Rapport Oxfam : quel accroissement des inégalités ?

Quelle crédibilité accorder au rapport Oxfam sur les inégalités dans le monde ?

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Thomas Piketty (Crédits : PS du Loiret, licence Creative Commons)

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Rapport Oxfam : quel accroissement des inégalités ?

Publié le 12 février 2015
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Par Delphine Gondebert.

Thomas Piketty (Crédits : PS du Loiret, licence Creative Commons)
Thomas Piketty (Crédits : PS du Loiret, licence Creative Commons)

Depuis la crise de 2008, de nombreuses études tendent à montrer que les inégalités s’accroissent entre riches et pauvres au sein de la plupart des pays du monde aujourd’hui. Tout le monde a en tête le succès de l’économiste Thomas Piketty et de son ouvrage, Le Capital au XXIe siècle.

Face à ce constat, l’ONG Oxfam qui agit contre les injustices et la pauvreté dans le monde, vient de publier une étude sur l’accroissement des inégalités accompagnée de chiffres destinés à effrayer. Ainsi, 1 % des personnes les plus riches possèderaient en 2016, 50 % des richesses mondiales. Cet enrichissement des plus fortunés s’expliquerait, selon Oxfam, par une envolée du prix des actifs financiers. À ce constat chiffré s’ajoutent des recommandations pour venir à bout des inégalités, comme la lutte contre l’évasion fiscale ou l’encouragement à taxer le capital au profit du travail.

Ce rapport Oxfam fait l’objet depuis plusieurs semaines d’une large diffusion médiatique. Il faut toutefois nuancer ces chiffres qui effrayent bien plus qu’ils ne nous renseignent sur la réalité de la situation mondiale actuelle

 

Une critique des sources utilisées et de leur exploitation

Les données utilisées par l’ONG Oxfam sont issues du Credit Suisse Global Wealth Datebook et du classement des plus grosses fortunes établi par le magazine économique Forbes. Elles mettent en avant une mesure de la richesse appuyée sur la valeur nette de celle-ci, c’est-à-dire la valeur des actifs déduite du poids des dettes. Cette manière de mesurer la richesse est contestable du simple fait que les dettes sont purement effacées du mode de calcul. Or, elles constituent une composante essentielle pour comprendre la répartition des richesses dans le monde.

Un exemple assez révélateur permet de comprendre cette mesure biaisée. En effet, un fermier chinois d’une province rurale qui a peu d’argent mais aucune dette est plus riche qu’un étudiant américain fraîchement diplômé d’une école de médecine et endetté par le remboursement de ces frais de scolarité. Cette différence, plutôt surprenante au premier abord révèle pourtant la faille des retombées de l’étude d’Oxfam. Effectivement, du fait de leur fort endettement, Jérôme Kerviel, ancien trader de la Société Générale ou les époux Clinton à leur sortie de la Maison blanche sont plus pauvres qu’une grande partie des populations d’Inde, du Pakistan et de Bangladesh. Cela s’explique par un endettement plus important face à la part active de leur revenu.

 

La mise en lumière d’une inégalité plus importante : l’accès au marché du crédit

Matt Yglesias, économiste au magazine Vox affirme : « You have to be pretty damn rich to get that poor ». Comment expliquer ce constat ? Par l’accès au marché du crédit. En effet, il détermine l’image que l’on a de la richesse d’un pays et la possibilité pour ces habitants d’emprunter et donc de s’endetter plus facilement jusqu’à apparaître pauvre. À titre d’exemple, les États-Unis, considérés comme un pays riche, ont pourtant 7 % de leur population placé dans les 10 % des personnes les plus pauvres au niveau mondial.

C’est cette inégalité face à l’accès au crédit et donc à la richesse qui doit être mise en avant pour expliquer ces chiffres. L’inégalité n’est pas tant entre pays plus ou moins développés qu’entre ceux ayant un accès au marché du crédit et les autres qui en sont privés.

 

La réalité sur le parallèle entre argent et politique.

Enfin, l’étude d’Oxfam et par la suite les médias ont tenté d’interpeller l’opinion publique internationale sur l’accaparement du pouvoir politique par « une riche élite qui ne gouverne que pour servir ses intérêts ». Dès lors, la démocratie serait en crise. À cela, il faut apporter quelques nuances. L’argent comme instrument de mainmise du politique par les plus fortunés ne concerne pas tous les pays du monde. En effet, on remarque que les personnes les plus riches représentant 1 % de la population mondiale contrôlent 38 % de la richesse américaine, 23 % de la richesse anglaise et 24 % de la richesse canadienne. Ainsi, en dépit du poids financier de ces pays, on voit que seule une poignée d’État est concernée.

De plus, on remarque aussi que malgré un niveau de richesse élevé chez certaines personnes, la tentation d’influencer financièrement le politique n’est pas forcément acquise. Pour reprendre l’exemple du médecin américain, nonobstant une future richesse supposée importante, celui-ci ne va probablement pas l’utiliser à des fins d’influence financière sur le politique.

En définitive, les inégalités sont le fruit avant tout du système en place et de la possibilité ou non d’avoir un accès facilité au marché du crédit. Cette critique ne revient pas à dire que les inégalités n’existent pas. Bien au contraire, elles existent mais elles ne sont pas forcément là où on pense.

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  • Est-ce quelqu’un ici pourrait nous expliquer en quoi une inégalité de condition est intrinsèquement mauvaise?

    • Il est clair que si dans la situation A le plus pauvre à 1000 de revenu et le plus riche à 10000 de revenu et dans la situation B le plus pauvre à 10000 de revenu et le plus riche 1 million, je préfère la situation B même si l’écart est plus grand …… pauvre socialisme ….

