La Grèce et l’euro : un problème de droit de propriété

Quelle est la cause profonde du problème posé par la Grèce à la zone euro ?

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Alexis Tsipras (Crédits : Daniele Vico, licence CC-BY-ND 2.0), via Flickr.

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La Grèce et l’euro : un problème de droit de propriété

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 janvier 2015
- A +

Par Brice Rothschild.

Tsipras credits Daniele Vico (licence creative commons)

Alors qu’on s’interroge sur les conséquences d’une sortie de la Grèce de la zone euro ou d’un défaut sur la dette de l’État grec, jamais il n’aura été plus urgent de comprendre les causes profondes du problème auquel fait face la zone euro. Ces causes peuvent se résumer en une : « réserves fractionnaires » ou « couverture partielle des dépôts ». Ce que je vais expliquer-là n’a rien de secret et fait partie de tout cours sur la monnaie, mais on comprend rarement ce que les réserves fractionnaires impliquent en dernière analyse et trop rares sont les esprits critiques qui les remettent en cause.

Plaçons-nous dans le cadre imaginaire d’un monde où les droits de propriété sont respectés. Prenons Pierre qui dispose d’un dépôt à la banque A. Pierre peut à tout moment disposer comme bon lui semble de son dépôt. Rien de plus normal, puisqu’il en est le propriétaire. Si la banque A veut prêter à Paul, elle ne peut donc pas utiliser le dépôt de Pierre. Elle doit puiser dans ses fonds propres ou trouver des prêteurs. D’une manière générale, les déposants disposent à tout moment des fonds déposés, tandis que les prêteurs acceptent de renoncer à disposer de l’argent pendant la durée du prêt, et ils ont conscience des risques associés, pour tout cela ils demandent un intérêt. Lorsque Paul se verra prêter l’argent en question, il le déposera à la banque B. De la même façon, cette banque ne pourra pas utiliser cet argent pour prêter à Jacques. En résumé, ici, chacun sait de combien il dispose, connaît les risques associés en cas de prêt. Un défaut de remboursement de prêt a des conséquences circonscrites. La situation est saine et claire pour tout le monde : les droits de propriété sont respectés, donc chacun assume ses responsabilités.

Revenons à notre monde réel. Pierre dispose d’un dépôt de 100€ à la banque A. Pierre peut à tout moment disposer comme bon lui semble de son dépôt. Problème : lorsque la banque A veut prêter à Paul, elle est autorisée par le pouvoir politique, en violation des principes généraux du droit, à utiliser l’argent de Pierre jusqu’à 90€ (pour simplifier). Imaginons que Paul emprunte exactement ce montant et le dépose à la banque B. Cette dernière pourra faire de même pour prêter à Jacques 81€ (90% de 90€) en utilisant le dépôt de Paul. Ainsi de suite, ce système crée ex nihilo 900€ (90+81+…) à partir du dépôt de 100€ de Pierre. Pourquoi « crée » ? Parce que chacun pense pouvoir utiliser cet argent à tout moment. Le risque est grand que certains ne puissent récupérer leur dû si tout le monde le fait au même moment. Si beaucoup de prêts ne sont pas remboursés, une réaction en chaîne commence car les dépôts des uns soutiennent une masse considérable de prêts des autres (c’est la déflation-dépression). La violation des droits de propriété expliquent donc in fine l’instabilité chronique du système bancaire.

Le problème grec est le suivant : si l’État grec fait défaut ou rembourse en monnaie de singe, les banques qui détiennent des obligations de cet État peuvent faire faillite, emportant avec elles d’autres banques et leurs dépôts : tout le monde se tient.

On a ici un formidable aléa moral : l’État grec, et d’autres États, ainsi que des grandes banques « trop grosses pour faire faillite », peuvent avoir une gestion déraisonnable en considérant que ce sont les autres qui paieront pour ne pas faire sauter le système dans lequel chacun a des intérêts.
Ce système est condamné car aucune société ne peut reposer sur l’irresponsabilité érigée en principe. Il n’y aura pas de retour à une croissance économique durable sans retour à une monnaie saine et à des banques saines où chacun assume ses responsabilités grâce à un système clair et sans ambiguïté de droits de propriété.


