Pourquoi la croissance est-elle aussi faible ?

Pourquoi la France est-elle à la traîne en Europe ?

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Pourquoi la croissance est-elle aussi faible ?

Publié le 3 juin 2015
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Par Julien Barlan.

france croissance zero rené le honzecIl y a un véritable problème de croissance de l’économie en France. Des taux extrêmement faibles, 0,3% en 2013 et 0,4% en 2014, se sont traduits par une hausse du chômage de près de 28 % toutes catégories confondues depuis mars 2012. En comparaison avec nos principaux partenaires européens, on constate en effet qu’il n’existe que 4 500 Entreprises de Taille Intermédiaires (ETI) en France, soit deux fois moins par exemple qu’en Grande Bretagne ou qu’en Allemagne où le ratio s’élève à 2,5 fois. Ce chiffre illustre bien le retard pris par la France dans ce domaine.

Deux éléments méritent ici d’être soulignés.

Premièrement, c’est un relai de croissance précieux qui échappe à l’économie hexagonale. On sait en effet que la majorité des emplois sont créés par les start-up/TPE, qui grandissent ensuite en PME avant de devenir des ETI. Il est donc fondamental pour inverser durablement la courbe du chômage de créer un climat favorable à leur développement. Car ce ne sont pas le CAC 40 ou les grands groupes qui créent la majorité des emplois. Ce n’est pas une idée reçue mais bel et bien un effet empirique, étudié et mesuré :

  • Comme le souligne en effet une étude du cabinet KPMG, « Les ETI constituent également un soutien important de l’emploi en France : 67 % des chefs d’entreprises interrogés envisagent un maintien de leurs effectifs et 19 % prévoient des embauches. Cela est encore plus marqué dans les ETI de grande taille (de 1 000 à 5 000 salariés), 29 % d’entre elles envisageant d’augmenter leurs effectifs, soit 10 points au-dessus de la moyenne des ETI » (Source).
  • Ce constat est partagé par l’institut Xerfi qui note que « Les 100 premiers du top 500 des créateurs nets d’emplois sont à 63% ces entreprises de taille intermédiaire à capital français et implantées à l’international » (Source).
  • Voir aussi cet article du magazine Challenges

Deuxièmement, ce retard peut s’expliquer par l’organisation actuelle de l’économie française qui est encore trop déconnectée des réalités économiques du XXIème siècle. Depuis une trentaine d’années, et notamment depuis le début des années 2000, le monde est entré dans l’ère du numérique, favorisant, voire encourageant l’entrepreneuriat individuel qui est le cocon des futures ETI. Cette avancée du numérique, devenu aujourd’hui incontournable, ne pouvait que conduire à l’émergence d’une économie centrée sur les petites entreprises grâce à la vulgarisation de l’informatique, de l’importance de l’économie en ligne ou encore des possibilités offertes par les techniques d’analytics et de big data.

Or, l’économie française est encore régie par l’esprit post Seconde Guerre mondiale, lorsqu’elle était pilotée par l’État, ce dernier ayant des participations importantes dans de grandes entreprises industrielles. En l’absence de réformes majeures, on conçoit mieux pourquoi il existe en France de nombreuses lois et régulations qui ne favorisent pas le développement des petites entreprises, voire même qui découragent la création de ces dernières. On peut par exemple citer :

  • Un droit du travail beaucoup trop rigide qui décourage l’emploi
  • Le délit d’entrave, passible de poursuites pénales, qui fait en permanence régner un climat de suspicion sur le chef d’entreprise
  • Un coût du travail exorbitant en France où le total des charges sociales salariales et patronales est égal à 64% du salaire brut, ou 82% du salaire net
  • Des seuils sociaux qui découragent l’emploi du salarié supplémentaire en imposant que toute structure de 11 salariés doit avoir un délégué du personnel élu, et toute entreprise de 50 salariés doit avoir un Comité d’entreprise

Malheureusement et au contraire du bon sens, François Hollande n’a eu de cesse de prendre des décisions rendant le contexte économique encore plus complexe, contraignant et hostile aux PME/ETI :

  • Mesures défavorables à l’investissement avec l’alignement de la taxation du capital sur celle du travail au mépris des mécanismes de fonctionnement de l’économie et de ses entreprises
  • Usine à gaz du compte pénibilité qui va générer des tracas supplémentaires pour les chefs d’entreprises
  • Instauration d’un climat de défiance généralisée avec des annonces aussi intempestives que malvenues. Citons les tristement célèbres : « la finance c’est mon ennemi », « c’est pas cher c’est l’État qui paie », ou encore « je n’aime pas les riche, j’en conviens »
  • Rétropédalages multiples illustrés par l’éphémère taxe à 75% et la promesse jamais exaucée d’une réforme fiscale.