    • le problème vient du fait que les socialistes ont tellement influencé les gens avec les inégalités sociales. ils ont fait des inégalités sociales un problème majeur d’aujourd’hui alors que le vrai problème vient de la pauvreté et non pas des inégalités sociales. les libéraux s’occupent du problème de la pauvreté mais pas de la lutte contre les inégalités car les libéraux sont pour l’égalité de droit. or l’égalitarisme s’oppose aux inégalités de droit. l’égalitarisme sous ses airs de bons sentiments charitables n’est que motivé par la jalousie et l’envie. http://www.contrepoints.org/2011/01/06/10334-etre-de-gauche-intolerant-et-peu-genereux
      http://www.contrepoints.org/2011/04/13/21001-radins-envieux-racistes-et-intolerants-les-socialistes-et-les-anticapitalistes http://www.contrepoints.org/2010/10/04/2621-gauche-intolerance-generosite-droite-liberalisme

    • ce que je trouve marrant c’est que les gens qui veulent combattre les inégalités ne parlent jamais de la mobilité sociale. que faut il mieux vivre dans un pays certes où il y a plus d’égalité sociale mais où les pauvres n’ont aucune chance de changer de classes sociales, de devenir riches. ils sont condamnés à rester des assistés toute leur vie, à dépendre de l’aide sociale. ou bien vivre dans pays où il y a plus d’inégalité mais où il y a une grande mobilté sociale, càd que les pauvres peuvent devenir plus richer, passer dans une autre classe. dans ce genre de société, le mérité personnel importe beaucoup plus et conditionne beaucoup plus notre condition sociale ?? perso, je préfère la seconde option que je trouve plus juste à la première. or comme par hasard, plus un pays est socialiste moins il y a de mobilité sociale. les économistes qui combattent les inégalités ne s’intéressent jamais aux effets secondaires négatifs qu’entraine leurs solutions pour lutter contre les inégalités. or la lutte contre les inégalités mènent en un appauvrissement général (y compris des pauvres). de manière plus général, l’égalitarisme mène au nivellement vers le bas ( regardez les politiques désastrueuses mises en place dans l’enseignement pour lutter contre les inégalités qui mènent à un abaissement général du niveau de l’enseignement). sans oublié le fait que la luttre contre les inégalités nuisent à la mobilité sociale

    • imaginons qu’on est d’accord que les inégalités sociales sont un vrai problème. il y a plusieurs questions à se poser. 1 est ce que les inégalités s’accroissent ? la réponse est oui mais les socialistes comme piketty ont une tendance à exagérer fortement (voir très fortement) les inégalités. ils n’hésitent pas à truquer leurs chiffres, à prendre juste les statistiques qui les arrangent (en écartant les stats qui les dérangeraient). 2. qu’est ce qui cause les inégalités ?? là, les socialistes ont (en grande partie ) faux car ils ne parlent pas de certains facteurs (la politique des banque centrale, le capitalisme de connivence,….) et certains des facteurs qui ,selon eux, accroisseraient les inégalités sont plus que contestable. il n’existe aucune preuve concrète. 3. comment combattre les inégalités ? certaines de leurs solutions sont aussi très contestables. on risque de voir ce qui s’est passé dans les pays communistes avec d’un coté la population qui crève de faim et de l’autre, les dirigeants membre du parti qui sont milliardaires. 4. est ce que les solutions proposés pour combattre les inégalités n’ont elles pas plus d’effets négatifs que d’effets positifs ??? là, la réponse est clairement oui. ces solutions nt plus d’effets négatifs que d’éffets positifs. cela conduit à un appauvrissement généralisé.

    • La question doit être plutôt « quelqu’un pourrait nous expliquer en quoi l’égalité de condition est intrinsèquement bonne ? »

      Enfin, un salaire reste un prix, c-a-d une contrepartie dépendant de l’utilité et de la rareté du service, traduisant ces paramètres et fausser les prix aboutit à des problèmes.
      Quels seraient les problèmes si on fixait le prix de l’or et du plomb à un prix qui serait la moyenne des 2 ?

  • Trop compliqué à expliquer à des gauchistes…
    De toute façon il leur est plus plaisant d’entendre que leur condition est le fait des autres que de se prendre par la main.
    L’important c’est le titre, pas ce qu’il y a dedans.

    • bonjour lequidampost, vous avez mis le doigt dessus ! Je serine ça depuis des décennies ;il est parfaitement inutile d’expliquer quoi que ce soit à d’aucuns dont l’intellect est hermétiquement clos .

  • Comparer comme le font OXFAM, Piketty et bien d’autres, l’avoir des riches au dénuement des plus pauvres, relève d’une démagogie irresponsable autant que d’une compassion dévoyée. C’est omettre en effet que l’essentiel de la richesse des uns est constituée d’actifs dont les autres tirent leurs revenus, aussi faibles soient-ils. Ce sont ces avoirs qui financent les outils de l’économie, laquelle est source d’emploi et de rémunération pour tous ceux qui participent à l’accroissement de la richesse globale de la société. Ramener ce mécanisme à une comparaison de richesses n’a aucun sens, sinon une volonté d’agitation aussi sommaire que préjudiciable à tous, à commencer par les plus démunis, dont elle transforme la légitime aspiration au bien être en soif d’un égalitarisme sommaire et sans issue.

  • Si vous avez le temps, l’explication du rôle principal des BC dans la montée des inégalités est expliquée ici
    http://davidstockmanscontracorner.com/how-central-banks-cause-income-inequality-mises-org/

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