Le libéralisme est-il destiné à faillir ou à évoluer ?

Le libéralisme ne défend pas un système politique. Il en défend une infinité, pourvu qu’ils reposent tous sur un rejet de la violence et de la coercition.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le libéralisme est-il destiné à faillir ou à évoluer ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 1 mai 2015
- A +

Par Marius-Joseph Marchetti.

roman ruins credits lorenzoclick  (CC BY-NC 2.0)
roman ruins credits lorenzoclick (CC BY-NC 2.0)

 

Dernièrement, une des critiques que j’ai pu entendre contre le libéralisme est que, comme tout système politique et toute société, il est destiné à s’effondrer. Ces détracteurs croient singulièrement que toute société est condamnée à s’effondrer à un moment ou à un autre, et que la civilisation change obligatoirement. Ils me rétorquent ainsi que le libéralisme est destiné à disparaître. Une critique immédiate serait que le libéralisme ne cible pas un système politique, mais une philosophie.

Quand bien même cette pensée ne serait pas forcément fausse, elle n’est pas un argument contre le libéralisme/libertarianisme ;  lorsque j’ai demandé un exemple, il m’a été donné celui de Rome, sa faillite et sa bureaucratisation. Deux citations, parmi mes préférées, me sont revenues, la première de Friedrich Hayek :

« L’argument de la liberté n’est pas un argument contre l’organisation, qui est l’un des outils les plus puissants que la raison humaine peut employer, mais un argument contre toute organisation exclusive, privilégiée, monopolistique, contre le recours à la coercition pour empêcher les autres de faire mieux. »

En soi, si toute société est condamnée à faillir un jour, elle n’est pas condamnée à ne plus être libérale. Les hommes usent de leur liberté pour mettre en application la somme des connaissances dispersées dans le corps social, là où un planificateur ne le peut pas, car une poignée de bureaucrates ne peut concentrer les milliards de connaissances et d’actions accumulées durant des millénaires ; par leurs aspirations respectives, les individus mettent en concurrence les systèmes sociaux auxquels ils appartiennent. Le fait est que la ou les organisation(s) choisie(s) après cette concurrence peut/peuvent être différentes, mais toujours ne reposer que sur le libre consentement des individus, et nullement sur la coercition. La société libérale ne faillit donc pas, seule sa forme change.

La deuxième citation est de Murray Rothbard :

« Le libéralisme n’offre pas un mode de vie ; il offre la liberté, afin que chaque personne soit libre d’adopter et d’agir selon ses propres valeurs et principes moraux. »

L’argument en faveur de la liberté et de l’individu n’est ainsi pas un argument pour ou contre l’organisation, qu’elle soit uniquement d’État ou une communauté faisant société, comme si tous les libéraux avaient des valeurs identiques ; l’organisation est un outil créé par l’homme pour permettre l’accumulation et la libre-disposition des connaissances, mais l’argument en faveur de la liberté est un argument contre le monopole de l’organisation, coercitif, étatique, exclusif. L’argument en faveur de l’individu est un argument en faveur de la multiplicité des sociétés. Il peut exister autant de sociétés différentes qu’il existe d’individus libres.

Ainsi, là où une société étatiquement conservatrice ou socialiste a toutes les chances de faillir, puisqu’on y a imposé une forme de société, une société libéralement socialiste ou conservatrice ne peut échouer car elle détient toutes les dispositions dues à la concurrence entre les différents systèmes sociaux pour muter vers un idéal préférable pour les individus qui la composent.

Le libéralisme ne défend pas un système politique. Il en défend une infinité, pourvu qu’ils reposent tous sur un rejet de la violence et de la coercition. Ainsi, la société libérale, si les aspirations des individus qui la composent changent, a la capacité de muter et donc de ne point faillir, liberté étant laissée à chacun d’utiliser les informations et les connaissances comme il le souhaite. Une société étatique est condamnée à échouer, car dans celle-ci, c’est le publiciste qui essaie de modeler la société comme il imagine qu’elle devrait être.

Une société qui se crée à l’opposé de l’aspiration des individus qui la composent est une société en déclin, et laquelle on a enlevé toute trace d’ajustement par les individus. Une société libre ne peut pas faillir et ne peut que se transformer elle repose sur un ordre spontané. Une société où le publiciste se fait le planificateur de tous est une société qui repose sur le chaos organisé et se caractérise nécessairement par la faillite morale, le planificateur ne pouvant savoir quelle forme donner à la société.

