parfois difficile pour une région de vivre d’une spécialisation lorsque la région voisine (plus riche) est déjà diversifiée et jouit déjà de larges économies d’echelle. Je vous renvoie pour cela vers un article fascinant de P. Krugman et A. Venables « Globalization and the inequality of Nations » (Quarterly Journal of Economics, 1995). En tout état de cause, vous avez raison de parler d’innovation pour une croissance future saine. Je suis le fervent défenseur de cette idée également !

    • Mais on remarque que les US arrivent de plus en plus difficilement à se relever la cause bien sur est la socialisation rampante qui met en place de plus en plus de blocage dans la société et freine le dynamisme naturel de la société américaine. Les US s’européanise en quelques sorte…

      • Non, pas vraiment. Encore une fois ils se sont remis de la crise bien plus rapidement que le reste du monde développé. Et la plus belle preuve que le pays ne s’européanise pas est le boom du gaz et du pétrole de schiste, que l’Europe n’arrive toujours pas à répliquer, ni la Chine et l’Argentine d’ailleurs. De nombreux Etats US ont, ces dernières années, baissé les impôts, réduit les dépenses, limité les syndicats..etc..Tu parles d’une socialisation ! C’est pas parce que Obama a fait passer Obamacare qu’il y a européanisation/socialisation.

  • Vous me pardonnerez d’être un peu maniaque, mais :

    Toujours plombée par une dette de 72 milliards de dollars

    Le PIB du pays s’élève à 103,1 milliards de dollars,

    Le pays en est donc arrivé à une dette totale représentant 105% du PIB.

    Il y a une petite imprécision : la dette est-elle bien juste à 72 mrds ou plutôt à 108 ❓

    Sinon bon article 🙂

    • Effectivement, je vous prie d’excuser cette faute de calcul. Je vais veiller à modifier cela: la dette est bien de 72 milliards, le ratio dette sur PIB se situe donc dans les 70%. Merci pour votre diligence !

      • De rien 😉

        Donc Schauble a bel et bien raison 🙂

        De 70 pour l’un à 170 pour l’autre, et encore, on ne compte pas les 86 milliards récemment alloués et donc 23 tombent ce mois, donc 170 est la meilleure hypothèse. Il n’y a pas photo …

      • Donc Porto rico est dans un bien meilleur état que la Grance, charmant…

  • Curieux que vous n’ayez pas mentionné la situation particulièrement périlleuse de l’Illinois et en particulier de la ville de Chicago, fiefs gauchistes également. les entreprises ferment les unes après les autres pour émigrer soit dans un autre Etat de l’Union soit éventuellement au Mexique … Sous peu Chicago ne pourra plus payer les retraites et les salaires de ses employés !

    • L’Illinois est en effet dans de beaux draps, d’ailleurs la modeste réforme des retraites qui était passé a été rejetée par les tribunaux de l’Etat, c’est mauvais. L’Etat de l’Indiana est ravi, ça fait des années qu’ils prennent emplois et talents à l’Illinois, les aidant ainsi à prospérant en utilisant ces richesses et talents à meilleur escient.

    • C’est un vaste sujet ! Je souhaitais cependant me concentrer sur Porto Rico dans ma comparaison. Je tenterai d’aller dans cette direction pour un prochain article peut-être ! Merci

  • Ah ! Une belle île, le problème est qu’ils parlent Espagnol très spécial, et en émigrants : ils doivent parler un minimum d’anglais (qu’ils parlent comme les Français)- La communauté Portoricaine de Miami a déjà les serveurs, et employés plus que nécessaires : ce n’est pas là qu’ils vont trouver du travail : il ne leur reste que la délinquance : cette afflux de Portoricains a mauvaise presse à Miami.
    Certains demandent à s’unir à l’Espagne !! Iván Arrache : président de l’organisation Autonome pour Puerto Rico : et il a un franc succès dans son pays. En ayant marre de la fausse association aux USA, juste marquée par un gouverneur colonial nommé : Alejandro García Padilla, celui là même qui avait annoncé que la dette de 72 Milliards $ , ne pourrait être payée. Et qui ne supporte pas que la nsituation de son pays soit comparé à la Grèce.
    Pourtant la crise est grave et les magasins ferment…le non paiement des pensions est à l’horizon…

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