Pourquoi il ne faut pas avoir peur de la déflation

… ou comment combattre l’apoplithorismosphobie.

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Inflation Déflation (Crédits : CC0 pixabay, image libre de droits)

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Pourquoi il ne faut pas avoir peur de la déflation

Publié le 2 avril 2015
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Par Louis Rouanet.

Inflation Déflation (Crédits : CC0 pixabay, image libre de droits)
Inflation Déflation (Crédits : CC0 pixabay, image libre de droits)

 

L’apoplithorismosphobie est la peur de la déflation, ou plus exactement des crises économiques résultant de la baisse des prix1. Comme nous allons le voir, cette peur est injustifiée et empêche de mener un débat rationnel sur le sujet. Il suffit aujourd’hui qu’une personnalité crie au danger de la déflation pour que l’intervention de la banque centrale soit considérée comme nécessaire. Les banquiers centraux sont devenus les alchimistes modernes, des gourous vers lesquels on se tourne à chaque difficulté que connaît l’économie, un instrument magique au service de l’action politique. Cependant, il n’y a aucun effet magique dans la création monétaire. L’expansion artificielle du crédit ne peut pas produire, comme l’a affirmé J. M. Keynes, le « miracle de changer une pierre en pain »2. Bien au contraire, celle-ci entraine inflation, le déclin du stock de capital, des bulles et des crises.

Aujourd’hui, mis à part les économistes de l’école autrichienne et quelques monétaristes, peu d’économistes défendent la déflation3. On pourrait en conclure que la science économique penche en faveur de l’interventionnisme des banques centrales. Ce serait oublier que la majorité des économistes « spécialistes » des questions monétaires sont employés et rémunérés par les Banques Centrales elles-même4. Or il est bien rare de scier la branche sur laquelle on est assis.

Il n’est pas question ici de défendre tous les types de déflation. Il y a, bien sûr, des sortes de déflation néfastes parmi lesquelles la restriction de la masse monétaire décrétée par le gouvernement. Par exemple, après avoir alimenté des bulles par la création monétaire, la Fed a trop restreint la masse monétaire en 1929, ce qui a causé une crise plus forte que ce qu’elle n’aurait dû être. De même, nous ne défendons pas la déflation confiscatoire, c’est-à-dire la limitation par la loi des retraits auprès des banques, qui fut utilisée par exemple en 2001 en Argentine5.

Les booms déflationnistes

La nature même de l’économie de marché consiste en des entrepreneurs produisant plus, moins cher, et pour une meilleure qualité. Refuser la baisse des prix relève d’une logique étrange : les mêmes qui veulent la « gratuité » grâce au prétendu « service public » veulent par la même occasion s’en éloigner par l’augmentation générale des prix. Ainsi, refuser la déflation c’est refuser la nature même du capitalisme. Il est notable que le secteur des nouvelles technologies, qui connait une forte déflation de ses prix depuis des décennies, est aussi l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie. Ainsi, la déflation, au moins quand elle est le résultat de gains de productivité, n’est pas néfaste, bien au contraire. En effet, la déflation incite à épargner et donc à accumuler du capital. Or c’est l’augmentation du stock de capital qui permet d’augmenter la productivité et les salaires.

Certains pensent que la déflation n’est pas souhaitable car elle pénalise les détenteurs de dette, en particulier l’État. Mais nous ne voulons pas d’un État endetté. La déflation, en rendant plus coûteux l’endettement pour l’État donnera une incitation vertueuse pour maintenir un budget équilibré. De plus, si le poids de la dette augmentera, les coûts diminueront par la même occasion. Enfin, il faut remarquer que c’est le système de banque centrale et d’émission monétaire qui permet aux États de contracter des quantités de dette astronomiques. Comme l’écrit Guido Hülsmann : « Le Papier monnaie a entraîné une augmentation sans précédent de la dette à tous les niveaux : État, entreprises et ménages. »6. Il ne faut donc pas se tromper : la déflation amène à moins de dette et oblige chacun à être prudent dans ses choix.

La critique de la déflation n’est pas basée sur une analyse correcte des faits. En effet, la fin du XIXème siècle fut une période de déflation assez forte et de très forte croissance. Dans le cas des États-Unis, ce fut surement la période où la croissance fut la plus forte dans l’histoire de ce pays et la période où les conditions de vie s’améliorèrent le plus vite. La période allant de 1873 à 1896 est souvent considérée par les historiens comme une période de stagnation économique. Cependant, la déflation a faussé l’appréciation de cette période qui était en réalité une période de croissance7.

Milton Friedman et Anna J. Schwartz, faisant allusion, pour les États-Unis, à la période allant de 1865 à 1879, où l’offre de monnaie n’augmenta pratiquement pas, concluent que :

« Le niveaux des prix baissa à la moitié de son niveau initial en moins de quinze ans et, au même moment, la croissance économique eut lieu à un taux élevé… Leur coïncidence jette de sérieux doutes sur la validité de l’opinion maintenant largement répandue selon laquelle déflation séculaire des prix et croissance économique rapide sont incompatibles. »8

Alfred Marshall était également dubitatif sur l’incompatibilité de la déflation et de la croissance. Il écrit à propos de la période de déflation allant de 1875 à 1885 en Angleterre, que :