Voir les commentaires (16)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • Ah ce fantasme morbide de gauche, sur l’ordre …

    La vie c’est le désordre, l’ordre c’est la mort.

    « Le libéralisme ne défend pas un système politique. Il en défend une infinité, pourvu qu’ils reposent tous sur un rejet de la violence et de la coercition. »

    Cette phrase est d’un sophisme éhonté : tout système politique basé sur l’ordre, ne peut instaurer celui-ci que par la violence et la coercition, et le conditionnement mental (dont l’objectivisme) en fait parti.

    Cette utopie comme quoi la raison peut permettre de trouver une vérité unique qui conviendrait à chacun ne mène qu’à un seul résultat : l’uniformité, la disparition de la diversité.

    Il faut arrêter ce mélange entre libéralisme et rationalisme, qui n’aboutit qu’à des contradictions.

    Le libéralisme, c’est un système politique, qui s’inscrit dans le temps : dans le passé, dans le présent et dans le futur.

    Tous les systèmes politiques socialistes refusent cette transcendance et s’inscrivent en réaction face à l’aléa du monde : toutes prônent un ordre qui permettrait à l’espèce humaine de maitriser son destin : de changer le futur en réfutant le passé.

    Comme aucune n’est capable de définir ce qu’est ce destin, toutes finissent dans des sophismes, des contradictions qui essayent de justifier, de maitriser cet ‘ordre’.

    Il n’existe qu’un seul ordre et celui-ci n’est pas atteignable à l’espèce humaine : au pire est-il partiellement concevable, de façon complétement différente et personnelle pour chaque individu.

    Cet ordre est multiforme : il se transforme en justice et en morale, en science et en art, économie et social etc … , qui sont des choses complétement séparées et opposées. Tout système politique qui ne sépare pas pouvoir moral et légal, scientifique et artistique, économique et social, etc… n’est pas libéral.

    La séparation entre Foi et Raison est la base du libéralisme : c’est cette liberté innée que tente de révéler le libéralisme.

    • Stéphane Boulots,
      Le libéralisme en matière économique peut se définir comme étant une doctrine permettant la promotion et le développement de la libre entreprise et de l’initiative privée.
      Le libéralisme doit être encadré par des règles permettant au plus grand nombre de participer au développement économique d’un pays. A défaut d’encadrement de la doctrine libérale, la société civile subirait la loi des plus forts et des plus riches.
      Le libéralisme doit concilier 2 tendances antagonistes:
      – L’une consistant à favoriser l’initiative des personnes privées en leur permettant d’en retirer une rétribution,
      – L’autre consistant à faire en sorte que l’accès à la libre entreprise et à l’initiative économique ne soient contrecarrées par le pouvoir hégémonique que certains pourraient s’arroger en revendiquant une position monopolistique injustifiée.

      • Vous voyez le libéralisme comme la liberté sans responsabilité et sans contraintes. Allez vous renseigner, vous ne savez pas de quoi vous parlez.

      • Le libéralisme économique est exactement l’inverse de ce que vous expliquez qui est le capitalisme : une vision morale du libéralisme économique qui a été élaborée par Marx.

        L’économie n’est pas morale, elle est juste, implacablement mathématique et mécanique : c’est un fait et la rendre responsable des comportements immoraux des gens (vol, prédation, coercition, abus de pouvoir, etc…) est complétement fallacieux.

        On obtient (et on donne) bien plus de choses des gens quand ils agissent librement et volontairement que quand ils sont contraints.

        Un exemple très simple de libéralisme dans l’entreprise, de séparation des pouvoirs : ce sont les employés qui ‘notent’ leur supérieur (qui déterminent ce qui est bon) et le N+2 qui détermine ce qui est juste, en l’occurrence en tenant compte de la note obtenue et en la comparant avec les pairs de celui-ci.

        Cela se révèle bien plus efficace que plusieurs centaines de pages de code du travail qui essaye de fixer une justice et une morale pour tout le monde.

    • Oui, une liberté à partager sur un territoire non extensible.

    • Commencez par lire les articles avant de les commentez, vous raconterez peut-être moins de conneries.

      « Cette phrase est d’un sophisme éhonté : tout système politique basé sur l’ordre, ne peut instaurer celui-ci que par la violence et la coercition, et le conditionnement mental (dont l’objectivisme) en fait parti. »

      L’article parle de systèmes basés sur la liberté, pas sur l’ordre.