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  • Bel article.

    C’est une excellente idée d’analyser ce mal absolu/ontologique (la réserve fractionnaire) sous l’angle non pas monétaire (trop complexe, les gens ne comprennent pas) mais plutôt sous l’angle du droit de propriété (ça, chacun le comprend).

    Rien à ajouter.

    Seule critique : la Grèce ici n’est que la pointe de l’iceberg.

    L’aléa moral est en fait logé partout, dans chaque recoin de notre système économique.

    • Merci !

      « Seule critique : la Grèce ici n’est que la pointe de l’iceberg ». Oui, l’actualité sert juste d’illustration.

  • Moi aussi je trouve l’article intéressant car il présente de manière simple les principes de la réserve fractionnaire et en plus sous un angle original.

  • Il y a toutefois une erreur dans votre raisonnement : lorsque Pierre depose ses 100 euros a la banque A, il lui prete ce montant. Le metier de la banque est de gerer cet emprunt (a vue dans votre cas) en le pretant a quelqu’un d’autre pour degager une marge d’intermediation.
    Les differences de maturite entre les differentes formes de prets et d’emprunts constituent effectivement un risque a gerer par la banque et se reflete notamment par les taux d’interet qui varient en fonction de la duree et de la contrepartie.
    Le probleme actuel est que les banques centrales jouent aux apprenti-sorciers en manipulant les taux d’interet a la baisse pour que les etats puissent financer leurs dettes. Les taux ne refletent plus le risque reel et le systeme bancaire est fragilise.

    Si vous imposez un financement du credit par fonds propres uniquement, vous supprimez la capacite des banques privees a creer de la monnaie qui sera donc exclusivement creee par les banques centrales, ce qui me parait particulierement centralisateur et nefaste au vu de leurs performances passees.

    • Revenons donc à l’étalon or pour la monnaie légale, c’est-à-dire battue par l’Etat.

      Maintenant, si vous voulez créer une monnaie de singe privée puisque multipliable à l’infini, tel Jésus avec ses pains : libre à vous.

    • Pourquoi créer de la monnaie ?

      « La quantité de monnaie disponible dans l’économie est toujours suffisante pour permettre à chacun tout ce que la monnaie fait et peut faire. »
      Ludwig von Mises

      • « Pourquoi créer de la monnaie ? »

        Parce que c’est bien pratique pour echanger des biens et des services a moindre cout.

        Le probleme est donc dans les mechanismes de creation de la monnaie et si je prends ceux evoques dans les commentaires, il y a trois ecoles principales :

        – Le credit qui est en fait un debit/credit par lequel un actif monetaire est adosse a un passif monetaire. C’est le principe de base du systeme actuel et selon moi le meilleur. Toutefois, il faudrait qu’il y ait moins de distortions creees par le regulateur et les banques centrales et que les banques commerciales puissent faire leur boulot qui consiste a gerer le risque de credit.
        – L’or. Outre le fait qu’il est dommage de fondre des bijoux pour frapper des pieces, les couts de transaction sont prohibitifs. On finit donc par creer une monnaie scripturale adossee sur l’or et l’on revient sur la methode numero 1 sauf que la gestion du passif (stock d’or mondial) est autrement plus compliquee et deconnectee de l’economie
        – Le bitcoin. C’est selon moi une arnaque bien montee. Il n’y a pas de passif et cela peut-etre assimilee a un emetteur qui achete une boite de Monopoly et parvient a revendre les billets qui s’y trouvent comme il aurait vendu des pin’s dans les annees 80.

        • Ce que Brice soulevait c’était le problème de la création de quantités de monnaie supplémentaires, pas de l’existence d’une monnaie tout court.

          En effet la monnaie a trois rôle :
          – Moyen d’échange,
          – Stockage de valeur
          – Mesure de valeurs relatives.

