Radio France, la France miniature ?

Radio France doit faire des économies pour équilibrer son budget. Problème : les salariés ne veulent pas de ces économies, qui remettraient en cause leurs nombreux avantages et les obligeraient à être un peu plus productifs.

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Radio France, la France miniature ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 9 avril 2015
- A +

Logo_radiofrance_2006Un peu comme la France, Radio France compte deux catégories de salariés. L’une travaille dans des conditions difficiles, sans sécurité de l’emploi ; l’autre est largement privilégiée, refuse de se mettre à niveau et s’enorgueillit de coûter si cher.

Selon un rapport de la Cour des Comptes, les employés les moins protégés (par exemple CDD et pigistes) ne bénéficient en effet pas des mêmes avantages que le reste de Radio France, alors que « le volume de travail d’un salarié en CDI est « environ un tiers inférieur à celui d’un CDD », estime l’ex-PDG Jean-Paul Cluzel dans sa réponse au rapport. »

Et à l’inverse, les autres jouissent de privilèges très confortables, que l’on découvre sur BFMTV :

  • 2 fois plus de vacances – 56 à 68 jours, contre 36 pour un salarié lambda, qui n’empêchent pas les salariés de ne pas déclarer tous leurs congés (selon un rapport d’audit, « rien ne permet d’affirmer que les congés sont saisis dans leur exhaustivité ») ;
  • Moins de travail – par exemple 700 heures de travail annuel, loin des 1 100 prévus par leur convention collective ;
  • Des tas de primes et avantages en nature.

Et ce, malgré une productivité faible et de nombreux gaspillages : sureffectif dans les services de communication, parmi les techniciens du son et chargés de réalisation ; bureaux et antennes régionaux dont la productivité sont « difficiles à estimer », façon polie de dire qu’on ne voit pas bien à quoi ils servent.

Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de gens de valeur à Radio France – tout comme dans la fonction publique. Cette vue d’ensemble ne révèle pas les disparités entre salariés, sans doute importantes. Mais elle indique quand même de colossales disparités avec les plus précaires, moins bien payés, ne jouissant pas des mêmes avantages, et compensant par leur travail celui que les autres ne font pas, trop occupés à changer d’inexistantes bandes magnétiques ou à travailler ailleurs pour compléter leurs rémunérations déjà confortables.

Le parallèle avec la France est frappant : des décalages du même ordre existent entre privé et public. Et si ces inégalités persistent, c’est parce que les privilégiés ne se privent pas de démontrer à la moindre occasion leur pouvoir de nuisance : au nom du service public, ils privent le public du service qu’ils sont censés lui rendre pour que le privé continue de payer leurs avantages.

Ils font moins bien et plus cher que ce que le privé pourrait faire ou dont personne n’a besoin. Il y a quelques mois, Arthur, propriétaire d’une radio privée, s’exprimait sur le sujet :

« Aujourd’hui, vous avez des auditeurs qui tous les jours commencent à en avoir ras-le-bol de la pression fiscale qu’il y a dans ce pays. J’ai fait un petit calcul tout bête, le prix moyen d’un auditeur pour une radio. (…) Il n’y a aucune radio en France qui dépense plus de 9 euros par auditeur. Le Mouv’, une radio que personne n’écoute, ils sont à 100,9 euros par auditeur (…) depuis 16 ans. »

Tout n’est pas à mettre sur le dos des salariés. Les inégalités persistent aussi parce que Radio France, tout comme l’État, est incapable de se réformer. Les décisions difficiles mais nécessaires ne sont pas prises, les réformes sont avortées par crainte d’un conflit social, et toutes les exceptions sont mises sur le compte d’une mission de service public. Fleur Pellerin, ministre de la Culture, s’est exprimée sur le sujet :

« Quand on écoute France Inter, on n’écoute pas RTL. Malgré tout le respect que j’ai pour RTL ou pour Europe 1, il y a [à Radio France, ndlr] une mission spécifique de décryptage de l’information. »

C’est aussi pour cela que les inégalités de traitement persistent : aux yeux de nos chers politiciens, une mission de service public – quel que soit le niveau de qualité et de performance avec lequel elle est remplie – justifie gaspillages et privilèges.

