Les retraites complémentaires en voie d’explosion

Le suspense sur le résultat final des négociations entre syndicats et employeurs est entier, mais qu’importe ? De toute façon, fusion ou non, c’est l’explosion.

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Les retraites complémentaires en voie d’explosion

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 17 juin 2015
- A +

Par Jacques Garello.

explosion atomique credits Pierre J (licence creative commons)
explosion atomique credits Pierre J (licence creative commons)

Le système des retraites par répartition est irrémédiablement condamné, mais il se trouve encore quelques bonnes âmes pour essayer de le sauver. L’ouvrage Comment sauver vos retraites (Ovadia, Libréchange ed. 2013) explique les raisons simples pour lesquelles la répartition va ruiner la prochaine génération de retraités. En répartition, les jeunes actifs payent pour les vieux retraités ; dans une population vieillissante, les cotisations ont de plus en plus de mal à couvrir les pensions. L’argent versé par les cotisants n’est pas plus tôt entré dans les caisses de retraites qu’il en ressort immédiatement pour payer les retraités : pas de gestion, pas de capitalisation.

Réformes systématiques ou paramétriques ?

Les réformes systématiques, comme leur nom l’indique, consistent à quitter le système par répartition pour passer à la capitalisation ; ce n’est pas facile ni immédiat, mais bien des pays y réussissent. Les réformes paramétriques se contentent de modifier les paramètres de fonctionnement d’un système par répartition : augmenter les cotisations, diminuer les pensions. Le recul de l’âge de la retraite a, aux yeux des réformateurs, le mérite de cumuler les deux « économies ». En France, c’est vers ce type de réforme que tous les gouvernements, de gauche comme de droite, se sont orientés.

Une grande négociation s’est engagée entre employeurs et syndicats sur l’avenir des retraites complémentaires (obligatoires), qui sont piégées par la répartition. C’est un genre de répétition de ce qui ne manquera pas de se passer quand le régime général des caisses nationales d’assurance-vieillesse sera, lui aussi, en cessation de paiement. Pour les complémentaires AGIRC (caisse de retraites complémentaires des cadres) et ARRCO (caisse des salariés non cadres), les échéances sont immédiates. Comment va-t-on les aborder ?

Échéances immédiates

L’AGIRC est obligée de puiser dans ses réserves techniques pour continuer à servir les retraites complémentaires qu’elle doit. Depuis juin 2014 les cotisations ne couvrent plus les pensions. En avril 2015, le besoin de financement était de 1,3 milliard d’euros et les réserves seront complètement épuisées en 2018 : c’est demain. L’ARRCO est en meilleure posture puisque son volume financier est plus important, elle a plus « d’assujettis », mais elle aussi va devoir puiser dans les réserves dans quelques années, entre 2020 et 2023 : c’est après demain.

Fusion des caisses

retraites complémentaires rené le honzecUne grande idée a été lancée par les négociateurs : fusionner AGIR et ARRCO, de telle sorte que le borgne puisse guider l’aveugle. Le résultat semblerait rassurant : les réserves globales permettraient de tenir jusqu’en 2024 au moins. C’est la Cour des Comptes, dans son rapport de décembre 2014, qui l’affirmait : « les réserves de l’ensemble AGIRC-ARRCO ne seront pas consommées avant 2024. Il s’agit effectivement d’un horizon trop court pour le pilotage de régimes de retraite qui n’ont pas la possibilité de renvoyer leurs déficits vers d’autres organismes ». Encore heureux que l’on ne songe pas (pour l’instant) à faire financer les déficits par le budget de l’État (ou par un emprunt). Si aucun chevalier blanc n’intervient, que se passera-t-il en 2024 ? Les gestionnaires des caisses ont rassuré leur clientèle : « Dans des régimes en répartition, le paiement des allocations sera toujours assuré par les cotisations reçues, ce qui exclut toute idée d’une faillite des régimes ». Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites : on paiera aux allocataires en fonction de ce qu’il y aura dans les caisses !

Après les complémentaires, le régime général

Pour revenir aux négociations, elles seront laborieuses puisque les syndicats de cadres (CGC en tête) ne veulent pas de la fusion, même s’ils en seraient financièrement avantagés Les dirigeants de l’ARRCO n’en veulent pas davantage. Le suspense est entier, mais qu’importe ? De toute façon, fusion ou non, c’est l’explosion.

