« 33, rue des Grottes » de Lolvé Tillmanns

Dans « 33, rue des Grottes », Lolvé Tillmanns raconte l’histoire des habitants d’un immeuble confrontés à un véritable fléau.

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« 33, rue des Grottes » de Lolvé Tillmanns

Publié le 20 mars 2015
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Par Francis Richard.

francis richard recension du 19 mars 2015Comment nous comporterions-nous dans des circonstances exceptionnelles ? Est-ce vraiment à ce moment-là que notre vraie nature se fait jour ? Dans 33, rue des Grottes, Lolvé Tillmanns raconte l’histoire des habitants d’un immeuble, qui sont de nos jours confrontés à un véritable fléau.

 Tour à tour l’auteur livre les pensées des habitants de cet immeuble, qu’ils occupent de la cave au quatrième étage et qui est situé dans un quartier populaire de Genève, derrière la gare Cornavin, à proximité du parc des Cropettes.

 Le propriétaire de l’immeuble, devenu cruel et méchant après la mort de sa femme, dirige une entreprise du bâtiment. À la cave, se terrent quatre de ses ouvriers: Mahmoud, Abdel, Jabari et Bekim, lequel raconte leur vie de rats, qui bénéficient depuis peu de l’électricité.

Au rez-de-chaussée, la concierge, Julieta, est laide et le sait. Tout le monde la considère comme une sorcière avec son grain de beauté poilu sur le menton. Elle était au service du propriétaire avant qu’il ne l’installe au 33, avec un salaire divisé par deux.

Au premier étage, Caroline vit avec Stéphane. Elle a un institut de beauté. Lui un petit atelier où Sergio, un apprenti, travaille avec lui. Caroline est un joli brin de femme. Elle est excitante et elle est flattée que les hommes lui fassent des compliments.

Au deuxième, Carlos est étudiant. Il partage son appartement avec Matti, dont il est l’homme, mais qui le quitte parce qu’il ne veut pas faire son coming-out de peur de ce qu’en dira son père, de peur d’être banni de sa famille sans espoir de retour.

Au troisième, Mei est une petite fille. Elle a un amoureux, Achik. Comme lui, elle mélange la langue de l’école et la langue de la maison. Sa maman s’occupe beaucoup d’elle et, elle, elle l’aide à apprendre la langue de l’école.

Au quatrième, Nicolas porte un costume trois-pièces et travaille comme employé dans une étude. Il n’éprouve plus de désir pour sa femme, Hélène, depuis qu’elle est enceinte. Il fantasme sur les autres femmes.

Lolvé Tillmanns raconte d’abord ce microcosme, le train-train quotidien de ses habitants et les quelques relations de voisinage qu’ils entretiennent entre eux. Puis un jour tout bascule. Quelque chose de grave s’est produit à l’extérieur.

Les connexions Internet ne sont plus disponibles. Sur les écrans de téléphone ou de télévision n’apparaissent plus que des messages inquiétants, du genre :

« LA CONFÉDÉRATION VOUS DEMANDE, DANS LA MESURE DU POSSIBLE, DE RESTER CHEZ VOUS. LES RÉUNIONS DE PLUS DE TROIS PERSONNES SONT INTERDITES. »

Un fléau s’est abattu sur la ville et ce n’est que peu à peu que le lecteur apprend de quelle nature il est et quelles en sont les conséquences pour les habitants, en particulier pour ceux du 33 de la rue des Grottes.

Les ravages de ce fléau sont redoutables. Les comportements des habitants de la ville et de l’immeuble se modifient. Ils s’adaptent comme ils peuvent à la situation et deviennent méconnaissables.

D’aucuns pensent d’abord à eux. D’autres se préoccupent des autres. D’aucuns succombent plus ou moins héroïquement. D’autres survivent, de même façon. Pour combien de temps ? La tranquillité relative de la vie antérieure s’est muée en tribulation permanente où la loi du plus fort ou du plus rusé règne.

 Lolvé Tillmanns donne la parole à huit personnages de l’immeuble, tous très différents les uns des autres. La moitié d’entre eux sont d’origine étrangère, chinoise, iranienne et portugaise. Ils sont également de tous âges et de toutes origines sociales.

 Or, l’auteur s’incarne avec beaucoup naturel en chacun d’entre eux, adoptant son vocabulaire, ses réflexions propres, ses comportements devant l’adversité. Il en résulte un portrait de l’humaine condition à travers le prisme de ce microcosme d’une grande richesse de points de vue, servi par un style très direct.

Une fois le livre refermé le lecteur a le sentiment qu’il suffit de peu de choses pour que la vie ordinaire ne le soit plus, pour que tout le monde en soit affecté, pour que même ceux qui détiennent l’autorité et qui devraient montrer l’exemple ne se comportent pas forcément mieux que les autres. Heureusement ce portrait n’est pas tout noir. Et quelques figures, toutes imparfaites qu’elles soient, permettent au lecteur affligé de retrouver quelques couleurs.

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