#TelAvivSurSeine : Anne Hidalgo frondeuse

Anne Hidalgo, en affirmant que nous ne sommes pas forcément comptables de la politique d’un gouvernement, a t-elle conscience qu’elle s’attaque au principe de la démocratie représentative ?

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Anne Hidalgo (crédits Philippe Grangeaud-Parti Socialiste, licence Creative Commons)

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#TelAvivSurSeine : Anne Hidalgo frondeuse

Publié le 16 août 2015
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Par le Parisien Libéral

telavivsurseine by did.van(CC BY-NC-ND 2.0)
telavivsurseine by did.van(CC BY-NC-ND 2.0)

300 policiers supplémentaires pour surveiller l’opération Tel Aviv sur Seine ! Est-ce que ca en valait la peine ?

Mais prêtons à Anne Hidalgo deux neurones d’intelligence, et imaginons que derrière l’opération « Tel Aviv à Paris Plages », la maire de Paris cherche réellement à proposer un modèle alternatif à la subordination classique des villes aux pays auxquels elles appartiennent. En effet, malgré le caractère émotif du contexte du conflit israélo-palestinien, la tribune d’Anne Hidalgo contient des éléments intéressants. Certes, ceux-ci auraient été plus visibles dans le cadre d’Athènes Paris Plages mais la gauche et l’extrême gauche préfèrent combattre Israël plutôt que la Grèce.

Anne Hidalgo nous dit : «Tel Aviv est une ville balnéaire appréciée des noctambules du monde entier (…) ouverte à toutes les minorités, y compris sexuelles, créative, inclusive, en un mot une ville progressiste, détestée à ce titre en Israël par tous les intolérants». «C’est à Tel-Aviv qu’ont lieu les manifestations de solidarité les plus impressionnantes avec la famille de l’enfant palestinien brûlé vif par des fanatiques». «Je ne saurais rendre une ville ou une population comptable de la politique de son gouvernement».

Ces propos n’ont rien d’évidents. Ils ont d’ailleurs immédiatement été critiqués par Claude Goasguen, le maire UMP /Les Républicains du XVIeme arrondissement. Il a dit : «Tel-Aviv ne se borne pas à une plage». «Comment peut-on distinguer la ville de Tel-Aviv de l’État d’Israël? La distinction laisse perplexe (…) Je ne crois pas non plus que les habitants de Tel-Aviv aient refusé de défendre leur pays lorsqu’il a été victime des roquettes du Hamas». Autrement dit, pour Claude Goasguen, soutenir Tel Aviv, c’est soutenir Israël.

Qu’est-il passé par la tête d’Anne Hidalgo pour qu’elle expose une telle vision ? Pensait-elle au fait qu’elle est qualifiée de « frondeuse » de facto par une partie de la presse quotidienne ou hebdomadaire et que donc, elle ne se sent pas comptable de la politique de Valls et Hollande ? Avait-elle en tête le défi lancé par le maire du IIeme arrondissement, l’écolo Jacques Boutauld, officier d’état civil et chargé de faire appliquer la loi de par ses fonctions et pourtant recensé comme participant à une manifestation interdite par le pouvoir ? Ou bien pensait-elle à la mairie du XXeme arrondissement, qui agit fréquemment comme un contrepoids au Quai d’Orsay en affichant sur la façade de la mairie ses propres orientations diplomatiques ? La maire de Paris, la collectivité locale la plus peuplée et la plus riche de France, vient de tranquillement affirmer qu »on ne saurait rendre une ville ou une population comptable de la politique de son gouvernement ». Pourquoi ?

Le phénomène de prise de distance de certaines villes vis a vis du pouvoir n’a rien de neuf. Pensons par exemple au conflit qui a opposé Etienne Marcel à la royauté, ou à l’autonomie croissante des villes marchandes de Flandres au Moyen Age.

Mais cette problématique a récemment été réactualisée, par le biais des « villes-monde » qui cherchent à être autre chose que de simples municipalités. New York et Paris ne cherchent-elles pas, par exemple, à prendre acte du fait que leurs populations ne sont pas toujours en règle avec les lois sur l’immigration et qu’il faut donc offrir aux sans papiers une alternative aux politiques bureaucratiques gouvernementales ?

C’est donc un vieux débat qu’Anne Hidalgo vient de réactualiser. Mais ses implications peuvent aller bien plus loin que l’analyse de la relation entre villes et états.

Prenons le cas de la France, son système social payé à crédit, ses guerres en Afrique décidées sans en avoir référé au parlement, ses lois parfois violemment contestées par une partie croissante de la population. Anne Hidalgo, en affirmant que nous ne sommes pas forcément comptables de la politique d’un gouvernement, a t-elle conscience qu’elle s’attaque au principe de la démocratie représentative ? Si tel est le cas, alors cela peut etre une bonne chose. Mais alors, qu’elle en tire quelques conclusions pratiques, comme la mise en place plus fréquente de référendums, à commencer par l’échelon qui est le sien, au niveau de la ville de Paris. Fiscalité, Jeux Olympiques, Tour Triangle … il y a tant de sujets sur lesquels les parisiens sont comptables malgré eux de la politique de l’exécutif parisien …!