          En gros c’est un thermomètre des valeurs relatives que les gens attribuent aux bien, qui permet de simplifier les échanges et de les décaler dans le temps. Mais ce qui n’est pas évident du tout c’est que la quantité totale de monnaie dans l’économie doit croitre avec la production. Si cette quantité reste fixe alors on a simplement une déflation continue du niveau du taux de croissance : le même nombre d’unités de mesure sert à dénoter une plus grande quantité de choses. C’est pas gênant, surtout au début. Après quand les prix commenceront à se trouver tous de l’ordre du centime (mais ça va prendre un temps certain) il faudra juste inventer une subdivision supplémentaire et échanger des centièmes de centimes, ou des milièmes de centimes…

          Sinon sur votre remarque, la meilleure monnaie doit 1° ne pas être possible à créer par qui que ce soit sinon pour un cout plus important que sa valeur monétaire 2° ne pas avoir d’utilité autre que celui de monnaie (sinon les valeurs respectives sont faussées selon l’usage que chacun peut avoir ou pas de la monnaie pour des fins autres que l’échange). Cela disqualifie désormais l’or, très utilisé en électronique. 3° Pouvoir se conserver et se transporter facilement…. Mais surtout 4° emporter l’adhésion, la confiance des utilisateurs. Même une monnaie « non fiat » repose essentiellement sur la confiance, sur la certitude que chacun a de pouvoir encore s’en servir pour obtenir de la valeur dans T périodes. Et là malheureusement du fait de nos journalistes à la solde des politiques (qui ne peuvent tenir en place et continuer leurs politiques désastreuses qu’en contrôlant la monnaie) le BitCoin n’est pas super bien parti… au moins au près du grand public.

          • « emporter l’adhésion, la confiance des utilisateurs »

            C’est bien un des problemes du bitcoin qui est totalement anonyme (NB : les billets de banque s’echangent anonymement mais sont dus par la banque qui les emet) mais je ne pense pas que ce soit a cause des journalistes. Si j’ai un actif en euros depose a la banque, je peux en theorie mesurer le risque que je prend (risque contrepartie/liquidite : ma banque, risque credit : la BCE) alors que si j’ai des bitcoins dans mon ordinateur, personne ne me les doit et ils n’ont pour valeur que ce que le prochain inconnu sera pret a me les payer.

            « ne pas être possible à créer par qui que ce soit sinon pour un cout plus important que sa valeur monétaire »

            Pas vraiment d’accord, il n’y aurait pas de creation de monnaie, ce qui serait prejudiciable aux echanges. Le fait qu’une banque puisse me proposer un credit pour acheter une maison a un cout quasi nul pour la banque est une bonne chose. Une fois que le debit/credit aura ete comptabilise et que j’aurais utilise le credit pour acheter la maison, je devrais rembourser ma banque (j’ai utilise le credit mais le debit est toujours ouvert) en utilisant mes gains futurs. Si je disparais, la banque recupere ma maison, la vend ce qui lui permettra de recuperer le credit de la part de l’acheteur et d’effacer le debit qu’elle a sur moi.

            Je pense que beaucoup de gens se fourvoient sur le terme « credit » : en comptabilite, un credit n’existe que si il y a un debit. Quand une banque cree de la monnaie par l’octroi d’un pret, elle me montre generalement le credit sur mon compte courant mais pas le debit qu’elle a egalement ouvert dans ses livres pour signifier que je dois la rembourser (et avant ZIRP / NIRP, lui payer des interets), d’ou la confusion courante de la monnaie creee sur du vent : quand je signe un cheque, je cree de la monnaie, cela ne veut pas dire que mon cheque ne vaut rien, c’est mon engagement de payer, en outre, cette monnaie creee sera detruite assez rapidement une fois que mon cheque aura ete encaisse…

  • Article très pédagogique, bravo !

  • Ôtez-moi d’un doute en éclairant ma lanterne s’il vous plaît.
    Pierre ne devient-il pasCréditeur de la banque A quand il dépose ses 100 €?
    Et ceux avec tous les aléas que cela comporte dont l’éventuelle « chyprisation » de son dépôt?

