Santé : le syndrome du célibat

Au Japon et ailleurs…

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Santé : le syndrome du célibat

Publié le 11 juillet 2015
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Par Jacques Henry.

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Une étude réalisée par le Planning familial japonais et relatée par le Japan Times est inquiétante non pas seulement pour le Japon, mais également pour nombre de pays développés qui voient leur démographie chuter de façon alarmante, comme l’Allemagne ou l’Italie pour en citer deux. La baisse de natalité dans ces deux derniers pays est en effet plus violente que celle observée au Japon et a également précédé la situation japonaise. Les raisons de la situation japonaise ont pu être déterminées précisément en interrogeant 1134 personnes âgées de 16 à 49 ans. Ce n’est pas un hasard des nombres si 49% des personnes ayant participé à l’étude ont répondu d’emblée ne pas avoir eu de relations sexuelles durant le mois précédant leur interrogatoire. À peu de choses près c’est le même comportement pour les femmes et les hommes : 50,1% contre 48,3% et globalement en deux ans ces pourcentages ont augmenté de 5 points.

Les raisons de ce comportement sexuel désertique sont intéressantes : 21,3% des hommes mariés et 17,8% des femmes également mariées incriminent la fatigue au travail. Près d’un quart des femmes mariées trouvent que le sexe est ennuyeux et 18 % des hommes mariés qu’ils n’y trouvent que peu ou pas du tout d’intérêt. Pire encore, une autre étude a montré que 27% des Japonais et 23% des Japonaises ne sont pas intéressés par une relation amoureuse. Entre 18 et 34 ans, 61% des hommes et 49% des femmes n’ont aucune relation amoureuse et dans cette même tranche d’âge 36% des hommes et 39 % des femmes n’ont jamais eu de relations sexuelles.

Contrepoints647 Japon - René Le HonzecPour ce qui concerne le Japon, le désintérêt pour une relation intime provient des caractéristiques d’une économie hautement développée et de plus d’une forte inégalité entre hommes et femmes : selon le World Economic Forum, le Japon se classe 104e sur 140 pour l’égalité des sexes (des genres pour être politiquement correct), soit juste entre l’Arménie et les Maldives. Les « Office-ladys » sont soumises à une intense pression quand elles se marient et se retrouvent enceintes, et le plus souvent leur évolution de carrière est définitivement bloquée. Il y a une expression spécifiquement utilisée pour les femmes mariées exerçant une activité professionnelle, ce sont des « oniyome » qui peut se traduire par des femmes mariées démoniaques, c’est tout dire ! Du coup, la plupart des femmes privilégient leur carrière professionnelle à la création d’un foyer : à 20 ans une femme japonaise a 25% de chances de ne jamais se marier et 40 % de chances de ne jamais avoir d’enfants, c’est réjouissant.

Il y a un autre paramètre à prendre en considération pour expliquer la situation japonaise et qui en surprendra plus d’un : la timidité ou plutôt la réserve des hommes japonais vis-à-vis des choses du sexe. Manquer de maturité sexuelle a des conséquences sur la vie sociale et surtout professionnelle. Or quand on sait qu’un Japonais célibataire sur 4 est encore puceau à 30 ans, ces laissés-pour-compte de la vie représentent un réel problème de société. Devant cette situation, Shingo Sakatsume a ouvert en 2008 un institut pour éduquer des personnes sévèrement handicapés. Le but d’apprendre à connaître une vie sexuelle à peu près satisfaisante a franchi une nouvelle étape dans ce domaine non plus pour handicapés mais pour des hommes parfaitement normaux. Il s’agit de la Virgin Academia. Des hommes adultes et parfaitement normaux, sauf en ce qui concerne leur vie sexuelle, sont soumis à un exercice plutôt inattendu. C’est un cours de dessin. Un fille se déshabille devant eux, la plupart n’ont jamais vu une femme nue « en vrai », et elle choisit une posture telle que les « élèves » puissent découvrir tous les détails de l’anatomie féminine afin de se familiariser avec un corps de femme et venir à bout de leurs inhibitions et de leur timidité. Ainsi ils peuvent envisager après quelques mois trouver enfin l’âme sœur, mois durant lesquels ils doivent noter tous leurs rendez-vous romantiques et faire part de leurs succès et de leurs échecs à un conseiller.

