Les Islandais attaquent leurs banques pour faux-monnayage

Ils ont flairé l’entourloupe du principe « les crédits font les dépôts ».

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Les Islandais attaquent leurs banques pour faux-monnayage

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 5 juin 2015
- A +

Les Islandais ont refusé la route de la servitude en laissant leurs banques faire faillite en octobre 2008 avant de les nationaliser. Ils ont flairé l’entourloupe du principe « les crédits font les dépôts ».

Par Simone Wepler.

Pièces euro argent (Crédits : Sylvain Naudin, licence CC-BY-SA 2.0), via Flickr.
Pièces euro argent (Crédits : Sylvain Naudin, licence CC-BY-SA 2.0), via Flickr.

 

Après une excellente analyse du système bancaire actuel, Frosti Sigurjónsson propose une solution dont les échecs multiples sont patents et prouvés ce qui le rend digne de recevoir un prix Nobel d’économie.

Frosti Sigurjónsson est un parlementaire, chargé par son Premier ministre d’enquêter sur le système monétaire de l’Islande et sa stabilité. Figurez-vous que ce brave homme n’a pas conclu que tout allait aussi bien que possible dans le meilleur des mondes que constitue cette île surtout peuplée de pêcheurs de morues avant de se financiariser.

C’est à la première partie de son travail, qui analyse le système bancaire actuel, que je vous propose de vous intéresser. Il établit de façon limpide que le système bancaire (le cas de l’Europe est similaire à celui de l’Islande) contribue à injecter dans l’économie de la monnaie qui ne correspond à aucune véritable richesse — en d’autres termes, de la fausse monnaie.

L’industrie bancaire a pris une place très importante dans l’économie depuis la deuxième moitié du 20ème siècle, en Islande et partout dans le monde. Cette industrie a trouvé une martingale gagnante : elle encaisse des intérêts sur de l’argent qui ne correspond à aucune richesse déjà créée. Plus elle crée de l’argent qui n’existe pas, plus elle gagne de l’argent. Le tour de passe-passe est bien enrobé et compliqué pour que M. et Mme Michu ne puissent mettre en doute que la banque est encore un métier honorable et digne. D’ailleurs, il fut un temps où c’était le cas.

Quand les banques étaient honnêtes…

Autrefois, le métier de la banque consistait à transformer des dépôts de court terme (épargne) en prêts à long terme (investissement). C’était un métier empirique et la banque a toujours eu deux problèmes : elle ne pouvait rembourser tous les déposants de court terme s’ils venaient simultanément réclamer leur argent puisque celui-ci travaillait dans des prêts à long terme ; elle devait bien jauger ses emprunteurs. Deux risques à couvrir, donc : la perte de confiance de ses déposants et le risque de défaut sur un prêt accordé. Pour ces deux risques, les banquiers étaient le plus souvent responsables sur leurs biens et avaient aussi des fonds propres (de l’argent mis de côté dans leur propre banque) pour payer la casse éventuelle. Le montant des fonds propres était variable : plus en cas de bruits de bottes, famine, dépression économique et moins quand tout allait bien. Disons entre 10% et 20% des dépôts ou des prêts selon les périodes, l’ajustement se faisant toujours pour inspirer confiance à la clientèle.

Dans ce système, vous avez compris que :

– Les dépôts font les crédits
– Les fonds propres sont au bon vouloir du banquier mais ne pas en avoir suffisamment fait fuir la clientèle
– La clientèle s’assure de la fiabilité de sa banque
– Quand la banque coule, le banquier se suicide

… et puis tout a changé

La finance moderne a bouleversé la donne. Aujourd’hui, un banquier prête bien plus que les dépôts de ses clients ; avec un euro de fonds propres il peut prêter jusqu’à 30 euros ; il ne consigne plus qu’un euro sur 100 euros de dépôts reçus auprès d’une banque centrale, un établissement dont le rôle est de protéger les banques en cas de panique. Enfin, une banque peut emprunter auprès de sa banque centrale de l’argent qui n’existe pas.

Dans ce système :

  • Les crédits font les dépôts. Un prêt accordé à quelqu’un se transforme en dépôt dans la banque puis dans d’autres banques au fur et à mesure des dépenses de l’emprunteur.
  • Le niveau des fonds propres est fixé par une réglementation établie par des fonctionnaires zélés et omniscients.
  • Le prix de l’argent créé par la banque correspond au taux directeur de la banque centrale, taux fixé par des fonctionnaires zélés et omniscients.
  • Les fonds propres sont des obligations d’État car un État ne peut pas faire faillite.
  • Les banquiers sont irresponsables dans la mesure où ils se conforment aux directives des fonctionnaires zélés et omniscients.
  • Quand la banque coule, les contribuables payent.

Vous voyez tout de suite l’avantage d’être banquier au 21ème siècle : vous percevez des intérêts sur de la fausse monnaie et vous n’avez plus besoin de vous suicider. Ceci vous explique comment le rendement sur fonds propres de l’industrie bancaire tourne autour de 10% à 15% même avec les taux d’intérêt anormalement bas que nous connaissons. En France, des générations d’ingénieurs ont compris l’avantage d’être financier et bricolent des modèles mathématiques d’évaluation des risques plutôt que d’aller se salir les mains dans les usines.

Malheureusement…

Les crises financières se multipliant, les gens perdent confiance : on crée de plus en plus de fausse monnaie mais la croissance ne revient pas, le chômage augmente et les impôts aussi. Les fonctionnaires zélés et omniscients ont déjà la parade et promeuvent la société sans cash. Ainsi, le point épineux de la fuite des déposants sera résolu : pas de sortie possible.

Les Islandais ont déjà refusé la route de la servitude une première fois en laissant leurs banques faire faillite en octobre 2008 avant de les nationaliser. Ils ont maintenant flairé l’entourloupe du principe « les crédits font les dépôts ». Suite au rapport de Frosti Sigurjónsson, une association attaque les banques commerciales pour faux-monnayage.