« Il n’est pas sûr que les dix dernières années, qui sont considérées comme des années de dépression, mais dans laquelle il y a eu quelques mouvements violents de prix, n’aient pas, dans l’ensemble, mené à plus de progrès solides et de vrai bonheur que les alternances d’activité fiévreuse et de régression douloureuse qui ont caractérisé toutes les décennies précédentes de ce siècle. En fait, je considère les violentes fluctuations de prix comme beaucoup plus mauvaises qu’une baisse progressive des prix. »9

Mais si les études empiriques renforcent le scepticisme face à la phobie de la déflation10, les anti-déflationnistes continuent d’utiliser des exemples inadaptés pour dénoncer la déflation. Le plus emblématique d’entre eux est celui du Japon. La politique économique japonaise est exactement celle qu’il ne faut pas suivre. Les Japonais, au lieu d’accepter la crise, ont empêché la restructuration de l’économie par des politiques monétaires interventionnistes et des politiques budgétaires keynésiennes. Ainsi, leur économie, minée par le mal-investissement ayant eu lieu dans la période de boom, ne put liquider les mauvais investissements et la dette. Les banques japonaises, saturées de mauvaise dette, refusent de prêter. Les entreprises japonaises, quant à elles, refusent d’emprunter en raison de la dette non-liquidée qu’elles ont acquise pendant la période de boom et de leur surcapacité de production, résultat du mal-investissement. Ainsi, l’économie japonaise est enlisée non pas parce qu’elle est dans une trappe à liquidité ni parce qu’elle connaît la déflation. Le Japon connaît la stagnation parce que son gouvernement a empêché la restructuration de la structure productive et la liquidation de la dette, ce qui a entrainé une paralysie du système de crédit et de l’économie en général11. Le problème japonais n’est pas un problème de déflation, c’est un problème lié à l’interventionnisme monétaire et au dirigisme du gouvernement.

Le mythe de la spirale déflationniste

La crainte des keynésiens cependant vient du fait que certains thésaurisent et que cela entrainerait une spirale déflationniste. La thésaurisation causerait une baisse de la demande effective ce qui entrainerait une baisse des prix ce qui entrainerait plus de thésaurisation… Pourtant la longueur des crises fut historiquement courte quand les gouvernements se gardèrent d’intervenir où quand ils se contentèrent de baisser les impôts et les dépenses en même temps. Ce fut par exemple le cas pour la crise de 1920-21 qui fut violente mais courte grâce à la baisse des impôts et des dépenses publiques. Le PIB baissa de 17% en 1920 et le chômage monta de 8 points. Herbert Hoover, le Secretary of Commerce de l’époque, supplia le président Harding d’adopter des politiques interventionnistes mais celui-ci fut ignoré. Le président Harding, dans un discours, expliqua que la déflation était le meilleur chemin vers la reprise de l’économie sur des fondations saines. Harding baissa les impôts pour tous les groupes sociaux et réduisit le budget gouvernemental de moitié entre 1920 et 1923. En 1922, le taux de chômage qui avait dépassé 12% pendant la crise n’était plus que de 6,7% et en 1923, celui-ci n’était plus que de 2,4%. La reprise quant à elle eut lieu dès 1921 et fut vigoureuse12. Le mythe de la spirale déflationniste est incapable d’expliquer de tels événements car il repose sur une théorie économique erronée. Les crises ne sont devenues des cercles vicieux seulement depuis que les gouvernements se sont donnés la mission de régler les problèmes économiques qu’ils ont créés.

Les économistes classiques, s’ils avaient en général compris la véritable signification de la Loi de Say, étaient quelque peu confus sur la thésaurisation et la « vitesse de circulation ». C’est surement pour cela que Keynes fut complètement incapable d’analyser correctement ce qu’est la loi de Say13. Pourtant, cette loi économique est nécessaire pour comprendre pourquoi une spirale déflationniste est simplement impossible14.

La Loi de Say montre d’une part que la production précède toujours la consommation et que les individus détiennent de la monnaie seulement parce que celle-ci permet d’acheter d’autres biens. La monnaie elle-même est un bien soumis à l’offre et la demande. Ainsi, les individus échangent des productions contre d’autres productions et non pas contre de la monnaie qui n’est qu’un bien servant de moyen d’échange – ce qui ne signifie pas que la monnaie soit neutre. Il ne faut donc pas confondre monnaie et richesse15. La conséquence de la loi de Say est qu’il ne peut pas y avoir de crises de sous-consommation : l’offre agrégée est – et non pas crée – la demande agrégée. En produisant quelque chose qui a de la valeur pour les consommateurs, vous pouvez le vendre et acheter quelque chose qui a de la valeur pour vous. Ce que vous offrez vous permet de demander. Ainsi, la spirale déflationniste est un mythe. Les crises économiques ne sont pas des crises dues à une baisse générale de la demande, elles sont des crises de la structure productive. Comme l’écrivait admirablement Ricardo dans ses lettres à Malthus : « Les hommes se trompent dans leurs productions, il n’y a pas d’insuffisance de la demande. » La thésaurisation n’est qu’un échange d’un bien présent pour un bien qui sera acquis dans le futur. Elle ne fait que montrer que la monnaie a bel et bien une fonction de réserve de valeur. Pendant les crises, l’incertitude pousse les individus à thésauriser. Or la déflation facilite la formation d’encaisses réelles. Étant donné que la période de boom a entrainé du mal-investissement sur une grande échelle, la crise rend les choses très incertaines puisque les entrepreneurs, en voyant que le système de prix était largement faussé, comprennent que les préférences des consommateurs ne sont pas ce qu’ils pensaient être. De plus, les préférences des consommateurs changent à cause de la crise. Ainsi, un processus de liquidation des entreprises qui répondent le moins aux exigences des consommateurs a lieu. C’est ce processus qui permet d’assainir l’économie et de réduire l’incertitude. Ainsi, plus ce processus est rapide, plus vite la reprise a lieu. Par conséquent, la déflation, en incitant à épargner, accélère la restructuration de l’économie et permet de fonder des bases solides pour la future croissance. La plupart des encaisses réelles formées pendant la crise vient du fait que les acteurs anticipent une situation moins incertaine dans le futur qui permettra de faire des investissements plus avisés. Un exemple historique est celui de la deuxième guerre mondiale.

