Euro faible, dollar fort

L’euro a été volontairement déprécié, ce qui a permis au dollar de devenir fort. Aujourd’hui nous sommes à parité : à mi-chemin, les deux trains se croisent. Ce jeu est-il dangereux ?

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Euro faible, dollar fort

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 mars 2015
- A +

Par Jacques Garello.

zone euro credits images money (licence creative commons)
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C’est un jeu de bascule classique, c’est le principe du funiculaire : quand un train descend, son poids lesté fait monter l’autre. L’euro a été volontairement déprécié, ce qui a permis au dollar de devenir fort. Aujourd’hui nous sommes à parité : à mi-chemin, les deux trains se croisent.

Ce jeu est-il dangereux ? Et si l’un des câbles venait à casser ?

La parfaite bascule

L’économie européenne marche au ralenti, les dettes souveraines s’y accumulent sans que les déficits diminuent de façon significative ; que faire ? Les dirigeants de l’Europe font appel au magicien Mario Draghi et trahissent la lettre et l’esprit du traité instituant la Banque Centrale Européenne : on va dévaluer l’euro. Pour ce faire, il suffit de fabriquer de plus en plus d’euros et, ce faisant, de racheter en échange (et à perte !) des créances dont on sait bien qu’elles aussi seront bientôt dépréciées. Comme on dit, le bilan de la BCE « se gonfle » : on a inscrit des milliards à l’actif et au passif de la Banque. Objectif atteint : en deux mois l’euro perd 40 % de sa valeur. Comme pendant ce temps la Fed (Banque fédérale) n’a pas modifié sa politique, le dollar devient monnaie forte, les opérateurs préfèrent avoir du dollar que du franc, troquent donc au plus vite la monnaie européenne contre du billet vert. On appelle cela « la guerre des monnaies », en fait il s’agit d’un jeu mécanique de bascule.

Craintes pour l’économie américaine

Mais les craintes qui avaient poussé les Européens à dévaluer l’euro se retrouvent maintenant de l’autre côté de l’Atlantique. Les « experts » craignent la déflation, c’est-à-dire en réalité un ralentissement de l’inflation. Or, des deux côtés de l’Atlantique les experts sont keynésiens et pensent que seule l’inflation est de nature à soutenir la croissance, parce que davantage de monnaie en circulation stimule consommation et investissement, donc une croissance à taux soutenu. De leur côté, les producteurs américains craignent pour la compétitivité de leurs exportations et voient la concurrence des exportateurs de l’euroland se renforcer. Alors, pourquoi ne pas prendre aussi le chemin de la dévaluation ? Obama a proposé une relance du déficit budgétaire de 400 milliards de dollars, financée évidemment par l’émission de bons sur le Trésor Américain rachetés par la Fed.

Une asymétrie dangereuse

Malheureusement pour les Européens (ou du moins pour certains d’entre eux), la situation réelle des deux blocs économiques n’est pas identique. Aux États-Unis, le chômage est tombé à 4 % environ alors que certains pays de l’UE sont autour de 10 %. D’autre part, l’appareil productif américain est d’une grande souplesse, notamment grâce à la flexibilité du marché du travail, à la mobilité de la population et à la concurrence institutionnelle (notamment fiscale) entre États. Enfin, la facture énergétique américaine diminue grâce aux gaz de schiste alors que la facture européenne s’alourdit grâce à la politique de « transition énergétique » dont les Allemands, en particulier, font les frais.

En d’autres termes, l’inondation monétaire et l’inconscience financière sont les seuls points communs. Les données structurelles, quant à elles, sont radicalement différentes des deux côtés de l’Atlantique. Il s’agit là d’un vrai danger pour les Européens : les illusions de l’Euro faible les dispensent de tout effort significatif de réduction des déficits et de gains de productivité, alors que les erreurs de politique monétaire n’ont pas encore ruiné les Américains, tant s’en faut. Enfin, n’oublions pas qu’il y a au moins un troisième bloc qui est en position avantageuse d’arbitrage et d’attente : celui des Asiatiques, et les Chinois viennent de lancer une Banque d’Investissement Asiatique avec d’autres pays voisins (à l’exception du Japon) qui pourrait porter un rude coup et au dollar et à l’euro.

