Réforme du collège : attention la droite s’énerve

Cette droite s’offusque de la réforme des collèges alors même qu’elle était aux commandes durant dix ans et qu’elle n’a pas brillé par sa capacité à réformer l’école.

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Une salle de classe dans une école (Crédits : Conseil Général du Val-de-Marne, licence CC-BY-NC-ND 2.0), via Flickr.

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Réforme du collège : attention la droite s’énerve

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 24 mai 2015
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Par Jacques Béhat, Pour Contrepoints

Une salle de classe dans une école (Crédits : Conseil Général du Val-de-Marne, licence CC-BY-NC-ND 2.0), via Flickr.
Une salle de classe dans une école (Crédits : Conseil Général du Val-de-Marne, licence CC-BY-NC-ND 2.0), via Flickr.

 

Ça y est, la réforme des collèges est sur les rails, publiée vite-fait bien-fait au Journal Officiel. La droite s’est indignée et s’est battue, en vain. Il faut dire que les armes qu’elle a utilisées ressemblait plutôt à des pistolets à eau. Subitement inquiète pour l’avenir de nos enfants, elle a crié au scandale contre la suppression du latin. C’est une honte ! Bruno Le Maire a même pris la plume pour écrire au Président une jolie lettre évoquant l’Histoire avec un grand H. C’est dire s’ils ont sorti les gros moyens ! Une opposition redoutable et déterminée. Une droite qu’on sent soucieuse et préoccupée, sourcils froncés et mâchoire crispée par cette atteinte à notre système éducatif tellement efficace. Malheur, que vont devenir nos enfants ?

Le problème, c’est que cette bonne vieille droite qui s’apprête soi-disant à se rénover en changeant de nom, s’offusque de cette réforme certes ridicule, sinon catastrophique, alors même qu’elle était aux commandes durant dix ans et que, ma foi, elle n’a pas brillé par sa capacité à réformer l’école. Celle qui crie au loup parce qu’on va empêcher à trois gamins, qui ne parlent même plus correctement le français, d’apprendre le latin, a accompagné la décomposition du système éducatif sans être capable de générer le choc attendu par ses électeurs. Incapable de s’opposer sérieusement, à défaut de la déconstruire, à l’idéologie socialo-pédagogiste qui a contaminé tout le système, la droite a participé passivement au délitement de l’école et a laissé les pédagogistes continuer leur œuvre néfaste. Faute de créer, de détenir ou même de s’approprier une théorie de l’éducation alternative et solide, elle en est réduite comme d’habitude à s’aligner sur ceux qui s’autoproclament experts.

On voit bien d’ailleurs comment l’anti-conformiste Luc Ferry, qui fût ministre de l’Éducation durant deux ans, et qui d’ailleurs a dû se trouver bien impuissant entre ses opposants bornés et ses alliés incultes, prend ses distances avec cette droite décidément incapable de réforme structurelle profonde.

Un séjour dans les classes permettrait peut-être à tout ce beau monde de voir l’étendue du bazar : adolescents créatifs mais privés de cette rigueur intellectuelle élémentaire et dépourvus de culture générale, autorité contestée du corps enseignant par la « génération P.A.I », ambiance fortement idéologisée dans les salles de profs, là où l’école devrait être le lieu de la neutralité, absurdités et complexité administratives…

La droite en dix ans n’a rien fait pour corriger cette situation désastreuse. Son indignation est donc aujourd’hui bien mal venue, à moins qu’elle n’ait à proposer un véritable contre-modèle, et qu’elle ne fasse preuve d’une réelle et profonde volonté réformatrice qui semble hors de sa portée.

François Guizot, illustre ministre libéral de l’instruction publique considéré comme le créateur de l’école primaire (loi Guizot de 1833), doit se retourner dans sa tombe en voyant ce qu’est devenu notre système éducatif sous l’effet de la politique des socialistes et de l’incompétence de la droite.

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  • Ce genre d’article, ca s’appelle tirer sur l’ambulance parce qu’elle était en retard.

    Mais ils étaient où les libéraux opposés aux réformes débiles du socialisme égalitariste pendant 10 ans ? Il est où leur programme qui aurait pu contrebalancer l’utopie marxiste qui a batifolé en toute quiétude dans le mammouth ?

    Ce pays vit un vide intellectuel libéral depuis 200 ans, à part quelques éruptions comme Tocqueville ou Bastiat, le rationalisme, le cartésianisme, le mythe de la révolution populaire libératrice, l’anti-tout (anticléricalisme, contreculture, anti anglo-saxons, anticapitalisme, antifascisme, antiracisme ….) ont tout ravagé.

