Québec : manifestations étudiantes et répression policière

La grève étudiante débutée il y a un peu plus de trois semaines a donné lieu à plusieurs affrontements entre policiers et manifestants.

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Manifestation du 2 avril contre l'austérité - Credits Lëa-Kim Châteauneuf (CC BY-NC-SA 2.0)

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Québec : manifestations étudiantes et répression policière

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 20 avril 2015
- A +

Par Pierre-Guy Veer, depuis Montréal, Québec.

Manifestation du 2 avril contre l'austérité - Credits Lëa-Kim Châteauneuf (CC BY-NC-SA 2.0)
Manifestation du 2 avril contre l’austérité, Montréal, Québec – Credits : Lëa-Kim Châteauneuf via Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

 

Ces derniers jours, le Québec est de nouveau aux prises avec un mouvement de contestation étudiante, et la multiplication de manifestations et d’échauffourées avec la police. Cela rappelle le « printemps érable » d’il y a trois ans, cette très longue grève d’étudiants qui avaient contesté la hausse des droits de scolarité universitaire et qui s’était prolongée sur plusieurs mois. Cette année, le mouvement prend d’emblée un tour plus politique : plusieurs associations étudiantes ont lancé des débrayages et organisé des piquets de grève il y a un peu plus de trois semaines pour protester contre « l’austérité » du gouvernement libéral (que l’on devrait plutôt nommée « faustérité »). Des heurts violents entre manifestants et policiers ont eu lieu à Québec ou Montréal .

En 2015, comme en 2012, les boycotts étudiants ont amené leurs lots de débordements et de casse, aboutissant à l’intervention des forces de l’ordre pour mettre fin à ce chaos. Absolument rien ne peut justifier l’occupation d’une université publique.

En revanche, bien qu’il n’y ait pas (ou si peu) d’accusations formelles contre les policiers, il semble que certains d’entre eux aient abusé de leur pouvoir, comme cette manifestante qui a reçu une grenade lacrymogène en plein visage. Ce type d’arme ne devrait servir qu’à agir sur une foule afin de la calmer, pas à attaquer physiquement une personne.

Concernant les abus policiers, il faut en partie donner raison aux manifestants pacifiques. Le Québec, de même que le Canada dans son ensemble, sont très loin de connaitre l’équivalent de ceux pratiqués aux États-Unis. Chaque jour, des pages Facebook comme Cop Block relatent quotidiennement leurs lots d’histoires d’horreur, d’abus, de meurtres gratuits et d’assauts « à la mauvaise adresse ». Ici, « cops gone wild » ne sont pas des vidéos que l’on aimerait regarder… Néanmoins, la police au Québec a connu son lot d’abus. Bien que j’étais jeune à l’époque, je me rappelle encore de l’affaire Barnabé, cet homme réduit à un état végétatif à la suite d’une séance de tabassage sauvage de la police de Montréal. Les responsables de ces actes ont à peine reçu une tape sur les doigts, des sentences de prison presque aussi ridicules que celles de l’affaire Scorpion. Plus récemment, Stéfanie Trudeau, alias Matricule 728, semble aussi avoir abusé de sa position avec ses interrogatoires musclés et son agressivité.

Récolter ce que l’on sème

Toutefois, je trouve curieux que les groupes étudiants se scandalisent de la violence policière puisque c’est exactement ce pour quoi ils militent. Oh,  bien sûr ils ne réclament pas de répression expressément. Mais leurs manifestations incessantes contre l’austérité, et donc pour davantage d’État, mènent accessoirement à cette répression policière.

Il ne peut en être autrement. Plus un État gagne en importance, plus il a besoin d’agents pour renforcer ses règlements. Que ce soit via la police ou ses fonctionnaires, l’État a besoin de forces de l’ordre afin de s’assurer que sa loi règne. Prenons l’exemple (très) extrême d’un gouvernement totalitaire, où absolument tout tombe dans le giron de l’État. Afin de museler la dissidence et s’assurer que ses ordres sont respectés, ce type d’État doit avoir suffisamment d’agents fidèles qui feront respecter chaque règlement et décrets.

Bien que la primauté du droit soit encore forte en Occident, elle s’effrite peu à peu à mesure que l’omniprésence de l’État progresse. Chaque nouvelle loi, chaque nouveau règlement est un pas de plus vers le totalitarisme qui nous réduira tous en esclavage.

Prenons la « police du sirop d’érable », qui punit les acériculteurs de l’odieux crime… de vouloir vendre leur production par eux-mêmes. Plutôt que de poursuivre de réels criminels, des tueurs ou des pédophiles par exemple, nos impôts servent à payer des policiers qui punissent des travailleurs qui tentent simplement de vendre leurs propres produits sans passer par un monopole de producteurs.