Pour toutes ces raisons la population japonaise diminue : en 2014, selon les statistiques gouvernementales il y a eu 1 million de naissances pour 1,3 million de décès et à ce rythme, la population du pays aura diminué de 20 millions de personnes dans 25 ans. Ces prévisions démographiques considérées comme inexorables, à moins que le gouvernement n’adopte des mesures drastiques pour inciter les Japonais à se marier et avoir des enfants, rendront le poids de la dette insupportable pour les générations à venir et le poids économique et politique du Japon s’évanouira parallèlement, mais on peut en douter pour d’autres raisons qui n’ont rien à voir avec la désaffection des Japonaises et des Japonais pour les choses du sexe…

Il ne faut naturellement pas oublier de mentionner la Chine et l’Inde qui sont sur la voie de gros problèmes démographiques devenus incontrôlables en raison des politiques adoptées ou respectivement des traditions. La politique de l’enfant unique en Chine va accélérer le vieillissement de la population du pays : dans moins de 50 ans la moitié de la population aura disparu. En Inde, le déséquilibre entre hommes et femmes, beaucoup plus d’hommes que de femmes, 4 % de différence ont transformé le mariage en un rêve physiquement et financièrement inaccessible. La natalité dans ce pays est en baisse continue du fait d’une désaffection pour le mariage. En Chine c’est la course à l’argent qui fait que les jeunes en âge de se marier et de procréer choisissent le travail plutôt que le mariage qui n’est en aucun cas, bien au contraire, un ascenseur social. Trois bombes démographiques qui changeront la face de cette région du monde dans moins de trois décennies.

Sources

Sur le web

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  • L’article est intéressant, mais semble prendre la situation très particulière du Japon en exemple de ce qui se passe dans le monde. « Le Syndrôme du célibat au Japon et dans le monde… ».

    Le cas du Japon est très spécifique d’une culture où les nombreuses obligations envers le groupe, et envers une hiérarchie complexe auxquels on doit se plier étouffent toute expression individuelle. Cela explique en grande partie les inhibitions sociales dont souffre une proportion importante des japonais.

    Ce qui se passe en Chine et en Inde est dû à des facteurs complètement différents, et pour les pays occidentaux, dont les cultures sont plus semblables entre elles, on aimerait connaître les raisons de ce phénomène, qui ne peuvent être que matérielle et professionnelle.

    • « pour les pays occidentaux, dont les cultures sont plus semblables entre elles, on aimerait connaître les raisons de ce phénomène »

      @Dr Slump : Ne faites pas semblant, messieurs les antiféministes et les conservateurs, d’ignorer les raisons de la misère sexuelle occidentale. C’est justement votre antiféminisme qui en est la cause principale, étant donné qu’à cause de lui, d’une part les hommes se dénignent et sont culpabilisés s’ils se mettent en couple avec des femmes qui gagnent plus d’argent qu’eux, d’autre part les hommes se montrent intolérants avec ceux d’entre-eux qui sont trop « effeminés » (ceux qui font les tâches ménagères, ceux qui changent les couches des bébés, ceux qui ne tabassent pas leur femme si elle les trompe, ceux qui ne rabaissent pas les homosexuels dans le but de se sentir supérieurs.)

      Toute cette fierté mal placé des hommes est totalement incompatible avec une société féministe, c’est-à-dire, entre autres, une société où l’évolution de la carrière profesionnelle des femmes n’est pas définitivement bloquée une fois qu’elles se marient et tombent enceintes.

      Par conséquent il est logique que les femmes refusent de se mettre en couple avec les hommes, étant donné que si elles s’y risquent : soit elles sont traitées de salopes pour avoir été en couples avec trop d’hommes, soit elles doivent faire une croix sur leur carrière professionnelle et se retrouvent prisonnières du rôle de mère au foyer obligée de pardonner à son mari toutes ses aventures extra-conjugales.

      • LOL
        Si j’aurais su que cet article allait aussitôt être pris d’assaut par les commentaires aigres et caricaturaux des ayatollah féministes, j’aurais pas venu!

