« Changer Bercy pour changer la France » de Bernard Zimmern

Bernard Zimmern montre, chiffres à l’appui, l’imposture de l’idéologie égalitariste.

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« Changer Bercy pour changer la France » de Bernard Zimmern

Publié le 15 février 2015
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Par Francis Richard

changer-bercy-zimmernBernard Zimmern, avec l’assistance de Dominique Mercier et Valérie Pascale, vient de publier un livre à contre-courant des économistes en vogue, des égalitaristes tels que Joseph Stiglitz ou Thomas Piketty, qui, obsédés par la chasse aux inégalités, ne comprennent rien au processus de création de richesses et induisent en erreur ceux qui se laissent séduire par leurs thèses basées sur l’envie.

Pour ces prétendus économistes, le riche, surtout américain, voilà l’ennemi, surtout le très riche, et, davantage encore, le très très riche, qui serait un rentier, un profiteur des richesses créées par d’autres. Or, manque de chance, ces très très riches, ces milliardaires américains, sont en grande proportion des entrepreneurs dont les aïeuls étaient pauvres ou sans fortune notable.

Bernard Zimmern montre, chiffres à l’appui, l’imposture de ces prétendus économistes. En effet ils voient que la croissance des revenus des très riches est plus rapide que la moyenne, mais ne voient pas que ce sont ces très riches qui font la croissance en créant des richesses et des emplois.

Ces prétendus économistes ne voient pas non plus que, si la croissance est toujours plus forte aux États-Unis qu’en Europe et que le chômage y est moindre, c’est qu’aux États-Unis il y a davantage de milliardaires en proportion qu’en Europe, et que ces milliardaires y sont, en outre, en plus grande proportion des entrepreneurs.

Ceux qui créent le plus d’emplois, ce sont toutefois les millionnaires, donc les très riches, qui, aux trois quarts, sont des entrepreneurs individuels et représentent plus de la moitié de la fortune industrielle et de l’investissement américains. Parce que ces entrepreneurs, qui risquent leur fortune personnelle, sont mis à l’index par l’administration Obama, et menacés par les dirigeants démocrates, et parce qu’ils sont écoeurés, la reprise américaine est plus lente et plus hésitante qu’elle n’aurait pu l’être…

Vous avez dit risque ? « Le concept de risque est totalement étranger à des professeurs d’université dont la paie est assurée jusqu’à la fin de leurs jours. » C’est pourtant le risque, souvent considérable, que prennent les entrepreneurs qui fait la force d’une économie et qui peut être aussi bien à l’origine de leur fortune que de leur chute. Quand ces prétendus économistes parlent de justice sociale, ils oublient justement le risque pris par les entrepreneurs, qui se traduit pour eux par une plus grande instabilité de revenu que celle d’un salarié : un entrepreneur a certes plus de chances qu’un salarié de grimper l’échelle des revenus, mais il a aussi plus de chances de la dégringoler.

Qui sont-ils ces économistes, ces égalitaristes ? Ils sont tous fonctionnaires : « Ils réalisent le rêve de tout fonctionnaire : appartenir au secteur public et conserver la garantie de l’emploi, mais avec les avantages du secteur privé. »…

Si ces égalitaristes promeuvent la redistribution, celle-ci n’améliore pas pour autant réellement les conditions d’existence des plus pauvres et des plus déshérités. Ils n’en perçoivent qu’une partie en espèces, tandis qu’une petite minorité, appartenant au secteur public, perçoit la plus grande partie de la redistribution en nature…

Pour étayer leurs propos sur les inégalités croissantes en France, ces égalitaristes trichent avec les statistiques et ne retiennent que les éléments qui vont dans le sens de leurs thèses. Ainsi ils ne tiennent pas compte par exemple dans l’évolution des revenus de la redistribution, ou ils y intègrent au contraire les bénéfices non distribués. Quand ces égalitaristes font des comparaisons de patrimoine, ils ne prennent pas en compte l’âge des détenteurs, de même qu’ils ne tiennent pas compte des capitaux correspondant aux rentes de retraites versées ou des autres prestations sociales perçues, lesquelles réduisent pourtant les inégalités entre riches et pauvres.

