Grèce : l’accord mensonger

François Hollande défend l’enfumage comme méthode politique.

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Grèce : l’accord mensonger

Publié le 18 juillet 2015
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Par Serge Federbusch.

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Quel magnifique accord que voilà ! En résumé, les Grecs font semblant d’engager des réformes, l’Europe fait semblant d’y croire et l’Allemagne fait semblant de payer. L’usage de termes contradictoires et d’adjectifs aussi imprécis que grandiloquents rythme l’accord conclu au sein de l’Eurogroupe. Des « mesures directes pour améliorer la viabilité à long terme du système des retraites (seront prises) dans le cadre d’un programme global de réforme des retraites ». On appréciera la conjonction du direct, du long terme et du global sans autre forme de précision. Une « rationalisation » du régime de TVA sera « engagée » pour « un élargissement de l’assiette fiscale afin d’accroître les recettes ». Bienheureux celui qui traduira cet engagement en termes précis tout comme celui qui définira la savoureuse « pleine mise en œuvre des dispositions pertinentes du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire, notamment en rendant opérationnel le conseil budgétaire avant la finalisation du protocole d’accord et en introduisant des réductions quasi automatiques des dépenses en cas de dérapages par rapport à des objectifs ambitieux d’excédents primaires ». Ouf ! L’important étant bien sûr le mot « quasi ». S’agissant des retraites, les Grecs avancent du bout des lèvres que l’âge de départ sera repoussé à 67 ans… ou à 40 ans de cotisations, ce qui est loin du compte pour la deuxième branche de l’alternative et très éloigné de ce qui se fait ailleurs en Europe et même en France.

Partout dans l’accord, la Grèce est censée « mettre en œuvre », « engager », des termes qui en réalité peuvent aboutir à une inaction totale dès lors qu’ils seront interprétés par Alexis Tsipras, maître ès manœuvres retorses. Ainsi, sur le verrouillage syndical de l’économie, la Grèce devra : « en ce qui concerne le marché du travail, entreprendre un réexamen rigoureux et une modernisation des négociations collectives et de l’action syndicale… ». Le fameux fonds de privatisation lui-même ne fait que reprendre un objectif de 50 milliards de recettes défini dès février 2011 et dont moins du dixième a été effectivement encaissé à ce jour. Bref, l’accord européen fait penser à une vulgaire loi Macron : des grandes tirades qui se traduisent surtout par l’ouverture de quelques magasins le dimanche.

Contrepoints669 - Grèce mensonge - René Le HonzecCe que voulait le Premier ministre grec, c’était avant tout la quinzaine de milliards d’euros qui lui permettront de tenir quelques semaines et faire face aux échéances de remboursement qui l’attendent jusqu’à l’automne. Par un tour de passe-passe et le truchement du Mécanisme européen de solidarité, la BCE se remboursera elle-même en rachetant des obligations émises par les créanciers de la Grèce. Pour prix de tous ces bras de fer et de son référendum, Tsipras obtiendra peut-être dix milliards supplémentaires « ségrégués » (sic) au MSE pour recapitaliser des banques exsangues. Mais la seule fuite des capitaux observée ces dix derniers jours est largement supérieure à ce montant. Le problème grec s’est singulièrement aggravé durant les dernières négociations.

Au-delà de cette brève échéance, quid ? Rien, si ce n’est des formules creuses. « L’Eurogroupe est prêt à envisager, si nécessaire, d’éventuelles mesures supplémentaires » (un allongement éventuel des périodes de grâce et des délais de remboursement) afin de faire en sorte que les besoins bruts de financement demeurent à un niveau soutenable. Ces mesures seront subordonnées à la mise en œuvre intégrale des mesures à convenir dans le cadre d’un nouveau programme  éventuel et seront envisagées après le premier réexamen qui aura abouti à un résultat concluant ». Plus éventuel tu meurs ! À malin, malin et demi.

Ce qu’il faut malheureusement conclure de toutes ces palinodies est que la Grèce, plombée par un taux de change de l’euro qui ne correspond en rien à ses capacités économiques, ne fera que s’enfoncer dans la déshérence. Le seul homme qui a manifesté un tant soit peu de goût pour la cohérence et la vérité fut Varoufakis, ministre des Finances démissionnaire, qui a avoué quelle était son alternative : émettre des quasi-euros en reprenant le plein contrôle de la Banque de Grèce. Il est probable que cette solution jusqu’au-boutiste réapparaisse rapidement. Elle seule agit comme un épouvantail sur l’oligarchie financière européenne et l’a contrainte au compromis en trompe l’œil de ces derniers jours.