Hélas, le rapport pense que tout problème serait résolu si la masse monétaire était contrôlée par les fonctionnaires zélés et omniscients de la banque centrale. Mais de l’Allemagne au Zimbabwe (en passant par l’Argentine, la France, la Hongrie…) nous savons bien que cela n’est pas vrai. Comme l’écrivait Hayek dans La route de la servitude :

« Il n’y a pas de règles stables, fixées une fois pour toutes. Il y a un principe fondamental : à savoir que dans la conduite de nos affaires nous devons faire le plus grand usage possible des forces sociales spontanées, et recourir le moins possible à la coercition ».

Ce n’est pas ce que pensent nos fonctionnaires zélés et omniscients qui pressent pour la mise en place d’ici à deux mois de la transposition nationale de la directive européenne de bail-in. Cette directive instaure que les déposants concernés et non plus les contribuables devront à l’avenir payer pour une banque en faillite. Il y aurait urgence, dirait-on, à ce que tout soit en place pour la prochaine crise.


Pour plus d’analyses de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

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  • Ca finit toujours avec de lÄhyperinfltion ce genre d’histoire. La masse monétaire mondiale grossit plus vite que le volume de biens et services à vendre. Plus d#argent et moins de choses à acheter= hyper inflation. Et quand ca arrive, ca fait mal…

    • Peut-être pas, la monnaie créée n’est pas injectée dans la vraie économie et ne sert qu’à racheter les obligations arrivées à maturité.

      • Et les gens qui encaissent le pognon de ces obligations vont faire quoi? Thésauriser? Non, Ils vont s’en servir pour acheter d’autres titres et faire gonfler la bulle financière. Mais uen fois plus cet argent finira par vouloir etre consommé. Que ce soit sous forme de mal investissement de demande de produits de consommation ou de taxes (qui aboutissent elles memes à un des deux premiers cas), l’argent finit toujours par redescendre dans l’économie de base. Couplez ca à la possibilité d’un défaut de paiement d’un pays occidental et vous avez tous les ingrédients pour une bonne crise monetaire comme ca fait longtemps qu’elle nous pend au nez.

        Concrètement, ces dernières années on a transformé les crises monétaires en crises financières. Ca ne pourra pas durer ad vitae eternam.

        • Une crise est tjs possible (probable), mais actuellement on s’oriente dans un système où la BCE prête à des banques de l’argent pour racheter les obligations à maturité dans un roll over perpétuel (l’espère-t-il).
          La masse monétaire ainsi créée reste ainsi stérilisée.
          Jusqu’au jour où ..

          • … ou les gens l’auront bien profond, les pays faisant défaut.
            On ne cite plus la Grèce, c’est du passé…

  • Complément d’information

    J’ouvre « Filosofie Magazine » (mensuel néerlandais auquel je suis abonné depuis le numéro 2, le n° 1 ayant été acheté en librairie) 5/2015 en page 14 et je traduis en lisant:

    « En 2008 il semble bien que nous ayons échappé de justesse à une sorte de guerre civile. L’approvisionnement des super-marchés, des pharmacies et des pompes à essence menaçait de s’arrêter. Il y eut des banqiers qui téléphonaient à la maison pour instruire leurs épouses de faire provision de boîtes de conserves et d’armes, et de mettre les enfants en sécurité. »

    L’article continue en disant essentiellement ce qui se trouve ci-dessus (« …vrijwel niemand had de crash zien aankomen // à peu près personne n’avait pressenti le crash »). Logique, car « this mainstream dashboard gave no warning of the crisis because it was built by economists whose theories have more in common with Alice in Wonderland than with engineering // cette horde d’ économistes ‘mainstream’ n’a pas sonné l’alerte parce que (la théorie prévalente) avait été construite par des économistes dont les théories ont plus en commun avec Alice au Pays des Merveilles qu’ avec de l’engineering », ceci dans THE CONVERSATION – Academic rigour, journalistic flair [http://theconversation.com/hard-evidence-are-we-facing-another-financial-crisis-34331].

    Quant au passage « de l’Allemagne au Zimbabwe « , je puis parler de première main pour ce qui est de l’Allemagne. En 1921-1924 et plus particulièrement en 1923, il y eut là cette inflation qui devait s’avérer une des raisons principales du succès d’Hitler. Mon père, qui avait 8 ans à l’époque, nous raconta comment cela sa passait: après avoir pourvu de vitres toute une maison, son père (mon grand-père) envoyait la facture. Avec cet argent, il pouvait tout juste encore acheter quelques pains. En effet, si le 8 août 1923 il ne fallait « que » 4 860 000 Reichsmark pour acheter un dollar (en 1914 le taux était de 4,20), le 7 septembre il en fallait déjà 53 000 000, et le 20 novembre 4 200 000 000 000 (http://fr.wikipedia.org/wiki/Hyperinflation_de_la_R%C3%A9publique_de_Weimar). Quant au Zimbabwé, c’est bien connu, Mugabe a réussi en 2007 et 2008 une hyper-inflation avec un pourcentage mensuel de 79,6 milliards de pour cent. Je compatis du fond du coeur avec ses victimes [pas avec lui bien sûr vu la similitude frappante de son cas avec celui de Mobutu dont la fortune privée, pour finir et par le plus pur des hasards, équivalait à peu près à la dette publique congolaise, pardon: zaïroise].

  • « faire le plus grand usage possible des forces sociales spontanées, et recourir le moins possible à la coercition »
    Problème : la soif de pouvoir est aussi une « force sociale spontanée »…

    • Autre problème: Les gauchistes pensent que la fin justifie les moyens et n’ont donc aucun problème à recourir à la coercition en toute bonne conscience puisque leur complèxe de supériorité mal placé leur fait croire que les les pauvres c’est les gentils et les riches c’est les méchants.