Enfin, et surtout, privilèges et gaspillages ne sont finalement pas si importants : à la fin, quoi qu’il advienne, le contribuable paiera. Celui-là même qui ne bénéficie pas des privilèges et évite tout gaspillage pour boucler ses fins de mois les finance, quoi qu’il en dise, quoi qu’il en pense.

Certains devront donc lutter pour atteindre la rentabilité malgré une pression fiscale écrasante, pour que d’autres n’aient pas à être trop regardants à la dépense. Certains devront faire toujours plus d’économies pour que les autres puissent refuser d’en faire. Il n’y a pas que sur le plan financier que les grévistes de Radio France refusent l’équilibre ; et il n’y a pas que sur le plan financier qu’ils souffrent d’importants déficits.

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  • l’état serait prêt à accorder une rallonge de 80 millions d’euros à radio france ….c’est pas cher , c’est l’état qui paie….lu sur le site voxnr.com …

  • Sans compter les consultants experts qui sont payés grassement (j’ai entendu 30 000 euros par mois pour le foot) alors que les CDD triment dans des conditions déplorables avec des salaires misérables vu le nombre d’années d’étude réalisées. Il faudra qu’ils paient un jour ces très grandes injustices.

  • Comme toujours, un article magnifique dans une langue claire !
    Merci M.

  • La mission spécifique de décryptage de l’information, payée très cher sur fonds publics, ça s’appelle le ministère de la propagande.

    • Vous dites n’importe quoi ! C’est Ministère de la Vérité.

    • Les bobos trouveront bien une justification au ministère de la propagande et à ses services.

      Alors appelons donc un chat un chat et disons que en France les coûts de fonctionnement du ministère de la propagande sont trop élevés et que le fonctionnement de ses services échappe à tout contrôle y compris celui de l’état lui-même.

      Le collectivisme est maintenant hors de contrôle, ce qui est embêtant quand on prétend planifier.

  • Le pdg va sauter, sera remplacé par un autre supportable pour les syndicats; rien ne changera; l’état remettra un peu d’argent et ça continuera jusqu’à la prochaine fois. Pas belle la vie à radio-france ? S’ il n’y avait pas d’auditeurs ronchons, ce serait encore mieux. On ne sait pas où on va mais on y va.

  • Quand on parle de Radio France, en France, on parle de service publique.
    Quand on parle d’une chaine publique en Russie ou en Egypte, on parle de « médias officiels »

    Une belle branche de faux-culs tout de même.

    Une question :
    Quel est le modèle de presse le plus vertueux ?

  • Autrefois, les Rois de France quand ils voyaient une institution complètement gangrénée, ils en créaient une à côté et laissait crever l’ancienne …

  • « une mission spécifique de décryptage de l’information. » Spécifique, en effet

  • J’ajoute que les gouvernants qui ne parlent que de « justice sociale » sont complice de cet état de fait. Bien plus, à travers les petits privilèges du secteur public, ils défendent leurs grands privilèges à eux.

  •  » il y a [à Radio France, ndlr] une mission spécifique de décryptage de l’information. »

    C’est surement pour ça que je n’écoute plus depuis des années  » la voix de son maître ». France 2 et France 3 la relaye déjà allègrement.

    • Le plus ennuyeux dans l’affaire est sans doute qu’on ne peut pas dire que RTL ou Europe 1 soient dans une opposition très agressive…

      • Sur Europe 1, même s’il y a Polony, on entend aussi Agnès Verdier-Molinié, Eric Le Boucher, Axel de Tarlé, Nicolas Barré. C’est mieux que rien !

    • Elle a vraiment dit ça ??? Mais c’est pas possible de ne pas se rendre compte d’une telle énormité !
      Il y a vraiment un problème avec les hommes et femmes politiques de ce pays : ils sont soit incompétents, soit cyniques, soit les deux …

  • Je pense que le but recherché est d’améliorer la culture musicale des auditeurs de radio France.

