Le mouvement des entreprises libérées

Management des organisations : qu’est-ce qu’une entreprise libérée ?

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Le mouvement des entreprises libérées

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 30 avril 2015
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Par Pierre Nassif.

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Le mouvement des entreprises libérées n’est pas un parti politique, mais une nouvelle pratique d’organisation. L’organisation hiérarchique traditionnelle repose sur la transmission du savoir par le centre, lequel est investi de l’autorité : « je sais comment faire les choses et je vous donne l’ordre de les faire ainsi ». Cet ordre est décliné selon les niveaux hiérarchiques qui contrôlent leur bonne exécution et rendent compte.

Si l’on considère que le savoir est désormais présent au niveau opérationnel – ce sont les gens du métier qui savent ce qu’ils ont à faire et comment le faire – toute la pyramide hiérarchique ne fait que parasiter ce savoir local, selon le principe de la mouche du coche de la fable : non seulement la hiérarchie est inutile, mais de plus elle gêne.

Si on considère que les équipes opérationnelles savent s’organiser, se coordonner entre elles et progresser, rien n’empêche de les habiliter à le faire librement, sans hiérarchie. En pratique, l’effet de cette responsabilisation du terrain est formidablement motivant. On constate que les opérationnels sont heureux au travail. Ce n’est pas étonnant car ils deviennent les véritables responsables de la bonne marche de l’entreprise et qu’ils ont les moyens d’assumer cette responsabilité, étant en prise directe sur les choses.

liberté & CieCe qui fédère les gens et leur donne la direction n’est plus le « comment » (pour comment faire ?), mais le « pourquoi » : la raison d’être de l’entreprise et ses valeurs. Ces thèmes, perçus comme des slogans inventés par les chefs dans les entreprises hiérarchiques, deviennent des guides de l’activité dans les entreprises libérées, aidant les employés à répondre aux questions pratiques qui se posent à eux quotidiennement et à gérer les priorités.

À tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur le sujet et faire connaissance avec les quelques entreprises qui ont sauté le pas, je conseille vivement le livre d’Isaac Getz et Brian M. Carney : Liberté & Cie, publié chez Fayard en 2012. Ils y trouveront de passionnantes histoires d’entreprises françaises et étrangères qui auraient été considérées, il n’y a pas si longtemps, comme des contes de fées et qui sont des réalités, concernant des entreprises d’aujourd’hui, heureuses et hautement profitables.

Une de ces entreprises est la fonderie Favi (Picardie), qui fut dirigée (et libérée) par Jean-François Zobrist. Il raconte son histoire et transmet ses thèses et son état d’esprit dans une vidéo passionnante qu’on peut voir à :

Pour une première et rapide approche, on peut lire dans Les Échos « huit questions sur l’entreprise libérée ». Dans cet article est cité un autre article du même journal, que je recommande également, « le business model des entreprises libérées ». Ce dernier article permet de comprendre pourquoi l’entreprise libérée est plus performante que l’entreprise hiérarchique : non seulement les différents étages de management sont supprimés, mais également les fonctions support – direction financière, des ressources humaines, de l’informatique, direction juridique… Je vais vous dire mon sentiment à propos de ces dernières : leur raison d’être est de résoudre les multiples problèmes engendrés par le fonctionnement hiérarchique.

L’illustration la plus parlante est la DRH, qui s’occupe de plus en plus de problèmes de motivation, de souffrance au travail et tutti quanti. Ne vaut-il pas mieux éviter que n’apparaissent de tels problèmes, en supprimant leurs causes ?

Si ces fonctions support rendent également quelques services utiles, ceux-ci peuvent être soit externalisés, soit transférés aux opérations. Les marges de manœuvre dégagées par l’élimination des surcoûts engendrés directement ou indirectement par le fonctionnement hiérarchique permettent d’encourager l’innovation. Des solutions nouvelles sont trouvées pour améliorer l’existant. Des produits et services nouveaux sont mis sur le marché.

C’est grâce à la profitabilité de l’entreprise libérée, associée à la grande satisfaction qu’elle procure aux employés de l’entreprise, que l’on peut croire à sa pérennité et à sa diffusion dans le tissu entrepreneurial. Aurait-on découvert la poudre de perlimpinpin, ce remède à toutes les maladies ? Peut-être, au fond, que la liberté…

À suivre…

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  • Excellent article. Merci.

  • Le top-down est tellement démotivant qu’on oublie pourquoi on est là à faire ce qu’on fait.

    • J’ai surtout l’impression qu’il y’a trop de niveaux de hiérarchie dans la plupart des grandes entreprises. Si je devais monter la mienne, je chercherais à réduire ce nombre, et à éliminer les secteurs inutiles, mais je garderais quand même une direction.

      Quand à externaliser l’informatique, mauvaise idée. En général, on finit par payer plus cher pour un service de bien moins bonne qualité, tout en abandonnant le contrôle (quoique dans une usine, c’est pas vraiment critique).

      • Certaines grandes entreprises ont une vision assez mécaniste de l’action humaine : « pour arriver à tel objectif, il faut combiner telles ou telles compétences avec tel ou tel contrôle ».

        Or ce ne sont pas les compétences qui font bouger un individu (on ne se lève pas le matin pour contempler sa compétence en informatique sur son CV), ce sont ses aspirations, ses rêves, ses désirs, ses valeurs, etc. donc le sens de la mission en elle même.

  • C’est quoi, un genre d’entreprises autogérées à la Anarchiste? Historiquement ce genre de truc à tourné court…

    Qu’est-ce qui fait que ces entreprises libérées s’en tireraient mieux sur le long terme? En quoi sont-elles différentes?

    • tu n’as pas vu les deux liens rouges dans le paragraphe qui commence justement par « Pour une première et rapide approche,… »?

      • Vous trouvez vraiment que ces articles répondent aux questions que j’ai posé? On apprend quasiment rien de plus qu’avec l’article de contrepoints!

  • Très instructif. Et inspirant. Je me suis barré de ma boite avant d’y mourir étouffé, littéralement, à cause d’un management d’arrière-garde, et maintenant si ma boite se développe suffisamment pour que ce mode d’organisation puisse y être expérimenté je ferais tout mon possible pour que chacun se sente libre ! Nous avons tous à y gagner et le patron le premier, j’en suis convaincu.

  • Si le libéralisme c’est croire en l’individu responsable pour trouver des solutions, ce management est fondamentalement libéral et bien évidement efficace.

  • Les commentaires sont fermés.

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