Ne pas jouer avec les monnaies

Dans la conjoncture présente, c’est vraisemblablement l’Euroland qui aurait le plus à redouter la guerre des monnaies, d’autant plus qu’une rupture du câble trouverait les Européens divisés – comme ils le sont déjà en réalité.

La conclusion est que le funiculaire est un mauvais mode de transport et que les jeux de bascule menés par les Banques Centrales ne sont pas innocents : on peut s’écraser au sol. Le danger existera aussi longtemps que la monnaie sera entre les mains des pouvoirs publics. Seules des monnaies privées et concurrentes sont de nature à tirer des économies vers le haut. Pour l’instant, il n’y a qu’une catégorie de personnes heureuses de l’abondance monétaire : les opérateurs en bourse qui peuvent développer leurs affaires avec des liquidités gratuites. Le CAC 40 a dépassé la barre des 5.000 points.

Et si la bulle se crevait ? Où sont les performances qui justifient de telles mises sur le futur ?

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  • Ajoutons le Japon dans ce « grand jeu ». Ce sont des… habitués !

    Les Chinois également… Vous verrez qu’ils ne laisseront pas leur monnaie s’apprécier encore davantage. D’autant qu’au même moment, leur croissance diminue… Donc ils rajouteront au pot « guerre monétaire », c’est une certitude.

    Et les Suisses ? Les soit disant parangons de l’éthique financière… Les mêmes petits tricheurs pathétiques.
    Ils ont dépensé des milliards pour fixer le taux de change du Franc suisse. En vain.

    En fait, nous assistons à une course vers le zéro. Toutes les banques centrales (les grosses) jouant au même jeu.

    Personnellement, je ne les vois pas en concurrence, malgré les apparences. Elles agissent au fond, selon un plan concerté.

    La timeline est importante. La BCE n’a pas bougé, pendant que la FED, depuis 2008 y allait à fond. La BOJ était aussi relativement sage.

    Puis la FED arrivant au terme de son cycle (ça commence à être un obscène de dire que l’économie US va super bien et en même temps continuer à avoir des taux d’intérêt au plancher).

    Alors, d’un coup de baguette magique. On passe le mistigri. Ce fut d’abord le Japon, qui lança des QE massifs.

    Le Japon pris ainsi le relai, inondant de cash les marchés financiers du monde.

    Au bout de 2 ans, le Japon est essoufflé. Et là aussi, l’échec de la BOJ se voit un peu trop.

    Alors, hop, nouveau tour magie : on passe la baguette à l’Europe ! La BCE rentre dans le jeu, avec son QE.

    Etc.

    Rincez répétez.

    Il s’agit d’un mouvement global, et même si les joueurs à la table se haïssent cordialement, ils travaillent de concert.

    Car il s’agit d’éviter l’implosion du système financier qui est aujourd’hui totalement intégré et mondialisé.

    Dernier point : ne vous réjouissez pas.

    Ce cirque dure déjà depuis longtemps… Et il va se poursuivre pendant TRES longtemps encore. Les cassandre ont été systématique défaits… pour une seule raison : ils ont sous évalué la profond malhonnêteté des acteurs globaux, leur vice, leur volonté de pouvoir, et leur extraordinaire instinct de survie.

    • Faudrait être un peu cohérent. Si, d’un côté, on a les Suisses qui « ont dépensé des milliards pour fixer le taux de change du Franc suisse. En vain », comment on peut ensuite affirmer avec aplomb « Ce cirque dure déjà depuis longtemps… Et il va se poursuivre pendant TRES longtemps encore. » ? Non seulement, ça ne marche pas (les Suisses ont merdé) mais en plus, ça n’a pas duré des lustres (3 ou 4 ans tout au plus). Que la couillonnade continue encore un moment, c’est évident. Qu’elle dure très longtemps, c’est juste mathématiquement impossible.

      • Vous pointez juste une différence de taille. Je parlais des Suisses, en raison de leur arrogance, et de leur veulerie qui contredit leur réputation.