      D’ailleurs c’est en général la profondeur habituelle de vos propos supergolem. Ca rend la lecture de vos commentaire assez pénible. Mais bon il est clair que vous venez ici faire de la provoc, pas argumenter.

      Prenons le machin que vous venez d’écrire par exemple:

      Problème : la soif de pouvoir est aussi une « force sociale spontanée »…

      La soif de pouvoir est quelque chose de très bien partagé entre les riches et les pauvres. Tout le monde en a sa part. C’est une peu comme la bêtise. Mais il y a deux sortes de pouvoir: Le pouvoir issu de la coercition et le pouvoir de négociation. Le premier s’aquiert avec des soudards, le second avec du travail. Mais bien sur pour vous, c’est la même chose…

      Les gens malhonnêtes intellectuellement comme vous se complaisent à faire croire que le pouvoir de négociation est tout aussi immonde et illégitime que le pouvoir de la coercition et se servent de ce sophisme de bas étage pour justifier leur recours à la coercition. En cela vous êtes quelqu’un de méprisable et un despote dans l’âme. Vous le confirmez chaque jour que vous postez sur contrepoints.

      • « La soif de pouvoir est quelque chose de très bien partagé entre les riches et les pauvres. Tout le monde en a sa part. C’est une peu comme la bêtise.  »

        Je retiens donc que vous êtes d’accord avec moi : la soif de pouvoir est une « force sociale spontanée ».

        Le reste de votre post, c’est des procès d’intention dont je vous laisse la responsabilité.

        • Pour le procès il n’est pas fondé sur des des intentions mais sur l’ensemble de votre oeuvre dans les commentaires sur ce site.

          Par contre si effectivement nous sommes d’accord que le désir de pouvoir est juste un penchant humain, on peut se demander ce que cette réflexion apporte au débat…

          • L’ensemble de son « oeuvre » , vous êtes bien indulgent Mitch 🙂

          • « (…) si effectivement nous sommes d’accord que le désir de pouvoir est juste un penchant humain – « , non, il ne l’est pas mais alors pas du tout, à telle enseigne qu’il se retrouve jusque dans le règne végétal. Bien sûr, l’idée rousseauiste (…enfin, admettons; en réalité, il y a de l’Arnobe là-derrière) comme quoi la nature serait en elle-même belle et bonne et ne serait corrompue que par l’homme, est totalement fausse. Dans le numéro courant (6/2015) du « Filosofie Magazine » déjà nommé, se trouve la présentation d’un livre que je ne manquerai pas d’acheter: « Plantaardig. Vegetatieve filosofie // Végétal. Philosophie végétative ». Qu’il suffise d’une phrase: « Planten zijn smeerlappen; ze zijn net zo hard aan het vechten als elk ander levend wezen // Les plantes sont des salopards; elles sont occupées à se combattre tout comme toute autre créature vivante. »

            « (…) on peut se demander ce que cette réflexion apporte au débat… » – pour le moins, une perspective non seulement scientifique mais encore philosophique

            • La « nature » ne se résume qu’à une phrase : « manger ou se faire manger ».
              On peut y voir de viles intentions malhonnêtes, mais en réalité c’est la condition de chaque être vivant dans cet écosystème, la survie ou la mort.
              C’est dur, rude, agressif, tout les superlatifs que l’on voudra. Mais quoi qu’il en soit même si nos sociétés évoluées ont éloigné du quotidien des urbains/salariés toutes les tâches quotidiennes qui incombent à sa survie de lui-même et de son foyer. Chercher à manger, se chauffer, se vêtir. Tout notre marketing TV n’est qu’un leurre, les basses tâches « alimentaires » sont sous-traitées à des cerfs pour une symbolique aumône, ce qui fait perdre toute notion de ce qu’est la vie humaine en réalité : une lutte perpétuelle pour sa survie. Lorsque arrivera LA crise, THE BIG ONE, (la question n’est plus si mais quand) là oui ce genre de faits incontournables nous sautera à la figure. Il sera alors un peu tard pour minauder sur une considération philo de la condition animale, ou de la portée méta-physique de la transgenèse des plantes ….. Bonne chance à vous !

              • Darwinisme primitif.

                En réalité, comme spécifié dans « Altruïsme » de Matthieu Ricard, version néerlandaise parue chez Ten Have, Utrecht, l’altruisme a des sources tout aussi anciennes et en tout cas, se manifeste parfois de manière surprenante comme lorsque des canards, ayant vu tomber à l’eau un oiselet dont ils « savent » qu’il ne sait pas nager, le retirent et le posent doucement sur la berge en « appelant » la maman.

                La déformation honteusement politicarde de ce darwinisme primitif dont vous semblez une des (nombreuses) victimes, est précisément une des raisons de cet état actuel des choses qui, en économie, s’exprime le mieux par la « philosophie » d’une Ayn Rand.

                • Je ne vois absolument pas ce qu’Ayn Rand a à voir avec « l’état actuel de l’économie », qui est le résultat d’un siècle de socialisme.

                  • Merci de me mettre le nez dedans. Je ne connais Ayn Rand que par des articles de ‘Filosofie Magazine’ (la même chose vaut pour Picketty) qui me donnèrent l’impression qu’elle penche du côté d’un thatchérisme assez virulent, lui-même à la base du big bang financier de 2008 (le prochain étant en gestation).

                    Maintenant, ‘un siècle de socialisme’ – ? où ça? en France? (je ne suis pas Français). Et puis, quel socialisme? (ne pas oublier que Hitler était NationalSOZIALIST).

                    Des questions…

                • Le hold-up des oranges sur les bons sentiments est de mon avis aussi dégoûtant que le darwinisme nihiliste.

                  Soit on admet qu’il y a un sens à l’univers et on considère le monde selon cette persective, soit on se tait : si le monde n’a pas de sens, la parole de l’homme en a encore moins.