Aux États-Unis, des énormes encaisses réelles furent formées en raison de l’incertitude liée à la guerre et du rationnement. Mais les Américains savaient que la guerre finirait un jour et qu’ils pourraient alors investir leur épargne. Quand la guerre fut terminée, les keynésiens prédirent qu’une crise économique allait apparaitre en raison de la baisse énorme des dépenses gouvernementales et du relâchement des contraintes mises en place pour l’économie de guerre. L’exact opposé eut lieu : les États-Unis connurent leurs meilleures années de croissance grâce à l’épargne accumulée pendant la guerre. Ainsi, non seulement la thésaurisation permet d’accélérer le processus de restructuration de l’économie mais permet aussi de former une épargne qui pourra être investie et rendra la reprise plus vigoureuse16. En effet, une augmentation de l’épargne permet de libérer des facteurs de productions et de réduire leur prix. La nouvelle épargne est ainsi maintenant disponible pour financer des secteurs négligés ou nouveaux17. Pour que ce mécanisme auto-correcteur ait lieu cependant, il faut que l’épargne ne soit pas absorbée par le secteur public et que les taux d’intérêt soient librement contractés sur un marché sans intervention gouvernementale.

Certains économistes, s’appuyant sur l’exemple de la crise de 1929, déduisent que déflation et crise vont de pair et que la seconde est la cause de la première. Ce qui s’est passé pendant la Grande Dépression de 1929 cependant est que Hoover et Roosevelt entreprirent des politiques de maintien de salaires en rigidifiant le marché du travail (privilèges aux syndicats, salaires minimum, assurance chômage). Le résultat fut une explosion du chômage et la prolongation de la crise au prix d’un important coût humain. De plus, comme le fait remarquer Murray Rothbard, Hoover entreprit un combat contre ceux qui « enlèvent l’argent de l’économie », c’est-à-dire contre ceux qui thésaurisaient. Sa politique anti-thésaurisation fut un succès mais ralentit grandement le processus de restructuration et prolongea la dépression18.

Pendant les crises économiques, la déflation due à la thésaurisation et la contraction du crédit n’est qu’un symptôme. Combattre le symptôme ne permet pas de régler le problème. De plus, si le gouvernement n’a pas artificiellement rigidifié les marchés et ne maintient pas les distorsions dans la structure productive par son intervention, alors la déflation peut être un remède très efficace à la crise en permettant de liquider le mal-investissement ayant eu lieu dans la période d’expansion monétaire.

Apprendre à consommer sagement

Il y a une contradiction souvent présente chez les anti-libéraux. Ceux-ci dénoncent d’une part le consumérisme, mais d’autre part ils militent pour des politiques monétaires inflationnistes. Or l’inflation, en changeant le taux de préférence temporel, favorise la consommation face à l’épargne mais aussi la consommation de produit non durables. Ceci aboutit à un immense gaspillage avec des produits peu durables. La déflation, état naturel d’une société libérale, permet de résoudre ce problème. S’il y a une forte inflation, l’épargne est très réduite voire inexistante car elle fond comme la neige au soleil. Il n’y a donc pas d’incitation à attendre pour acheter un produit plus cher mais de bien meilleure qualité. L’inflation fait que l’on préfère consommer dans le présent, que nos actions s’inscrivent moins dans une perspective de long terme : on achète et rachète pour ne pas voir son argent perdre de la valeur. En période de déflation inversement, il est profitable d’attendre pour acheter un meilleur produit dans le futur. Il est fort à parier qu’une partie importante du sentiment d’obsolescence programmée est due à l’inflation, alors que la déflation incite les consommateurs à ne pas gaspiller, à acheter des produits plus durables et de meilleure qualité. Ceci peut s’expliquer de deux manières : d’une part, la déflation permet de former une épargne plus facilement et rend donc plus facile d’attendre pour acheter un produit de meilleure qualité ; d’autre part, acheter un bien plus durable et surtout prendre meilleur soin de nos propriétés est plus profitable car épargner devient plus rentable avec la déflation.

