Les effets pervers de la nationalisation

En quoi la nationalisation est-elle mauvaise pour l’emploi, les entreprises et plus largement la démocratie ?

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Les effets pervers de la nationalisation

Publié le 12 février 2015
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Par Eustace Davie.

USSR -happy march credits John Vaughan (CC BY-NC-SA 2.0)
USSR -happy march credits John Vaughan (CC BY-NC-SA 2.0)

 

La nationalisation déstabilise la société et l’économie, réduit l’investissement, l’innovation entrepreneuriale, la croissance économique, et a des conséquences négatives pour la majorité de la population, y compris les pauvres. Elle traduit, pour les investisseurs locaux et étrangers un manque de sécurisation de la propriété. La nationalisation détruit les emplois et la rentabilité des entreprises et en général est très préjudiciable à la population. C’est mauvais pour les consommateurs, les travailleurs, les pauvres et la démocratie.

La nationalisation est anti-consommateurs

Ce sont les consommateurs dans une nation libre qui décident quels fournisseurs de biens et services méritent de prospérer. L’impact de l’usurpation de ce droit par le gouvernement fausse le marché par rapport à une situation de libre concurrence. Les dirigeants de ces entreprises nationalisées nommés par le gouvernement sont  obligés de suivre les injonctions de leurs patrons politiques ce qui les éloignent des désirs des consommateurs. Il en résulte une absence de choix, une médiocre qualité, et une limitation du libre choix. L’expérience montre que la mauvaise gestion peut conduire à des pénuries et la qualité de service se détériore.

Hedrick Smith, dans son livre Les Russes (1975), décrivait les longues files d’attente dans les magasins. « La norme acceptée », disait-il, « est que la femme soviétique consacre deux heures par jour pour la file d’attente dans les supermarchés, sept jours par semaine ; y aller tous les jours correspond au double du temps que la ménagère américaine passe au supermarché une à deux fois par semaine. J’ai noté dans la presse soviétique que les Russes gaspillent 30 milliards d’heures de travail en file d’attente chaque année pour faire des achats ». Aux États-Unis les consommateurs sont souverains et les managers dans les entreprises privées sont prêts à risquer le capital et affronter une vive concurrence pour les servir. En Russie socialiste, ce sont les politiciens et les fonctionnaires du gouvernement qui sont souverains, comme dans toutes les économies socialistes qui sont inéluctablement autoritaires.

La nationalisation est anti-travailleurs

Dans une économie libre les employeurs sont en concurrence pour s’attacher les services des travailleurs. Les travailleurs sont donc en mesure d’améliorer leurs conditions de travail et leurs revenus. Freedom House, dans son rapport 2010, révèle que les droits des travailleurs sont plus réprimés dans les pays à orientation communiste. La domination accrue du gouvernement s’accompagne d’une tendance à l’autoritarisme. Même si la nationalisation se limite à un secteur de l’économie, cela ne sert pas les intérêts des travailleurs dans les secteurs ciblés. Notons qu’il y a des répercussions sur les travailleurs des autres secteurs car, d’évidence, les nationalisations sont un frein à l’investissement dans le secteur privé. La règle du jeu est faussée. Or, les hausses de salaires sont totalement dépendantes de l’augmentation des investissements, de l’efficacité des activités des entreprises, et d’une croissance économique plus élevée. En ce sens, la nationalisation ne peut qu’être anti-travailleurs et réduire les salaires.

Nationalisation est anti-démocratique

Aucun gouvernement démocratique ne saisit les actifs de ses investisseurs. Si le gouvernement d’Afrique du Sud (SA) venait à prendre une telle mesure antidémocratique, il détruirait l’image et la réputation du pays dans le monde. Dans son rapport, « le travail libre dans un monde hostile », Freedom House a déclaré: « De l’Afrique du Sud à la Corée du Sud, du Chili à la République tchèque, la démocratie et les mouvements de défense des droits des travailleurs ont été étroitement liés. Cette relation a été bien comprise par les fascistes, les communistes, et les dictateurs autoritaires qui craignaient la force de syndicalistes démocratiques ».

Les droits des travailleurs sont plus susceptibles d’être reconnus dans les pays où il y a une plus grande liberté et le respect des principes démocratiques, notamment l’État de droit. Dans leur propre intérêt, les travailleurs devraient défendre la démocratie et l’État de droit.

La libre concurrence est bénéfique pour tous

Plutôt que de considérer la nationalisation, l’Afrique du Sud devrait se pencher sur la croissance de l’économie en améliorant le climat des affaires. Cela nécessite l’élimination des barrières d’entrée pour tous les secteurs économiques, tels que les licences, les permis inutiles, et les interdictions, y compris ceux qui empêchent les entreprises privées de se faire concurrence équitablement.

Imaginons que nous ayons une concurrence ouverte sans protection réglementaire pour les entreprises contrôlées et appartenant à l’État. Celles-ci devraient alors entrer en concurrence pour le plus grand intérêt des consommateurs.

Le service de médiocre qualité ou les prix excessivement élevés pratiqués par les entreprises publiques attireraient immédiatement  le consommateur vers d’autres fournisseurs satisfaisant mieux leurs besoins. La libre entrée pour les entreprises étrangères rendrait le marché encore plus concurrentiel avec plus de bienfaits encore pour les consommateurs. Dans une économie ouverte, ceux-ci ont plus de liberté de choix, de meilleurs services à des prix plus bas. Il y a aussi plus d’opportunités d’emplois. En supprimant les barrières à l’entrée, les situations des consommateurs, des chômeurs et des pauvres en seraient grandement améliorées.

