Pourquoi la livre sterling monte

Les réformes entreprises au Royaume-Uni portent leurs fruits.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
des livres qui valent de l'or credits Martine via Flickr ( (CC BY-NC 2.0) )

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Pourquoi la livre sterling monte

Publié le 23 juin 2015
- A +

Par Sébastien Maurice et Dominic Frisby.

des livres qui valent de l'or credits Martine via Flickr ( (CC BY-NC 2.0) )
des livres qui valent de l’or credits Martine via Flickr ( (CC BY-NC 2.0) )

La livre a atteint une forte hausse de cinq ans contre l’euro, le yen, le dollar canadien, australien et néo-zélandais. Elle se renforce même face au sacro-saint dollar américain. Mon collègue britannique Dominic Frisby pense que cette tendance va continuer. À de nombreux égards, le débat central qui a déterminé le choix des électeurs Anglais lors des élections du mois de mai était lié à une question simple.
Quel pourcentage du PIB devrait être dépensé par le gouvernement ?
Les débats se sont successivement enchaînés sur les services de santé, les aides sociales et l’éducation. Il y a eu des discussions à propos de la taxe sur les résidences de luxe et les aides à l’accession à la propriété. Nous avons eu droit à des débats enflammés à propos de l’impôt sur le revenu, des droits de succession, ainsi que de la taxe sur les logements sociaux inoccupés, des subventions, des retraites, des aides aux pays étrangers et de la défense nationale.
Mais au final ils se réduisaient tous au même problème : combien le gouvernement devrait-il dépenser et dans quels domaines ?
Nous pourrions dire que même le débat sur l’immigration (étant donné ses effets sur le marché du travail, le système d’aides sociales, les infrastructures et les revenus fiscaux), ainsi que le problème toujours en suspens du maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union Européenne, concernent au final la question des dépenses publiques.
Et, excepté l’Écosse, l’électorat a voté en faveur d’une diminution des dépenses étatiques. Il se pourrait bien que, une fois l’autonomie budgétaire obtenue, l’Écosse change elle aussi de position.
Il semble que jusqu’à présent le marché des devises soit du même avis.

Pourquoi la livre était en baisse

Durant l’année qui a précédé les élections, la livre a connu une grande nervosité. Peut-être induits en erreur par les sondages, les cambistes doutaient du résultat des élections et ont vendu la livre. En juillet 2014, la livre s’échangeait à 1,7$. Au milieu du mois d’avril 2015, elle ne valait plus que 1,46$. Réagissant très favorablement aux résultats électoraux, la livre atteint 1,58$ dans les jours suivant l’élection. Nous avons ensuite assisté à quelques prises de bénéfices (ce que les techniciens appellent un retracement).
Mais à présent, après avoir touché un plancher à 1,52$, la livre semble être de nouveau engagée dans un mouvement de hausse et nous atteignons les 1,56$, sans épuisement de la tendance.
Au moment des élections, j’affirmais que Cameron gagnerait et que nous allions atteindre 1,60$ d’ici à la fin de l’année. Étant donné la façon dont est arrivée cette victoire, à présent je révise ma cible à 1,70$.
Du point de vue de l’analyse technique, la situation de la livre est bonne. Sur le graphique ci-dessous vous pouvez voir le retournement qui a eu lieu mi-avril. Comme souvent, il semble que le marché ait réussi à voir ce que les sondages avaient manqués.

Agora illustration

Ceux qui prêtent attention à ce genre de choses remarqueront un plus bas en « W », une figure chartiste souvent annonciatrice d’un retournement du marché.

La renaissance de l’industrie booste l’économie anglaise

Bien sûr, tout va dépendre du prochain budget présenté par le chancelier de l’échiquier. Il sera intéressant de voir où seront réalisés les 12 milliards de livres de coupes budgétaires promises.
Mais la semaine dernière, sa proposition d’interdire le déficit budgétaire, indique clairement quelles sont ses intentions : moins de dépenses étatiques.
Et le message que donne le marché des devises est tout aussi clair : si vous voulez une monnaie forte, dépensez moins.
Malgré tous ses problèmes financiers et économiques, le Royaume-Uni ne s’en sort pas si mal. Le résultat des élections pourrait favoriser le maintien de cette amélioration. Lorsque le gouvernement dépense moins, il prélève également moins, donnant ainsi aux entreprises la possibilité de prospérer, investir et se développer.