La déflation est ce qui empêche la soi-disant myopie des acteurs dans l’économie capitaliste. En effet, la déflation est ce qui met en concurrence le présent avec le futur. Or une telle concurrence est saine puisqu’elle force les capitalistes à se surpasser d’autant plus tant en matière de qualité qu’en matière de prix. Comme l’écrit Guido Hülsmann « Elle [la bonne monnaie] les force [les hommes] à être responsables de leurs choix et donc d’apprendre à bien choisir. »19

Conclusion

La déflation n’est pas un spectre. Celle-ci peut être tout à fait bénéfique. Le problème cependant n’est pas la déflation en elle-même mais plutôt la rigidité des marchés, et notamment celui du travail, imposé par l’État. Dès que des prix et des salaires minimums sont fixés, dès que la liberté du travail n’est plus respectée, une déflation soutenue va de pair avec une augmentation du chômage. Mais cette augmentation n’a pas pour cause la déflation, elle a pour cause les entraves érigées par le gouvernement contre la liberté du travail.

Il n’en reste qu’aujourd’hui, la reprise économique (fragile certes) dans certains pays européens comme l’Espagne ou les Pays-Bas a eu lieu au moment où la hausse des prix était la plus faible ou négative. Comme les protectionnistes, les anti-déflationnistes veulent les choses chères ; et comme les protectionnistes, leurs idées ralentissent le progrès économique.

  1. Mark Thornton, « Apoplithorismosphobia », Quaterly Journal of Austrian Economics, 2003.
  2. Keynes a réellement écrit ça. La phrase peut être trouvé dans : Ludwig von Mises, « Planning for Freedom: Let the Market System Work », 1952 Liberty Fund, 2008. p.102.
  3. Pour une défense autrichienne de la déflation, voir : Philipp Bagus, « In defense of Deflation », 2015; Guido Hulsmann, « Deflation and Liberty », Ludwig von Mises Institute, 2008 ; Joseph Salerno, « An Austrian Taxonomy of Deflation – With Application to the U.S. », Quaterly Journal of Austrian Economics, 2003 ; George A. Selgin, « Less Than Zero : The Case for a Falling Price Level in a Growing Economy », Institute of Economic Affairs (I. E. A.), Londres 1997 ; Rothbard, Murray N. 2000. « America’s Great Depression », 5th ed. Auburn, Ala.: Ludwig von Mises Institute. ; and Rothbard, Murray N. 1995. « Deflation: Free or Compulsory » In Making Economic Sense. Auburn, Ala.: Ludwig von Mises Institute.
    Voir aussi parmi les économistes non-autrichiens une défense récente de la déflation par Jean-Marc Daniel, consulté le 02/03/2015.
  4. Lawrence H. White, « The Federal Reserve System’s Influence on Research in Monetary Economics », Econ Journal Watch, Volume 2, Number 2, August 2005, pp 325-354.
  5. Voir l’article de Joseph Salerno sur le sujet.
  6.  Guido Hülsmann, « L’Éthique de la Production de Monnaie », Ludwig von Mises Institute, 2010, p.21.
  7. Sur la « Grand Dépression » de 1873-1896, voir : George A. Selgin, « Less Than Zero : The Case for a Falling Price Level in a Growing Economy, » Institute of Economic Affairs (I. E. A.), Londres 1997.
  8. Traduction de l’auteur, la version originale est la suivante : « The price level fell to half its initial level in the course of less than fifteen years and, at the same time, economic growth proceeded at a rapid rate… Their coincidence casts serious doubts on the validity of the now widely held view that secular price deflation and rapid economic growth are incompatible ». Dans: Milton Friedman et Ann J. Schwartz, A Monetary History of the United States 1867-1960, Princeton University Press, Princeton 1971, p. 15.
  9. Traduction par l’auteur, la version originale est la suivante : « It is doubtful whether the last ten years, which are regarded as years of depression, but in which there have been few violent movements of prices, have not, on the whole, conducted more to solid progress and true happiness than the alternations of feverish activity and painful retrogression which have characterized every preceding decade of this century. In fact, I regard violent fluctuations of prices as a much greater evil than a gradual fall of prices. ». Dans: Alfred Marshall, « Official Papers », Macmillan, Londres 1926, p. 9.
  10. Voir par exemple : Claudio Borio, « The costs of deflations: a historical perspective », BIS Quaterly Review, March 2015.
  11. Sur le Japon, voir : http://mises.org/library/explaining-japans-recession, consulté le 24/03/2015
  12. Voir sur le sujet de la crise de 1920-21 : Jim Grant, « The Forgotten Depression: 1921: The Crash That Cured Itself », 2014. Et : http://mises.org/library/forgotten-depression-1920.
  13. Voir sur le sujet : Steven Kates, Say’s Law and the Keynesian Revolution: How Macroeconomic Theory Lost its Way, 2009.
  14. Si la thésaurisation était une violation de la loi de Say, il faudrait alors conclure que tout argent gagné et qui n’est pas dépensé immédiatement constitue une violation de la loi de Say. Dans ce cas, plus il y a d’inflation, plus les acteurs économiques se débarrassent rapidement de leur argent face à la perte de sa valeur et le mieux la Loi de Say est respectée. Ceci est évidemment absurde. Cela reviendrait à dire que la Loi de Say était complètement respectée pendant l’hyperinflation allemande de 1921-23. La Loi de Say dit que les productions sont échangées contre d’autres productions, elle ne dit pas que les biens – excepté la monnaie qui est aussi un bien – sont échangés sur la même période. Les individus peuvent échanger un bien présent pour un bien dans le futur.
  15. Ceci fut admirablement exposé par Bastiat dans : Frédéric Bastiat, « Maudit argent », Journal des Économistes, 1850.
  16. Sur la croissance américaine après la seconde guerre mondiale et l’échec complet des prédictions des keynésiens de l’époque, voir : Richard K. Vedder and Lowell Gallaway, « The Great depression of 1946 », Review of Austrian Economics, 1991.
  17. C’est pourquoi Murray Rothbard écrivait : « In short, what can help a depression is not more consumption, but, on the contrary, less consumption and more savings (and, concomitantly, more investment) ». Dans: Murray Rothbard. 2000. America’s Great Depression. 5th ed. Auburn, Ala.: Ludwig von Mises Institute.
  18. Voir: Murray Rothbard. 2000. America’s Great Depression. 5th ed. Auburn, Ala.: Ludwig von Mises Institute. p.306-307.
  19. Guido Hülsmann, « L’Éthique de la Production de Monnaie », 2010 ; Sur les conséquences culturelles de l’inflation et de la déflation, voir aussi : Philipp Bagus, « The ZIRP Trap: Why low interest rates are a tax on recovery », IREF Working Paper Series, 2015.
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  • Très intéressant. Merci pour la réhabilitation de la loi de Say, un véritable petit bijou épargnant de nombreuses complications de raisonnements vaines et futiles.