                  Considèrer le monde comme un continuel rapport de force est faux et immensément destructeur.

                  • Bien sûr que le monde a un sens. Ce n’est pas parce que des cons comme Nietzsche ont pu faire croire le contraire à la populace intellectuelle, que cela serait vrai. Ce n’est pas non plus parce que des charlatans en robe pourpre ou en turban se comportent comme s’ils étaient en possession de « la » vérité, que ce serait faux. Pour ce qui est maintenant de ces charlatans en robe pourpre, qu’il me suffise de citer ici ce que le 30 mai j’avais écrit à propos de Nicolaus Cusanus, cardinal (donc en pourpre) mais pas charlatan:

                    «(…) vous ne devriez pas utiliser des arguments métaphysiques dans un débat libertarien, qu’il s’agisse de la ‘loi naturelle’, de Dieu, de la providence (Bastiat !), du contrat social (Hobbes, Locke, Rousseau !), de la dignité humaine (Kant !) ou même (plus subtil) du libre arbitre ou d’une quelconque ‘nature humaine’»
                    voilà qui m’enchante à une époque où une frange non négligeable du public — même français — semble avoir oublié le conseil de Gide «croyez ceux qui cherchent la vérité, doutez de ceux qui la trouvent» [dans “Ainsi soit-Il, ou Les jeux sont faits” (1952)].
                    Il est intéressant — et ici je m’adresse en particulier aux «bouffeurs de curés» — de constater que ce mot de Gide trouve son origine (sinon directe du moins par filiation) chez un cardinal de l’Eglise romaine, à savoir mon compatriote Nicolaus Cusanus, né tout comme moi sur les rives de la Moselle allemande: «(…) auf jede mögliche Frage über Gott muss also allererst geantwortet werden, dass sie eine ungeeignete ist // à toute possible question sur Dieu il faut d’abord répondre qu’elle est non-idoine (ne vaut rien)», dans: «De docta ignorantia» p. 175 de l’édition Marix, Wiesbaden 2012. Qui plus est, ce même Cusanus est sans doute à la base (encore une fois: sinon directe du moins par filiation) de «l’idée de Dieu» chez Spinoza.
                    En effet:
                    « …alles ist Substanz; auch das Denken, der Geist, ist Teil dieser Substanz; auch Gott gehört dazu, mehr noch, Gott IST die Substanz // tout est substance; la pensée elle aussi et l’esprit lui aussi sont substance; qui plus est, Dieu EST la substance». Ce qui entre nous soit dit, semblait en apparence confirmer les vues des athéistes, puisqu’ils purent se croire brillamment soutenus par Spinoza qui aurait donc «supprimé Dieu» — tout en oubliant, petit détail, que cette même doctrine spinoziste avait également «supprimé la matière» [« (…) dies Unverständnis brachte aber mit sich dass die Atheisten sich ‘grandios’ bestätigt sahen weil – ihrem Verständnis zufolge – Spinoza Gott de facto ‘abschafft’ (dass seine Lehre auch die Materie ‘abschafft’ ist den Allermeisten gar nicht erst aufgefallen», dans: DIE BRÜCKE, Forum für antirassistische Politik und Kultur nr 161, p.78 ]
                    cela se se retrouve donc bel et bien chez Cusanus, encore une fois dans «De docta ignorantia» p. 111: «(…) und der Geist ist nicht getrennt, nicht trennbar von den Dingen (mens non est separata a rebus aut separabilis) // et l’esprit n’est séparé ni séparable des choses».
                    Ce n’est toutefois et probablement pas un hasard que Cusanus, bien que cardinal, n’ait jamais été canonisé ni même béatifié. En effet, il contredit plusieurs dogmes de l’Eglise. Bien que, à la réflexion, un théologue aussi connu que Karl Rahner (dont je possède «Von der Not und dem Segen des Gebets») ait pu écrire que «Dogmen sind wie Laternenpfähle: sie beleuchten deinen Weg, aber nur Betrunkene klammern sich daran fest // les dogmes, c’est comme les lampadaires: ils illuminent ton chemin, mais seuls les ivrognes s’y accrochent».
                    http://www.contrepoints.org/2015/05/29/209107-entretien-avec-un-libertarien-thierry-falissard

        • « Je retiens donc que vous êtes d’accord avec moi : la soif de pouvoir est une « force sociale spontanée ». »

          Force sociale spontanée, non. Mais un trait humain, oui.

          Tout le monde est un tyran potentiel. S’il n’en est pas un tyran abouti, c’est parce qu’il ne le peut pas.
          Et c’est bien pourquoi le libéralisme existe.

          • « Force sociale spontanée, non. Mais un trait humain, oui. »

            Désolé, mais si « tout le monde est un tyran potentiel », le pouvoir est une force sociale spontanée.

            Souvent destructrice, mais bel et bien spontanée.

          • Parlez pour vous. Je ne suis pas un tyran potentiel.

      • « Autre problème: Les gauchistes pensent que la fin justifie les moyens et n’ont donc aucun problème à recourir à la coercition en toute bonne conscience puisque leur complèxe de supériorité mal placé leur fait croire que les les pauvres c’est les gentils et les riches c’est les méchants »,

        ce en quoi ils ne font que ce que tout le monde a toujours fait, car

        « la culture dépend essentiellement du degré auquel les sentiments humains peuvent être éduqués, adaptés et organisés en systèmes complexes et plastiques », lit-on chez Bronislaw Malinowski, dans: « La sexualité et sa répression dans les sociétés primitives », Payot, Paris 1971, p. 195,

        ce que traditionnellement, non seulement les socialistes mais aussi les catholiques ainsi que Nietzsche (qui tenait en horreur les uns comme les autres) ont parfaitement compris.