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  • Tout à fait, et j’applaudis la conclusion.
    Mais je suis convaincu qu’Anne Hidalgo ne fait que défendre sa décision et sa position de maire, sans réfléchir le moins du monde à ces implications… elle n’en a probablement rien à faire. Mieux même, à la première occasion elle défendra les positions socialistes habituelles sur la démocratie représentative, sans se soucier le moins du monde de son incohérence…

  • Sans être comptable d’une quelconque politique, je me propose de constater, combien coûte au contribuable le déplacement de 300 policier pour sauvegarder « la paix dans un milieu paisible », en principe.
    Cette initiative dans un contexte de crise économique, coûtera au contribuable au moins 27 000 €, par mois : 550 000 € !!!

  • Un acte de courage politique, en contradiction avec ses alliés communistes et écologistes : Madame Hidalgo surprend !

    • Le courage de dépenser l’argent des autres dans des mesures qu’ils n’approuvent pas.

      Quel courage !

    • Il s’agit surtout d’un formidable gaspillage d’argent public, mobiliser 500 policiers et gendarmes pour deux pelés et trois tondus (même la presse subventionnée n’a pas réussi à cacher que Tel-Aviv sur Seine fut un bide), est-ce bien raisonnable ? Personnellement, je ne le pense pas et pourtant, il n’était pas difficile d’anticiper la désaffection des visiteurs pour au moins trois raisons :
      – La principale est bien entendu le risque de violences diverses.
      – À tord ou à raison, ce n’est pas ici le sujet, les Français soutiennent davantage la Palestine qu’Israël et ne font pas la distinction entre ce pays et Tel-Aviv comme l’a fait Hidalgo.
      – Qui a envie de se pointer à un événement festif en passant par un check-point digne de ce que l’on trouve en Israël ? Personne même si le dépaysement est pour le coup garanti.

      • Les gens qui vont sur les quais de Seine y vont pour se détendre dans un cadre festif, pas pour aller dans un cadre polémique manifester pour ou contre une politique.

        D’ailleurs le message n’était pas clair. Pour qui pour quoi?

    • Courage, vous dites.

      Alors expliquez-moi quel est le message opposé à qui. Je ne vois là que critique (même pas implicite) contre Israël et sa politique militaire d’autodéfense.

      Il s’agit bien de jouer pour Tel Aviv et contre Israël!

  • quelle mouche l’a piquée ? elle a peut être quelques ambitions nationales , les candidats PS disponibles pour les présidentielles, y en a pas !

  • Certains ont la mémoire courte …

    https://www.youtube.com/watch?v=cfRqI78zI4o
    https://www.youtube.com/watch?v=57O_6uHRDow

    coulibaly, merah, nemmouche etc. donc oui 300 policiers étaient nécessaire.

  • 1) Ce n’est pas une frondeuse, puisque elle est sur la meme ligne que Hollande et Valls, ce dernier l’a d’ailleurs soutenu publiquement sur twitter et ceci sans équivoque, et les 2 ont toujours plus défendus Israel que la Palestine.

    2) Elle savait précisément ce qu’elle faisait, elle savait qu’un tel evenement ne serait pas passer dans une partie de l’opinion publique… donc comme d’habitude, les politiques, jouent avec le feu pour se faire bien voir et pour chercher, justement, une place plus chaude et plus rémunératrice, en se rapprochant de l’idéologie de Valls, elle prend un pari, si Valls passe président, Hidalgo sera nommé premier ministre… c’est tout l’enjeu pour elle. Il y avait un paquet de #trucsurplage a faire avant telaviv…. a peu près toutes les villes du monde, ce choix est clairement fait en connaissance de cause.

    3) il est tout de meme lamentable qu’en France un tel évenement ne puisse pas avoir lieu, car meme si la politique israelienne (voté par le peuple israelien) est plus que discutable (des 2 cotés), pourquoi les américains ne pourraient pas rendre honneur à la France lors d’un ParisMississipi ? Parceque l’on a un président et un premier ministre incapable ? Non la France n’est pas Hollande ou Valls, mais le peuple francais, qui n’a pas voté a 100% pour Hollande mais a 39% au 2eme tour. (46M d’inscrits et 18M votants pour Hollande) nous ne sommes pas du tout dans un système de démocratie représentative… les mots ont un sens, et un représentant qui ne représente que 39% n’est pas représentant de plus de 60% de la population. Bref Hollande ne me représente pas.

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