Ne quittez pas, le gouvernement est à votre écoute

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Ne quittez pas, le gouvernement est à votre écoute

Publié le 19 avril 2015
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En quelques jours, le projet de société que nous concoctent tendrement les socialistes au pouvoir s’est nettement précisé, et, il faut bien le reconnaître, c’est un projet ambitieux, plein de promesses alléchantes pour les futurs collaborateurs participants au régime à venir. Pour les autres, ceux qui résisteraient ne seraient pas d’accord, il conviendra de leur rappeler qu’après tout, c’est la démocratie, et qu’en attendant qu’ils puissent retrouver le pouvoir (on ne sait jamais, hein), c’est comme ça et puis c’est tout.

Jusqu’ici, on ne voyait que quelques orientations générales, comme la baisse progressive du niveau d’instruction dans les collèges (camouflée par l’introduction toujours plus foisonnante de termes ridicules), une décontraction de plus en plus marquée face à la sanction pénale (sauf celle des opposants, bien sûr), une laïcité délicieusement orientée, etc… (Je vous laisse compléter la liste avec les lubies du moment.)

Mais cette semaine, on comprend que ces réformes, ces changements, ces éléments de langage ne sont que les petites pièces, pour l’instant disjointes, d’un grand puzzle sociétal hardi où le peuple français va enfin pouvoir goûter, de façon très progressive, aux multiples facettes bigarrées du vivrensemble intrusif socialiste tout à fait réjouissant.

winston churchill sur les fascites de demain

Et ce projet vise à passer, tranquillou tout doux, de l’ochlocratie qu’est devenue la Cinquième République à une dictature soft très maline.

Je m’explique.

Il semble déjà évident que la démocratie républicaine française a vécu.

Le régime actuel, bâtardise entre un régime parlementaire et un présidentiel, permet toutes les lâchetés à commencer par celle qui consiste à faire gouverner par un fusible et conserver le pouvoir même lorsque les élections intermédiaires montrent un profond malaise démocratique. À ce point technique déjà désagréable, il faut ajouter l’évidence scandaleuse que les lois ne sont plus votées ni par une majorité du peuple, ni même par une majorité de ses représentants.

La loi Santé, empilement d’articles collectivistes, déresponsabilisants et scandaleux, fut votée avec 35 députés présents, qui ne comptaient même pas l’auteur de la loi dans ses rangs. La loi Renseignement, encore plus inique et lourde de conséquences, n’a pas réussi à mobiliser plus de 30 péquins. Les autres avaient poney, piscine ou roupillaient, l’horaire du vote, commodément débile (en pleine nuit), ajoutant le côté nocturne à une loi déjà fort sombre. C’est entendu : la démocratie française est maintenant une blague, et vous savez pourquoi.

Fascism : do you think it'll be this obvious ?Cette blague se double du foutage de gueule permanent que constituent un certain nombre de députés dans les rangs des parlementaires.

J’ai déjà évoqué le cas, pathétique et parfaitement illustratif, du député De Rugy qui réclamait, comme seuls les cuistres et les hypocrites savent le faire sans honte, de rendre le vote obligatoire, alors qu’il est régulièrement absent aux votes, même cruciaux. Ça n’a pas loupé : les idées les plus veules sont toujours les mieux acceptées dans les rangs de ceux qui vivent du mensonge : Claude Bartolone n’a donc pas tardé à la reprendre à son compte.

Eh oui : les droits qui se transforment en devoirs, c’est pour les autres, la piétaille citoyenne, pas pour eux, oints du suffrage universel. Oublié, le fait que l’essence même du député, c’est précisément le vote ! Oublié le fait que ce pourquoi il est indemnisé, c’est effectivement pour se fader ce périlleux exercice démocratique ! Oublié que l’unique raison d’être de son mandat, c’est d’être présent et d’effectuer le vote qui représente celui de ses électeurs. Bartolone, De Rugy et ceux qui soutiennent ce vote obligatoire n’en ont rien à carrer, puisque l’obligation serait pour vous, pas pour eux. Bien sûr, on sait que se cache ici un désir d’asseoir solidement le financement des partis politiques qui dépendent intimement du nombre de votes reçus. Le vote obligatoire, c’est l’assurance d’un fonds de roulement. Mais au-delà, c’est surtout l’assurance que le peuple devra absolument choisir dans la palette pré-sélectionnée et rien d’autre. Les mécontents choisiront blanc, et l’affaire sera pliée.

Et le plus beau, dans cette histoire, c’est que les Français seraient pour.

C’est là que la magie du basculement de la démocratie à l’ochlocratie opère véritablement. Ici, la décision sera prise sur la base de sondages, qui, heureux hasard, sont assez coquettement favorables à la mesure. Pour la loi Renseignement, même topo et hasard aussi judicieusement heureux : pouf, les Français sont, dans leur bonne majorité, favorable aux mesures ! Rassurez-vous, si la loi Santé contient de vrais morceaux de totalitarisme, peu importe parce que, tenez-vous bien, là encore ça tombe bien, les Français sont favorables au tiers-payant !

un gouvernement à l'écoute

Pratique : on demande de façon détendue si l’on est pour le renforcement des moyens donnés aux renseignements pour lutter contre les terroristes, et la réponse est assez fréquemment oui. Ça tombe bien, la Loi Renseignement contient ce volet (et plein d’autres, mais peu importe ici). On demande si l’on est pour l’instauration d’un tiers-payant. Pratique, ce sont les autres qui payent ! Et ça tombe bien là encore, la Loi Santé contient un beau volet pour (et plein d’autres, mais peu importe ici). Quant au vote obligatoire, qui serait contre l’expression même de la citoyenneté, à l’heure où la Rrrrrépublique a tant besoin que nous soyons tous soudés ?

big brotherDe sondage en sondage, de votes comptant toujours moins de députés à l’Assemblée, on est passé d’une parodie déjà grotesque de démocratie à une ochlocratie qui ne se cache même plus. L’étape d’après est toute tracée.

Les moyens de « renseignement » étant en place, il ne sera même plus nécessaire de faire ces sondages.

Magie de l’internet, des boîtes noires de l’État aux bons endroits, et du Big-Data sur vos métadonnées, le pouvoir en place saura assez finement ce qu’il est capable de faire passer, en pleine nuit, par 20 ou 25 députés godillots, parce qu’il saura assez précisément ce que vous pensez. Il ne s’en cache même pas : votre vie privée n’est plus un droit et vous n’avez plus la liberté de vous protéger des incursions de l’État.

« Il n’y a aucun article de cette loi qui remet en cause les libertés. En revanche, il y a des dispositions qui peuvent être considérées comme remettant en cause la vie privée et le droit à la vie privée. »

Rendez-vous à l’évidence : s’ils mettent des boîtes noires partout, ce n’est pas pour trouver les terroristes (dont ils se foutent complètement), mais c’est bel et bien pour savoir ce que vous pensez, ce que vous serez prêts à accepter et comment vous le faire accepter. C’est un outil formidable pour modeler les foules, pour vous manipuler.

Or, si on peut largement parier sur un FAIL magnifique de ces techniques contre le terrorisme, si on peut aussi parier sur la médiocrité des administrations de l’État en matière d’informatique (vu le nombre de ratés dans le domaine, une réussite serait, littéralement, une première), en revanche, s’il y a bien un domaine où nos politiciens excellent, c’est celui de la manipulation des foules, des opinions et des passions. Et comme leur gagne-pain en dépend ultimement, vous pouvez aussi parier qu’ils mettront la dernière énergie à faire fonctionner leurs systèmes suivant ce beau (et caché) cahier des charges.

Gouverner, ce n’est plus prévoir, c’est lire dans vos pensées.

1984-was-not-supposed-to-be-an-instruction-manual
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  • Lorsqu’on s’inquiète des violations de la vie privée que ce genre de loi contient, certains nous répondent qu’on n’en a rien à cirer de nos vies inintéressantes… Pourtant, si on regarde un tant soi peu Google, Facebook, on peut voir qu’eux ont bel et bien compris la valeur de nos vies privées et se font des dizaines de milliards de CA…

    L’économie reste basée sur nos choix, nos décisions individuelles. Ceux-ci sont déterminant pour savoir quelle structure économique va vivre ou péricliter, permettant ainsi la destruction créatrice. En ces temps, beaucoup de structures proches du pouvoir ou au sein du pouvoir sont menacées et contrôler nos choix devient très tentant pour maintenir ces structures…

    • Exactement, si facebook a payé whatsup des milliards de dollars c’est nullement à cause de leur technologie mais à cause du grand nombre d’utilisateurs (des millions que facebook n’avait pas sur son réseau ). Facebook par contre ne cherche pas à faire travailler ses clients ou à les endoctriner pour mieux les manipuler. Et de toute façon facebook prend le consentement de ses utilisateurs

  • Je dirat plutôt que si personne n’est présent au vote, c’est que tous sentent bien que le truc pue et leur réflexe pavlovien c’est « maîtresse j’ai un mot d’excuse »… et pour ce qui est du contenu, c’est du même tonneaux, ils sont conscient qu’ils se sont ridiculisés avec Hadopi en mettant les doigts là où il ne fallait pas, alors là ils nous pondent un texte vague pour ne pas se faire coincer… Encore un réflexe de fonctionnaire, je risque de me faire taper dessus je botte en touche avec un rapport bidon et attend qu’un petit nouveau ou un stagiaire se coltine le boulot sur un sujet que je ne connaît pas… Car fondamentalement, ils sont totalement incapable d’analyser la réalité et de se projeter dans l’avenir, ce qui est normal, un fonctionnaire, c’est fait pour fonctionner dans le système, par pour le comprendre et le changer… Ils n’ont pas seulement subis une hontoctomie, mais aussi un conditionnement bien particulier qui donne l’apparence de l’intelligence, mais l’apparence seulement…

  • Bel article, malheureusement vrai.
    Et n’oublions pas qoe c’est Mitterrand qui a inventé ça, avec sa « cohabitation ».
    Touis les hommes politiques sont prêts à tout, pour garder le pouvoir, l’honneur et la dignité ne font pas partie de leur vocabulaire.

  • Très bien vu, mais assez déprimant car cette évolution de notre pays, sans doute initié par le grand Charles qui a mis au pouvoir des communistes pour pleins de bonnes raisons, semble particulièrement s’accélérer depuis mai 1981.

    Le « retournement » sera difficile.

  • « Jeunes et bobos : les nouvelles cibles du président »

    (Et c’est Le Monde qui titre ça)

    Pour les jeunes et le chômage : une grande loterie avec comme gros lot 1 formation offerte (pour 23000000 de billets). Pour les bobos : des moulins à vent (mais dans quel but au fait ?)

    C’est sur que le gouvernement est à notre écoute – mais ils devraient changer la pile de leur sonotone.

  • Plus besoin de sondages à la Sarko…
    Au fait … ?

  • Je pense que cette loi porte une atteinte indirecte mais flagrante au droit de résistance à l’oppression prévu par la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789, ladite déclaration faisant partie de notre bloc de constitutionnalité

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