Quand va-t-on enfin se décider à être sérieux ? Qui représente les retraités de l’an 2024 et, encore mieux, les cotisants de 2024 ? Quand on passera de la réforme des complémentaires à celle du régime général qui représente un volume dix fois supérieur, quelle nouvelle découverte et quelle mesure géniale va-t-on imaginer ?

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  • Nous savons tous ce qui va se passer… Rien.

    On continuera à :
    -faire des rapports, réunir des comités théodules qui feront des calculs savants avec des hypothèses (croissance, taux de chômage) totalement fantaisistes
    Ca rassurera Madame Michu. Et comme dit Hollande, « c’est pas cher ».

    -à faire des « réformes », en faisant bouger les curseurs, ce que vous appelez les « paramètres »… par petites touches ridicules.
    Mais là aussi, ça rassurera Madame Michu. Comme la Sécu (ou l’Education nationale)…. une « réforme par an »…

    Jusqu’à… l’implosion finale.

    C’est seulement quand les retraites seront massivement baissées, ne seront plus versées qu’alors Madame Michu se réveillera, saisie d’effroi, et c’est seulement à ce moment qu’on pourra construire un nouveau système.

    Mais d’ici là, silence on coule.

    Au fond, c’est plutôt positif. Plus vite, cette comédie grotesque se transformera en tragédie, plus vite on touchera le fond.

    • Alors la je vous rejoins à 100% plus vite il feront des réformes pour rien plus vite on arrivera dans le mur .

      Mais malheureusement ce sera encore et toujours les petites gens qui seront biaisés encore et toujours a avoir bu jusqu’au repus les paroles de ces gens malhonnêtes .

  • Une seule solution, pour un cotisant actif, dès que possible quitter ce pays !

  • Réformes systémiques et non systématiques (quoique la France fait des réformes paramétriques de manière systématique).

  • Mais attendez!! Tout n’est pas si noir. L’autre jour, je lisais dans les colonnes des Echos que le Cour des Comptes indiquait dans ce même rapport que le système des retraites par répartition pouvait être sauvé au moins jusqu’en 2030, à condition de retrouver une croissance annuelle de 2,5% et un chômage n’excédant pas 4,5%.

    J’y crois à mort, ça va marcher mais pour me prémunir de l’impensable, je vais quand même à partir de l’année prochaine, tester en direct un horrible système par capitalisation, en espérant que d’ici 2024, j’ai une situation suffisante pour envoyer de l’argent à mes parents qui prendront leu retraite.

  • Je vais être très méchant : les petits vieux qui en 2024 n’auront plus leur retraite parce que la caisse sera vide, et bien tant pis pour eux. Ils ont vécu et vivront encore jusque là grâce à un endettement généralisé qui sera reporté sur la génération future et qui devient impayable. (j’ai pas d’enfant, mais je pense à ceux des autres ….), ils n’ont jamais remis en cause l’âge de la retraite ni quoi que ce soit, au contraire ils en ont toujours demandé plus. Je fais partie de ceux qui vont être saigné à blanc pour sauver le système mais qui ne pourra jamais en bénéficier. Alors : aux futurs retraités de 2024 qui n’ont plus trop le temps de recommencer leur vie et de mettre de coté, je dis ceci : il est temps que Darwin revienne et fasse le ménage ….

  • M’en fous ! je suis parti de France et ma retraite va directement sur un compte a mon nom, avec plus de 10% de rentabilité annuelle. Na!

    • hum … dès que ça dépasse 8 %, méfie toi. Je ne dirais pas que c’est impossible, on peut voir ce genre de rentabilité dans des cas honnêtes et sans risque suite l’introduction d’innovation (genre : les premiers conteneur) , mais ça ne peut pas durer.

      • Ce sont des taux normaux dans le pays où je vis. Le crédit est en conséquence : impossible de trouver un crédit immobilier à moins de 9% d’intérêt. Et quant au crédit revolving, on voit couramment des taux à 120% d’intérêt!

  • Pour ma part, je pense que je n’aurais jamais de retraite, pour toutes les raisons évoquées, et pour tout un tas d’autres raisons qui ne sont pas évoquées.

  • Les commentaires sont fermés.

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