Un climat de défiance s’est donc clairement instauré à cause de François Hollande. Pour la première fois, les chefs d’entreprises, les créateurs « pigeons », sont dans la rue et protestent. Eux qui d’habitude font preuve d’un courage remarquable pour éviter les bâtons que l’État leur met dans les roues. Pour que la confiance revienne dans l’économie, il faudra prendre une série de mesures rapides et claires. On peut par exemple citer :

  • La réécriture complète du code du travail et la fin des 35h qui font que la France produit moins que ses partenaires
  • L’instauration d’une vraie visibilité fiscale en s’engageant à diminuer la fiscalité des entreprises et du coût du travail et les maintenir à ces niveaux
  • Supprimer l’ISF pour décourager l’évasion fiscale et encourager les grandes fortunes, synonymes de réussite, à investir dans l’économie et ainsi profiter à un plus grand nombre. C’est-à-dire une fiscalité positive, incitant à épargner dans du capital productif.
  • Réduire durablement la dépense publique pour alléger durablement les prélèvements obligatoires qui sont en France parmi les plus élevés au monde. Par exemple, l’écart avec l’Allemagne est de 120 milliards d’euros par an.
  • Faire une réforme territoriale ambitieuse, supprimant les échelons administratifs faisant doublons
  • Instaurer les 39 heures dans la fonction publique permettant l’économie de 600 000 postes de fonctionnaires
  • Réformer les retraites, en combattant les régimes spéciaux comme par exemple ceux instaurés par le compte pénibilité, ou celui des intermittents du spectacle dont le régime représente 1/3 du déficit de l’assurance chômage pour seulement 3% de cotisants.

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  • Pff j’ai l’impression quand on explique les maux de la France qu’il s’agit d’un jour sans fin.

    • Et ce n’est visiblement pas près de s’arrêter lorsqu’on observe la propagande acharnée de l’Obèse, à l’instar du documentaire rediffusé hier soir sur France 2 (« Liberté, égalité, fiscalité »). Toutefois, la ficelle étant un peu grosse, il n’est pas sûr que cet incroyable morceau de propagande atteigne finalement son but : à trop prendre les gens pour des c…, même les plus défavorisés du neurone finissent par s’en apercevoir.

      • Juste après les guignols qui vous expliquent chaque soir Stalone en méchant patron depuis des années? Et la moquerie éculée permanente de l’économie de marché?
        Ou alors après le grand journal et sa cohorte d’entre soi, gens bobos de gôôche ou droite souverainiste et une morale à 2 balles?
        Et sur Arte ne manquez jamais les documentaires à charge sur le capitalisme. Vous avez de la chance ils passent en boucle plusieurs fois

    • bonjour Jean , d’autant loin de la fin de nos maux ,car la croissance est tributaire de la consommation ,elle-même tributaire de la baisse des impôts taxes .

    • sans Andie MacDowell

  • Cet article mille fois répété, n’arrive pas jusqu’aux sommités politiques qui ont en charge l’avenir de la France. (Chirac n’a guère fait mieux).
    Ce fameux code du travail que l’étranger ne nous envie pas qui paralyse toute mobilité de l’emploi.
    Je crois que bientôt on va adjoindre un commissaire politique et notre soviétisation sera terminée.
    Je l’ai dit et je le répète certains auraient un emploi tout trouvé à Pyong Yang, mais attention aux exécutions sommaires

  • Plusieurs remarques et corrections :
    (a) Réclamer la fin des 35h c’est méconnaître la situation française. Cela fait bien longtemps que de nombreuses dérogations sont possibles. D’autre part, augmenter la durée du travail en période de fort chômage est assez aberrant mais nous verrons par la suite que l’auteur n’en est pas à cette contradiction près. Je fais simplement remarquer que la réduction du temps de travail a eu lieu dans tous les pays développés, que le pays de l’OCDE qui a la durée du travail effective la plus élevée est ….. la Grèce ! J’ajoute que prétendre que la France produit moins que ses partenaires est tout simplement faux.