    Par exemple, il serait utile de démonter des livres comme « Croissance zéro » de Patrick Arthus, tant ils confondent tous les concepts et tirent des conclusions outrageantes pour qui possède encore un jugement sain.

    Ces « bouffons malthusiens » (ils m’énervent énormément) ne sont là que pour amuser la galerie socialiste avec leurs prétentieuses analyses passant largement à côté du sujet.

    • Il a eu un débat avec Alain Madelin et Jean-Marc Daniel et ils n’ont pas réussi à démonter ses arguments, bonne chance !

      La croissance baisse, c’est un fait, que ce soit ici ou aux USA, en attendant de nouvelles ruptures technologiques …

  • « les anti-déflationnistes continuent d’utiliser des exemples inadaptés pour dénoncer la déflation. Le plus emblématique d’entre eux est celui du Japon. »

    Ce qui est curieux, c’est qu’il y a quelques années, ils citaient le Japon en exemple pour justifier les politiques anti-déflationnistes, comme étant préférables à une grande dépression de type années 30…
    Mais entre-temps, l’abenomic a échoué lamentablement…

  • Bonjour !
    Souvent l’argument principal des anti-déflationnistes est que le consommateur repousse ses achats.
    Ah ? vous allez cesser de manger parce que dans 3 mois l ‘alimentation sera moins chère ? si votre voiture tombe en panne , vous irez travailler à pied parce que le garagiste baissera ses prix dans 3 mois ? si votre lave-linge a rendu l’âme , vous laverez votre linge à la main en attendant que les prix baissent? si vous avez besoin de lunettes ou de prothèse dentaire , vous allez attendre aussi que les prix baissent?
    De même , la baisse des prix n’indiquent pas forcément un marasme économique ! les pris des smartphones et des ordinateurs portables baissent sans arrêt et il s’en vent de plus en plus !
    La vérité est que l’Etat ne veut pas de déflation car il engrange moins de TVA , et veut de l’inflation pour pouvoir s’endetter toujours plus , la dette diminuant on peut s’endetter encore et encore !

    • Je voulais écrire  » les prix  » et « il s’en vend  » !

    • Je n’aurais pas su mieux dire. Quand j’en viens à discuter de la déflation autour de moi c’est toujours la même rengaine : la déflation entraînera une baisse de la consommation (à cause du fameux attentisme du consommateur), une baisse des salaires, etc… Bref, une descente aux enfers !
      Alors qu’évidemment certains besoins ne sont uniquement fonction du prix, comme vous le dites très bien : la voiture tombe en panne et vous en avez besoin pour travailler donc vous la faites réparer.

      Après pour que la déflation soit bénéfique, l’environnement économique (juridique, financier, politique, etc…) doit permettre le déroulement de la destruction-créatrice.

      Par contre j’ai plus de mal à saisir comment la déflation va permettre de réduire/éliminer le mal-investissement ?

      • Par contre j’ai plus de mal à saisir comment la déflation va permettre de réduire/éliminer le mal-investissement ?

        Simplement, en éliminant les entreprises ayant trop mal investi, ou dont les produits ne correspondent pas aux attentes des consommateurs. C’est pourquoi, le rôle de l’état est néfaste quand il intervient : il brouille le signal que devrait recevoir l’entrepreneur. Il pousse aussi le consommateur a se risquer sans conscience de ce qu’il fait.

        Avec le keynésiens, c’est tout et son contraire, la carpe et le lapin qui se marient … :mrgreen:

    • Il y a aussi tous les biens qu.on paie à crédit.
      On les paie plus cher pour les avoir plus tôt.
      Donc la déflation n’a pas d’importance.

      Par ailleurs, c’est l’épargne et non la consommation qui propulse l’économie.
      Si la déflation la favorise, il y aura donc plus de prospérité.