La livre atteint de nouveaux sommets contre la plupart des autres devises

La livre ne monte pas que face au dollar. Je dois préciser que je ne suis pas particulièrement baissier sur le dollar, je suis surtout haussier sur la livre.

Le dollar australien et le dollar canadien, autrement dit les devises dont la valeur est fortement corrélée aux matières premières, ont été touchées par l’effondrement des cours du pétrole et des métaux, tout comme les devises de beaucoup de pays émergents. Les marchés émergents ont en effet de sérieux problèmes, en particulier le Brésil. Bien sûr, nous nous rapprochons à présent de niveaux de résistance, mais la livre n’est pas très éloignée de ses plus hauts de cinq ans face à ces devises.
Et il y a bien sûr le désastre monétaire qu’est l’euro, contre lequel la livre s’approche également de son plus haut depuis cinq ans.
Que ça soit par dessein ou par accident, le Royaume-Uni semble avoir réussi à éviter la plupart des problèmes qui frappent les autres pays. Au cas où vous ne l’auriez pas encore compris, je suis haussier sur la livre sterling. Et je le resterai jusqu’à ce que le graphique m’indique un renversement de tendance.
Bien sûr, je pourrais trouver beaucoup de choses négatives à dire sur l’économie du Royaume-Uni (le prix élevé de l’immobilier par exemple représente un frein important à l’activité économique), mais cela fait partie des inquiétudes que les marchés haussiers réussissent à surmonter.

Pour plus d’analyses de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • God bless Cameron !!!!

    • Certes, juste que Cameron n’est absolument pour rien dans la petite santé toute relative du RU. Les réformes ont été entreprises avant lui et surtout, la baisse de la livre, savamment orchestrée, avait donné un formidable bol d’air et boosté le marché du travail.
      Ce à quoi on assiste est en fait la perte de contrôle de la livre, sa hausse dans le contexte est une mauvaise nouvelle, notamment pour l’emploi et tout cela se constatera d’ici quelques mois…

  • L’article manque un peu de fond.
    Résumé : je suis haussier sur la livre et je vous l’avais bien dit, je le sentais.
    Arbitrage des dépenses ?

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Voilà maintenant quatre ans que le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union européenne. Depuis le Brexit, la Grande-Bretagne a connu trois Premiers ministres, et d'innombrables crises gouvernementales. Néanmoins, malgré le chaos de Westminster, nous pouvons déjà constater à quel point les régulateurs du Royaume-Uni et de l'Union européenne perçoivent différemment l'industrie technologique. Le Royaume-Uni est un pays mitigé, avec quelques signes encourageants qui émergent pour les amateurs de liberté et d'innovation. L'Union européenne, qua... Poursuivre la lecture

Les monnaies suivent les civilisations depuis 3000 ans, elles sont des créations humaines, et pourtant elles restent des ovnis. Leur rôle est de permettre l’échange de biens à travers un support capable de « cristalliser » de la valeur dans le temps, une sorte de confiance palpable.

S’il est compliqué de définir une monnaie, c’est parce que nous avons utilisé des centaines de monnaies différentes qui n’ont rien de commun, à part être une monnaie. Et aucune d’entre elles n'entre dans les critères d’Aristote : unité de compte, réserve de... Poursuivre la lecture

Dès qu’il s’agit du Brexit, cet affront fait à l’Union européenne, la pensée désidérative ou wishful thinking décide dans la plupart des rédactions de l’angle des articles et de la titraille.

Tout se passe comme si la ligne éditoriale dépendait de croyances basées sur ce qui est agréable à imaginer pour un globaliste opposé par principe aux nations libres, plutôt que sur des faits réels, vérifiables ou rationnels. À la moindre occasion, les politiques et les médias mainstream voient poindre la fin du Brexit. Mais la Grande-Bretagne ne ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles