La nostalgie du téléphone à cadran

Vous vous souvenez quand converser était aussi utile qu’agréable ?

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La nostalgie du téléphone à cadran

Publié le 15 avril 2015
- A +

Par Daniel Girard.

téléphones credits dan brady (licence creative commons)
téléphones credits dan brady (CC BY-NC 2.0)

 

Il était une fois… une époque… où nous étions obligés de nous parler. C’était l’époque du téléphone à cadran. Il n’était pas facile à manier. Il était posé sur une table ou accroché au mur. Lorsqu’il sonnait, on pouvait peut-être deviner qui appelait, mais on ne pouvait en être sûr : il fallait décrocher. Il n’y avait pas de répondeur ; l’afficheur relevait de la science-fiction.

Si on n’avait pas le goût ou le temps de parler à la personne qui nous appelait, il fallait trouver une manière de lui dire en espérant ne pas l’insulter. Les conversations étaient parfois brèves avec peu de formules de politesse, parce que nous étions occupés. Ça faisait partie du rituel de la communication.

Pas de réponse

En 2015, les gens veulent savoir à qui ils ont affaire. Ils regardent l’afficheur. Fantastique pour contrer la sollicitation téléphonique, ignorer les impertinents, mais parfois aussi les gens qui comptent. Saisir le récepteur du gros téléphone noir obligeait à dire quelque chose. La technologie a supprimé cette obligation.

Le silence oblitère maintenant de grands pans de la communication. Appels, messages, courriels restent sans réponse. Pas de réponse est une réponse. Elle dit parfois : je n’avais pas le temps de vous parler, je ne trouvais pas cela important ou ce n’était pas dans mes priorités.

Le silence est interprété et mène parfois à des conclusions erronées. Ne pas communiquer a cette conséquence. L’explosion des canaux de communication et des réseaux sociaux a amené l’humain à être sélectif dans ses réponses. Parfois, obtenir une réponse est plus significatif que le contenu de la réponse lui-même. La réponse veut dire qu’on a établi le contact avec quelqu’un.

Montée du narcissisme

Les occasions de communiquer n’ont jamais été aussi nombreuses, mais combien d’entre elles mènent-elles à de vrais dialogues ? Cet appauvrissement de la communication survient alors que la faune narcissique n’a jamais été aussi active.

C’est l’âge d’or des internautes au profil narcissique. Ils s’exhibent avec fierté sur leur page Facebook, comptent leurs abonnés sur twitter et obtiennent même des certificats virtuels soulignant l’achalandage de leur compte LinkedIn. La fréquentation des réseaux sociaux est évidemment souhaitable… tant qu’elle ne devient pas une fin en soi.

À quoi sert d’avoir des milliers de contacts alors qu’on entretient des liens significatifs avec presque personne ? S’intéresse-t-on aux autres seulement pour les compter et les inventorier ? À quoi bon avoir des milliers d’amis sur Facebook, twitter et LinkedIn si on n’est pas là pour leur répondre ? On finit par regretter la sonnerie du téléphone à cadran.

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  • Je ne vois pas l’intérêt de tout ce pessimisme, facebook, tweeter et autres nouvelles technologies ont certainement de mauvais usages chez quelques uns. Mais ce n’est pas pour autant que le téléphone n’en avait pas.
    Moi quand je vois le téléphone à cadran, cela me rappelle le monopôle des sociétés nationales dans beaucoup d’endroits du monde qui ont fait stagné l’innovation pendant une trentaine d’années.
    Alors que le téléphone portable fruit de la concurrence entre opérateurs privés a connu une croissance exponentielle, selon l’Economist, en 2020 80% de la population mondiale auront un SMARTPHONE dans la poche, moi je ne vois que des choses bénéfiques la dedans

    • Toute innovation technologique provoque des changements qui seront appréciés différemment par chacun d’entre nous. Cette explosion dans les communications a effectivement plusieurs côtés positifs. Pour ma part, je suis souvent irrité par la difficulté des gens à remiser leur smartphone quelques minutes, le temps d’une conversation. Ils sont absorbés par leur univers numérique et oublient qu’il y a des gens autour d’eux.

      • Les factures n’étaient pas les mêmes non plus, souvent 150 euros par mois donc il fallait faire vite en général. Aujourd’hui c’est illimité et beaucoup en profitent.
        Et puis on peut lire Contrepoints sur un smartphone…

        • Je lis contrepoint sur smartphone davantage que depuis une tour. Mais corriger ses fautes devient un art lorsque l’on a des gros doigts qui tremblent 😀

  • je constate dans le boulot que tout le monde se « cache » derrière ses écrans : plus de discussion en face à face, plus de poignée de main, plus de sourire…
    C’est déshumanisant, source de quiproquo et de conflits « indémerdables » souvent !

    • On voit la même chose. Et c’est sans parler des professeurs, irrités, qui palent à des élèves qui sont en ligne…

    • Oui le premier système de communication de l’espèce humaine est gestuel. Il paraît même que certains signes comme le stop avec la paume de la main tendue sont câblés dans notre cerveau et non appris. Des personnes ayant appris la langue des signes m’ont même affirmé que ce mode de communication non verbal apportait un plaisir incomparable.

      La communication orale (en face à face) est en outre pratiquement une nécessité pour notre équilibre mental.

      La communication écrite n’a pour avantage que sa précision et sa pondération (parfois – pas toujours car sur les forum c’est plutôt le contraire).

    • Mais si vous n’arrivez pas à vous faire comprendre par mail, c’est parce que vous n’utilisez pas assez de smileys 😀 😀 😀

  • Beaucoup de questions, peu de réponses 🙁

  • C’est la génération actuelle !! me my and myself. Apple l’a bien compris avec son « je » devant toutes ses références.

    « Fantastique pour contrer la sollicitation téléphonique »

    Ce qui est fantastique, c’est que les plate-formes de démarchage l’on bien compris, maintenant ils appellent en affichant un numéro qui sonne « local » sur les 4 premiers digits…malgré que le mec qu’on a au bout du fil soit au maroc.
    Vécu avec une société d’assurance (en effectuant des achats sur le web, j’ai oublié de cocher la petite case pour ne pas que mes coordonnées soient transmises à des partenaires ; grossière erreur).

    • Il existe de petite boites pour blacklister ces numéros et ça ne va pas faire long avant qu’elles soient connectées a des bases de donnée online, un signalement et le type est grillé chez tous le monde comme pour les spams.

      Le plaisir de couper définitivement un fâcheux en tapant #2 est grand. Moi j’ai celle-là:
      http://www.cprcallblocker.fr/

  • Démarchage constant, invasion de spams, sollicitations quotidiennes, c’est surtout cela que nous subissons. Le téléphone d’autrefois – outre qu’il avait, du moins dans les années 70 et 80, un meilleur son qu’aujourd’hui (qui n’a pas eu en ligne des gens dont les propos sont hachés et inaudibles avec les portables ?) – ne servait que pour les choses les plus essentielles, au fond. Du coup, aujourd’hui, on coupe beaucoup et on ne répond plus, ne serait-ce que pour reprendre le temps de vivre et de penser. Ce n’est pas de l’individualisme, pour ma part, mais de la survie ! 😀

  • Ah le temps « d’avant’, ce temps béni où l’on se parlait ma bonne dame, pas comme maintenant, où l’on est devenu égoïste et renfermé…
    La preuve:
    http://cdn.themetapicture.com/media/funny-train-newspaper-people-reading.jpg

    Bref, pas grand chose d’intelligent à commenter sur un article bêtement pessimiste.
    L’auteur a le même défaut que tous les conservateurs, il idéalise le temps « d’avant », sans comprendre que personne n’a « forcé » ni « éduqué » les gens à agir différemment aujourd’hui qu’avant

    Ni la technologie, ni la société ne changent les comportements.
    Faut arrêter de penser que nous ne sommes pas doués de libre arbitre.
    Ceux qui ont envie de parler se parlent, ceux qui n’ont pas envie de se parler s’ignorent.

    C’est juste qu’aujourd’hui au lieu de glander bêtement dans les transports en commun, on peut travailler, ou se détendre avec son smartphone/laptop.
    Et c’est aussi un excellent bouclier aux conversations gênantes et un paravent aux boulets en tout genre qui viennent vous pomper votre temps avec des débilités et des platitudes qui n’intéressent qu’eux.

    Tout le monde n’a pas le temps d’être oisif et tout le monde n’a pas forcément du temps à perdre dans des conversations pointless avec des anonymes, faut aussi le comprendre.

    • Oh l’autre hé ! Comment il se la ramène hardcore worker qu’a pas de temps à perdre parce qu’il bosse. Nous pas, sans doute.

      Un travers de la communication moderne c’est qu’on ne communique plus : on envoie des messages. Mais communiquer c’est recevoir la réponse. Si vous croyez que m’envoyer un message suffit à me communiquer quelque chose … Au moins la communication téléphonique à l’ancienne avait-elle cet avantage. Mais je garde mon smartphone, faut pas vivre dans le passé.

      • @Ron Swanson Que l’on soit progressiste ou conservateur n’a rien à voir avec cette histoire. Il n’y a rien de pessimiste dans ce billet. On y décrit des changements qui résultent des changements technologiques, un peu avec nostalgie. C’est aux gens de s’y adapter. C’est la vie.
        @Synge Bon commentaire. Vrai sur l’avantage de l’ancienne technologie. Bien sûr qu’il faut garder son smartphone et ne pas vivre dans le passé. Mais il faut continuer de s’investir dans notre communication.

  • Je ne suis pas gêné par la dispersion en communications multiples et superficielles au détriment (qui reste à démontrer) de dialogues de valeur. En revanche, je suis déçu par le remplacement des moments de valorisation de l’individu par de la communication souvent futile. Impossible d’obtenir une décision d’un « responsable » local, qui téléphone aussitôt à son chef, lequel en fait autant et ainsi de suite, les skieurs ne font pas une belle descente pour en tirer plaisir, mais pour pouvoir en poster les images de la go-pro sur fessebouc, les délégations olympiques défilent mobile à la main pour poster leurs images (on aura bientôt le selfie du vainqueur pendant l’hymne national), au lieu de savourer les plats au restaurant, on les photographie pour ???
    L’individu a disparu, remplacé par des reflets multiples et fuyants dans le regard absent des autres.

    • Oui MichelO mais c’est l’utilisation que l’on fait des outils qui compte. Avec un couteau je coupe ma viande, d’autres poignarderont leur voisin mais ce n’est pas le couteau qui est le problème. Je ne suis pas psy mais si les gens se selfisent à outrance c’est souvent pour dire « je suis là, j’existe » ou pour faire croire qu’ils s’amusent comme des fous alors qu’ils s’emmerdent.

      J’aurais été normalement plus sec vis-a-vis de l’auteur de cet article un peu mélo style « c’était bien avant » mais vu qu’il est venu répondre (et communiquer) je serai plus réservé.

      L’auteur a-t-il banni le portable, le mail ? A-t-il un téléphone à cadran ? Gère-t-il ses comptes sur internet plutôt qu’aller tailler une bavette avec son conseiller financier ? Sûr que la réponse à toutes ses questions est non. Alors cet article ne sert à rien sauf à entendre une nouvelle fois le « c’était mieux avant »… alors retournez-y et quand vous aurez un accident de voiture on ira jusqu’à la prochaine cabine téléphonique pour prévenir le SAMU.

      Avec ce type d’article on est quand même pas loin de faire l’apologie de la croissance négative pour soi-disant gagner en qualité de vie… je n’ai pas de nostalgie. Bien souvent, ceux qui en ont ne se rappellent pas que maman allait laver le linge au lavoir ou à la main, papa au boulot en solex, qu’on achetait au jour le jour car il y avait peu de frigos et qu’ils n’avaient pas beaucoup de temps pour faire tout le reste.

      • Ce texte ne condamne pas la nouvelle technologie mais en souligne certains dommages collatéraux. Mais l’individu va s’adapter, c’est sûr.

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