Non, la crise grecque ne va pas transformer le pays en paradis du bitcoin

Si les Grecs voulaient transférer leurs économies dans les bitcoins, c’est trop tard.

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Non, la crise grecque ne va pas transformer le pays en paradis du bitcoin

Publié le 12 juillet 2015
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Par Jim Epstein, depuis les États-Unis

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bitcoin (Crédits Steve Jurvetson, licence Creative Commons)

Selon Thanos Marinos, le seul opérateur de bitcoins en Grèce, « la demande (de bitcoins) dans les quatre dernières semaines a augmenté de 400% et le nombre de clients inscrits de 600% », lit-on dans le Coin Telegraph. Ce chiffre a été repris par divers organes de nouvelles, y compris Reuters et l’International Bussiness Times, qui affirment que les Grecs convertissent leur argent en crypto-monnaie pour se protéger du gouvernement.

« Les Grecs se ruent sur les bitcoins » était le titre d’un article peu fiable de CNN Money qui ruine cette assertion dès la quatrième phrase. Lorsque les sources mettent l’accent sur les pourcentages sans fournir de données statistiques, les journalistes devraient refermer leur carnet et éviter d’écrire n’importe quoi. En d’autres termes, s’il y avait un seul client enregistré dans l’échange Bitcoin de la Grèce le mois dernier et qu’il y en a désormais cinq, cela donne une augmentation de 400 %. Et ceux qui s’enregistrent n’achètent pas nécessairement quoi que ce soit.

Si jamais des Grecs ont parlé de transférer leurs économies dans les bitcoins, ils ont laissé passer leur chance de le faire. La meilleure façon d’acquérir des bitcoins est de procéder à un échange en ligne comme Coinbase, qui implique le paiement en monnaie fiduciaire avec une carte de crédit. Mais les banques grecques bloquent actuellement pour leurs clients tout paiement en ligne. Une petite librairie en dehors d’Athènes a installé récemment le premier bitcoin ATM du pays qui accepte l’argent liquide. Mais les grecs ne pouvant retirer que 60 euros par jour, qui voudrait échanger ses précieuses liquidités pour une monnaie sans usage alors qu’il faut se procurer nourriture et carburant ? Un employé de la librairie où fonctionne le Bitcoin ATM a déclaré au eNews Channel Africa : « depuis que l’enfer s’est déchaîné, cela ne présente plus aucun intérêt ».

Le problème qui se pose dans presque toutes les utilisations de bitcoins est toujours le même : aussi longtemps que le commerce de la cryto-monnaie sera en interaction avec le système bancaire traditionnel, les bitcoins serviront principalement de moyen d’achat assez médiocre en raison de la volatilité des prix. Le point d’échange entre bitcoins et monnaie fiduciaire limite sévèrement l’utilité de la crypto-monnaie parce que les gouvernements l’utilisent comme un goulot d’étranglement pour en prendre le contrôle, soit en empêchant efficacement les gens d’acheter des bitcoins en ligne, comme en Grèce, ou en soumettant les entreprises qui effectuent ces transferts d’argent à des réglementations byzantines, comme aux États-Unis.

Bitcoin ne réalisera toutes ses promesses que lorsqu’il pourra fonctionner comme un système fermé, ce qui signifie que les consommateurs pourront acheter des articles dans des magasins qui accepteront les bitcoins et qui pourront à leur tour payer leurs fournisseurs et leurs employés en bitcoins, qui à leur tour les dépenseront dans d’autres commerces, etc. Les plus intéressantes entreprises Bitcoins cherchent à réaliser cette transition comme dans la Silicon Valley, la startup Abra.

Je suis certain que la plupart des Grecs aimeraient transformer par magie toutes leurs économies en monnaie échappant au gouvernement, mais pour y parvenir il faudrait énormément de confiance et de liquidités. Malheureusement une augmentation de 400 % d’utilisateurs en bitcoins enregistrés ces quatre dernières semaines, ou même une augmentation de 400 % des utilisateurs enregistrés les quatre prochaines semaines n’en feront pas pour autant une réalité.


Sur le web. Traduction en français pour Contrepoints : Gérard Michel Thermeau.

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  • La Grèce semble poussée vers la porte de l’Euro, par une majorité d’Européen.. certains comme la Finlande, Le Portugal, La Lettonie et l’Autriche demandent la sortie pur et simple. Si on les forçait à payer pour la Grèce, ils demanderaient aussi, l’annulation de leur dette ; sinon convoqueraient un référendum pour sortir de l’Euro.
    Heureusement que Juncker a déjà les cheveux blancs.

  • Il paraît que l’appartenance d’un Etat membre à la zone euro serait « irrévocable ». En soutien à cette théorie farfelue, certains exégètes des traités s’appuient sur l’article 140 paragraphe 3 du Traité de Lisbonne, ainsi rédigé :

    « 3. S’il est décidé, conformément à la procédure prévue au paragraphe 2, de mettre fin à une dérogation, le Conseil, statuant à l’unanimité des États membres dont la monnaie est l’euro et de l’État membre concerné, sur proposition de la Commission et après consultation de la Banque centrale européenne, fixe irrévocablement le taux auquel l’euro remplace la monnaie de l’État membre concerné et décide les autres mesures nécessaires à l’introduction de l’euro en tant que monnaie unique dans l’État membre concerné. »

    Il s’agit de la seule occurrence du terme « irrévocable » dans le Traité. En outre, ce texte est logé sous un chapitre, le cinquième, intitulé  » Mesures transitoires ». Oui, vous avez bien lu, ça ne s’invente pas ! L’irrévocabilité est une mesure transitoire… Les traités européens sont une mine insondable d’humour bureaucratique, sorte de nirvana jouissif pour technocrate européen.

    Pour revenir à la réalité, la BCE est la clé de l’affaire. Tant qu’elle alimente les banques grecque ruinées en liquidités, ces banques survivent. Le jour où les liquidités sont coupées, elles font faillites. Puisque ces dernières sont les seules à financer l’Etat grec, en cas de rupture de liquidité par la BCE, l’Etat grec sera contraint de demander à la banque centrale grecque d’émettre une nouvelle monnaie et se trouvera par conséquent expulsé de l’euro.

    Bref, c’est la BCE et elle seule qui est en mesure d’expulser la Grèce de l’euro, peu importe les agitations des guignols de la politique. Incroyable ! SuperMariole, condamné comme Atlas le Titan… Mais qui acceptera de le remplacer ?

  • Cet article est complètement nul et écrit par quelqu’un de peu objectif et peu au fait du sujet . Je ne m’attarderai pas parce que je n’ai pas de temps à perdre mais déjà rien que cette phrase « Mais les grecs ne pouvant retirer que 60 euros par jour, qui voudrait échanger ses précieuses liquidités pour une monnaie sans usage alors qu’il faut se procurer nourriture et carburant  » … 60 euros par jours ça fait 1800 euros par mois , le salaire moyen grec est loin de ça et j’imagine que le coût de la vie doit être pensé en fonction des salaires , ça laisse de la marge pour convertir ses économies en bitcoins . Quand bien même les grecs changeraient leurs salaires en bitcoins rien n’empêche les commerçants d’accepter cette monnaie et de s’adapter .

  • Une assurance, ça se prend AVANT l’accident. Et pourtant, peu y pensent.

  • Le Bitcoin est l’avenir

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