Il n’est pas besoin d’être Einstein pour comprendre qu’en démocratie les voix des pauvres sont plus nombreuses que celles des riches et qu’en conséquence la redistribution sous forme d’avantages en espèces ou en nature, est le moyen le plus efficace pour se faire une clientèle électorale. La redistribution est aussi un alibi moral pour les étatistes, qui présentent ce vol des uns pour remplir la poche des autres sous les traits vertueux de la justice sociale, et qui, en fait, substituent l’immorale solidarité forcée des programmes étatiques à la philanthropie volontaire des anglo-saxons.

Bercy est une forteresse imprenable et l’instrument implacable de la redistribution. Le donjon de cette forteresse, c’est la Direction de la Législation Fiscale. C’est cette dernière qui décide de la politique fiscale du pays et l’impose au Parlement qui n’a pas les moyens de s’y opposer. D’autant que ses contrôleurs sont tous issus de Bercy… Quant à la Cour des Comptes, ses membres sortent de la même école que ceux qu’ils examinent… Comment apprécier la valeur des fonctionnaires de Bercy ? Comme il n’existe pas d’instrument de mesure au sein de cette entité, un moyen simple de les jauger est de voir ce qu’ils donnent quand ils dirigent des entreprises privées. Là, les contre-performances des Pierre-Yves Haberer, Jean-Marie Messier, Michel Albert ou autres Alain Minc sont éloquentes et se passent de commentaires… Bercy décide donc en fait du sort de 63 millions de Français. Le malheur est que les agents de Bercy ne connaissent rien à l’entreprise, pour la bonne raison qu’ils n’y ont jamais travaillé. Aussi toutes les mesures qu’ils cogitent depuis trente ans pour favoriser l’emploi – formation, insertion etc. – sont-elles surtout créatrices de chômage. Parce que, selon Bernard Zimmern, ils ne savent pas notamment que seules les entreprises nouvelles créent des emplois…

Pour terminer, Bernard Zimmern raconte toutes les batailles pour l’emploi et pour les Business Angels qu’il a menées de 2002 à 2012 sous un gouvernement dit de droite. Toutes ont été des échecs, parce qu’il n’est pas acceptable pour Bercy d’« encourager les riches à s’enrichir »… Or il ne sert à rien de chercher à réduire la dépense publique si, parallèlement, on ne favorise pas justement la création d’entreprises nouvelles… Selon l’auteur, il faut donc que Bercy accepte d’aider les riches à devenir plus riches et accepte de ne pas taxer les plus-values de capital à l’impôt sur le revenu. Dans cet ordre d’idée, exempter tout investissement dans une entreprise de moins de 50 salariés et de moins de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires d’impôt sur les plus-values serait bénéfique pour l’emploi et ne coûterait rien puisque « toutes les données chiffrées montrent que cette « dépense fiscale » retourne dans les caisses de l’État avant d’en être sortie ».

Même si les mesures préconisées par Bernard Zimmern sont discutables, elles iraient dans la bonne direction en cas d’adoption. Tant il est vrai que la libération de l’économie est la seule voie qui puisse conduire à la prospérité et que « la voie de l’égalitarisme est celle qui mène à la pire forme d’inégalité : le chômage ».


Sur le web. Publication commune avec lesobservateurs.ch.

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  • Le vieux proverbe : Quand les riches souffrent les pauvres pleurent
    Est le bon sens même

  • Quel dommage ! On aurait pu espérer qu’une critique du livre de B. Zimmern soit moins idéologique et plus scientifique.

    Déjà ça commence mal. Pourquoi employer l’expression « prétendus économistes » ? Il est vrai qu’ils appartiennent à l’école orthodoxe bien qu’étant critique à son égard, mais cela ne change en rien leur qualité d’économiste. Par contre, je ne sache pas que B. Zimmern soit lui un économiste. Cela ne signifie nullement que sa parole a moins de valeur (j’aurai plutôt a priori tendance à penser le contraire) mais cela montre simplement que l’emploi de votre expression est déplacée.