  • Un des arguments des anti déflation est aussi intimement lié à la nature de notre monnaie. J’expose leur raisonnement:

    La monnaie est une créance générée ex nihilo et qui est prétée avec intérêt. Pour que le pret puisse etre remboursé avec intérêt il faut que de l’argent soit créé en plus du principal sans quoi il devient impossible de rembourser les intérets. En effet le principal remboursé est détruit et pas remis en circulation. Il faut donc une autre création d’argent pour rembourser les intérêts
    Quand il y a déflation, cela revient à augmenter les intérêts (de même que dans l’autre sens, l’inflation rogne les intérêt) et à ralentir les prets bancaires: plus d’intérêts, donc moins de demandeurs de prèts donc moins de prets. Or on a besoin de crédit pour créer de l’argent et mettre en circultion la monnaie nécéssaire au remboursement des intérêts.

    Le risque déflationniste est donc souvent présenté comme un risque bancaire étroitement lié à la nature fiduciaire de notre monnaie.

    Cet arguent est assez valable quand on se place dans le cadre très spécifique d’une monnaie Fiduciaire monopolistique avec cours légal et cours forcé (si ces notions vous sont étrangères je vous invite à lire les pages wiki correspondantes qui sont très claires et précises).

    En bon libéral, je vois surtout que notre système monétaire actuel, en plus d’être immoral, est effectivement condamné à être inflationniste c’est à dire à pousser au court termisme consumériste et à l’endettement irresponsable.

    L’inflation est un mal… Oui… d’une certaine manière… C’est surtout la nature fiduciaire monopolistique de notre monnaie qui en fait un problème. En toute chose, le monopole légal est néfaste.

  • D’accord avec tout, mais il y a un gros mais.
    Une fois que vous avez compris que les rigidités sur le marché du travail sont un obstacle infranchissables, hélas, la lutte contre la déflation apparaît immédiatement incontournable.

    • la lutte contre la déflation apparaît immédiatement incontournable.

      En fRance, oui, mais pas dans les autres pays ❗

      • les rigidités sur le marché du travail sont un obstacle infranchissable

        Tout à fait d’accord. Les rigidités existent dans tous les pays, mais en fRance, c’est particulièrement rigide, d’ou la déflation dans certains secteurs qui n’ont pas d’autre choix.

  • La loi de Say est valide dans une économie de troc mais pas dans une économie capitaliste. En effet, dans une économie de troc, on échange une marchandise pour obtenir de l’argent afin d’obtenir une autre marchandise, ce qu’on résume par le circuit M-A-M’. La monnaie est en fait une marchandise comme une autre, qu’on troque, elle a simplement une caractéristique supplémentaire, elle est nécessaire pour obtenir des marchandises. Malgré l’introduction de la monnaie, ce type d’économie reste fondamentalement une économie de troc, une économie d’échange. Or nous vivons dans une économie d’échange et de production et plus particulièrement une économie capitaliste. Or la loi de Say interdit l’existence d’une économie capitaliste ! Pourquoi ? Revenons d’abord sur la nature d’une économie capitaliste. Dans une économie capitaliste, il existe des agents (les capitalistes) qui cherchent à accumuler de la richesse, à augmenter sa richesse. Ainsi, le circuit pour ses agents n’est plus M-A-M’ mais A-M-A’ (on investit de l’argent pour produire des marchandises dont la vente rapportera davantage d’argent que ce qu’on a investit). Or selon la loi de Say, il ne peut y avoir accumulation de richesse puisque les marchandises M-M’ ont la même valeur, cela signifie que selon la loi de Say il ne peut y avoir accumulation capitalistique qu’en dehors du marché, qu’il ne peut y avoir croissance économique qu’en dehors du marché. Assez paradoxal, non ?

    De la loi de Say on arrive assez rapidement à la loi de Walras : la demande nette notionnelle est nulle, ce qui signifie que globalement, si on ajoute les offres et les demandes, on a équilibre. Ainsi, si un marché est en déséquilibre, un autre marché sera en déséquilibre inverse pour compenser. Or c’est loin d’être valide. En effet, imaginons que la demande nette sur le marché des biens de consommation devient négative( sur ce marché, l’offre excède la demande), selon la loi de Walras, on aura une demande positive sur le marché des biens de production, les biens d’investissement. Or la demande de biens d’investissement dépend de l’anticipation qu’ont les industriels des profits futurs, donc de l’évolution de la demande de biens de consommation. Si anticipe un baisse des ventes du fait de la baisse de la demande pour les biens de consommation, ils réduiront sans doute la demande de biens d’investissement donc une demande nette non nulle.

    Le problème de la loi de Say c’est qu’elle ne permet pas d’appréhender le rôle essentiel du crédit et de la dette dans une économie monétaire de production, particulièrement dans une économie capitaliste. En énonçant qu’une production s’échange contre une autre production, qu’une offre s’échange contre une offre, Say ne décrit pas le fonctionnement d’une économie réelle. Il oublie le rôle du crédit et ainsi qu’une production peut s’échanger contre de la monnaie acquise en contractant une dette (créée ex nihilo). L’artifice consiste à dire que c’est simplement échanger une production contre une production future (qui remboursera la dette) sauf que cela signifierait (a) que l’équilibre n’existe pas car si la dette prend 1 an à être remboursée, on peut difficilement parler d’équilibre, (b) l’avenir serait parfaitement connaissable. Or il se peut très bien que la dette ayant permis d’acheter la production ne soit jamais remboursée. Le bel équilibre tombe à l’eau.

    • Bonjour,

      Merci de votre commentaire. Je vais essayer de répondre de mon mieux. Faute de temps, la réponse sera très certainement incomplète.