    (b) Le code du travail serait trop rigide, il faudrait le réécrire complètement. J’invite l’auteur à regarder les données de l’OCDE, il y apprendrait que la France est finalement très flexible notamment en ce qui concerne les CDI. La rigidité par rapport aux autres pays est plutôt à rechercher du côté des contrats temporaires.

    (c) « Supprimer l’ISF » pour décourager l’évasion fiscale. Discours vieillot qui n’a aucune valeur. En GB qui n’est pas un « enfer fiscal », Cameron a mis en place un plan de lutte contre l’évasion fiscale. L’auteur de comprend pas que ceux qui « s’évadent » n’en auront jamais assez, et trouveront toujours qu’ils paient trop.

    (d) « Diminuer le coût du travail ». Pour ma part, je préfère dire diminuer la valeur du travail, ie dévaloriser le travail. Sur le plan moral, je ne suis pas favorable à une dévalorisation du travail, mais parlons économie. Il est certain que le coût du travail est élevé en France. Mais se contenter de regarder le coût du travail n’a pas grand sens. Une heure de travail au même prix qui sert à produire un airbus ou un t-shirt, ce n’est pas la même chose. Il faut donc comparer coût du travail et ce que ce travail sert à produire. Je fais remarquer également que le coût du travail dans l’industrie manufacturière est plus élevé en Allemagne qu’en France, et pourtant….

    (e) Je remarque également une confusion entre « épargner » et « investir ».

    (f) La France a en effet une forte dépense publique notamment du fait de sa protection sociale (ce qui explique pourquoi en situation de sous-emploi, celle-ci augmente), mais il faut bien voir que dans les autres pays, la protection sociale est plus faible ou davantage privatisée. Autrement dit, ou bien vous avez moins de protection sociale, ou bien ce que vous payez via des cotisations publiques, vous le payez via des cotisations privées. Ce dernier cas serait intéressant s’il offrait un service équivalent ou meilleur que le public à un prix équivalent. Mais pour l’instant ce n’est pas le cas.

    (g) La comparaison avec l’Allemagne s’explique en grande partie. D’abord, via la méthodologie. Le personnel hospitalier n’est pas comptabilisé en Allemagne. Les dépenses de défense sont de près de 2 points de PIB inférieures en Allemagne, un investissement public plus faible d’au moins 1 point de PIB (les routes allemandes ne sont plus ce qu’elles étaient….), des dépenses en éducation et petite enfance plus faibles du fait de la démographie. Autrement dit, on ne peut se contenter de donner un chiffre sans analyse derrière, en tout cas si on est honnête.

    (h) « Mettre les 39h en place dans la FP ». En période de chômage c’est certain que c’est une vachement bonne idée, 600 000 chômeurs de plus. « mais non vous allez me dire, ils trouveront de l’emploi dans le privé ». En période de fort chômage, vous croyez vraiment ? Vous me répondrez : « mais avec les économies que cela réalise, cela permettra d’embaucher ». raisonnement au doigt mouillé qui demanderait d’être développé.

    (i) Concernant le régime des intermittents. En réalité, il coûte 3 fois moins que ce que vous prétendez (je suppose que c’est le rapport de la cour des comptes). Le problème du rapport de la cour des comptes c’est qu’ils oublient que si on supprime le régime des intermittents, ils passeront dans le régime général, cela permettra certes une économie mais une économie 3 fois moindre. Autrement dit, ce n’est pas 1/3 du déficit de l’assurance chômage mais 1/9, soit presque 10%. Ce n’est tout de même pas la même chose….

    Conclusion : cet article est un simple condensé des clichés, stéréotypes qui existent depuis maintenant 20 ans. Rien de neuf donc, et assez pauvre intellectuellement.

    • Bon chouette alors, je suis soulagée tout va bien, continuons comme ça ! Tiens, j’ai une idée, faisons en plus encore, ça ira encore mieux !

    • @jerej, vous ne comprenez visiblement pas très bien le rapport entre chômage et travail.

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