Pétrole : les USA et l’Arabie Saoudite en totale opposition !

La chute du nombre de rigs de forage de pétrole aux États-Unis ne s’arrête pas… Et pendant ce temps, l’Arabie Saoudite ne baisse pas ses rigs de forage !

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Pétrole : les USA et l’Arabie Saoudite en totale opposition !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 26 mars 2015
- A +

Alors que les Américains, suite à la chute des cours du baril, baissent de manière drastique leurs forages d’exploration, l’Arabie Saoudite opte pour une politique complètement opposée !
Que doit-on en déduire ?

Par Aymeric de Villaret.

Pumpjack Pétrole en Alberta, au Canada (Crédits Jeff Wallace, licence Creative Commons)
Pumpjack Pétrole en Alberta, au Canada (Crédits Jeff Wallace, licence Creative Commons)

 

Le parapétrolier américain Baker Hughes publie hebdomadairement le nombre de rigs de forage aux États-Unis. Ainsi, quand les prix du gaz avaient chuté, suite à la montée en production du gaz de schiste, leur nombre pour le gaz s’était effondré. Et depuis la tendance ne s’est pas inversée… avec une nouvelle baisse récente avec des cours du gaz très déprimés (2,8$/Mbtu).

Villaret1 25 mars 2015

Pour le pétrole, la tendance a été, jusqu’à mi-octobre 2014, complètement opposée avec une formidable hausse accompagnant la croissance de l’huile de schiste.
Depuis les cours du baril se sont effondrés, et la chute des rigs de forage d’exploration a été vertigineuse, puisque de 1 609 au 10 octobre 2014, leur nombre n’est plus que 825 au 20 mars 2015 (-48,7%)…

… notamment dans le « Permian Basin »

Et cela d’autant qu’elle est bien réelle dans la zone principale de l’huile de schiste à savoir le « Permian Basin ».

villaret 25 mars 2015 2

Au 20 mars, le nombre de rigs de forage de pétrole dans le bassin « Permian » est tombé à 285. Ce bassin représente environ 35 % des forages d’Exploration des États-Unis.

L’impact sur les productions d’huile de schiste commence à se faire sentir – stabilité attendue en avril vs mars-

Baisse des rigs d’exploration ne veut pas dire baisse de production, car, et nous l’avons déjà développé dans des publications précédentes, de nombreux producteurs ont couvert leurs productions futures à des prix du baril nettement plus élevés que ceux actuels et que les nouveaux puits forés sont plus productifs.

En effet, le production globale américaine continue de progresser même si les derniers chiffres confirment un ralentissement dans la croissance :

villaret 25 mars 2015 3

Il n’en demeure pas moins que lorsque l’on étudie les productions d’huile de schiste passées et à venir (avril 2015) données par l’EIA, l’impact est net, puisque la mise en production des nouveaux puits arrive seulement à compenser la baisse de production des anciens puits :

villaret 25 mars 2015 4

En synthèse, l’EIA attend une production d’huile de schiste aux États-Unis stable en avril par rapport à mars, signe que la guerre des prix initiée par l’Arabie Saoudite commence à porter ses fruits !

Et pendant ce temps, l’Arabie Saoudite ne baisse pas ses rigs de forage !

En effet, l’Arabie a maintenu ses rigs ainsi que le montrent les données de Baker Hughes :

villaret 25 mars 2015 5

Et si l’on étudie plus en détails (même si les chiffres de Baker Hughes excluent les rigs non enregistrés aux États-Unis notamment les chinois et les russes) l’évolution de ces dernières années pour l’Arabie Saoudite, en ce qui concerne les forages de pétrole, la tendance est très nettement à la hausse. Et cela en dépit de la chute du baril de ces derniers mois.

villaret 25 mars 2015 6

Qu’en penser ?

Certains diront que :

1) l’Arabie doit forer plus que par le passé après voir « dopé » sa production à des niveaux record.

2) Certains de ses champs sont âgés (nous pensons notamment au principal champ Ghawhar qui a commencé à produire en 1948) et plus de forages sont nécessaires pour maintenir une production stable.
Mais il est aussi possible que les Saoudiens voient avec une certaine appréhension la faiblesse des investissements pétroliers et les conséquences qui en résulteront. Il est vrai que les interruptions de production dans le monde (et le passé est là, avec les nombreuses crises géopolitiques, pour le démontrer) existeront encore et pour maintenir une possibilité de réaction rapide, l’Arabie Saoudite ne doit pas baisser la garde.

En un mot, le message de l’Arabie pourrait être celui-ci :

« Soyons réalistes, nous avons besoin de pétrole pour la croissance future. Aussi nous préparons l’avenir ».

Selon de nombreuses sources industrielles, Saudi Aramco en 2015 déploierait le même nombre de rigs qu’en 2014.

Conclusion

L’évolution du nombre des rigs en Arabie Saoudite par rapport à celle constatée aux États-Unis a de quoi surprendre.