        Mon récit s’applique, comme je le précisais, aux grosses banques centrales.

        En outre, il faut voir la dynamique. Les Suisses ont gagné pendant 2 ans. Puis perdu depuis la fin du peg… Mais depuis, bizarrement le CHF rebaisse, lentement mais sûrement… Tout ceci pourrait finir par s’équilibrer, dans le cadre du Grand Jeu.

        Mais c’est drôle vous refaites la même erreur : bien sûr que c’est « mathématiquement impossible ».

        Nous le savons tous.

        Et alors ?

        Ce qui compte c’est le temps.

        Si le « mathématiquement impossible » dure pendant 50 ans : vous perdez. Alors que vous avez raison intellectuellement.

        C’est exactement le même sujet que l’autre papier qui clame « la défaite de la pensée kéneysienne » (publié ce matin).

        Défaite de quoi ? De la « pensée » ? Ils s’en fichent totalement. Dans les faits, sur le terrain, dans le monde concret : ils gagnent. Les perdants ce sont nous, les intellos libéraux.

        Donc pour revenir à nos ennemies les « banques centrales », leurs maîtres, clients et obligés, vous pouvez écrire le nombre de papiers libéraux que vous voulez (et vous le faites fort bien)… ils ont gagné, ils gagnent et continueront de gagner.

        Les années passent. Et ça continue. La gageure donc consiste à fixer la date du « end game ».

        Perso, je la vois loin.

  • Il faut relativiser un peu ces histoires de QE. Le dollar remonte depuis juin 2014, bien avant l’annonce du QE par Draghi, et cette remontée est simplement due au « tapering » de la Fed : la Fed a cessé progressivement d’acheter des T-bonds à des prix démentiels aux investisseurs qui utilisaient le cash obtenu pour acheter des actifs libellés en euro, plus rentables.

    Le QE de Francfort est complètement différent de celui des américains. Le simple fait que la zone euro est en excédent primaire depuis quasi deux ans (ce qui veut dire, vu le déficit de la France, que des pays comme l’Allemagne ou l’Espagne, ont de confortables excédents primaires) implique que l’effet inflationniste sera faible, il ne s’agit pas de monétisation du déficit public. Alors que les USA avaient de francs déficits lors de leurs propres QE.

    Le vrai objectif de la BCE est différent. Un énorme stock de dette publique a été émis au pic de la crise pour renflouer les banques, à des taux nominaux de 3 à 5%, quand l’inflation était encore à 2%. Maintenant que l’inflation est nulle, ce stock de dette étouffe les pays de la zone, y compris ceux qui ont mis en place des réformes structurelles. Il n’y a plus de risques de dérapage budgétaire, à part en France et en Grèce, donc Draghi veut tout simplement récupérer ce stock d’obligations, sachant que les intérêts que touche la BCE sont reversés aux Etats actionnaires ! Il est prêt à payer une prime (qui sera elle inflationniste) pour convaincre les détenteurs d’obligations, mais vu les excédents primaires de la zone, il estime pouvoir se le permettre.

    Et enfin, Draghi a une dernière carte dans sa manche, et non des moindres : la BCE est désormaise superviseur bancaire de la zone. Donc si les banques ne veulent pas lâcher leurs obligations en or à un prix raisonnable, il lui suffit d’augmenter le taux de couverture obligatoire des réserves, y compris des obligations AAA, pour obliger les banques à chercher du cash en urgence à son guichet !

    • « Le simple fait que la zone euro est en excédent primaire depuis quasi deux ans ». Amusante affirmation, aussitôt contredite par la BCE elle-même !
      http://sdw.ecb.europa.eu/quickview.do?SERIES_KEY=325.GFS.Q.N.I7.W0.S13.S1._Z.B.B9._Z._Z._Z.XDC_R_B1GQ_CY._Z.S.V.CY._T

      « il ne s’agit pas de monétisation du déficit public » : juste 50 milliards par mois de pure monétisation contraire aux traités, sans compter les autres transferts à la limite de la monétisation ou les aides d’urgence. Une paille, effectivement.