  • Désolé pour les coquilles de retranscription automatique…

  • Il n’y a guère qu’ici qu’on peut lire de bonnes analyses de la perversion de l’euros. Les autres opposants, partisans de la « souveraineté monétaire » réclament en fait la liberté pour chaque Etat de faire de l’inflation.

    L’analyse de l’auteur est basée sur le livre de Philipp Bagus, qu’il met en lien, et par la théorie des biens communs appliquée par Jesús Huerta de Soto. C’est très convaincant. Mais ce dernier voit bien des vertus à l’euro.

    • Il me semble que Jesús Huerta de Soto essaie de voir le verre à moitié plein au sujet de l’euro, mais sans en être un inconditionnel !

  • Le raisonnement repose sur du sable. Si Pierre dépose 100, il ne pourra jamais récupérer 100. En effet, garantir un dépôt est un service qui, comme n’importe quel travail, nécessite rémunération. Par exemple, la banque demandera 10 de frais annuels. Pierre ne pourra récupérer que 90 à la fin de la première année, 80 à la fin de la deuxième, etc. 10 ans plus tard, Pierre n’aura plus rien et ira pleurer sur l’épaule de Paul à propos de l’injustice de ce monde décidément trop cruel.

    Ce n’est pas parce que l’Etat autorise les réserves fractionnaires que les banques sont obligées de les utiliser. Faites donc jouer la concurrence ! En outre, il faudrait parvenir à nous expliquer à quel titre l’Etat devrait interdire ou autoriser ce qui ne relève pas de son champ de compétence régalien.

    Surtout, la démonstration ignore le fond du problème (ce qui ne se voit pas) pour s’attarder sur l’écume des réserves fractionnaires (ce qui se voit). Le fond du problème, c’est la combinaison de l’absence de concurrence monétaire et sa conséquence, l’endettement public. C’est le monopole monétaire qui nous rend uniformément solidaires des âneries des Obèses et de leurs banquiers affidés et qui permet l’hyper-endettement des premiers. Les 1000 milliards du QE « historique » de SuperMariole ne vous ont donc pas encore ouvert les yeux ? Combien faudra-t-il de milliers de milliards supplémentaires avant qu’on mette un terme définitif à la gabegie étatique ?

    Sous régime de concurrence monétaire, peu importe l’existence des réserves fractionnaires. Aucune banque ne pourra en abuser parce que la valeur de SA monnaie sera irrémédiablement dépréciée par rapport aux AUTRES monnaies concurrentes, donnant la seule information pertinente permettant aux consommateurs de choisir effectivement entre les divers services bancaires. C’est le monopole monétaire qui conduit à l’irresponsabilité, tandis que la question des réserves fractionnaires est parfaitement accessoire.

    • L’analyse par les droits de propriété est intéressante et met le doigt sur l’ambiguité du contrat de dépot, l’épargnant croyant réellement déposer alors qu’il prête. Le coût réel du contrat de dépôt est masqué par le bénéfice que la banque tire des fonds déposés…

      Plutôt donc qu’un problème de droit de propriété, nous avons simplement un problème de droit civil, avec des épargnants objectivement trompés sur la nature des contrats qu’ils souscrivent. Ceux qui voudraient souscrire des contrat de dépot sans prêter n’ont en pratique pas d’autre possibilité que de louer un coffre, stocker du cash, et faire clignoter les indicateurs tracfin à chaque mouvement….

      Il reste cependant que c’est l’absence de concurrence monétaire qui permet aux banques de ne pas proposer de meilleure offre comme vous le dites.

      Cela dit, imaginer une concurrence monétaire entre établissement semble un objectif libéral assez hors de portée ?

      Un début de réintroduction de concurrence monétaire pourrait passer par deux monnaies légales dans chaque état: les états réintroduiraient leur monnaie (francs, drachme…) et s’en serviraient pour payer les fonctionnaires ainsi que les prestations sociales et percevoir les impôts, … les autres agents économiques ménages / entreprises seraient libres de choisir pour leurs transactions privées entre la monnaie de l’état et un Euro qui ne serait plus manipulé par la BCE.

      Nous verrions apparaître des cours de change entre les monnaies des états et l’Euro, qui reflèteraient la performance des états et la confiance dans leur monnaie. Les clientèles des politiciens seraient payées en monnaie d’état et subiraient directement les conséquences des déséquilibres qu’elles induisent par leur vote.
      Les autres agents privés seraient à l’abri de la dépréciation de la monnaie non nationale par les états aux poches percées qui ne pourraient en effet plus créer de l’Euro….

      Ce serait déjà révolutionnaire 😉

      • « imaginer une concurrence monétaire entre établissements semble un objectif libéral assez hors de portée ? » Sans doute si vous êtes pressé. Oeuvrer aujourd’hui pour la concurrence monétaire est un éminent service rendu… à nos arrières-petits-enfants. La faillite à terme des monnaies monopoles noyées dans les dettes publiques et la cavalerie monstrueuse des QE, de même que la mondialisation qui facilite les comparaisons, les déplacements, les transferts de travail et de capitaux, bref la saine concurrence, va faire évoluer les mentalités, n’en doutez pas. Les Etats qui voudront survivre sans passer par la case faillite seront obligés d’instaurer la concurrence monétaire, parce qu’il en va de leur intérêt bien compris, de leur survie. Les dictatures monétaires monopolistiques sont condamnées à la faillite, à la tiers-mondisation ; elles seront réduites à la mendicité.

        La concurrence monétaire n’est pas un objectif « libéral ». C’est un objectif collectif de l’humanité, de salubrité publique, conséquence du simple bon sens économique et social. Constater au XXIe siècle que les droits de propriété sont encore soumis aux éjaculations monétaires d’un SuperMariole, dans cette espèce de pathétique pornographie économique moyenâgeuse, va devenir de plus en plus intolérable, inadmissible, pour les populations.

        • Vous avez raison certes… mais en dehors d’un cercle libéral très restreint, la simple idée que la monnaie ne soit pas un monopole d’état est juste inconcevable…. A titre personnel, je pense que les populations ne percevront jamais le caractère « intolérable, inadmissible » des tricheries monétaires qui seront facilement cachées ainsi que les catastrophes qui en découleront derrière quelques boucs émissaires tout trouvés. Ainsi en 2008, la crise des subprimes est pour tout le monde une crise de la finance folle et du turbolibéralisme…

          Donc ok pour … les arrières petits enfants 🙂 ….. et sinon allons y par étapes avec un objectif intermédiaire de doubles monnaies dans les pays décrocheurs de la zone Euro ?

    • Je suis d’accord avec vous sur l’essentiel, en particulier qu’ultimement, ce qui compte est la libre concurrence monétaire. Le débat sur la légitimité des réserves fractionnaires est surtout académique, car avec la concurrence, un tel système serait probablement marginal, comme vous le soulignez. D’ailleurs, je ne crois pas qu’il y ait des « banques » de Bitcoins (monnaie non réglementée par excellence) qui aient des réserves fractionnaires (Coinbase ou Circle par exemple).

      Vous dîtes : « Faites donc jouer la concurrence ». L’assurance centralisée et obligatoire des dépôts combinée à l’existence d’un « prêteur en dernier ressort » constitue une entrave majeure à une vraie concurrence bancaire.

      • Brice, je vous présente mes excuses pour la virulence inappropriée de mes propos à votre égard. Vous aurez compris que c’est seulement une réaction à la scandaleuse trahison de Draghi qui vient de détruire l’euro en un clin d’oeil, nous condamnant plus ou moins rapidement à revenir au franc-PQ destiné à la faillite par les manipulations des politiciens franchouillards corrompus. Peut-être existe-t-il encore un espoir que les Allemands menacent de sortir de l’euro pour espérer rétablir une situation raisonnable dans l’intérêt des populations ? Les responsables allemands auront-ils le courage d’assumer leur responsabilité historique au service de tous les Européens ?

        • Je crois que les solutions à la crise ne sont pas à chercher du côté de ceux qui l’ont créée. La société civile doit trouver les moyens pacifiques de rendre les actions de ces derniers inopérantes. Je n’ai pas mentionné Bitcoin par hasard…

          • En même temps il y a plein d’exemples historiques pas si lointains de « non monopole d’État sur la monnaie ». Période de « free banking » aux US mi XIXé, Canada jusque dans les années 20, Hong-Kong encore plus longtemps…

          • Oops, ma réponse précédente n’aurait pas du se trouver ci-dessus… désolé.
            On a bien vu dans quasiment toutes les périodes d’hyper-inflation, quand la population n’aime plus la monnaie officielle, elle se trouve des substituts. Soit le dollar, le mark, parfois des monnaies physiques un peu spéciales (il y a eu parfois en Russie soviétique des zones « démonétisées » où les échanges se réglaient en vodka, moins manipulée et plus stable comme unité de compte et d’échange).

            Bitcoin pourquoi pas, j’aime bien, mais je crains que la propagande des médias aux ordres et de beaucoup de gauchistes inquiets de voire le contrôle de l’économie leur échapper aient sapé la confiance du grand public avant même que cette crypto monnaie ait eu une chance de devenir vraiment utilisable…

  • Cavaignac est dans le vrai. La banque A n’a aucune raison économique d’accepter le dépôt de 100€ de Pierre tout en le laissant en disposer comme bon lui semble. Ce service – qui correspond ni plus ni moins à la location d’un coffre – ne serait pas très intéressant. Et si Pierre voulait vraiment disposer de son argent comme plein propriétaire tout en disposant de tous les services bancaires afférents (retirer dans une autre agence, payer par carte, etc.) il devrait payer beaucoup, beaucoup plus cher ses frais de tenue de compte.

    Pierre se doute bien un peu que si la banque est avide de recueillir son argent et de lui faire de si jolis (et fort modestes) cadeaux comme la rémunération de son compte, les points de fidélité, etc. c’est parce qu’elle a un intérêt à le faire: derrière, la banque fait « travailler » l’argent de Pierre, et celui de ses autres clients.

    Lorsque la Banque A fait un prêt de 90€ à Paul, elle se retrouve avec 10€ en caisse. Les 100€ de Pierre ne sont plus sur son compte que de façon illusoire. L’argent qui circule est donc toujours de 100€, même si la masse monétaire apparente est désormais de 190€. On sait que ce montant est illusoire puisque s’il venait à l’idée de Pierre de retirer ses 100€ alors la banque serait en faillite.

    Heureusement, dans le monde réel les banques ont plus d’un client. La banque est un intermédiaire utile entre des clients qui veulent l’avantage de services bancaires à bon marché et des emprunteurs en quête d’argent. Tout repose sur une mutualisation des risques.

    Les faiblesses – graves – du système sont au nombre de deux.

    1. Les clients ne sont pas forcément au courant de la façon dont leur argent « travaille » et des risques financiers afférents. Il y a là un évident problème d’information tout à l’avantage des banksters.

    2. Si tous les clients viennent retirer leur argent en même temps (bank run) c’est la faillite ; de même que si tous les emprunteurs de la banque font défaut (catastrophe naturelle, crash international, etc.). Ce sont des cas limite où la mutualisation des risques ne fonctionne plus.

    Le principal problème des banques actuelles n’est pas qu’elles fassent « travailler » l’argent de leurs clients mais qu’elle le fassent travailler dans des activités hautement rémunératrices mais extraordinairement dangereuses comme le marché des options ou la dette publique de pays de la zone euro. De fait, elles engrangent – lorsque tout va bien – des gains colossaux, et lorsque tout va mal perdent l’intégralité de l’argent des comptes de leurs clients.

    Une banque transparente et respectueuse du droit de propriété laisserait à ses clients un degré de liberté sur la façon dont leur argent en dépôt pourrait être exposé au risque, sachant que cela aurait un impact direct sur le coût de la tenue de compte (zéro risque: coût maximal, risque maximum: zéro coût et bonne rémunération du compte… Lorsque tout va bien!)

  • Je ne suis pas tellement en accord avec sur le fait qu’il y a violation du droit de propriété.

    D’abord, étant donné que le système de réserves fractionnaires est bien connu, chacun est libre de laisser son argent en banque ou de le garder chez soi.

    Ensuite, et c’est là où je ne comprends pas l’argumentation vous dites que chacun est libre de disposer à tout moment de l’argent déposé en banque, à cela vous ajoutez que les prêts avec raison que les prêts consentis par la banque sont une création de monnaie, ces deux éléments montrent qu’il n’y a aucune violation du droit de propriété.

    • gdjs : « chacun est libre de laisser son argent en banque ou de le garder chez soi.  »

      Pour toutes sortes d’opérations, vous êtes obligé de passer par une banque.
      Le paiement en liquide est de plus en plus limité (3000 euros max et ils veulent le ramener à 1000 euros), le paiement d’un salaire en liquide est interdit au dessus de 1500 euros etc. etc.
      http://www.lefigaro.fr/argent/2013/11/30/05010-20131130ARTFIG00260-argent-liquide-ce-qui-est-permis-et-ce-qui-ne-l-est-pas.php

      L’idéal pour les gens de l’état, c’est l’argent totalement dématérialisé : toutes les transactions contrôlées et tracées par l’état pour empecher « la fraude ». On n’imagine pas cela possible actuellement, mais si je me place dans l’optique des années 70 une flopée de mesures liberticides auraient parue impossible à l’époque.

      Une liberté se grignote petit à petit.

      • Je suis d’accord avec vous, mais vous pouvez très bien déposer l’argent dans votre banque pour chaque opération qui nécessite d’y passer. L’argent ainsi déposé n’y restera que très peu de temps. La seule chose c’est alors l’obligation de posséder un compte en banque. Mais là c’est un problème qui dépasse le sujet de l’article.

        Juste une remarque. Il y a incohérence de votre part à vouloir une transparence de l’Etat et en même temps critiquer une transparence des transactions monétaires.

        • gdjs: « Il y a incohérence de votre part à vouloir une transparence de l’Etat et en même temps critiquer une transparence des transactions monétaires. »

          Non, j’achète un Coca-Cola, j’ai le droit de savoir ce qu’il y a dedans sinon je ne l’achèterais pas, l’entreprise Coca-Cola ne m’achète pas, elle n’a rien à savoir de moi sans que j’y consente.

          Corollaire : on me force à acheter des services de l’état, j’ai au moins le droit de savoir ou mon argent va, par contre l’état n’a pas a tracer et enregistrer tous mes actes alors que je suis innocent à priori d’autant plus que ça donnerait un pouvoir incommensurable des bureaucrates sur la société civile.

          Tu ouvres ta gueule ? Ta femme est au courant que tu fais des paiements à un site de c*l ou que tu n’est pas au travail les mardis soir ? Et tes cotisations aux autres partis ? Tes abonnements aux revues, ce que tu lis, regarde, mange, pense, possède, comment tu te déplaces et ou ?

          39eme pour la liberté de la presse, 70eme pour la liberté économique et un état totalement en faillite, le fascisme 2.0 n’est pas loin.

          PS: L’argument d’une officine chargé de contrôlé l’usage de ces données n’est pas valide: La cour des comptes et d’autres officines de contrôle hurlent dans le vide depuis des années, tout le monde s’en fout.

          • C’est dommage que vous souhaitiez disserter sur le sujet le moins en rapport avec l’article. Mais bon…

            En fait, actuellement vous n’avez pas le droit de connaître tous les secrets de fabrication d’un produit. Cependant, on s’éloigne encore une fois du sujet.

            Le fait que les transactions monétaires soient publiques est nécessaire justement pour éviter toute suspicion de fraude.

          • même une monnaie comme le bitcoin publie ces transactions

  • « Si les gouvernants n’étaient jamais intervenus pour favoriser des banques particulières, s’ils n’avaient jamais relevé certaines banques de l’obligation, incombant à tout individu et toute firme dans une économie de marché, de régler leurs dettes en conformité entière avec les termes du contrat, il n’y aurait eu aucun problème de la banque.
    Les limites qui sont tracées à l’expansion de crédit auraient été efficaces. Le souci de sa propre solvabilité aurait forcé chaque banque à borner avec précaution l’émission d’instruments fiduciaires. Celles des banques qui n’auraient pas observé les règles indispensables auraient fait banqueroute, et le public, instruit par le dommage subi, serait devenu doublement méfiant et réservé. »

    Action Humaine – Ludwig Von Mises

  • C’est marrant mais… vous oublier dans vos commentaires l’essentiel:
    Pour les 100€ –> 900€ de … fausse monnaie. Oui, oui.
    L’argent doit être gagné avant pour exister, pas après.
    On peut dire que, après tout les prêts seront remboursés avec intérêt ce qui est vrai en général.
    Mais, lorsque la balance des payements de la BCE enfle continuellement , c’est que des prêts ne sont pas remboursés. Ils sont « cachés » dans ses comptes. Sinon on devrait accepter la perte et de diminuer ces prêts de son « actif ». Ce qu’on ne fait pas beaucoup en ce moment.
    Et les 60 milliards d’€ / mois serviront exactement a ça. A dire que les obligations que les gouvernements émettent vont être remboursés, ce qui est un mensonge que chacun ne discute même plus actuellement.
    Je dirais même que la fausse monnaie remplace la vraie peu a peu. Ils n’auront même plus besoin des dépôts bientôt. Tant que le bastringue tient. Après tout, l’univers est en expansion depuis 4.5 milliards d’années, pourquoi pas la « balance » de la BCE (ou FED, ou BOJ..)

    • @bobomede :
      certes mais mettre en parallèle la : théorie (j’insiste sur ce point!) de l’expansion de l’univers et l’expansion monétaire est assez culotté !
      d’un point de vue plus terrien et d’expériences vécues, on pourra dire que tout ce qui gonfle finit par exploser

      • ah c’est qu’ils essaient de faire, je suis tout a fait d’accord que c’est impossible. Mais dites-le a un « économiste » de cour, il va vous faire une théorie de 2-3 heures comme quoi c’est exactement la chose a faire ABSOLUMENT, etc, etc…

    • L’argent doit être gagné avant pour exister, pas après.

      Oui, c’est cela, l’argent est gagné après … peut-être !

  • La création de monnaie n’est pas frauduleuse, c’est la contrainte (et le monopole) qui sont pervers.
    http://www.lumiere101.com/2010/10/09/la-creation-de-monnaie-par-les-banques-est-elle-frauduleuse

  • N’ ayant pas les connaissances suffisantes je m’ abstiens de critiquer l’ article par contre je préfère
    Quelle est la cause profonde du risque posé par la Grèce à la zone euro
    une croissance économique saine ( c’ est à dire pas n’importe quoi

  • Merci pour cette démonstration limpide pour quelqu’un assez peu branché économie.
    Ceci-dit, comment ne pas penser à l’inévitable appel de fond que le MES ne manquera pas de lancer auprès des états membres pour le cas ou la Grèce viendrait à être déclarée défaillante ?
    Tout le monde semble avoir oublié les accords signés lors de l’instauration du MES (sensé être « le pare-feu de la zone euro contre les crises de la dette ») : « Les membres du MES s’engagent de manière irrévocable et inconditionnelle à verser sur demande les fonds demandés par le directeur général, en vertu du présent paragraphe … » etc, etc. En 2012,lors du vote (en fait, deux votes successifs, l’un pour le premier texte modifiant un article du traité de l’Union européenne et autorisant la création d’un tel mécanisme, tandis que le second traité fixait ses modalités de fonctionnement du MES) plusieurs voix s’étaient élevées quand aux fait que la mutualisation des dettes allait inévitablement déresponsabiliser les plus fragiles, tout en ponctionnant allègrement les états obligés de compenser la défaillance des précédents…

  • Juste un détail.
    90 + 81 + … + 9 = (9+90)*10/2 = 495 €
    et pas 900 € 😉

  • Les commentaires sont fermés.

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