      « Cette utopie comme quoi la raison peut permettre de trouver une vérité unique qui conviendrait à chacun ne mène qu’à un seul résultat : l’uniformité, la disparition de la diversité. »

      L’article parle de systèmes permettant à chacun de trouver sa vérité. Certainement pas à trouver une seule vérité pour tout le monde. Il propose d’accomplir ça grâce à la liberté.

      « Il faut arrêter ce mélange entre libéralisme et rationalisme, qui n’aboutit qu’à des contradictions. »

      L’article ne propose jamais le nationalisme. Pas même mêlé au libéralisme.

      « Le libéralisme, c’est un système politique, qui s’inscrit dans le temps : dans le passé, dans le présent et dans le futur. »

      Non. Le libéralisme est un théorie du droit. Il est compatible avec énormément de systèmes politiques différents, du moment qu’ils respectent la liberté.

      « La séparation entre Foi et Raison est la base du libéralisme : c’est cette liberté innée que tente de révéler le libéralisme. »

      Non. La base du libéralisme, c’est la liberté et les droits.

      • C’est une maladie en France : à partir du moment où l’on n’est pas d’accord, l’autre dit des conneries…

        La liberté définie en fonction des droits, c’est Rousseau, c’est le sophisme original qui a pervertit 1789 en socialisme sanguinaire.

        « On a beau vouloir confondre l’indépendance et la liberté. Ces deux choses sont si différentes que même elles s’excluent mutuellement. Quand chacun fait ce qu’il lui plaît, on fait souvent ce qui déplaît à d’autres, et cela ne s’appelle pas un État libre. La liberté consiste moins à faire sa volonté qu’à n’être pas soumis à celle d’autrui, elle consiste encore à ne pas soumettre la volonté d’autrui à la nôtre. Quiconque est maître ne peut être libre, et régner c’est obéir.
        Il n’y a donc point de liberté sans lois, ni où quelqu’un est au-dessus des lois : dans l’état même de nature l’homme n’est libre qu’à la faveur de la loi naturelle qui commande à tous. Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il n’obéit qu’aux lois et c’est par la force des lois qu’il n’obéit pas aux hommes. Toutes les barrières qu’on donne dans les républiques au pouvoir des magistrats ne sont établies que pour garantir de leurs atteintes l’enceinte sacrée des lois : ils en sont les ministres non les arbitres, ils doivent les garder non les enfreindre. Un peuple est libre, quelque forme qu’ait son gouvernement, quand dans celui qui le gouverne il ne voit point l’homme, mais l’organe de la loi. En un mot, la liberté suit toujours le sort des lois, elle règne ou périt avec elles ; je ne sache rien de plus certain. »

        Vous pouvez être d’accord avec cela, c’est ce que l’élevage marxiste national inculque … je ne le suis pas : cette définition de la liberté est la légitimation de l’Etat de Loi, qui se fait appeler injustement Etat de Droit, c’est l’origine du socialisme.

    • Ordre, désordre, anomie, anarchie, hiérarchie, autorité, leadership, « bottom-up », « top-down »… L’organisation des sociétés humaines sont très subtiles et diversifiées et certaines ne reposent pas forcément sur la coercition pure, en effet certaines peuvent se faire par la « séduction », la recherche d’efficience, ou par simple imitation.

      • Oui, et on se rejoint : une société qui ne fonctionnerait que par libre adhésion à un ordre librement choisi (ce choix ne reposant pas sur la coercition) aurait de facto décrétée qu’il y a complète séparation entre le ‘bien’ et le ‘juste’ : la liberté de choisir le modèle de justice qui est bon pour moi, en fonction de mes valeurs morales et vice versa.

        Le rejet de la coercition et de la violence n’est pas un critère : je peux tout à fait choisir de vivre libre dans une société qui défendrait par la force que quiconque ne puisse pénétrer dans ma propriété privée, ou qui punirait le vol ou le meurtre.

        Le critère libéral est que ce ne soit pas les même instances qui édictent les normes légales et celles qui édictent les normes morales : pas d’inquisition religieuse ni de droit positif moral.

        • De fait le libéralisme économique bien compris doit aller de pair avec un régime politique démocratique c’est à dire, un régime prenant en compte les aspirations des citoyens,en somme, un régime découlant d’une démocratie directe ou les citoyens sont consultés régulièrement sur tous les grands sujets de leur vie quotidienne.
          Le régime politique et économique de nos voisins Suisses peut être considéré comme un exemple à suivre même si tout n’est pas parfait.

          • Vaste sujet.