      SuperMariole nous fait le coût de la relance par le demande, version monétaire, pendant que Juncker nous concocte la version budgétaire, au moins 300 milliards de dettes gagées par l’Union dont absolument personne ne veut sur les marchés, ce qui explique aussi l’empressement à faire ce maudit QE dont 20% sont réservés à cette fin.

      Comme d’habitude, ça ne marchera pas. A la fin de l’histoire, nous aurons toujours autant de chômage, toujours aussi peu de croissance mais beaucoup plus d’Etats obèses, de bulles réglementaires et financières, de dettes et d’hyperinflation. Alors, l’Europe devra entrer dans une très longue et profonde récession, histoire de purger les politiques délirantes des collectivistes. Evidemment, l’euro n’y résistera pas, ce d’autant moins que le QE le fragmente dangereusement entre les banques centrales nationales.

      Comment se fait-il, quelle est cette étrange manie qui pousse certains à défendre l’indéfendable ?

      • Petite erreur de lien. Voici le le bon graphique :
        https://sdw.ecb.europa.eu/browseChart.do?node=9485586&SERIES_KEY=325.GFS.A.N.I7.W0.S13.S1._Z.B.B9P._Z._Z._Z.XDC_R_B1GQ._Z.S.V.N._T

        Il faut ajouter que les dettes passées étouffent les impécunieux uniquement parce qu’ils ne veulent pas se réformer afin de dégager les marges suffisantes couvrant leurs engagements passés. D’ailleurs, le sauvetage des banques a bon dos. C’est surtout leurs systèmes sociaux périmés que les Etats ont sauvé à raison de centaines de milliards. En faisant en sorte que les Obèses continuent sur leur lancée comme si de rien n’était, en donnant l’illusion que leurs systèmes et leurs dettes sont soutenables pour quelques temps encore malgré les évidences, SuperMariole s’immisce scandaleusement dans la politique interne des Etats membres au mépris de son devoir de neutralité.

        Il faut arrêter de rêver. BCE ou pas, les Obèses seront finalement incapables de poursuivre sur le même rythme. Lorsque les réformes dures deviendront impératives et qu’il faudra couper les dépenses publiques de plusieurs milliers de milliards, nous devrons en plus assumer le remboursement des dettes de la BCE. Ce sera la double peine, peut-être même la triple si jamais l’économie mondiale tombe entre temps en récession.

        Ce QE, sans oublier les manipulations des taux, parce qu’ils obèrent l’avenir, sont de la folie furieuse.

        • Je comprends votre réaction, mais je crois qu’il vous manque des éléments.

          Je parle du déficit -primaire- de la zone euro, nuance importante. Pourquoi ? Parce que ca veut dire que la nouvelle dette émise en ce moment sert à payer des intérêts à des investisseurs, et pas à payer des salaires de fonctionnaires. Le cash correspondant est donc susceptible de rester sur des dépôts, plutôt que d’atterrir directement dans l’économie réelle. Tant que la fausse monnaie n’est pas utilisée, elle n’a pas d’effet inflationniste.

          Ensuite, si Draghi avait vraiment voulu faire de la grosse planche à billets qui tache pour financer de la relance keynésienne, pourquoi aurait-il attendu jusqu`à maintenant ? Il aurait pu le faire depuis 6 ans, comme les américains, les britanniques et les japonais. Pourquoi ce QE est-il si compliqué, avec 80% du volume sous la responsabilité des banques centrales nationales, etc etc ?
          Le secteur privé de la zone euro est toujours en phase de désendettement, et pour quelques temps encore. Injecter plus de base monétaire n’aura que très peu d’effet inflationniste tant que les individus et les entreprises ne veulent pas se réendetter. Et ca Draghi le sait très bien, il a les chiffres.

          La base monétaire ne sort pas du néant, la banque centrale ne sort des billets frais qu’en échange d’une contrepartie. Il y a inflation quand la contrepartie est surévaluée, et l’effet inflationniste concerne exclusivement la « prime » à l’achat.