      Je trouve assez curieux de faire dire à la loi de Say ce qui n’est pas impliquée par cette même loi.

      1/ Vous concevez la loi de Say comme une loi macroéconomique mais ce n’est pas le cas. La loi de Say est une loi microéconomique avec une implication principale sur le plan macro: la surproduction n’existe pas à l’échelle d’une économie.

      2/ la monnaie est elle même un bien qui est soumis aux évaluations subjectives des individus. La phrase « les biens s’échangent contre des biens » n’est donc pas violée. Je vous cite:
      «  »Revenons d’abord sur la nature d’une économie capitaliste. Dans une économie capitaliste, il existe des agents (les capitalistes) qui cherchent à accumuler de la richesse, à augmenter sa richesse. Ainsi, le circuit pour ses agents n’est plus M-A-M’ mais A-M-A’ (on investit de l’argent pour produire des marchandises dont la vente rapportera davantage d’argent que ce qu’on a investit). Or selon la loi de Say, il ne peut y avoir accumulation de richesse puisque les marchandises M-M’ ont la même valeur, cela signifie que selon la loi de Say il ne peut y avoir accumulation capitalistique qu’en dehors du marché, qu’il ne peut y avoir croissance économique qu’en dehors du marché. Assez paradoxal, non ? » »
      La loi de Say n’implique pas du tout que les biens échangés ont la même valeur! Ceci est complètement faux! Je vous rappel juste que l’utilité est ordinale et non pas cardinale. Il n’y a rien qui s’apparente à une « égalité » pour les valeurs. Ce serait adopter une vision objective (et erronée) de la valeur. Mais même si on adoptait cette vision, cela n’impliquerait pas que la loi de Say part du principe que la valeur des biens échangés est égale.
      De plus vous faites un jugement normatif dans vos propos: les capitalistes veulent accumuler. Non, les capitalistes veulent faire un profit, comme tout le monde! Certains ont surement un amour particulier pour l’argent mais s’ils veulent vraiment accumuler, ils l’investissent contre un taux d’intérêt! S’ils le thésaurisent, il n’y a aussi aucun problème: la monnaie est aussi un bien dont la valeur est subjective. La formation du capital, résultat d’une épargne préalable, a pour but la production futur de biens. (notons que toute actions s’inscrivent dans le temps et que la notion de préférence temporelle est donc fondamentale) C’est pour ça qu’il peut y avoir des crises qui s’expliquent par la loi de Say: les entrepreneurs ont investit grâce à une épargne préalable mais ces investissements se sont révélés être des erreurs car les consommateurs n’évaluent pas les nouvelles productions comme prévu.

      3/ Sur la loi de Walras. Je n’ai jamais parlé d’équilibre et ce n’est pas d’équilibre dont il est question ici. Je n’accepte pas le modèle de CPP comme étant utile à l’analyse économique et je ne peux donc pas accepter la loi de Walras.
      « En effet, imaginons que la demande nette sur le marché des biens de consommation devient négative( sur ce marché, l’offre excède la demande), selon la loi de Walras, on aura une demande positive sur le marché des biens de production, les biens d’investissement. »
      Ceci est contraire à la théorie autrichienne des cycles économiques qui montre que pendant une crise résultant d’un boom de crédit artificiel, il y a une restructuration de la structure productive des étapes les plus éloignés de la consommation (higher order goods) vers les étapes les plus proches de la consommation (lower-order goods). De plus vous ne prenez jamais compte dans vos commentaires de la structure du capital. On dirais que pour vous, il y a seulement deux catégories, comme pour Keynes: biens de consommation, biens d’investissement.

      4/ Votre dernier paragraphe est sur les réserves fractionnaires. Je suis à titre personnel contre le système de réserves fractionnaire qui est une violation des droits de propriété. Ca ne change absolument pas les conclusions de la loi de Say. Une contraction du crédit est un phénomène de restructuration. Le crédit est aussi un service, une production. Je n’ai par ailleurs jamais affirmé que la loi de Say permettait d’interpréter l’ensemble des faits économiques mais plutôt qu’elle est une condition nécessaire pour interpréter correctement les faits économiques

      Merci pour votre commentaire, il me permet de clarifier des points importants. Cependant, vos attaques de la loi de Say sont soit infondées, soit de simple assertion qui ne se basent sur rien. J’ai du être rapide et je m’excuse des fautes et du manque de précision de ce commentaire. Je vous recommande cependant deux lectures sur la loi de Say: William H. Hutt et Steven Kates.

      Bien à vous,

      Louis Rouanet

      • Bonsoir,
        1. Je suis bien d’accord, la loi de Say est une loi microéconomique son pendant macro étant la loi de Walras, c’est bien pour cela qu’elle est inadaptée pour comprendre le fonctionnement de l’économie dans son ensemble et notamment le fonctionnement de l’économie capitaliste ainsi que des phénomènes macro comme la déflation, la surproduction, les crises.

        2. La monnaie n’est pas un bien comme au autre, elle n’a pas en elle-même de valeur monétaire sauf comparée à d’autres monnaies (personne ne dira que 1 euro vaut une baguette mais on pourra dire 1 euro vaut 1,5 dollars). C’est quelque chose qui peut se créer « ex nihilo », c’est-à-dire sans travail (ou presque). Sa valeur n’est pas définie selon l’offre et la demande mais selon la confiance accordée à celle-ci.