    Alors au lieu de regarder en arrière ce que l’on n’a pas fait et de refaire le monde en mode ‘c’est de la faute des autres’, au lieur de contempler la terre brulée en accusant les spectateurs, mieux vaudrait regarder devant : il est temps d’arrêter les délires gauchistes en tout genre.

    • D’un autre coté quand j’entend les députés UMP dirent « NVB casse tout, tout cela marchait bien », alors que quelques semaines avant cette annonce de réforme, les memes disaient « rien ne marche à l’école, le PS fait rien »… c’est juste drolement… politique.
      Mais tu sais quand on ne soutient pas les UMPistes dans leur effort de démagogie, de politicards carriéristes sans grand interet, c’est pas forcément que l’on est de gauche, on peut aussi n’etre, juste pas, un fidèle mouton. Je me sens ni UMP, ni PS, c’est un peu comme l’idée (simpliste ?) qu’il faudrait avoir le PS et l’UMP associé pour avoir une bonne politique… mais la nullité politique de gauche additionnée à la nullité politique de droite, se transformerait pas en super politique, mais juste en super politique nulle. Quand j’entend que pour l’UMP, le problème de cette réforme c’est le latin (pratiqué par 4 enfants) et qu’ils combattent le fait de rendre plus autonome les établissements et les profs, meme de facon ridicule, et bien oui l’UMP est étatiste, veut controler de facon générale, sans ses référer aux connaisseurs de l’éducation, on est dans léternel clivage entre étatistes.

      Après l’UMP ne peut pas changer, on a exactement les memes qui se présentent, sans changer une once du programme… a part peut-etre encore etre un peu plus conservateur qu’avant.

      • Entièrement d’accord.

        Pour paraphraser Emmanuel Todd, la droite Française est une bande de Libéraux Zombies : ca a la carapace extérieure du libéral, mais ça n’a pas de cervelle et ça suit le vent de l’opinion et de ses mythes populaires, ses sophismes tous plus gauchistes les uns que les autres :

        – La Liberté individuelle ? L’os à ronger que donne l’Etat, la sortie dominicale du toutou en laisse.
        – La Religion ? La raison pour laquelle les juifs ont fabriqué des chambres à gaz, les popes les goulags.
        – La Démocratie ? Les lendemains qui chantent, le pouvoir au peuple (russe, chinois, nord vietnamien …)

        Etc, etc, etc…

        La droite veut mettre le feu à l’Education Nationale ? Mais qu’ils y aillent, qu’ils y aillent, même si c’est un pétard mouillé, on s’en fout, qu’ils y aillent !

        Même si ils ne savent pas trop pourquoi cette réforme est absolument infâme, même s’ils se battent sur des détails, ils n’ont qu’a commencer à creuser, il trouveront peut-être le courage de se radicaliser et de sortir des vrais arguments :

        Supprimer l’Education Nationale, fin de l’école publique athée et obligatoire, supprimer les contrats, donner les moyens à chaque Français de choisir son école et ses programmes, supprimer l’attribution publique des diplômes, permettre à n’importe qui de devenir professeur, proposer un programme National sur l’Histoire officiel mais non obligatoire …

        Bref il y a du boulot 🙂

  • Ce n’est pas faux. En même temps, la droite a enfin un motif de se rassembler et de s’opposer de manière pour une fois cohérente, sur un sujet qui en vaut vraiment la peine.

    Je n’y crois pas beaucoup, mais au moins avons-nous là une petite chance de redonner à la droite un peu de contenance, de lui refaire un peu les reins pour l’aider à réaffirmer ses valeurs et son positionnement politique. Laissez-lui au moins cet os à rogner!

  • Je partage pleinement le sentiment de gène face aux cris de vierges effarouchées d’une droite dite de gouvernement, incapable de mettre en avant la solution qu’ils feraient une fois revenus au pouvoir, en expliquant aussi pourquoi ils ne l’ont pas fait durant leurs dix dernières et très recentes années de pouvoir.

    Et chaque cador de la droite d’avoir sa solution ( je ne parle pas des aboyeurs critiquants stériles, ou d’un ex président qui propose tout et son contraire)

    MAIS, personne ne s’interroge sur le mode de recrutement des enseignants, sur le mode de gestion des ressources et des compétences de ce mammouth dirigés par les syndicats et des élites administratives devenues folles à liées.