          Draghi et les allemands qui contrôlent la BCE ne sont pas des autrichiens, mais ils sont néanmoins monétaristes et ordolibéraux.
          Le jeu de passe-passe de la BCE depuis le début de la crise est le suivant :
          -on sauve les banques de la faillite avec une énorme émission de dette publique
          -on maintient la liquidité interbancaire via les LTROs. Choses très importante, les LTROs ont été exclusivement concu pour cette liquidité interbancaire, ils ne pouvaient PAS servir à garantir de nouvelles émissions de crédits à destination du secteur privé non financier.
          -on ne fait PAS de QE pendant très longtemps. Donc les états de l’eurozone ont le choix entre des réformes structurelles douloureuses ou la sortie de l’euro. Pour l’instant ils ont tous choisi les réformes.
          -le secteur privé se désendette, ce qui permet à la BCE de jouer avec la base monétaire sans trop de risque. Mais du coup l’inflation s’écroule, et la dette émise pour sauver les banques se met à coûter très cher aux contribuables, vu les taux nominaux d’émission
          -il est temps d’arrêter de faire porter aux contribuables le coût des bad debts qui ont généré la crise. Le QE va gorger les banques de cash, mais la demande de crédit est toujours à zéro, et la BCE a porté son taux de dépôt en négatif, donc désormais les banques doivent PAYER à la BCE (donc aux contribuables) leur cash excédentaire.
          -ce coût du cash sera au final refilé aux plus gros clients des banques, comme le font des banques allemandes qui commencent à facturer les comptes courants au delà d’un certain montant
          -la dernière facon pour la BCE de refiler les bads debts à ceux qui auraient dú en supporter le coût dès de le début, c’est simplement le fait que la BCE, via son QE, rachète de la dette publique déjà ancienne, et qui coûte très cher au contribuable, et qu’avec le cash récupéré, les banques et les investisseurs ne trouveront pas de meilleur placement que de la dette publique nouvelle à 0% d’intérêt.

          Alors certes, c’est moins libéral au sens autrichien du terme que ne l’auraient été de vraies faillites bancaires en 2007-2008, je suis tout à fait d’accord. Mais les ordolibéraux aiment la stabilité, que voulez-vous. Maintenant, il faut se dire aussi qu’il vaut mieux des ordolibéraux allemands que des keynésiens francais pour tenir la zone euro, c’est réellement un moindre mal.

          • Le second lien décrit le déficit primaire de la zone, négatif jusqu’en 2013. Pourquoi avoir attendu ? Pourquoi est-ce compliqué ? C’est simple : SuperMariole a dû faire des concessions pour amadouer les Allemands et d’autres qui ne voulaient pas entendre parler de QE. La plus importante de ces concessions, essentielle lors de la prochaine crise de l’euro, c’est la fragmentation entre les BCN qu’on va payer très cher. La décision a beaucoup tardé, malgré les promesses d’ivrogne de SuperMariole dès 2012, parce qu’il y a des rapports de force entre ordomachins et keynétrucs qui s’affrontent au sein de la banque. Votre vision de sa politique semble trop monolithique.

            « Tant que la fausse monnaie n’est pas utilisée, elle n’a pas d’effet inflationniste » : c’est à voir. En tout cas, son effet inflationniste est à mettre en balance avec les forces déflationnistes contraires. En revanche, l’inflation apparaîtra nécessairement à terme, lorsque la BC remettra les titres sur le marché. C’est contre-intuitif, puisque cela devrait signifier un retour du cash vers la BC. Le problème, c’est que le cash de reviendra pas. En effet, les titres achetés aujourd’hui au prix fort (taux faibles) seront fortement dévalorisés par la fin de la politique non conventionnelle. La BCE ne récupérera jamais qu’une fraction du cash émis, voire rien du tout si elle est obligée d’inscrire les titres en perte. Il est impossible de sortir proprement d’un QE. Vous dites que le QE ne durera pas, mais c’est le contraire qui risque de se produire si on attend trop, justement pour cette raison. Le mieux serait de l’interrompre rapidement, le mois prochain par exemple, compte tenu de sa nocivité.