        C’est week-end, je ne tiens pas à le démarrer avec toutes ces foutaises idéologiques.

      • Je suis antiféministe, certes, et pourtant si une connaissance se met en couple avec une femme qui gagne plus que lui, je le trouverai chanceux. Si ma femme veut me tromper, libre à elle, mais ce n’est pas par la violence que je vais résoudre ce problème. Notre enfant m’a permis de m’épanouir dans mon rôle de père (quel mot horrible et rétrograde) et de changer ses couches, lui donner le bain et lui préparer ses biberons au milieu de la nuit avec grand bonheur.
        Bref vous collectionnez les stéréotypes. Avant de parler d’égalité homme/femme; il serait bien de savoir ce qu’est un homme.

        • « si une connaissance se met en couple avec une femme qui gagne plus que lui, je le trouverai chanceux ».

          C’était mon cas il y a quelque temps. J’avais noué une relation avec une femme qui gagnait 2 fois plus que moi. Quand elle a constaté que mon niveau de confort domestique était inférieur à ses standards, elle me l’a clairement fait comprendre par moult réflexions mordantes. Pour finir, elle m’a largué comme une vieille chaussette, et je n’ai pas honte de dire cet échec relationnel.

          Avant, j’aurais eu honte de comparer nos niveaux de vie respectifs pour évaluer l’intérêt de nouer cette relation. Maintenant que j’ai pris cette réalité dans la figure, j’ai appris que nombreuses sont les femmes qui évaluent aussi les hommes à travers ces questions très matérielles, et j’ai laissé tomber mon beau principe idéaliste.

  • Le dénatalité n’est pas forcément une mauvaise chose
    Je n’ai jamais compris pourquoi cet engouement pour un taux de natalité élevé.
    Plus nous sommes = plus de contraintes, plus de lois, plus d’infrastructures, plus de ressources , plus de partage des richesses.
    Bref plus de problèmes et moins de qualité de vie.
    Nos ressources ne sont pas extensibles.

    • Nos ressources ne sont pas extensibles.

      N’importe quoi. Comment expliquez-vous que l’on puisse nourrir 7 milliards d’êtres humains contre 200 millions il y a vingt siècles ?

      moins de qualité de vie.

      C’est vrai que la qualité de vie dans le Sahara, c’est le top. On se demande pourquoi aucun migrant ne s’y installe.

    • entièrement d’accord avec sacapuces… je ne comprends que l’on traine encore ce dernier relent religieux du « Croissez, multipliez vous »… plus on est nombreux dans un espace clos et plus il y a de tensions et moins il y a de qualitö de vie…

      • Vous avez lu theo31 ?
        On est de plus en plus nombreux et on a une qualité de vie de plus en plus satisfaisante. Mais bon, Malthus semble avoir encore des adeptes.

        Et c’est vrai on vit dans un espace « clos ». De plusieurs milliards d’années lumière de diamètre.

  • Article très intéressant.

    mais je ne partage pas du tout le coté négatif de la chose. C’est une idée stupide que de présenter l’augmentation de la population comme une chance. La clefs pour sauver la planète et résoudre le chômage de masse passera nécessairement par des politiques de natalistes différentes.

    On présente le taux de natalité comme une chance, mais on oublie de dire que c’est pour alimenter la pyramide de ponzi de nos systèmes sociaux où il faut des entrants en masse pour éviter que tout ne s’écroule.

    Et je pense que la société ne comprends pas tout à fait bien à quel point il va falloir repenser nos politiques nataliste et notre vision de la société pour sauver nos économies et notre environnement.

    Les japonais mâle sont de toute façon LE sexe surnuméraires à 90%. http://graduateinstitute.ch/files/live/sites/iheid/files/sites/genre/shared/Genre_docs/2889_Actes2000/11_meillas.pdf ….. donc leur timidité ne présente aucun risque particulier pour la population japonaise.

    Il va juste falloir changer quelques règles bioéthiques (notamment droit de choisir le sexe de l’enfant), faire changer les mentalités et user pleinement des progrès de la science pour optimiser tout ça .. et on sauvera et notre planète et notre espèce et on résoudra aussi le problème du chômage de masse …..