    Rien n’est perdu, si on laissait davantage faire les enseignants compétents et/ou motivés…

  • En effet, la droite ne propose pas d’alternative, pourtant à l’étranger il existe des initiatives intéressantes.

    • Comme l’a parfaitement démontré le concours Eurovision de cette année, la France ne s’abaissera jamais à prendre exemple sur l’étranger.
      C’est le monde qui doit tourner autour de la France et non l’inverse.
      La France détient la vérité en tout.
      Non mais…

  • Zébulon vient de déclarer qu’il comptait étudier « tous les moyens juridiques » pour s’opposer aux réformes burlesques et saugrenues de son ami Culbuto. Si jamais il devait retrouver son trône demain, est-il encore nécessaire de lui suggérer que deux lois toutes simples, seulement deux, la première donnant l’indépendance juridique, contractuelle et financière aux établissements scolaires, la seconde instaurant les chèques scolaires pour les parents, feraient amplement l’affaire ?

    Ah, au passage, que Zébulon n’oublie pas également de supprimer le terme « éducation » pour le remplacer par « instruction » dans le code de l’éducation, qui serait évidemment débaptisé à cette occasion. En effet, il serait peut-être temps que l’Etat français se conforme enfin à la DUDH, article 26 alinéa 3, lui qui n’aime rien tant que donner des leçons en la matière à ses interlocuteurs. La cure d’amaigrissement de l’Obèse franchouillard commencera en priorité par les chevilles, à n’en pas douter.

  • rie au loup parce qu’on va empêcher à trois gamins, qui ne parlent même plus correctement le français, d’apprendre le latin

    Effectivement, à lire cette phrase, on n’en n’est plus là, et on en est même loin.

    Sinon, qu’importe qui s’oppose et pour quelles raisons. Il est toujours bon de s’opposer à une mauvaise réforme.

    • En même temps, mes gamins qui savent déjà lire écrire et à peu près compter avant la fin de leur CP, que va-t-on leur proposer de structurant intellectuellement pendant les 8 ans qui les séparent de la fin de leur 3éme? Du macramé?

      Je travaille dur pour habiter dans un quartier où existe encore une école publique de qualité, cette réforme parachève juste la destruction de celle-ci.

      La suppression du latin et du grec est une honte absolue, ne serait-ce que parce qu’elle privera les élèves les plus doués et/ou les plus méritants d’un outil supplémentaire, voire essentiel, d’appropriation de la culture.

      Dire que cette suppression n’est pas grave parce que la majorité des élèves (sous-entendu venant de milieu social défavorisé) est vraiment une pitoyable « idée » de collectiviste.

      C’est vraiment triste de lire ce genre de saleté sur CP, ça montre que l’esprit des gens dits « de droite », « libéraux », etc. est vraiment gangréné par cet inconscient collectif marxiste qui pourrit nos vies depuis plus de 40 ans.

  • pourtant cette reforme va dans le bon sens , seuls les meilleurs réussiront a émerger de notre merveilleuse EN …comme ils ont toujours su le faire . c’est ça aussi l’égalitarisme , mettre la barrière plus haute pour que nul n’en échappe et c’est peut être pas très libéral mais un peu quand même…en fait , tout ça n’a aucune importance a part créer un peu de vie politique au milieu d’un océan d’ennuis .

  • Il faut être plus nuancé :

    Ferry a tenté de se démarquer du lot (de bonnes choses dans le rapport thélot, mais c’est facile de faire un bon rapport), et globalement ses projets initiaux avaient du sens (et en ont encore).

    Le pire a été la période Darcos / Chatel : détruire jusqu’à 15 000 postes d’enseignants en une année, au lieu de juste menacer de les supprimer et de les maintenir in fine en échange de réformes, ce qui est la méthode usuelle en France, surtout en temps de crise. Une absence de vision qui se paie encore aujourd’hui et gène encore plus les changements.

    En revanche, Pecresse a réussi des choses dans le supérieur, et a été très constante : un des seuls héritages positifs de la période sarko est un certain renouveau de l’université et de la recherche. D’ailleurs les successeurs n’ont pas tout cassé.

    D’une manière générale, cette période a été nulle, ni plus ni moins que les autres : le gros problème a été, comme avant, et comme après, le zapping, passage d’une réforme à l’autre, sans aucune direction, voire sur des sujets des virages à 180°.

    La « polémique » actuelle est un pur acte tactique et médiatique, il n’y a rien de substantiel derrière.

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