    Ceci étant dit, passons à chose plus sérieuse. Que ce que vous nommez « les riches, les très très riches » soit des rentiers (je n’adhère pas au terme profiteur tendancieux et peu scientifique), cela paraît une évidence lorsqu’on regarde d’où proviennent leurs revenus. En très grande partie ceux-ci proviennent de ce qu’on nomme communément « les revenus du capital » ou « les revenus de l’épargne ». Or qu’est-ce qu’un tel revenu ? C’est un revenu qui provient exclusivement de la possession d’un titre de propriété. A aucun moment un tel revenu ne provient du travail de celui qui le reçoit. Le terme de rente peut donc se justifier. Si ce terme ne vous plaît pas, nous pouvons alors dire que ce revenu provient du travail des autres (je vous accorde que c’est un raccourci, ce revenu peut provenir du travail des autres mais également de votre travail à vous, on peut penser au chef d’entreprise qui travaille aussi et participe donc à la création de richesse dont il captera une partie étant en même temps propriétaire de l’entreprise). Cette évidence étant énoncée, cela ne signifie nullement que ce revenu soit injustifié, nous en parlerons plus loin, lorsque nous parlerons du risque. Il serait injustifié si on partait du postulat que son revenu ne se mérite que par son travail.

    Vous dites « ces très riches sont des entrepreneurs ». Le terme entrepreneur mériterait d’être précisé. Si vous considérez que posséder un titre de société fait de vous un entrepreneur, en effet votre assertion est justifiée. Ceci dit, ce n’est pas tellement la conception commune d’entrepreneur.

    Pourquoi remonter aux aïeux ? Lorsqu’on parle de fortune héritée on se contente de regarder les parents. Il est certain que plus vous remontrez dans le temps, plus le taux de milliardaires actuels dont les aïeux n’étaient pas riches sera élevé. Cela ressemble fort à une manipulation. Ceci dit, il est vrai que dans la liste Forbes, une partie non négligeable (notamment aux USA) est issue de non milliardaires. Cependant, cela ne permet pas de conclure grand-chose. En effet, lorsqu’on regarde la biographie, certains individus restent tout de même issu de familles aisées voire très aisées même si non milliardaires. Il serait plus pertinent de regarder la proportion de milliardaires issus de classes pauvres voire moyennes. J’ajoute que se concentrer sur la liste Forbes est peu pertinent, cela représente moins de 0,0001% de la population mondiale.

    « ce sont ces très riches qui font la croissance en créant des richesses et des emplois. » Cette phrase ne veut pas dire grand-chose. Ce qui est certain par contre c’est que ce ne sont pas les riches qui créent l’emploi. L’emploi se créé naturellement si j’ose dire. Lorsque les carnets de commande d’une entreprise se remplissent, celle-ci embauchent non pas par charité, par gentillesse mais parce qu’elle est contrainte de le faire pour accroître ses profits. L’emploi ne se décrète pas ni par la puissance publique ni par l’employeur.

    Pourquoi une plus forte croissance aux USA ? A l’heure actuelle il faut regarder du côté de la planche à billet et de l’énergie (gaz de schiste), mais d’une manière plus globale parce que les USA sont le temple de la consommation voire de la surconsommation, avec toutes les conséquences néfastes notamment sur la santé que cela implique. Mais n’oublions pas que traiter des problèmes de santé, cela permet aussi de gonfler la croissance. Je vous fais remarquer que l’espérance de vie aux USA est plus faible que celle de Cuba….

    Parlons maintenant du « risque ». Vous dites un universitaire ne connaît rien au risque. C’est faux. Un universitaire qui veut faire carrière, être embauché, ne pas stagner, à l’heure actuelle, dans certains domaines doit faire attention à ce qu’il publie. On peut trouver cela désolant (à juste titre), mais c’est une réalité. Celui qui publie (s’il réussit) un papier remettant en cause certains dogmes de sa discipline (et c’est particulièrement vrai en économie mais pas que) pourra voir sa carrière en prendre un sérieux coup, ce qui se traduira de manière financière. Le risque n’est pas inhérent à l’entrepreneur, le salarié lui-même connaît le risque. Allez sur le terrain parler avec des salariés dont l’entreprise va mal, vous verrez s’ils ne connaissent pas le risque avec des enfants qui font des études, des crédits à rembourser. B. Zimmern a-t-il des statistiques sur les SDF, combien d’ex millionnaires trouve-t-on parmi eux ? Bizarrement je pense qu’on trouve surtout des individus issus des classes pauvres et moyennes, mais peut-être que je me trompe….