  • Il ne s’agit pas de faire des campagnes de propagande pour inciter les Japonais à procréer. Il faut créer les conditions pour que cela soit possible : des crèches, des aides aux jeunes mères, des actions d’information pour changer la vision des Japonais sur les « office ladies », terme plutôt dénigrant. Plus près de nous, l’Allemagne a le même problème (moins aigu). Pas de crèches, pas de système favorisant la natalité. Le problème deviendra effectivement très préoccupant dans quelques décennies. Mais les politiques sont incapables de voir au-delà de la prochaine élection.

    • Pendant deux millions, il n’y a pas eu de crèches, il n’y avait aucun problème.

      En fait, la démographie est un problème uniquement pour ceux qui veulent régir la vie des autres.

      • D’un certain point de vue que je partage, oui: pendant 2 millions d’années, les humains avaient envie de vivre, ils mouillaient la chemise pour bêcher leurs champs et élever des enfants. Mais aujourd’hui, en occident, la majorité n’a plus envie de vivre: on veut des portables, des home-cinema et des « droits à », et je n’appelle pas ça « vivre ». Et tout naturellement, la fécondité décroit. Là où on se retrouve, c’est que la fécondité repartira en flèche quand ce vieux monde déphasé se sera bien écroulé.

        • Il n’y a pas que l’Occident sur la planète. En Asie, en Inde, en Amérique du Sud, en Afrique, il y a des gens qui ont une furieuse envie de vivre, d’avoir une vie meilleure, pour eux et pour leurs enfants. Il y a 2000 ans, l’empire romain régnait. Au 18e siècle, c’étaient l’Angleterre et la France. Le 20e siècle a vu l’hégémonie de l’Amérique. Que nous réserve le 21e ? L’Asie ? L’Inde ? Les peuples émergent, se développent, arrivent à une apothéose, et ensuite c’est le déclin, et la décadence. C’est la marche des civilisations. Ceux qui n’ont plus « d’élan vital » sont balayés.

          • C’est ce que je viens de dire: je parlais bien du modèle occidental, que le Japon a rejoint, que la Chine rejoint, et dont l’Afrique entière rêve de bénéficier. Rares sont les peuples qui veulent continuer de vivre dans leur forêt de chasse et de cueillette.

        • Personnellement j’ai envie de vivre et pour vivre je n’ai pas envie d’être enfermé dans un foyer à élever mes gosses et entretenir une femme 😀
          Je préfère largement travailler, (bien) gagner ma vie et en profiter avec mon argent comme tous bon salaud de matérialiste capitaliste 🙂

      • Il n’y avait aucun problème POUR les hommes.

    • Tout cela ne changera rien, faire des enfants n’a jamais eu aucun rapport avec la facilité ou non de les élever sinon pourquoi tant d’enfant dans les pays ou ne ne peut même pas les nourrir?

  • Moi qui croyait que la population mondiale croissait inexorablement exponentiellement et qu’il fallait trouver rapidement une autre planète pour l’humanité !!!!!

    • ça c’est le discourt écolo-malthusien pour faire peur à la populace sans cervelle et lui faire gober des réglementations idiotes et liberticides.

  • délitement du lien social, de la communication, isolement… Belle perspective de bonheur !

  • de la capacité à se mêler de ce qui ne nous regarde pas…
    Ils ne veulent pas de gosses? grand bien leur fasse…ils en veulent plein, encore mieux…
    J’ai eu la naïveté de croire que le progrès c’était un peu ça..la liberté de faire ou de ne pas faire de gosse si on veut.

    • Faire ce qu’on veut, c’est facile à dire pour ceux qui vivent dans des sociétés prospères. Il fût un temps où la mortalité infantile était telle, dans nos contrées, qu’il était de nécessité vitale de faire des enfants pour assurer la survie de la communauté. Et c’est toujours le cas dans nombre de pays, comme l’Ethiopie. Bref, quand on s’habitue au confort, on fait du gras, on s’avachit et on ne sait plus se battre.

  • Et il y a encore qui nous explique que le problème de ‘humanité sera la surpopulation…pathétique…
    L’espèce humaine va peut être s’éteindre d’elle même sans violence ni bombe atomique, simplement disparaitre comme on éteint une bougie…

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