            Le « coût du cash sera au final refilé aux plus gros clients des banques » : vous croyez ? Il est plus probable que le coût du cash sera refilé aux sans-dents, comme d’habitude, par le biais des frais bancaires ou des assurances sur le crédit par exemple. Les gros clients ne paieront pas : ils ont les moyens d’aller voir ailleurs. Si, par gros clients, vous entendez les grandes entreprises, elles passeront ces frais dans leurs prix. Mieux, elles profiteront de l’effet des taux négatifs sur leurs lignes de crédit court terme précédemment négociées, désormais à taux négatif, pour aller déposer leurs fonds hors de la zone, loin de la répression. Eh oui, quand les taux sont négatifs, ils le sont pour tout le monde. Le secteur qui va déguster, ce sont les banques, prises à la gorge de tous les côtés. Dans ces conditions, elles ne vont certainement pas prendre le risque de prêter à l’économie. Ce QE, uniquement destiné à sauver les Obèses impécunieux, va engendrer de la récession économique.

            « les banques et les investisseurs ne trouveront pas de meilleur placement » : fuite des capitaux, carry trade à gogo, hausse vertigineuse du risque, collapsus brutal… quand il n’y aura plus que la BCE pour acheter directement les mauvais bons français, italiens ou espagnols hors de prix. Quelqu’un a récemment fait remarquer que lorsque des planètes sont alignées, il y a une éclipse. C’est effectivement l’éclipse de l’économie qui menace avec cette politique non conventionnelle irresponsable.

        • En faisant en sorte que les Obèses continuent sur leur lancée comme si de rien n’était, en donnant l’illusion que leurs systèmes et leurs dettes sont soutenables pour quelques temps encore malgré les évidences, SuperMariole s’immisce scandaleusement dans la politique interne des Etats membres au mépris de son devoir de neutralité.

          Entièrement d’accord. Et comment leur faire confiance après de telles actions ❗

  • Cela serait sympa tout de même d’éviter les erreurs habituelles que l’on retrouve dans les médias traditionnels.
    C’est bien de mettre des chiffres pour impressionner ou pour appuyer son raisonnement, mais non l’EUR n’a pas pas perdu 40% de sa valeur en deux mois (-25% contre USD en 7/8 mois), et non le taux de chômage aux USA n’est pas de 4% (mais de 5.5%).
    Tout cela enlève de la crédibilité à l’article.

  • Je reste persuadé que l’on va tout droit vers une époque d’inflation folle, comment peut-on imaginer créer de la monnaie à ce point sans avoir aucune conséquence ?
    Le jour où tout ce cash rentre dans le système économique, cela risque bien d’être la panique.
    Au moins cela résoudra le problème des dettes.

  • En fait ce dont parle cet article c’est l’état du monde depuis la fin des accords de Bretton Woods.
    Tout est vrai mais rien est neuf… Bon résumé néanmoins.

  • Même quand on n’est pas riche riche et qu’on n’a qu’une petite retraite, si on a aussi , par exemple 15 000 euros d’économie, est-il prudent de les protéger au moins partiellement en achetant de l’or et/ou de l’argent ?

    Si oui dans quelle proportion ?

    Même si ça ne peut pas être la même proportion et le même risque et la même efficacité après clash selon le montant de départ

    Merci

    • Sans rire vous voulez gérer votre retraite à partir des commentaires d’un forum ???

    • Investir hors d’Europe vu l’Euro-poubelle. Les USA, guère mieux.
      De l’or un peu, mais pas en fRance, trop de taxes.

      Si vous êtes à la retraite, faible, hum, pas vraiment la peine de prendre des risques => Livret par exemple.

    • vu le temps qu il te resta a vivre claque tes sous vieux grigou…!!

  • 4 % de chômage aux USA ?

  • Ne pas jouer avec les monnaies ?
    Mais si on peut ! Il suffit qu’elles soient privées.

  • Aux États-Unis, le chômage est tombé à 4 % environ alors que certains pays de l’UE sont autour de 10 %.

    C’est très optimiste pour la fRance ❗
    6 millions sur 26 cela fait 23 % et si l’on retranche les fonctionnaires, cela fait froid dans le dos. 🙁 🙁 🙁

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