6 livres pour se creuser la tête cet été

Bronzer idiot, ce n’est pas votre truc ? Un peu de remue-méninges.

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Vacances, plage - Crédit photo : Lolita C. via Flickr (CC BY-ND 2.0)

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6 livres pour se creuser la tête cet été

Publié le 28 juillet 2015
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Par Frédéric Mas.

Vacances, plage - Crédit photo : Lolita C. via Flickr (CC BY-ND 2.0)
Vacances, plage – Crédit photo : Lolita C. via Flickr (CC BY-ND 2.0)

1 – Société : la société des inconnus

Paul Seabright La société des inconnusDans ce livre, Paul Seabright s’interroge sur une évolution sociétale majeure : comment se fait-il que l’homme, cet animal à l’origine génétiquement programmé à vivre en hordes méfiantes des étrangers, accepte aujourd’hui de faire confiance quotidiennement à des inconnus ? Nous prenons le bus chaque matin, achetons au supermarché à des individus que nous ne connaîtrons jamais et qui travaillent pour nous sans que nous le sachions. Pour répondre à cette question, l’auteur explore les mécanismes de la société complexe et de la coopération sur le marché en l’illustrant par de multiples exemples. En reprenant la perspective évolutionniste, Paul Seabright dévoile à la fois la grande complexité des échanges et des liens de confiance tissés par la société moderne, mais aussi sa grande fragilité. Ainsi, l’auteur prend l’exemple de la crise de 2008 comme effet de panique politique et morale : son extension se fait d’autant plus facilement dans un monde hyperconnecté. Notons les grandes similitudes entre le raisonnement de Seabright et des auteurs libéraux peut-être plus familiers de nos lecteurs comme F. Hayek, J. Buchanan ou M. Ridley.

S’il ne fallait retenir qu’une idée : l’efficacité, comme la fragilité, de la société complexe vient de sa capacité à entretenir la confiance entre individus qui ne se connaissent pas.

2 – Fiscalité : La tyrannie fiscale

La Tyrannie Fiscale Pascal Salin (crédits : Odile Jacob, tous droits réservés)On ne présente plus Pascal Salin. Économiste renommé, ancien président de la Société du Mont Pèlerin, il est aussi l’un des intellectuels publics français les plus prolifiques. L’auteur prend ici la plume à l’occasion de la prise de conscience d’une partie de la population française du fardeau fiscal qui est en train de tuer le pays. L’ouvrage propose une réflexion approfondie sur les fondements de l’État et de l’impôt, ainsi que sur les réformes nécessaires à engager pour réduire leur rôle destructeur dans la société. En effet, l’auteur défend l’idée que l’impôt, au lieu de redistribuer la richesse, par son caractère autoritaire, la détruit purement et simplement. En conséquence, l’investissement public le plus intelligent devrait être de les diminuer le plus rapidement possible.

S’il ne fallait retenir qu’une idée : la tyrannie fiscale se double nécessairement de la tyrannie politique.

3 – Philosophie : le capital I. l’invention du capitalisme

leter1Michel Leter était connu des spécialistes pour ses travaux sur l’école de Paris, cette tradition intellectuelle purement française du libéralisme politique et économique. Dans Le Capital, il quitte le domaine de l’histoire pour faire revivre son économie politique qui n’a rien à envier à celle d’Adam Smith et de John Locke. Pour ce faire, Leter propose de revenir à l’essentiel, la définition de capitalisme, que libéraux comme non-libéraux tiennent pour acquise. Le « capitalisme » est en fait une fiction, une stratégie de langage défendue par les diverses formes de collectivisme pour dissocier l’homme de son capital, qui est un fait anthropologique. Comme l’écrit Leroy-Beaulieu, cité par l’auteur : « sans le capital, le genre humain serait resté éternellement adonné à la chasse, à la pêche et à la cueillette des productions spontanées du sol. […] Ces deux occupations primitives sont les seules, en effet, qui fournissent à l’homme des produits immédiats, qu’il puisse consommer sans délai ; mais ces produits sont incertains, inégaux et limités (p. 12) Pourquoi inventer la chimère philosophique d’un homme dépourvu de capital victime à travers les siècles d’oppresseurs « capitalistes », si ce n’est pour justifier la prédation, c’est-à-dire le transfert forcé de biens d’une catégorie de la population à une autre au nom de la « justice sociale » ? La fiction capitaliste triomphera ensuite dans les universités pour mieux éliminer le véritable esprit du capital et de ses défenseurs libéraux. Monument d’érudition, de rigueur analytique, véritable philosophie morale et politique critique doublée d’une parfaite connaissance de l’économie d’hier et d’aujourd’hui, Michel Leter pourrait bien vous convaincre de troquer les enseignements de l’école autrichienne pour ceux de l’école de Paris !René le Honzec livre d'été

S’il ne fallait retenir qu’une idée : le « capitalisme » est un piège sémantique destiné à perpétuer l’idéologie socialiste.