Plusieurs raisons sont possibles :

1) Difficultés pour l’Arabie de maintenir sa production, face, soit à un déclin de ses champs historiques, soit à une production très poussée ces dernières années,
2) Volonté d’être prête à « pousser » sa production, lorsque les conséquences de la baisse des investissements dans l’Amont pétrolier se feront sentir. L’Arabie répondra alors présente et bénéficiera tant de la hausse des prix que de la hausse des volumes.

demande du pétrole rené le honzecComme l’a dit dimanche 21 mars, le représentant de l’Arabie Saoudite à l’OPEP, Mohammed al-Madi : « Notre conception est (…) la suivante : les producteurs qui bénéficient de coûts faibles doivent être prioritaires et ceux qui ont des coûts élevés doivent attendre leur tour pour produire. » « Nous ne sommes pas contre les producteurs d’huile de schiste, mais ce n’est pas “fair” que les producteurs à hauts coûts sortent du marché ceux à bas coûts”.

Comme le retour à un baril à 100-120 $ ferait revenir sur le marché ces premiers, il ne croit pas que ce niveau de prix puisse de nouveau être d’actualité. « C’est à l’OPEP d’équilibrer les marchés » Et c’est ce que l’organisation fait aujourd’hui.

Aussi si à 50-60$, les producteurs d’huile de schiste (et c’est ce que l’on commence à voir) sortent, cela devrait créer un « plancher » aux prix futurs et l’Arabie se doit d’être prête à pouvoir, elle aussi, tout comme les producteurs d’huile de schiste à « ré-accélérer » si les prix remontent.

La différence entre les deux (producteurs d’huile de schiste américains et Arabie Saoudite) est que :

1) Les producteurs d’huile de schiste devront être convaincus que les prix resteront élevés pour se relancer dans la mesure où ils auront « coupé » leurs investissements
2) L’Arabie en maintenant une « capacité disponible » n’aura pas à attendre.

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  • Guerre monétaire, guerre des matières premières, guerres commerciales, guerres tout court, bulles financières orchestrées par les banques centrales… Ca va swinguer sur les marchés. Pour ceux qui sont montés tout là-haut, en orbite haute, aveuglés par des promesses fictives les incitant à des leviers délirants, le temps est venu de positionner le bouclier thermique pour espérer rentrer dans l’atmosphère sans griller.

  • « Aussi si à 50-60$, les producteurs d’huile de schiste (et c’est ce que l’on commence à voir) sortent, cela devrait créer un « plancher » aux prix futurs  »

    Pas d’accord, tout d’abord admirons la résilience des entreprises américaines, alors que comme pour le chômage en France on nous annonçait une baisse spectaculaire on a maintenant un « ralentissement de la hausse ».
    Ensuite si les entreprises arrêtent de forer ce n’est pas toutes pour rien faire, les progrès technologiques ont déjà été nombreux et l’heure est à trouver des procédés qui font baisser les cout de production affin justement d’abaisser le prix plancher.

    http://oilprice.com/Energy/Energy-General/Oil-Price-Crash-A-Blessing-In-Disguise-For-US-Shale.html

    Ensuite il faut rappeler que ce boum du pétrole et du gaz de schiste a eu lieu alors que l’administration Obama menait une guerre sans merci au énergie fossiles, qui sait ce qu’il se passera si un républicain arrivent à la maison blanche, car le secteur américain peut aisément être rendu plus compétitif.

    • « les progrès technologiques ont déjà été nombreux »

      Oui, merci aux Saoudiens qui sont en train de favoriser les progrès dans ce domaine. Car les progrès se font quand on y est contraint économiquement, pas quand on est subventionné ou quand on vit de ses rentes. Le Peak Oil recule et les EnR sont de moins en moins rentables.

  • Vous faites un contresens il me semble.

    En effet comparer « les » producteurs US et « le » producteur saoudien n’a aucun sens.

    Les premiers sont des nombreuses sociétés, même des petites, et le second est un état.

    Les premiers suivent bêtement des règles économiques « bêtes », le second peut se permettre (étant seul) de suivre des objectifs d’une nature totalement différente (géopolitique).

    -les rigs aux US ne chutent pas (encore), même si la croissance baisse. Explication simple : sociétés endettées jusqu’aux yeux, lors les cours étaient élevés… maintenant problème de cash flow pour faire face aux échéances.
    Une seule solution (paradoxale vue de l’extérieur) : pomper toujours plus !

    Dans le cas saoudien… là l’histoire doit être totalement différente.
    -ils veulent en finir une bonne pour toute avec Russie, Iran, Syrie etc. Politique de la terre brûlée de celui qui possède de vaste réserves de terre. Les saoudiens peuvent se permettre un tel gambit. Pourquoi pas ?

    -mais l’hypothèse selon laquelle nos mystérieux saoudiens commenceraient à avoir des sueurs froides face au « vieillissement » (délicieux understatement) de leurs puits monstres et donc seraient contraints de creuser toujours plus afin de compenser… pourrait faire sens.
    De toute façon, les données saoudiennes sont secrètes. On peut tout imaginer.