        Le problème actuel c’est que, contrairement à toutes les époques de l’histoire européenne jusqu’assez récemment encore, ladite « organisation » est devenue impossible pour des raisons qu’il serait trop long de spécifier et que d’ailleurs tout le monde connaît

        • Réponse à

          Stéphane Boulots le 7 juin 2015 à 20 h 26 min

          « Je pense que vous avez une vision restrictive de la Vérité émise par l’Eglise catholique, qui est clairement autre chose que la vérité universelle revendiquée par les matérialistes »

          étant catholique convaincu (à la messe tous les dimanches), je vous accorde sans problème que « la Vérité émise par l’Eglise catholique est clairement autre chose que la vérité universelle revendiquée par les matérialistes »;

          étant par ailleurs passé par Nietzsche, Hegel, Cusanus, Spinoza et surtout Blumenberg
          (http://www.contrepoints.org/2015/06/06/210002-les-climato-sceptiques-ne-sont-pas-les-bienvenus-sur-radio-france),

          je dois confesser que pour moi (mais non donc pour l’hiérarchie catholique), toute vérité, avec ou sans majuscules, NE PEUT ETRE QUE RESTRICTIVE

          …bien qu’ elle puisse bien sûr être « exacte » tant au sens philosophique que proprement scientifique, du moins tant qu’un changement de paradigmes (Kuhn) n’est pas intervenu

    • Que pouvait-on attendre d’autre de la part de supergoulag ?

    • et puis la soif de pouvoir quoi?

      la soif de richesse, la cupidité, bien sur il faut compter avec et miser dessus…et alors…???

    • C’est une projection : ce n’est pas parce que vous êtes frustré de ne pas être au pouvoir qu’il faut considérer comme une vérité universelle que le moteur des gens est le pouvoir.

  • Sur les réserves fractionnaires, il faut corriger : ce ne sont pas des « zélés fonctionnaires » qui déterminent le % de fonds propres, mais bien les banques commerciales elles-mêmes. Qui le dit ? La Banque d’Angleterre.
    http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/scoop-la-banque-d-angleterre-149472

    « Les explications de la Banque d’Angleterre, toutefois, réfutent totalement ce mythe, et elles sont parfaitement claires :

    Citation : « La relation entre les réserves et les crédits opère dans le sens inverse de celui qui est décrit dans certains cours d’économie. Les banques décident d’abord combien elles vont prêter selon les opportunités de profit disponibles… Ce sont ces décisions qui déterminent le montant des dépôts qui seront créés par le système bancaire. Le montant des dépôts influence à son tour le montant de monnaie centrale que les banques veulent détenir en réserve (pour fournir les retraits du public, les paiements aux autres banques, ou satisfaire aux exigences des ratios de liquidité ».

    Explication : Le multiplicateur monétaire n’existe pas. Les autorités monétaires n’ont aucun pouvoir pour décider de la quantité de monnaie dont l’économie a besoin en imposant une quelconque quantité de réserves aux banques commerciales privées. Le processus fonctionne en réalité dans le sens inverse : les banques créent d’abord du crédit ex nihilo, et les réserves s’ajustent après. Les banques centrales ne peuvent même pas stimuler l’économie en relançant le crédit aux entreprises en créant de la monnaie de base, car ces opérations d’assouplissement quantitatif ne sont que de la création de réserves, et ces réserves ne peuvent pas être transmises à l’économie réelle. »

  • « Enfin, une banque peut emprunter auprès de sa banque centrale de l’argent qui n’existe pas. »

    Je trouve cette phrase bien lapidaire… c’est quoi de l’argent qui existe ?

    Car avant d’exister il faut qu’il fut créer l’argent et on retombe sur un des problèmes d’économie les plus ardus: comment déterminer et créer la masse de monnaie utile à l’économie réelle ni plus ni moins.

    ll me semble (là j’insiste je ne suis pas expert…) qu’il n’y a pas de théorie induisant une pratique disons « scientifique » bien admises, c’est gérée de façon empirique.

    • C’est simple : l’argent qui existe, c’est l’argent qui correspond à un bien suffisamment « liquide » ET de valeur au moins équivalente détenu, et mis en gage, par l’émetteur de monnaie (qui est l’emprunteur, et non la banque qui accorde le prêt !). Ainsi, si le billet revient en banque, le banquier peut le racheter « à vue ».

      Et là, il apparait l’argent émis par les banque commerciale est de l’argent « qui existe », pourvu qu’adossé à des crédits émis par des particuliers et des entreprises qui elle-même détiennent des biens réels de valeur suffisante. Le principal risque pour la banque est donc de se tromper sur la valeur des biens mis en gage (hypothéqués) sur les crédits qu’elle accordent. Ce qui justifie une certaine spécialisation bancaire, non pas selon les déposants, mais selon les clients de crédit, car il est primordial de bien évaluer les biens et leur liquidité. La séparation « banque d’affaires / banques de dépôt est une absurdité qui ne résout aucun problème tout en créant des contraintes.

      Vous vous êtres fait avoir : « déterminer et créer la masse de monnaie utile à l’économie réelle ni plus ni moins » est un faux problème inventé pour justifier un pouvoir financier exorbitant (créer de la fausse monnaie, à son profit, en prétendant que c’est bon pour l’économie).
      Dans les théorie monétaires « endogène » la monnaie n’est pas une variable de commande économique, mais une production qui s’ajuste en fonction de la demande — commerce, thésaurisation –, et des couts de production. Et donc il n’y a pas besoin de « déterminer » combien de monnaie est produite : on le constate, c’est tout, de la même façon qu’on constate la production de pain ou de chaussures.
      De même dans le monétarisme il n’y a pas de problème non plus, il suffit de fixer une règle connue de tous de création modérée, et de la suivre sans la changer quoi qu’il arrive. Le reste suivra.

      Je conseille toujours la lecture de « http://fr.wikipedia.org/wiki/Doctrine_des_effets_r%C3%A9els ».