  • si on commençait par le commencement, quelle est la mission de service public de radio france??????

  • 700 heures/an, ça fait 20 semaine à taux plein. A RF, ils travaillent donc 4 mois/an et osent se plaindre.

    Le socialisme, pornographie de la solidarité.

  • Arf qu’ils en réclame encore plus et encore plus comme ca ira plus vite dans le mur.

    Moi je dis il faut voter Rouge a fond encore 5 ans maxi 10 et on arrive dans le mur.

    Pour l’instant ca tient encore

  • Ben, y vont quand même pas faire cet effort et scier la branche qui ploie déjà lourdement :

    1) ils perdent des électeurs chez RF
    2) ils effraient de possibles électeurs
    3) on est à près de 2 ans des futures élections : il est trop tard pour … bouger.
    4) il est plus urgent de poser des éoliennes un peu partout : cela rapporte plus aux potes qui signent les permis…

    Les retraités qui tirent la langue pour boucler leur budget apprécieront.

  • Un Ministère du décryptage ou plus modestement un secrétariat d’Etat ou un ministère du dressage productif puisque celui du redressement a coulé

  • Fleur pellerin: « il y a [à Radio France, ndlr] une mission spécifique de décryptage de l’information»

    Et oui car dans les journaux privés qui ne touchent pas de subvention publique, on est stupide, demeuré, illéttré, incapable d’analyser et décrypter la moindre information.
    Il faut NECESSAIREMENT être du publique pour cela.

    Sauf que jusqu’à présent, acquérir le statut de fonctionnaire/privilégié n’a JAMAIS rendu le bénénficiaire intélligent Mme la (sous)-ministre

  • Les syndicats vont nous dire qu’ Il faut aligner les avantages du public sur le privé……Ben oui sauf que le communisme light actuel deviendrait du communisme pur sucre.

  • Un « décryptage de l’information » d’extrême-gauche, faut-il aussitôt ajouter.
    Radio-France, avec ses primes d’escalier devenues primes d’ascenseur…

  • Bon, ça fait 22 (ou 23 jours). Sauf quand je suis dans mon séjour où j’ai accès à toutes les chaînes (généralement Radio Classique) via ma box, lorsque je me réveille, je n’ai qu’un petit poste qui ne reçoit convenablement que RF. Hé bien je me réveille depuis 22 (ou 23 jours) sans Cohen, et vous savez quoi ? je suis de bonne humeur ! Bref on vit très bien sans le sévice public, et même mieux au fond. Donc, je serai de l’avis du chirurgien fou dans Achille Talon: JE SUIS POUR L’ABLATION DE TOUT. :mrgreen:

  • Petits mais fort pouvoir de nuisance…

  • Ras le bol de ces syndicalistes irresponsables, avec leur discours convenu de langue de bois Qui répètent en boucle depuis des décennies des expressions sans signification comme le dialogue social, le service public, pour justifier les privilèges d’un autre temps
    Il n’est que temps que cela cesse Leur grève n’affecte plus personne. Les multiples radios privées pourvoient largement la demande. Eric Brunet combat avec talent et véhémence toutes les injustices que créent ces nantis.
    Il faut que le »public  » reprenne sa vraie place et impose une cure d’amaigrissement dans cette période de disette
    Le mal court depuis 74 où des grèves violentes avaient permis la mise en place de ce système mafieux
    Je ne demande qu’une seule chose: que l’employeur ne paie pas une seule heure de grève. L’employeur étant le contribuable

  • 23 jours de grève , 23 jours de service public non rendu ( même si pas demandė)…
    Prenons notre plume et envoyons tous a notre très cher Trésor Public une mise en demeure de rembourser une partie de la taxe audiovisuelle rackettėe pour financer des privilegiės
    Je n’en peut plus de voir le maigre fruit de mon travail partir financer des bobos gochaux parasites et privilegiės!

  • dans votre declaration taxe d habitation faites la petite croix …

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