    Passons maintenant à la rémunération du risque. Comme je l’ai dit, si on met de côté le postulat selon lequel seul le revenu issu du travail est légitime, on peut estimer que tirer un revenu du risque qu’on prend en prêtant ou investissant de l’argent n’est pas illégitime. D’abord au niveau de l’actualisation. Je m’explique à travers un bref exemple : je prête 1000 euros à un ami, avec ces 1000 euros j’aurai pu m’acheter plein de tablettes de chocolat (car je suis gourmand), si entre temps le prix des tablettes de chocolat à augmenté de 5%, lorsqu’il me rembourse la somme, on peut considérer qu’il est légitime que je lui demande un intérêt de 5% pour pouvoir que j’achète ces fameuses tablettes. Mais on peut aussi estimer plusieurs choses : d’abord que le fait que je doive retarder mon achat de chocolat mérite une compensation, ou encore le fait qu’en prêtant à mon ami, j’encours un risque (pourra-t-il me rembourser), d’où un taux d’intérêt supérieur à l’inflation. Le problème qui se pose alors c’est comment évaluer la valeur de ce risque. Et il faut bien admettre que personne ne peut apporter une solution satisfaisante à cela. Pour ma part, je m’en tiens à la proposition de F. Lordon concernant le Slam qui utilise une méthode d’évaluation assez classique, le MEDAF.

    Vous faites référence, je pense à la critique de Zimmern sur l’ouvrage de Piketty sur les impôts. J’ai eu l’occasion de lire sa critique notamment la soi-disant non prise en compte des revenus de la redistribution et la prise en compte des bénéfices non distribués. Cette critique est aberrante d’un point de vue intellectuel. Avant tout il faut savoir que Piketty a construit différents tableaux prenant en compte le revenu primaire (avant redistribution) ou le revenu secondaire (après). Cette critique est stupide puisque Piketty s’attache justement à démontrer l’utilité de l’impôt pour corriger les inégalités. D’autre part, prendre en compte les revenus secondaires lorsqu’on regarde le taux d’imposition pose un problème logique puisque qu’on regarde des revenus qui sont issus de la redistribution donc de l’impôt. C’est une sorte de serpent qui se mord la queue. Quant aux bénéfices non distribués, bien entendu qu’il faut les prendre en compte, c’est comme si vous me disiez qu’il ne faut pas prendre un compte dans votre revenu le revenu que vous avez choisi d’investir dans une entreprise. Le bénéfice (qui est un flux, un revenu) d’une entreprise est la propriété des propriétaires de l’entreprises (désolé pour la redondance, mais je ne vois pas comment faire). Ceux-ci décident ensuite de l’utiliser ce revenu comme bon leur semble. Soit ils se le partagent, soit ils le réinvestissent dans l’entreprise. Ils choisissent. Mais quoi qu’il en soit, ce revenu est le leur, ce n’est pas son usage qui détermine si c’est un revenu ou non.

    Dernière chose, il serait absurde pour un économiste de considérer les retraites comme un patrimoine. Ne serait-ce que d’un point de vue scientifique : un patrimoine est un stock, un capital, les pensions de retraites sont un flux. La nature des objets considérés ne sont pas les mêmes.

    • vous ne donnez guère l’impression de savoir de quoi vous parlez.

      Fondez votre entreprise, embauchez et tâchez de durer.

      On verra après !

    • Steve Jobs.

    • « Dernière chose, il serait absurde pour un économiste de considérer les retraites comme un patrimoine. Ne serait-ce que d’un point de vue scientifique : un patrimoine est un stock, un capital, les pensions de retraites sont un flux. La nature des objets considérés ne sont pas les mêmes. »

      Tout s’explique. Tout votre long (trop long) discours a son explication dans votre négation de l’équivalence revenu-patrimoine, qui est pourtant le B-A-BA de l’économie. Les pension de retraite sont, au sens propre, une « obligation ».

      Au contraire, aucun économiste ne niera que les retraites sont un capital. Ils ont même développer les outil pour en calculer la

  • delenda est la Direction de la législation fiscale à Bercy.

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