      • L’argent n’existe que quand on y croit. Si l’emetteur ferme, la monnaie à beau être convertible elle n’est plus rien.

        La monnaie n’est pas réelle, elle est ontologique. Toutes les théories qui veulent faire croire que la monnaie est autre chose qu’un contrat sont fallacieuses, toxiques.

    • « Car avant d’exister il faut qu’il fut créer l’argent et on retombe sur un des problèmes d’économie les plus ardus: comment déterminer et créer la masse de monnaie utile à l’économie réelle ni plus ni moins. »

      on ne peut pas

      d’où l’utilité d’une monnaie ayant une valeur intrinsèque (comme l’or), ou garantie sur cette même valeur (vraiment garantie, hein, pas sur le pendant « papier » de l’or)

      • Hum pour ce qui est de l’or c’est mort car la quantité en circulation ne peut s’ajuster c’est le problème qui a fait sauter le système de l’étalon me semble t’il.
        Faut que je réfléchisse au système décrit par P ci dessus qui me semble plus dynamique.

        • Effectivement, la quantité physique d’or disponible est un problème récurrent qui décourage son utilisation directement comme monnaie ou indirectement comme étalon. Mais c’est surtout mort parce qu’aucun bien ou service, même pas l’or, n’a de valeur en soi. Menger : « L’attribution à telle marchandise d’une valeur d’échange (…) n’a rien de réel, elle est simplement une conception spéculative dérivée des rapports d’échange réels dont les causes sont considérées comme une propriété des objets eux-mêmes. »

          • Absolument, seule une valeur statistique globale des prix d’un echantillon de biens permet une a peu près bonne référence, mais ce n’est qu’une approximation qu’il faut corriger en permanence.

      • Vu que l’on ne peut pas, quelle intérêt de décider a priori du volume optimum ? Il sera pratiquement à tout les coups faux et soit en excès (inflation) soit en pénurie (déflation)

        Les deux cas mettant une quantité énormes de gens au ban de la société.

    • La quantité de monnaie importe peut mais cette quantité doit être stable ou évoluer très lentement. Dans le cas contraire il devient impossible de l’utiliser dans des transaction sur le long termes puisque sa valeur est susceptible de chuter considérablement.
      Si demain on décrète que la nouvelle monnaie c’est des grain de sable, les plages et les desert seront pillé et la quantité de monnaie disponible explosera ce qui en fera effondrer sa valeur et plus personne ne voudra être payé en grain de sable. A défaut d’une monnaie fiable de remplacement on retournera au troc avec l’effondrement des échanges de la richesse qui ira avec.
      Les créateur du Bitcoin on bien comprit se principe en décrétant dès le départ une quantité fixe et définitive de Bitcoin disponible pour l’éternité.

    • Vous avez mis le doigt sur le sophisme de l’article : la monnaie est une convention sociale et toutes les théories moralisatrices sur la monnaie sont fallacieuses et n’ont comme but que de tromper les gens et de les enfermer dans leurs croyances.

      Socialisme de gauche qui explique que la monnaie crée les inégalités et socialisme de droite qui explique que la monnaie crée la richesse.

    • Et si on introduit la vitesse de circulation, cela complique un peu plus.

  • « Quand les banques étaient honnêtes »

    Rassurez moi c’était quand et où ???
    Sur la planète terre ou une autre ???

    • « Ce qu’il importe de bien faire ressortir, c’est que cette stricte orthodoxie était répandue non seulement dans la grande masse du peuple juif, mais aussi dans les couches cultivées et dans ses classes riches et aisées, c’est-à-dire dans la partie de ce peuple qu’on peut à bon droit considérer comme l’initiatrice de l’esprit capitaliste », lit-on dans « Le Bourgeois » de Werner Sombart (Payot 1966) en p. 223, qui à la page suivante continue: « Ici je me propose de montrer avant tout les encouragements que l’esprit capitaliste avait reçus des grands systèmes religieux de notre monde occidental (…) »

      Le sociologue Max Weber, d’un autre côté et c’est bien connu, est arrivé à des conclusions similaires mais, contrairement à Sombart qui en tant qu’historien voit plus large, ne met l’accent que sur l’éthique protestante.

      Satisfait?

      Si vous n’êtes pas un bouffeur de curés enragé, ceci devrait suffire comme réponse

      • Sans vouloir infirmer votre propos en quoi « cette stricte orthodoxie » consistait ?
        Et/ou en quoi elle a lien avec l’honnêteté que marc met en doute ?

        • Là vous me coincez. En fait, il faudrait citer la quasi-entièreté des chap. 18 et 19. Mieux encore, tout le bouquin.

          Avant de me crever à la besogne: n’existerait-il pas à l’heure actuelle (les droits d’auteur étant devenus obsolètes) une bonne version digitalisée sur internet?

          De toute façon, Sombart voit très profond ou très loin, puisqu’ « il s’agit là d’une différence (i.e. entre ce que Bergson appelle ‘lhomme ouvert’ et ‘l’homme clos’) infiniment importante dans la manière d’envisager et de comprendre la vie, et selon que l’une ou l’autre de ces conceptions prend le dessus, nous nous trouvons en présence d’une civilisation toute différente. (…) Les uns chantent et résonnent, les autres n’ont aucune résonance; les uns sont resplendissants de couleurs, les autres totalement incolores. Et cette opposition ne s’applique non seulement aux deux tempéraments comme tels, mais aussi à chacune des manifestations de l’un et de l’autre. — Les uns sont artistes (par leurs prédispositions, mais non nécessairement par leur profession), les autres fonctionnaires (…) Wilhelm Meister et son ami Werner: celui-là parle comme quelqu’un qui ‘distribue des royaumes’, celui-ci comme il convient à une personne ‘qui ramasse une épingle' », op.cit., pp193 sq.

          « Wilhelm Meister », et voilà Goethe. Ma préférence pour Sombart, qui fut un fin connaisseur du dernier génie universel (Napoléon, admiratif: « voilà un homme! ») ne vous surprendra certainement pas.