    Comme on pourrait s’interroger sur la raison pour laquelle ils s’amusent à multiplier les forages en mer… Alors qu’ils sont censés regorger de pétrole dans le désert…

    -dernier point : vous opposez USA et Arabie saoudite. Pourquoi ? On peut très bien imaginer une opération concertée. Après tout, ils sont dans une alliance stratégique, poursuivent sans doute des objectifs communs…

    Bref. C’est bien d’une véritable guerre dont il s’agit (regardez les derniers développements stupéfiants au Yemen, avec l’intervention militaire saoudienne, face aux milices shiites)…

    Et qu’on arrête de nous bassiner avec l' »offre et la demande »… qui ont beau dos. Pour le coup, ça devient un peu obscène.

    • « -dernier point : vous opposez USA et Arabie saoudite. Pourquoi ? On peut très bien imaginer une opération concertée. Après tout, ils sont dans une alliance stratégique, poursuivent sans doute des objectifs communs… »

      Les USA sont pourtant entrain de laisser le Hezbollah irakien, la « ligue des vertueux » ou le « bataillon des amoureux de dieu », milices terroristes chiites, pratiquer toutes les exactions qu’ils souhaitent sous prétexte que c’est pour reprendre du terrain sur l’IS. D’une manière plus globale ils remettent en scène l’Iran ce qui ne plait à aucun pays dans la région.

      Vous avez une vision bien simpliste de la géopolitique du moyen orient.

  • Beaucoup trop de mots pour rien.
    Le contrôle de la production pétrolière sert à manipuler la valeur du USD.
    L’arabie saoudite est un territoire de facto contrôlé par le gouvernement américain.
    Le gouvernement américain est contrôlé par le jeu électoral à travers les médias.
    Les médias appartiennent à des holdings financiers.
    Le pouvoir des holdings financiers dépendent de la valeur du USD.
    Fin de la boucle.

  • Cette stratégie est très logique, mais il faut ne pas être vitime de l’aveuglement général .

    L’arabie saoudite sait très bien que dans quelque smois a un ans, une bombe énergétique va désintégrer le spric des futures du pétrole.
    Plus aucun investissement dans un pétrole cher ne sera rentable.
    La consommation de pétrole s’effondrtera en 10-15 ans, d’abord par les grosses installations, les véhicules maritimes, puis ferrés, routiesr, et dans 20ans on s’attaquera a l’aérien.

    qui pourra vendre du pétrole dans ce contexte ?
    ceux dont le pruit est creusé, ou facile à creuser.

    l’arabie séoudite a peut être 5-10 ans de réserves, ce qui avec quelque puits pas trop chers suffira.

    qui sais ce qui se passe…
    Airbus, Boeing, Shell aussi , LEs militaires anglais, suédois, canadiens, américains évidemment…

    Airbus lance une grosse stratégie pour participer à l’aventure…
    j’en suis le témoins…
    mais qui donc sera à milan ce 10 avril… que fera le chief scientists d’Airbus Group là bas…
    Mais que fait Airbus defence and aerospace a faire des brevets étranges…
    http://www.lenr-forum.com/forum/news/index.php/News/80-Airbus-Defence-Space-filed-a-LENR-patent-for-an-autonomous-reactor-in-september-/
    tout comme Boeing…

    sont ils tous fous, ou simplement …
    informés.

    ne cherchez pas une conspiration, c’est juste que les journaliste , surtout leur boss, n’ont pas une once d’honêteté et de courage quand il s’agit d’affronter le consensus.

    le journalist le plus courageux devant les bombes se couche comme un e larve devant la bien pensance et le consensus.

    je sais qui était a oxford, presse économique, qui s’est fait « excuser » avec lettre à l’appui… et ces chers journaliste ne disent rien.Les seuls journalistes courageux que je connsaiisse, je parle pas des trompe le mort respectables qui bravent les bombes, mais de veux qui brevent les interdits, sont…
    des non journalistes, avec un diplome technique ou commercial, tombé par accident dans cette carière de perroquet empathique.

    les saoudiens savent ce qu’il en est et savent qu’ils seront les seuls a exploiter leur pétrole dans les 10 ans qui viennent.
    à 10-20$ le baril on l’achetera. pas plus.

  • Pas tout à fait exact: oui on arrive à la fin des contrats d’assurance pour les producteurs d’huile de schiste US, mais les montants des remboursements d’emprunts qu’ils ont sur le dos est tel qu’ils sont obligés de continuer à augmenter leur production s’ils ne veulent pas simplement mettre la clef sous la porte.
    Quand on voit comment se sont soldés les derniers scenarii du même type, il n’est pas sûr que l’administration US ne leur trouve pas une porte de sortie sur le dos du contribuable, car in fine ceux qui sont à risque, ce sont les banques qui ont financé. Et on sait tous ce qu’il en est de leur capacité à influer sur les décisions politiques les concernant.

  • La différence entre les USA et l’Arablie Sahoudite? L’un veut conserver ses marges l’autre veut comserver ses parts de marché.La question est qui va céder le 1er?

  • Les commentaires sont fermés.

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