L’enfumage, que François Hollande a élevé au rang de méthode de gouvernement, gagne l’Europe entière. Pas étonnant qu’il s’en gargarise dans son entretien du 14 juillet ! L’audace dont il se vante sans sourire consiste à répandre ce nuage jusqu’en Grèce.

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  • « ils font semblant de nous payer, nous faisons semblant de travailler »

    Proverbe de l’époque soviétique applicable à la Grèce et à la France.

  • Tout ceci n est qü’un grand théâtre guignol qui finira très mal pour tout le monde!

  • Quand Syriza a pris le pouvoir, la gauche Française a lâché d’un seul trait « IL FAUT LES AIDER A RÉUSSIR PAR TOUS LES MOYENS ».
    Elle ne faisait qu’écho à la gauche Européenne. Qui y trouvait là un Laboratoire pour ses idées.

    Le peuple Grec servant de cobaye.

    Depuis 2 jours, Frondeurs et autre extrême gauche, ne considère plus le camarade Tzypras.

    d’ailleurs PODEMOS, vient de retirer de ses promesses, la renégociation de la dette Espagnole.

  • Attention a la chute ca pourrais vraiment etre pire une Grèce qui s arme comme jamais.
    La France n a jamais été aussi môle on dirait Daladier ca fait presque peur…
    Les français s en foutent tant qu ils ont a manger bref ca sent la chute plutôt terrible. ..
    Les libertés se réduisent au non de tous bref ca sent pas bon.
    Certains font des couts d etat le 14 juillet mais personne n en parle bref ca sent pas bon…

  • Au bal ohé ohé, … la faillite masquée ohé ohé… C’est la fête…

    Quasi-Euro ou drachme pour l’état, c’étaient des solutions. Mais on préfère se payer de mots et de grandes phrases. C’est pas les polytocards qui arrosent et fiancent la fête incessante des sotscialistes 🙁
    C’est les sans-dents 🙁 🙁 🙁

  • Et … Qui sait …. peut être qu’un neo-bolcheviste fera dégonfler l’Obèse créé par des libéraux ….

    (Indirectement, l’Etat Grec actuel étant le résultat d’un robinet ouvert par l’Angleterre, puis les USA, puis l’Allemagne pour des raisons géostratégiques, qui a aboutit à une économie complètement artificielle)

  • Pour nous aider à comprendre l’esprit Grec du jour le jour.
    Un livre d’un auteur de roman policier Grec :
    Πέτρος Μάρκαρης

    Son dernier livre m’a beaucoup appris et fait réfléchir, même s’il est bourré de clichés de gauche (dont l’auteur se défend ??!!) : j’espère qu’il sera disponible en Français.

    son titre pouvant se traduire par : NOUS SOMMES ARRIVÉS JUSQU’ICI !
    Histoire d’un commissariat et de son commissaire que l’on pourra nommer : Kostas Jaritos

  • Le peuple grec est un peuple parasite, qui vit au dépend des autres peuples européens. On ne peut pas faire n’importe quoi et après venir demander la solidarité des autres. Cela s’appelle de l’irresponsabilité. Quand les allemands se tuent au travail, les grecs , eux, se prélassent au soleil. Les allemands sont respectés à travers le monde par le sens de discipline et du travail.

    • C’est la fable de La Fontaine : « La cigale et la fourmi ». Sauf que dans la fable, la cigale a l’intelligence au moins de ne pas traiter la fourmi de Nazie.

  • Ces dirigeants sont de bons comédiens en plus ils savent bien en jouer de la pompe à fric
    Ce midi sur France musique la dame journaliste m’ informait des frondeurs grecs qui avaient démissionés alors que ce scénario était probablement écrit , du spectacle , alors que l’ important est ailleurs
    Il était une fois une crise grec

  • JOUYET est le seul homme en France crédible devant la Justice (justice façon Taubira) quand il a dit « j’ai menti… de bonne foi » ! Comme quoi même les laïques socialistes peuvent faire des miracles en créant de toutes pièces une nouvelle liberté chérie de nos politiciens: le « mensonge de bonne foi ». Lequel vous met définitivement à l’abri de toute critique partisane et même de la justice! On n’arrête pas plus la solidarité que le progrès social. Mais, attention mr. Hollande c’est comme toutes les bonnes choses, il ne faut pas en abuser .De l’audace, certes, mais pas trop…

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