        • je n’avais pas répondu à cette question « en quoi ‘cette stricte orthodoxie’ consistait », pensant — peut-être à tort — que les Français sont familiarisés autant que nous autres Luxembourgeois, avec les aspects essentiels du judaïsme (ne pas oublier que Jésus fut Juif).

          Maintenant je dois admettre que n’habitant plus le Grand-Duché depuis 45 ans càd depuis la fin de ma scolarisation, je ne suis guère au courant de ce qu’on y apprend dans les écoles, à l’heure actuelle

  • En réalité, ce n’est pas contre d’adage « les crédits font les dépôts » que se positionne ce rapport. Ce serait d’ailleurs absurde : l’adage « les crédits font les dépôts » est simplement un aphorisme décrivant le fonctionnement d’une économie capitaliste. Critiquer cet adage c’est donc in fine, vouloir en finir avec le capitalisme (ce que certains économistes n’ont toujours pas compris). Ce que critique le rapport c’est la fin effective des réserves obligatoires qui ne sont plus applicables qu’aux comptes bancaires des ménages constituant une très faible partie des dépôts au sein du système bancaire. Carpenter et Demiralp remarquent que les réserves obligatoires représentent 1/10ème de l’agrégat M2 et donc la plus grande liberté accordée aux banques de créer de la monnaie.

    Cette création monétaire n’est pas en soi un problème, comme l’ont montré des auteurs aussi divers que Marx, Keynes, Schumpeter, Minsky, elle est même nécessaire pour qu’existe le profit et l’accumulation capitalistique, à partir du moment où elle finance la création de nouvelles capacités productives, de nouveaux biens de consommation. Par contre à partir du moment où celle-ci sert ce que Minsky nomme les « financiers à la Ponzi » c’est-à-dire des individus qui spéculent sur un marché haussier et emprunte pour financer des projets, des achats de titres en pariant sur le fait que ceux-ci seront suffisamment apprécier pour rembourser les prêts, jusqu’à ce que tout s’effondre.

    Vous dites qu’ avant « dépôts faisaient les crédits ». Tout d’abord qu’appelez-vous avant ? Avant le développement du capitalisme ? Avant la moitié du XXème siècle ? En réalité, même au moyen-âge, la création monétaire ex-nihilo existait grâce aux lettres de change dont la valeur se fonde sur la confiance en le signataire. Avec l’apparition de la monnaie papier, ce phénomène s’est amplifié et a permis le développement capitaliste.

    Le crédit ex-nihilo (c’est-à-dire non couvert par l’épargne) est nécessaire à l’existence d’une économie capitaliste. Cependant cela ne signifie pas qu’il ne puisse y avoir un contrôle, une régulation de cette création monétaire privée.

    • Oui, on oublie souvent que des épisodes comme les templiers ou Jacques Cœur sont les premières escarmouches entre l’Etat et le capitalisme et qu’elles sont dues au lettres de change et au développement de la puissance économique et financière privée.

      L’Etat a depuis très longtemps compris que la monnaie ‘réelle’ est un des instrument de pouvoir et de manipulation étatique les plus puissants avec la justice et la force, et c’est toujours battu pour interdire la libéralisation de la monnaie, libéralisation qui veut dire dématérialisation.

  • J’en ai un peu assez qu’on me cite Hayek.

    Va falloir que les gens comprennent un truc : KEYNES EST UN LIBÉRAL.
    Et si.

    Ce que dit Hayek, c’est si l’on ne fait rien, l’économie se stabilise seule.
    En pratique, l’histoire montre que c’est une énorme erreur (surtout celle des USA).

    Ce que dit Keynes, c’est que c’est faux : si l’on ne fait rien, l’économie peut trouver un mauvais équilibre.
    C’est alors qu’il faut une intervention de l’État.

    SEULEMENT…
    Keynes parle d’une intervention TEMPORAIRE pour rétablir les bases saines de la concurrence, et éviter la connivence entre les entreprises et avec les institutions.

    Keynes n’est ABSOLUMENT pas le défenseur d’une quelconque Étatisme ou d’un quelconque interventionnisme forcené, comme c’est le cas en France.

    Les politiciens actuels qui citent Keynes pour justifier l’Étatisme de la France travestissent ses propos.

    Maintenant, ça fait longtemps que les « vrais » économistes ont passé ce cap, que les Keynesiens purs et dur on mis de l’eau dans leur vin, et que les théories sont arrivées à un consensus.

    Quant à l’école d’Autriche de Hayek, elle est morte et enterrée depuis longtemps.

    Si vous voulez rester crédibles en économie, arrêtez de citer Hayek et sa route de la servitude, ça montre juste que vos connaissances s’arrêtent aux années 70.

    • +1

      Je finis même par me demander si cette lubie ne cache pas un anti américanisme primaire.

    • Bonjour Celes
      ‘Keynes parle d’une intervention TEMPORAIRE pour rétablir les bases saines de la concurrence, et éviter la connivence entre les entreprises et avec les institutions.’
      Donc s’il est pour une intervention de l’état dans l’économie (d’une manière arbitraire) il n’est pas libéral.

    • C’est un signe d’espoir pour l’humanité d’observer les socialistes recourir aux procédés de propagande les plus éculés quand ils sont placés dans le corner du ring, à la veille de la faillite retentissante de leur modèle collectiviste. La manoeuvre qui consiste à coller l’étiquette libérale sur des auteurs fondamentalement collectivistes et parallèlement, de manipuler des extraits des oeuvres libérales pour falsifier la pensée scientifique, n’est pas nouvelle. Personne n’a oublié le fameux travail qui rend libre à l’entrée des camps de la mort. Principes identiques quels que soient les époques ou les tyrans avérés ou en devenir, mais également objectifs identiques : perpétrer les crimes collectivistes en toute impunité en bernant les populations.