La neutralité du gouvernement dans l’économie

Si le gouvernement était totalement neutre dans l’économie, les ressources seraient mieux utilisées dans l’intérêt des citoyens et ne seraient pas détournées à des fins politiques. Un tel gouvernement neutre concentrerait son attention à l’amélioration de l’environnement des affaires pour la réalisation d’une croissance économique élevée. La liberté de choix personnel, la protection des droits de propriété et la liberté des échanges sont des ingrédients clés d’un tel environnement.

Une caractéristique importante des économies à croissance élevée, est que l’intervention du gouvernement est limitée. La part des impôts dans le PIB est faible, la réglementation et l’ingérence dans les affaires sont limitées au strict minimum, et, le plus important, le gouvernement n’est pas propriétaire des entreprises. Sans barrières à l’entrée, dans un environnement de libre concurrence, ce sont les entreprises les plus performantes qui seront en tête pour le bien être des consommateurs.

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  • Peugeot, pour empêcher l’inflation des prix qui obligeait à monter les salaires avait créer les magasins RAVI (Alimentation, Habillement, meubles, bricolage) tout en laissant la concurrence se battre contre eux. Pourquoi l’Etat ne pourrait-il pas faire la même chose ? Les deux conditions sont d’avoir des gens intègres et compétents. Quand des fabricants de médicaments les vendent jusqu’à 600 fois plus cher que leur prix de revient, ça pourrait aider, vous ne trouvez pas ?

    • Peut-être parce-que si l’État investit dans des magasins il aura une tendance naturelle à vouloir les protéger de la concurrence. En outre, ces magasins étant financés par l’État, ils sont financés par l’impôt, puisque c’est la seule source de financement de l’État. Donc ils sont financés aussi par leurs concurrent. N’est-ce pas une forme de concurrence déloyale ? Si je devais investir dans une entreprise, je n’aimerais pas que mes concurrents vivent grâce à une partie de mon chiffre d’affaire.
      Enfin, un administrateur désigné par l’État passe et touche la même chose que l’entreprise fasse de bons choix ou non. Un entrepreneur normalement constitué veut voir son entreprise prospérer parce-qu’il en a besoin pour vivre. Il sera donc plus motivé que n’importe quel administrateur désigné – hors peut-être quelques personnalités exceptionnelles, sur lesquelles il ne faut pas trop compter.

      Enfin, il serait utile de regarder dans le rétroviseur et de se demander quel a été le destin des entreprises qui ont été nationalisées en 1982… Thomson / Technicolor, Saint-Gobain, Rhône-Poulenc, Péchiney, Usinor / Sacilor, Suez, CGE… combien, après la reprivatisation, sont encore florissantes et indépendantes aujourd’hui ? Un indice : une seule. En 1982, chacune était leader mondial dans son secteur d’activité. Bravo !

      • Si la poste avait gardé ses liaisons téléphoniques au lieu d’accepter les lois de la libre concurrence. Qui avait payé ces lignes ?
        Si l’EDF et GDF avaient gardé leur réseau de distribution au lieu d’accepter les lois de la libre concurrence. Qui avait payé ces réseaux ?
        Idem pour l’eau, Idem pour les autoroutes, La collectivité a été spoliée de toutes ses richesses à l’aide de politiques véreux. Il pourrait en être de même mais en vraie concurrence pour la pharmacie et d’autres produits de nécessité.
        L’Etat défenseur de la collectivité, ça vous sort donc par les trous de nez ? C’est pourtant son rôle et il ne le fait pas.

  • La réalité soviétique je l’ai vu en 1977. Comment un peuple a-t-il pu supporter 70 ans de telles contraintes? Des magasins vides de produits, lesquels étaient de mauvaise qualité. Je me suis imaginé une Russie avec l’équivalent technologique à la même epoque. Elle aurait dominé le monde.
    L’autre problème est celui de syndicats budgétivores, pléthoriques, incompétents, bouffis d’orgueil, qui ne jouent nullement lors rôle comme le fond les arguments. Ils vivent de la rente d’autrui, sans jamais rien produire

    • bonjour auguste 1939, votre serviteur à constaté les mêmes chose ,un peu avant (dans les années 64/65 alors que comme navigant il touchait des ports Soviétiques aussi  » riants  » que Mourmansk .
      Pour ce qui concerne les syndicats ,vous & moi en connaissons un en France ; qui en sus de cumuler les travers que vous évoquez ,y ajoute la nuisance faite à l’économie du pays où il sévit .

  • les entreprises privées se font la guerre jusqu’à obtenir le monopole, et ainsi imposer le prix le plus élevé qu’elle pourront.. si les produits sont courants et manufacturés, aucun problème, le monopole est impossible a obtenir, il y aura toujours un concurrent, même a l’autre bout du monde si il le faut..

    si il s’agit de besoins primaires, eau, énergie, éducation, logement,banques, monnaie, infrastructure (parking, aéroports etc) c’est possible d’obtenir une position monopolistique, et dès lors, il ne peut plus y avoir d’état, puisque sa responsabilité se trouve détournée vers le marché…

    Nous élisons un président qui ne peut aucunement agir sur nos besoins primaires, ni sur l’économie…
    Il ne sert qu’a donner une image de démocratie, qui en fait, n’existe pas.

    les politiques se retrouvent a gesticuler avec des notions de « valeurs », incapables qu’ils sont de véritablement agir sur la vie des gens…

    nous élisons actuellement le représentant des élèves, et c’est les multinationales qui lui donne la leçon..

    c’est ce que l’ on constate actuellement..

    Pour résumer, l’État doit être propriétaire des biens nécessaires a la population, la fabrication de biens manufacturés, doit être privée..

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