Il faut recentrer le travail de nos policiers

L’emploi du temps des policiers est cannibalisé par des fonctions qui ne devraient pas être du domaine de la police.

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Il faut recentrer le travail de nos policiers

Publié le 7 février 2015
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Par Michel Kelly-Gagnon

Police - Les Cowboys fringants - Samuel Auguste
Les Cowboys fringants – Samuel Auguste – Creative Commons BY-NC-ND

 

 

Nos municipalités peuvent-elles économiser de l’argent sans nous priver de services de qualité, et même en augmentant la qualité des services ? Lorsqu’on parle de services de police, la réponse est oui, sans équivoque.

Les dépenses policières n’ont cessé d’augmenter au Canada depuis plus de 25 ans, malgré une baisse du taux de criminalité. Certes, il y a eu une augmentation du nombre de policiers durant cette période, qui a bel et bien contribué à cette réduction de la criminalité. Mais cela s’explique aussi par le fait que les policiers accomplissent de plus en plus de tâches.

Pour contenir la croissance des coûts en assurant un service de sécurité publique de qualité, il faudrait recentrer leur travail sur leurs fonctions essentielles. Pour ce faire, davantage de tâches auxiliaires pourraient être confiées aux entreprises de sécurité privée, comme le proposent mes collègues dans une nouvelle publication de l’IEDM lancée aujourd’hui.

Quelles sont ces fonctions essentielles ? Celles qui demandent de bien comprendre le droit, de gérer des situations de crise et d’utiliser la force physique si nécessaire. On parle ici d’intervenir lorsqu’un crime est en cours, d’effectuer une poursuite en voiture, de neutraliser des attaquants – bref, des activités avec un fort potentiel de violence.

Mais est-ce qu’il faut nécessairement un policier pour passer en revue les images des radars photo et y confirmer les excès de vitesses ? Est-ce que ça prend un policier pour rédiger des rapports à la suite de cambriolages ou de plaintes ?

La rémunération totale d’un policier du Service de police de la Ville de Montréal s’élève en moyenne à près de 120 000 $ par année. Un agent de sécurité, en comparaison, coûte environ 40 000 $ au Québec. Il y a certainement des économies à faire dans ce domaine sans que la sécurité publique n’en souffre.

À titre d’illustration, mes collègues ont pris l’exemple d’une opération de barrage routier de huit heures et demie à Montréal visant à épingler les conducteurs aux facultés affaiblies. Ce genre d’opération nécessite normalement huit policiers, ce qui coûte à la Ville de Montréal 4994 $.

Cependant, la plupart des tâches liées à ces barrages routiers sont des tâches auxiliaires : installer la signalisation, administrer les alcootests, remplir des rapports, etc. Si cette même opération était gérée par six agents de sécurité et deux policiers, le coût pourrait être réduit à 2332 $, soit une économie de plus de 50%.

L’administration municipale de la Ville de Montréal a annoncé en décembre dernier que pour des raisons budgétaires, elle veut réduire le nombre de policiers de 45 postes par année au cours des cinq prochaines années. S’il est question de conserver le même niveau de services malgré la réduction des effectifs policiers, il n’y a pas d’autre option : il faut impartir certaines tâches auxiliaires au secteur privé.

En effet, cette division du travail entre agents de sécurité et policiers n’aurait pas uniquement pour effet d’économiser des fonds publics ; elle augmenterait aussi la productivité policière et pourrait même réduire la criminalité. Lorsque de telles stratégies ont été adoptées à New York, à Los Angeles et en Grande-Bretagne, les taux de criminalité ont chuté.

La leçon est claire : il est possible de gérer autrement la sécurité publique et de faire davantage tout en économisant.

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  • bonjour,belle lurette que les policiers & gendarmes ne sont plus en mesure d’assumer leur tâches ,empêchés qu’ils en sont par le laxisme de l’état , les décisions iniques de la magistrature .
    Laquelle magistrature appliquant une justice sans équité ,toujours prête à immoler le bon droit au droit légal ,à l’idée fixe de ménager les délinquants .
    C’est donc au citoyen de pallier la défaillance de l’autorité , et d’assumer sans état d’âme
    sa propre sécurité ; les articles du code pénal lui en donne le droit …A bon entendeur !

    • Mouais…
      Parait que Charb avait demandé pendant des années l’autorisation de se défendre, comme le prévoit la loi.

      Refusée.

      Mal fini.

      Malgré un garde du corps.

      Vous pouvez vous défendre, mais ça vous conduira tout droit en prison.

  • Un taux de criminalité qui diminue? Ça fait rêver vu de la France apaisée, unie nationalement, pleine de citoyens solidaires respectueux.

    Sans être expert (je ne suis pas policier) sur le sujet, je me souviens que mon parrain, alors enquêteur, se plaignait dans les années 90 d’être plus souvent assis devant sa machine à écrire que sur le terrain à faire le ménage. Il me racontait des choses qui, même si j’étais petit, me semblaient bizarres. Par exemple quand il m’avait appris qu’il devait son arme au poste, je lui ai demandé comment il pourrait arrêter un méchant. Il m’a répondu un truc du genre « on va tous être bientôt dans la m… »
    Il avait raison…

  • ce qui se passe en France est tout simplement scandaleux: au lieu de lutter contre la criminalité, on préfère s’occuper de la sécurité routière. une bonne partie des tâches de la police concernant la sécurité routière pourrait être privatisée cela coûtera moins cher et cela permettra de réaffecter les policiers dans la lutte contre la criminalité. il faut aussi restreindre le champ pénal qui est aujourd’hui trop étendu ce qui nuit à l’efficacité de la justice

  • Un flic m’a dit que le mettait en danger, en lui parlant (pour lui signaler un délit) alors qu’il était … dans la rue en train de verbaliser ou un truc du genre. Je le « mettais en danger », donc il n’a pas fait attention à moi.

    Pendant ce temps, des voyous pouvaient partir. (La BAC a été efficace pour arrêter ces voyous.)

    Il y a des flics, et il y a des blaireaux dans la police.

  • Privatiser une fonction régalienne ?
    Pourquoi pas ?
    Mais alors dans ce cas là , a quoi sert un état ? Etant donné que sa fonction première est de protéger ses citoyens .
    Au lieu de vouloir privatiser la sécurité au nom des coûts , ce qui est parfaitement justifié , la question a ce poser , plutôt , c’est : pourquoi une telle différence de coût entre le privé et le public , non ?

    • bonsoir Régis , malgré ce qu’exposé plus haut , je souhaite que perdure cette fonction Régalienne , puisque dans un état de droit le citoyen paie des impôts pour obtenir des prestations telles que l’éducation, la santé , l’armée ,l’entretien des infrastructures , la police etc…Mais de nos jours tout ceci s’en va en quenouille ,et comme je l’ai dis ,si les autorités sont défaillantes (et ce n’est pas de leur faute ) à ce point ,qui croyez vous va se charger de défendre sa famille ,ses biens ,voir ses voisins autre que vous-même ?

    • C’est la grande différence entre les minarchistes et les anarchocapitalistes. Et, in fine, la définition détaillée de «fonction régalienne» est l’unique discussion que des parlementaires devraient avoir …

  • dommage que je n’ai pas fait carrière au canada, les salaires sont 4 fois supérieurs à un « flic » français. mais les tâches indues comme on dit, çà existe aussi en france. on pourrait remettre sur le terrain quelques centaines voir plus de policiers. un flic retraité.

  • Les commentaires sont fermés.

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