À propos de monopoles, il est toujours amusant de voir « la gauche » s’insurger contre les monopoles privés mais rester muette devant les monopoles publics : pour des services « publics » comme le transport en commun et les routes, « la gauche » estime parfaitement normal que les travailleurs puissent choisir, ou pas, de se syndiquer ; mais cette même « gauche » estime légitime de s’opposer à l’offre d’un  entrepreneur privé concurrençant un monopole public. Si les services « publics » et les syndicats sont si bons, alors ils ne devraient rien avoir à craindre de la concurrence… n’est-ce pas ?

Bref, la violence policière aperçue lors des manifestations étudiantes, et n’importe quelle autre, par ailleurs, n’est que la conséquence de ce pour quoi ils militent. Ils veulent plus d’interventions de l’État dans leur vie, plus d’interventions de l’État dans leur vie ils obtiennent.

Vous vouliez plus d’État ? Eh bien, dansez maintenant !

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  • Il faut se méfier de ce genre de vidéos. car souvent, on ne montre qu’une partie de ce qu’il s’est passé ce qui fausse la vérité et donne l’impression de violences policières alors que les policiers font un usage proportionnel de la force. dans des émeutes, quand des manifestants vous attaquent vous n’avez pas d’autre choix que d’utiliser la force. en connaissant, les étudiants d’extrême gauche, je sais qu’ils sont très violents. alors j’ai dû à avoir de la pitié pour eux. quand vous regardez leurs méthodes lors de manif, ils n’ont que ce qu’ils méritent. si ils ne veulent pas avoir de problème avec les flics, ils n’ont qu’à être respectueux et ne pas les agresser et les insulter

  • dans la vie, il faut savoir faire preuve d’un minimum de bon sens: quand on agresse les flics, on ne doit pas s’attendre à ce qu’ils se laissent faire. ils ne récoltent que ce qu’ils sèment avant tout pour leur attitude. la très grande majorité des citoyens n’ont jamais eu de problèmes avec les flics (à part des flics désagréables), regardez un peu qui se plaint de violences policières ?? ce sont tjs les mêmes (criminels, militants d’extrême gauche,…). les gens qui s’en plaignent sont loin d’être des enfants de choeurs. je ne dis pas que tous les victimes de violences policières ont que ce qu’elles méritent mâis une bonne partie ont une part de responsabilité dans les violences dont elles ont été victimes. de plus, ces étudiants haissent les flics et les accusent à la moindre occasion de commettre les violences policières(dans la plupart des cas, c’est faux). une raison qui explique l’impunité des policiers commettant des violences policières c’est que dans la majorité des cas ces accusations sont fausses (ellles viennent de criminels). dans d’autres cas, il est très difficile de déterminer si cela doit être considérer comme violences policières ou violences commis légitimement par les policiers

    • ce qui fait que l’on prend plus la peine de faire une enquete sérieuse pour savoir s’il y a réellement des violences policières ce qui donne une impunité aux policiers pour commettre des violences policières. en plus, dans certains cas, les violences policières peuvent se comprendre (le métier de policier est stressant, quand un policier est confronté toute la journée à des gens qui l’ insulte, on peut comprendre qu’à un moment, il dérape)

  • Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.
    Bossuet.

    Le socialisme est une idolâtrie de la violence étatique: C’est celle-ci qui changera l’humanité.
    Les manifestants réclament que leurs désirs soient comblé au moyen du pillage.
    Pour faire plier l’État dans leur sens, ils font obstruction à la vie des autres, empêchent les montréalais de circuler, les étudiants d’accéder aux cours…. Ils intimident ceux qui s’opposent à la grève, organisent des votes à main levée dans des assemblées, poursuivent les débats après chaque votes négatif, aussi tard que nécessaire, jusqu’à obtenir enfin un vote positif …

    Bref, ils veulent de la violence, et beaucoup.
    Mais s’indignent qu’elle soient exercée par d’autres qu’eux.

  • J’habite au Québec et les étudiants sont en train de se tirer dans le pieds. Saccages d’universités, magouilles lors des vote de grève (genre reprendre le vote 3 fois dans la même journée jusqu’à ce que la grève soit approuvé), journaliste agressé, etc.

    Donc en clair, on reproche au gouvernement ce qu’ils font eux-mêmes.

    Et puis, leur demandes ne sont pas trop clair. Certains militent contre l’austérité, le gouvernement, le pétrole, la police, le capitalisme, alouette.

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