4 – Économie générale : Anti-Piketty

Lecaussin Delsol Anti-PikettySi Thomas Piketty jouit dans les médias d’une aura de superstar, dans les universités, son livre sur le Capital au XXIe siècle divise. Il faut donc saluer le dernier ouvrage collectif de Jean-Philippe Delsol et Nicolas Lecaussin sur le sujet : il regroupe la fine fleur des économistes, fiscalistes et historiens critiques de Piketty, en France mais aussi sur la scène internationale. C’est d’ailleurs sans doute l’un des intérêts majeurs de l’ouvrage : à côté d’auteurs bien connus des lecteurs de Contrepoints comme Emmanuel Martin ou Bernard Zimmern, on retrouve des auteurs du monde anglophone comme Daron Acemoglu, Robert Murphy ou Donald Boudreaux. Tous relèvent les erreurs de méthode, les présupposés idéologiques et les procédés à la limite de l’honnêteté de l’économiste français. Comme le rappelle Jean-Philippe Delsol, insister sur les inégalités produites par le capitalisme ne doit pas masquer un autre fait historique majeur lié au développement des marchés depuis deux siècles, celui de l’enrichissement des masses (p. 36). Ceci pourrait résumer à lui seul l’intérêt de lire l’ouvrage : le capitalisme est en lui-même un système d’allocation des ressources qui a plus fait au cours des derniers siècles que les politiques égalitaristes défendues aujourd’hui.

S’il ne fallait retenir qu’une idée : l’égalitarisme de Piketty ne doit pas masquer la dynamique positive de l’économie de marché.

5 – Géopolitique : Les grands théoriciens de la géopolitique

Florian Louis Les grands théoriciens de la géopolitiqueQu’est-ce qui motivent les États sur la scène internationale ? Pour pouvoir répondre à cette question, le passage par les plus grands théoriciens de la géopolitique est obligé. Comme l’expliquait Zbigniew Brzezinski, « la géopolitique reflète la combinaison des facteurs géographiques et politiques déterminant la condition d’un État ou d’une religion, et souligne l’influence de la géographie sur la politique. » Florian Louis, dans un petit essai, passe en revue les idées directrices des Carl Schmitt, Friedrich Ratzel, Alfred Mahan ou encore Samuel Huntington pour penser les relations internationales. Le livre offre une bonne idée des principaux concepts en usage dans la discipline, sans pour autant passer sous silence sa critique interne. En effet, la dernière partie de l’ouvrage présente plusieurs auteurs critiques de la discipline, peu connus dans le monde francophone, qui partagent le même scepticisme à l’endroit des prétentions scientifiques de la discipline.

S’il ne fallait retenir qu’une idée : comment penser concrètement la structure des relations internationales ?

6 – Bande dessinée : Logicomix

LogicomixLogicomix est une manière originale d’intéresser les non-spécialistes à l’histoire contemporaine de la recherche sur les fondements des mathématiques. Cette bande dessinée, qui prend pour trame narrative la vie de Bertrand Russell, de son enfance jusqu’à sa consécration à la veille de la seconde guerre mondiale, offre un panorama saisissant des intellectuels européens ayant travaillé sur la philosophie des sciences, la logique et les mathématiques au XXIe siècle. Le style, dans l’écriture comme dans le dessin, est clair. L’explication, non technique, est à la portée de tous. Notons que la narration est construite de manière intelligente : le récit met en scène les auteurs du livre comme cherchant à rendre compte de la vie de Bertrand Russell, ce qui leur permet d’exposer au lecteur la part de fiction que l’ouvrage comme celle se rapportant aux faits réels.

S’il ne fallait retenir qu’une idée : la quête sur les fondements des maths en BD !

  • Apóstolos Doxiádis, Christos Harilaos Papadimitriou, Logicomix, Vuibert, 352 pages.

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  • Je préconise pour ma part quatre livres :
    Le mythe de Sisyphe d’Albert Camus, à lire et relire …
    Siddharta d’Hermann Hesse
    Pensées pour Moi-même de Marc-Aurèle
    et enfin l’incontournable pamphlet de H16 : Petit traité d’anti-écologie
    Bonnes vacances

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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