        3. La loi de Say implique que si je vends un bien qui vaut 100 euros pour acheter un bien qui vaut 100 euros, ces deux biens ont la même valeur. Ils valent tous les deux 100 euros. Voici ce qu’écrit Say : « tous les producteurs demandent de la monnaie en échange de leurs produits, seulement dans le but d’employer à nouveau cette monnaie immédiatement dans l’achat d’autres produits » (Letters to Mr Malthus on several subjects of political economy … (1821).

        4. Le problème de l’utilité ordinale c’est qu’elle est valable à l’échelle de l’individu mais pas à l’échelle de l’agrégation des préférences. Cf. le TSMD (Théorème Sonnenschein-Mantel-Debreu).

        5. Le but du marché est de donner sinon une valeur objective, du moins une valeur intersubjective (que beaucoup assimile à objective). Sans doute, pour un individu, le circuit M-A-M’ correspond à une création de valeur ou de richesse (de son point du vue subjectif), mais du point de vue global il n’en est rien. Imaginer que vous êtes à la cantine, vous échangez ce que vous n’aimez pas dans votre assiette contre des plats qui vous plaisent mais que d’autres n’aiment pas. Tout le monde fait cela. Pour vous, il y a création de valeur mais globalement rien n’a été créé. Ce qui est valable au niveau de chaque individu n’est pas nécessairement valable au niveau du groupe. Une preuve assez facile de l’invalidité de l’individualisme méthodologique, au passage.

        6. Faire un profit, signifie pour moi accumuler. C’est la même chose. Faire un profit signifie justement que l’on a plus après le processus de production qu’avant. C’est le circuit A-M-A’ avec A’>A. J’ai plus à la fin qu’avant.

        7. La monnaie est un bien dont la valeur est intersubjective et non pas subjective. On accepte de la monnaie parce qu’on croit, on sait, on pense, qu’on pourra l’échanger à la même valeur contre un autre bien. Autrement dit, ce qui compte pour évaluer la monnaie ce n’est pas son opinion personnelle mais ce qu’on croit être l’opinion des autres. Distinction essentielle.

        8. La formation de capital résulte de l’épargne mais également (et surtout) du crédit, de la création monétaire (privée et publique puisque les deux sont liées).

        9. La loi de Walras est simplement la traduction macro de la loi de Say.

        10. Je ne considère pas qu’il existe seulement deux types de biens. Il peut exister deux types, puis des sous-types, puis des sous-types de sous-types, etc. Ce qui est certain c’est qu’acheter une photocopieuse et acheter une banane cela n’est pas la même chose ; Dans un cas, vous achetez un bien capitalistique, dans l’autre un bien de consommation. Je ne vois pas où est le problème lorsque je distingue ces deux types de biens. Ce que vous dites est tout à fait valable, c’est même presque tautologique. S’il y a une baisse de la demande de consommation, la structure productive va s’adapter, « tôt au tard ». Mais une fois qu’on a dit cela…. Tout le problème est dans le tôt ou tard.

        Cordialement

  • Toujours le problème de sélectionner les meilleures politiques économiques dans les éventails progressifs entre déflation néfaste et déflation bénéfique, entre protectionnisme intelligent et protectionnisme excessif, … qui varient selon les circonstances.

  • Mais dans le cas d’une déflation avec une dette et une charge de la dette élevée, comment règle-t-on ce problème ? La dette ne se contractera pas et verra son poids augmenter ainsi que sa charge d’intérêt. C’est là le principale argument des gouvernements pour viser une inflation et diminuer de manière mécanique la dette sans pour autant la rembourser. Que faire dans ce cas ?

  • La panique autour de la déflation est un des phénomènes les plus drôles du débat économique actuel. Les keynésiens notamment se gargarisent de « se baser sur les données et le réel » contrairement aux autrichiens qui seraient trop théoriques, mais à chaque fois qu’une étude empirique sur les liens entre la déflation et les crises paraît, que ce soit celle de la BIS maintenant ou celle de la Fed de Minneapolis en 2004, c’est immanquablement une gifle pour eux.

    Quant au Japon, je n’ai jamais compris en quoi il serait une démonstration de l’enfer déflationniste. Il a ses problèmes, mais reste qu’après ~20 ans de déflation/ »lowflation »(dont on nous dit que ça a les mêmes effets…) qui aurait dû apporter la mort de l’investissement et le chômage de masse, ce pays est toujours à la pointe de l’innovation, a un des niveaux de vie les plus élevés de la planète et un chômage faible.

    • Bonnes remarques!
      L’exemple du Japon est surement le plus absurde, c’est clair. J’avais pas noté que le chômage y est bas mais c’est tout à fait vrai!
      C’est quoi le nom de l’étude de la Fed de Minneapolis en 2004?

  • Excellent article. Et de très bon commentaires.

  • Les commentaires sont fermés.

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Charles-Henri Colombier est directeur de la conjoncture du centre de Recherche pour l’Expansion de l’Économie et le Développement des Entreprises (Rexecode). Notre entretien balaye les grandes actualités macro-économiques de la rentrée 2024 : rivalités économiques entre la Chine et les États-Unis, impact réel des sanctions russes, signification de la chute du PMI manufacturier en France, divergences des politiques de la FED et de la BCE...

 

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Par Damien Theillier Un article de l'Institut Coppet

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