      Quand on lit qu’une politique discrétionnaire de l’Etat pourrait être libérale, on voit immédiatement le compteur à connerie tutoyer la zone rouge. Mais le compteur explose sous la pression quand on lit que l’économie pourrait être en « mauvais équilibre ». Il ne manquerait plus qu’un comique de passage claironne que le pouvoir de l’Etat est spontané, ou pourquoi pas organique. La spontanéité du flingue sur la tempe…

    • « Si vous voulez rester crédibles en économie, arrêtez de citer Hayek et sa route de la servitude, ça montre juste que vos connaissances s’arrêtent aux années 70. »

      Eh oui… faut quand même aussi s’intéresser à ce qui a été publié depuis et qui est profond : Pissarides, Sen, Ostrom, et pas mal d’autres qui ont vraiment DECOUVERT des trucs.

      Citer Hayek c’est aussi ringard que d’écouter Hervé Vilard.

      • Heu, Sen ça c’est plus que totalement has been. Ostrom, faudrait la (re)lire vous êtes souvent en totale contradiction avec ses travaux.

    • Bien sûr que Hayek est « vieux » (Nobel 74).
      Cela dit, Keynes l’est encore plus.
      Ce qui ne rend pas nécessairement ce qu’ils ont écrit faux. Einstein ou Bohr c’est encore plus « vieux ».

      Les néo-classiques sont plus récents, de Lucas à Sargent en passant par Barro… Mais nombre d’entre eux s’appuient sur le débat Autrichien autour des cycles. Sans forcément la suivre sur tout (faut dire que l’a-priorisme extrême et le refus des maths privent les autrichiens d’outils puissants). Même s’ils n’en parlent pas trop « officiellement », l’école autrichienne étant aujourd’hui classé « hétérodoxe ».

      Citer Hayek est un détecteur à cuistres. Les demi-habiles sautent comme des cabris en criant « dépassé, dépassé »… Et dans le même temps c’est la première référence du papier de Zingales qui agite le débat académique sur le sujet.

    • « Quant à l’école d’Autriche de Hayek, elle est morte et enterrée depuis longtemps » justement, il y a un regain d’intérêt pour l’école autrichienne depuis la crise de 2008. Ce sont les « autrichiens » qui expliquent le mieux la crise. Il est absurde de dire que l’école autrichienne est morte. Bien sûr que l’on ne peut pas se contenter de tout expliquer par Hayek. Cependant, Hayek reste un des plus grands économistes du 20 siècle qui est trop souvent méconnu. C’est comme les écrits de Bastiat qui malgré le fait qu’ils datent de plusieurs siècles ont encore bcp de pertinence aujourd’hui

    • Vous n’avez pas totalement tort. en 1926, l’économiste Keynes, dans une lettre ouverte au ministre français des Finances de l’époque, estimait impossible que les prélèvements publics puissent dépasser 25 % du revenu national. Aujourd’hui, Keynes est dépassé mais nos gouvernants s’y attachent pourtant encore et ils s’y attachent parce qu’ils tirent leur pouvoir de l’interventionnisme de l’Etat, Keynes est leur alibi, c’est aussi simple que ça.
      Ce qui change tout, chez nous les prélèvements obligatoires sont de l’ordre de +/- 46%, les limiter à 25% serait une véritable révolution, à ce prix on voudra bien être « keynésien », mais de quelle partie de Keynes parle-t-on ? Sa partie interventionniste ou sa facette plus libérale, finalement une question se pose ; Keynes était-il keynésien ? Peut-être pas tant que ça, mais il reste l’alibi des étatistes !
      Quant à son principe du multiplicateur appliqué à la dépense publique http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_multiplicateur , je ferais trois remarques :
      – Ce multiplicateur s’applique à toutes les dépenses, publiques ou privées, alors pourquoi favoriser les dépenses publiques
      – La dépense publique implique un prélèvement sur les fonds privés, ce qu’on définit comme étant le principe d’éviction. En clair, ce qu’on prend dans la droite (le privé) pour le mettre dans la poche gauche (le public), n’est plus dans la poche droite, ce qui limite d’autant la capacité d’investissement et de dépenses des individus.
      – La dépense publique échappe à la concurrence, elle fausse le marché et les prix, introduit la corruption et installe le capitalisme de connivence.
      De toute manière, l’histoire l’a démontré, seule la liberté est source d’efficacité en économie, chaque entrave, chaque prélèvement limitera d’autant la capacité des individus à intervenir naturellement dans le processus économique. Le socialisme est une imposture, le keynésianisme poussé à l’extrême également.

    • Keynes s’est opposé au socialisme: http://www.contrepoints.org/2012/12/15/108025-john-maynard-keynes-contre-le-socialisme
      cependant, comme dit un commentateur de l’article que j’ai mis au dessus: Keynes n’a pas arrêté de changer d’avis. Donc parfois, on peut avoir l’impression qu’il est libéral et parfois qu’il s’oppose au libéralisme. Keynes n’est pas du tout cohérent

  • La Banque Européenne, injecte de l’argent pour garantir les dettes des états.
    La Banque Américaine( Réserve Fédérale) injecte de l’argent dans son économie : ses dettes sont achetées par les pays Asiatiques.
    Deux visions bien différentes.

  • Excellent article, faisant état de 2 des principaux problèmes du système bancaire :

    – l’existence des banques centrales (réglementation des prix et renflouement des incapables)
    – responsabilité limitée des dirigeants et actionnaires

    Le 3éme étant la structure du système fiscal, anti-capital et pro dette, mais c’est une autre histoire…

    • Totalement d’accord avec vous !
      Et effectivement l’IS a pour effet de réduire d’1/3 le cout réel de la dette, tout en réduisant les fonds propres disponibles…sans parler du fait qu’il s’agit d’une double taxation. L’is devrait être supprimé.

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