            Un régime qui prend en compte les aspirations des citoyens est très différent d’un régime qui donne le pouvoir aux citoyens.

            Le système politique Suisse sépare largement les pouvoirs, entre les cantons qui ont une énorme autonomie, le conseil fédéral dont les membres sont élus séparément, le tribunal fédéral et l’armée qui sont encore des pouvoirs séparés, le pouvoir suprême qui est donné à l’assemblée … la votation n’est qu’un élément.

            Ce qui caractérise la Suisse est surtout son histoire (les radicaux/libéraux ont pendant très longtemps dirigé le pays), l’importance donnée aux droits civiques et la structure extrêmement répartie et décentralisée du Pouvoir.

            La Suisse n’est pas une démocratie directe, mais semi directe : le Peuple et les organes politiques (partis, cantons) se partagent le pouvoir et se contrôlent les uns les autres.

    • « La vie c’est le désordre, l’ordre c’est la mort. »

      La vie est un équilibre entre l’ordre et le désordre. Un être vivant crée du désordre autours de lui, mais il fait d’une manière systématique. Le vivant n’est pas le désordre. Le vivant est une recette pour libérer des énergies, c’est à dire induire du désordre. Si les recettes peuvent varier, s’améliorer, se diversifier, elles peuvent aussi rester inchangées pendant très longtemps.
      La vie, ce n’est pas une boite de chocolats. C’est une recette de macarons.

  • Le libéralisme se cassera la gueule c’est une question de temps.
    La propriété privée par exemple, entouré de propriétaires qui ne vous laisse pas circuler vous crevez.

  • Aucun risque(de défaillance).
    Le libéralisme n’est pas un de ces ismes destiné à etre un système de gouvernance.
    Ce n’est qu’une orientation dans différents domaines de la vie publique.

    A l’inverse, ce n’est pas le cas des 2 plaies du 20ieme siècle que sont le socialisme et le nationalisme (le pire étant l’alliance des 2)

  • Nos Sociétés ont toutes virées au Socialisme, les Sociétés libérales n’existent plus.
    Nous devons partir vers des pays qui y tendent, mais on ne trouvera plus un pays qui s’ approche assez
    du libéralisme.
    Agir, partir, laisser derrière soi les débats stériles.. Reconstruire sa vie avec femme et enfants dans un pays qui présente un meilleur futur pour notre famille. Acheter un logement, refaire tout, ne plus jamais revenir !
    Pourquoi Juillet ?
    C’est le meilleur moment pour partir définitivement avec sa famille-
    La Checklist avance.
    -Meubles vendus = OK
    -Maison vendue = OK
    -Appartement à Paris pour les études des enfants, vendu = OK
    -1ère voiture vendue = OK
    -Moto vendue = OK
    -Vaccination du chien et du chat = OK

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La démocratie libérale est un régime politique jeune et fragile. Elle commence véritablement à se concrétiser à la fin du XIXe siècle, et n’existe que dans une trentaine de pays dans le monde. Le primat de l’individu constitue son principal pilier qui est d’abord politique : garantir les droits naturels de l’Homme (la vie, la propriété, la liberté, la vie privée, la religion, la sécurité…) et limiter l’action de l’État¹.

La propriété de soi d’abord, la propriété des choses par le travail ensuite, la pensée critique (libre examen), la t... Poursuivre la lecture

Peste et famine vont sévir, le délire ultralibéral anéantir les acquis sociaux, et les sauterelles ravager les cultures. C’est, à peine caricaturé, la réaction de la plus grande partie de la presse française (notamment Ouest France, FranceTVinfo, France24, LaTribune, Alternatives économiques...) à l’arrivée au pouvoir, le 10 décembre, en Argentine de Javier Milei, élu sur un programme libertarien, c’est-à-dire de réduction drastique du rôle de l’État sur les plans économique et sociétal.

Le récit dominant en France serait que l’économi... Poursuivre la lecture

Le libéralisme classique français a été porté par des auteurs presque exclusivement masculins, et qui pour certains des plus fameux (Turgot, Bastiat, Tocqueville) n’ont pas laissé de postérité : ce qui devrait engager à ne pas rechercher leur opinion sur la sexualité. C’est pourtant ce que je ferais, et la démarche n’est peut-être pas vaine.

 

Les premières conceptions religieuses

Aux premiers âges de l’histoire de l’humanité, la sexualité, incomprise, est déifiée : des autels sont dressés devant des pierres d’apparence ph... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles