Vade-mecum : « Tout Charlie » en six points

Les six débats clefs qui font suite aux attentats terroristes et à l’émotion des manifestations.

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charlie hebdo credits valentina cala (licence creative commons)

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Vade-mecum : « Tout Charlie » en six points

Publié le 19 janvier 2015
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Par Jean-Paul Oury1

charlie hebdo credits valentina cala (licence creative commons)

Étant donné la complexité et la richesse du débat actuel, voici une liste d’idées destinée à lancer et à poursuivre la conversation dans l’urgence de l’actualité.

 

Émotions : chaque Français vit un deuil personnel

Chaque Français a été touché profondément par le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, plus que par toute autre forme d’attentat, parce que tout d’abord il y avait une dimension émotionnelle forte qui nous rattachait aux dessinateurs. Nous avions tous l’impression de les connaître personnellement.

En ce qui me concerne, mes souvenirs du dessinateur Cabu étaient les suivants : enfant je le regardais faire des dessins dans le Club Dorothée sur Antenne 2. Puis, dès 11 ans, je piquais le Canard Enchaîné de mon père pour lire la BD du Grand Duduche qu’il y dessinait. J’ai sans doute commencé la politique très jeune, grâce à Cabu. Je me rappelle avoir fait mon premier dessin humoristique à l’âge de 12 ans en imitant son style. On y voyait un Jean-Marie Le Pen en gros plan, avec une petite scie à la main. Il avait coupé la main d’un immigré pour se faire un badge « Touche pas à mon pote ». La dernière fois que j’ai entendu Cabu, c’était lors d’une émission sur TSF Jazz où il parlait de son amour pour Billie Holiday. J’ai l’impression d’avoir perdu un proche.

Certains blogueurs ont remarqué justement que si ce n’avait pas été des dessinateurs de Charlie, les gens ne se seraient pas mobilisés de la sorte. D’ailleurs ils ne se sont pas mobilisés ainsi pour les massacres tout aussi ignobles commis par Mohamed Merah. Mais c’est sans doute en partie parce que le carnage de Charlie Hebdo avait une portée symbolique plus universelle, renforcée par le trait de crayon : chaque enfant est capable de ressentir l’injustice quand on déchire son dessin.

 

Un principe « quasi universel » : le buzz mondial de la liberté d’expression  

Après le temps de l’émotion, vient la conceptualisation.

La France entière s’est sentie blessée parce qu’on a touché à l’un de ses symboles fétiches. Au pays de Voltaire, on aime bien répéter cette citation apocryphe du penseur des Lumières :

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je suis prêt à me battre pour que vous puissiez le dire ».

C’est ce symbole qui a été touché au cœur. La dimension de la manifestation du dimanche 11 janvier démontre à quel point les Français ont ce principe chevillé au corps. Quelles que soient leurs opinions politiques, ils sont venus marcher par millions pour défendre la liberté d’expression.

Mais la portée de l’attentat ne s’est pas arrêtée aux frontières de la France et a touché spontanément le monde entier. On a pu voir notamment la mobilisation sur les réseaux sociaux : le hastag #jesuischarlie est devenu en quelques jours le plus gros buzz mondial de twitter, à tel point qu’une des pièces de son siège social a été repeinte. Les politiques du monde entier se sont mobilisés pour venir à la marche de Paris. L’Union européenne se sentait particulièrement concernée, aussi, lors de la marche, le président du Conseil de l’Union Donald Tusk était présent au premier rang avec Angela Merkel, donnant l’image d’un symbole fort. Cette manifestation mondiale démontre que la civilisation occidentale qui a enfanté le concept de raison et affirmé son universalité est prête spontanément à se soulever pour les défendre.

Petite note de dissonance cependant avec les réactions des élèves dans certaines écoles françaises qui ont refusé de respecter la minute de silence, voire même qui ont approuvé les actions des terroristes. Des mauvais exemples qui battent en brèche la thèse de l’universalité.

 

Se battre pour défendre ses idées

Passé le temps de l’émotion et des belles idées, vient le temps de l’analyse de ce qui est vraiment en jeu. La première pensée qui m’est venue à l’esprit à la suite de l’assaut contre Charlie Hebdo, c’est la citation du président américain Ronald Reagan :

« Freedom is never more than one generation away from extinction. We didnt pass it to our children in the bloodstream. It must be fought for, protected, and handed ton for them to the same. »

Dans une interview récente, Cabu rappelait que les policiers chargés de la protection des dessinateurs appréciaient les dessins des caricaturistes. Le côté « anar » de Charlie Hebdo met toujours à l’épreuve ce paradoxe que la présence des forces de l’ordre est indispensable pour les protéger, même quand celles-ci sont la cible privilégiée de leurs caricatures. En fait, on se rend vite compte que c’est parce que la réalité contredit la théorie qu’il va falloir désormais investir toujours plus dans les forces de l’ordre pour sauvegarder, non seulement notre liberté d’expression, mais également notre liberté tout court. Reagan avait donc raison : la liberté peut s’éteindre d’une génération à une autre.

Imaginons un instant qu’une nouvelle civilisation ne partageant pas les principes d’une société ouverte fondée sur l’ensemble des principes démocratiques s’impose et prenne le pouvoir en France parce que les citoyens n’auraient pas su se défendre contre ses assaillants, alors il se pourrait bien que la liberté s’éteigne. Cette notion est difficile à imaginer pour les petits Français qui n’ont jamais eu à se battre pour leurs libertés, a contrario des citoyens polonais, par exemple, qui ont connu l’occupation soviétique et ont dû arracher la liberté au péril de leurs vies dans les années quatre-vingt.

La réaction de la marche citoyenne prête à penser que le peuple français a en lui les bons fondamentaux. Mais qu’en est-il maintenant de ses politiques, de ses idéologues, de ses médias ? Il ne suffit pas de défiler et de faire des dessins avec « des crayons toujours plus forts que les Kalachnikov » pour se persuader que la liberté d’expression finit toujours par l’emporter. Il faut mettre les moyens pour la défendre et la protéger. Que faire ?

 

Patriot act ou civilian right ?

La belle unité de façade de tous les politiques français et étrangers lors de la marche a de quoi rassurer. Ils sont tous venus pour défendre nos principes les plus chers. À moins que cela, une fois de plus, dénote d’une extrême hypocrisie.

En effet, c’est l’État français qui est à l’origine des lois sur la pénalisation du droit de caricaturer.

Tout d’abord, il y a eu la loi Pleven en 1972 qui condamne l’incitation à la discrimination. Cette loi est désormais utilisée par toutes les communautés pour se défendre contre toutes formes d’attaques (les gros, les maigres, les blondes, les rousses…) et qui fait dire à de nombreux comiques français « qu’on ne peut plus rire de rien ».

Ensuite, il y a eu les lois Gayssot qui ont judiciarisé le champ du débat public. Comme le rappelait le philosophe Gaspard Koenig, à cause de ces lois, la France est le quatrième pays le plus souvent condamné par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour violation de l’article 10 protégeant la liberté d’expression. J. Turley dans le Washington Post a soutenu que les lois liberticides mises en place en France étaient bien plus nocives pour la liberté d’expression que les terroristes. N’oublions pas que Charlie Hebdo avait pu être attaqué en justice par des associations islamiques pour les caricatures de Mahomet. Que penser alors de Barack Obama qui en 2012 avait « questionné les caricatures de Charlie Hebdo » ? Quand on sait tout cela, on trouve bien hypocrite l’attitude des politiques et la larme qu’ils sont venus verser le week-end passé.

Mais pire, on s’interroge. Comment un État qui a tout fait pour mettre des bâtons dans les roues à notre liberté d’expression serait-il en mesure de protéger nos libertés individuelles et de quelle manière va-t-il s’y prendre ?

Après Reagan, c’est Benjamin Franklin qui nous vient à l’esprit, « Those who surrender freedom for security will not have, nor do they deserve, either one. » Au regard du Patriot Act, nous avons une expérience récente de ce qu’un État est capable de faire pour protéger la « sécurité » de ses concitoyens et les priver de leurs libertés. TSA est sans doute un bon exemple, qui prouve que les Américains sont les premières victimes des mesures sécuritaires. S’ajoute à cela ce que beaucoup nous expliquent, et en particulier Ron Paul : l’invasion de l’Irak a eu pour conséquence de fertiliser davantage le terreau du terrorisme. Le terroriste Amédy Coulibaly a précisé qu’il agissait parce que la France n’avait pas à se mêler d’envoyer des troupes contre Daesh en Syrie et en Irak.

Au final, on se rend compte que l’État français prétend se mêler de politique étrangère – à raison ou à tort nous ne trancherons pas le débat de l’interventionnisme ici – et semble incapable de protéger ses propres citoyens, voire les met encore plus en danger. Il a fallu 17 morts pour que le Premier ministre Manuel Valls annonce la mobilisation de 8500 militaires à l’entrée des écoles (6000 d’après Le Figaro, 10 000 selon le ministère de la Défense) et des lieux saints juifs, alors même qu’il y aurait plus de 5000 terroristes signalés, comme le raconte le blog Cosmosophy.

Et que pourront faire ces policiers, à part servir de cibles aux terroristes, de la même manière que chaque Français aujourd’hui peut se sentir une cible. Ainsi, le juge Napolitano, rappelait qu’au début du XIXe siècle un massacre comme celui de Charlie Hebdo aurait pu être évité, car il y aurait bien eu un journaliste ou deux détenteur d’une arme à feu qui aurait pu s’en servir pour se défendre. Faut-il dans ce cas faire confiance à l’État pour nous défendre, sachant que les moyens qu’il va investir risquent d’être toujours insuffisants (le policier qui protégeait Charb n’était pas suffisamment armé), ou alors revenir à la défense des droits naturels de l’individu en légiférant sur le port d’arme ?

Les Français doivent-ils rester comme des canards, totalement désarmés, pendant que les terroristes, eux, peuvent se procurer des kalachnikovs sur le marché noir pour 1200 euros… à ce prix, on comprend qu’ils en aient pris deux chacun, avec en prime un lance roquette (humour noir de circonstance, que comprendront les lecteurs de Charlie Hebdo).

 

Le fond du problème : l’islam en question

Quand je vais en Pologne, j’ai souvent cette conversation : comment faites-vous en France avec toute cette immigration ? En France, si vous posez cette question, vous passez immédiatement pour un horrible raciste. Les Polonais avec qui j’ai discuté n’étaient pas racistes. Ils observaient simplement que la culture islamique n’est pas facile à intégrer, eux-mêmes faisant partie d’un grand peuple de migrateurs ayant suffisamment souffert du racisme ; mais partout ils sont allés, ils ont réussi brillamment à s’intégrer, et ce parfois sans aide sociale ou condescendance du pays d’accueil. Le facteur religieux n’y est sans doute pas pour rien.

Voilà donc bien le fond du problème : « une religion » qui donne des racines aux individus, leur inculque des principes… et on s’interroge sur le fait de savoir si celle-ci est compatible ou non avec la civilisation qui est à l’origine de la déclaration des droits de l’Homme. Les politiques, les médias et les Français ont du mal à évoquer ce sujet, car il débouche souvent sur les solutions extrêmes du Front National et se confond avec un débat sur le racisme. Alors ils ont trouvé une solution : les terroristes ne représentent pas l’islam. Oui, mais pourtant chaque fois qu’on entend parler d’un attentat, celui-ci est commis au nom de cette religion, et non de la religion catholique ou de la religion juive. Et au final, tous les Allemands n’étaient pas nazis, mais un petit groupe suffisamment déterminé a suffi pour amener Hitler au pouvoir. Il en va souvent de même pour toutes les idéologies que l’histoire a connues.

Pour autant, comment traiter de ce sujet sans stigmatiser les individus ? Je me mets à la place d’autrui et imagine que si j’étais issu d’une famille de confession musulmane, je ne serais pas content d’avoir à me déculpabiliser par rapport à des terroristes parce qu’ils appartiennent à la même confession que moi, alors que je n’ai rien à voir avec eux et que je ne ferais pas de mal à une mouche. Et pourtant comment éviter de soulever ce problème ? Comment condamner les racines culturelles du mal sans blesser les individus ?

Je soutiens personnellement que la source du problème est idéologique. Les mécanismes des idéologies sont connus : un individu ou un groupe écrit un jour un livre de la manière dont il perçoit le réel, cela semble merveilleux, et tous les autres suivent en faisant une lecture littérale du livre en question et en se disant, si on suit les recettes au pied de la lettre, alors on vivra heureux. Avant que Spinoza ne démontre qu’il y avait 400 interprétations différentes de la Bible, tous les chrétiens faisaient une lecture littérale des écritures saintes. Quant à l’islam, nous n’entrerons pas dans des débats d’interprétation, mais nous observons juste que le corpus idéologique défendu par certains vient remplir le vide spirituel de notre monde et attire à lui actuellement des âmes en peine de toutes origines. Récemment on a découvert qu’une adolescente bretonne s’était convertie et s’apprêtait à aller faire le jihad en Syrie (preuve supplémentaire que tout cela n’est pas un problème de race ou de culture… mais bien d’idéologie).

N’étant pas expert en eschatologie, nous ferons entièrement confiance à Abdennour Bidar, philosophe spécialiste des évolutions contemporaines de l’islam qui, dans sa lettre au monde musulman, rappelle que c’est rendre service à l’islam que d’arrêter de chercher des excuses et de les « responsabiliser ». On conclura cette partie avec un extrait du texte le plus puissant que j’ai lu récemment pour expliquer les événements récents :

« Alors, ne t’étonne donc pas, ne fais plus semblant de t’étonner, je t’en prie, que des démons tels que le soi-disant État islamique t’aient pris ton visage ! Car les monstres et les démons ne volent que les visages qui sont déjà déformés par trop de grimaces ! Et si tu veux savoir comment ne plus enfanter de tels monstres, je vais te le dire. C’est simple et très difficile à la fois. Il faut que tu commences par réformer toute l’éducation que tu donnes à tes enfants, que tu réformes chacune de tes écoles, chacun de tes lieux de savoir et de pouvoir. Que tu les réformes pour les diriger selon des principes universels (même si tu n’es pas le seul à les transgresser ou à persister dans leur ignorance) : la liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et le droit de cité pour toute la diversité des visions du monde et des croyances, l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes de toute tutelle masculine, la réflexion et la culture critique du religieux dans les universités, la littérature, les médias. Tu ne peux plus reculer, tu ne peux plus faire moins que tout cela ! Tu ne peux plus faire moins que ta révolution spirituelle la plus complète ! C’est le seul moyen pour toi de ne plus enfanter de tels monstres, et si tu ne le fais pas tu seras bientôt dévasté par leur puissance de destruction. Quand tu auras mené à bien cette tâche colossale – au lieu de te réfugier encore et toujours dans la mauvaise foi et l’aveuglement volontaire, alors plus aucun monstre abject ne pourra plus venir te voler ton visage. »

 

Une solution économique : créer de la croissance

Dans une caricature que je me suis amusé à dessiner, j’ai représenté les quatre caricaturistes arrivant au paradis et se réjouissant : « un max de points sur notre compte pénibilité ! » et en dessous une légende : « Caricaturistes nouveau métier à risque, Hollande a trouvé la solution ».

Il s’agit d’une critique au second degré de la politique économique désastreuse des socialistes en France et du débat qui a lieu actuellement sur le compte pénibilité. En effet, alors que les entreprises françaises ont besoin de davantage de libertés et de simplification pour créer de la croissance économique, le gouvernement actuel, contrairement à ce qu’il fait mine d’annoncer, ne cesse de rigidifier le marché de l’emploi avec des lois contraignantes pour les entrepreneurs. Le compte pénibilité en est un bon exemple. Les métiers identifiés « à risque » peuvent cumuler des points. Un casse-tête pour les entreprises. Cette métaphore signifie donc que le socialisme n’a pas la solution pour sortir la France de la crise.

Or, si on ne peut réduire l’origine du terrorisme au seul chômage source d’inactivité et de déshérence de la jeunesse (on a vu précédemment que c’était l’attrait idéologique de l’Islam qui en était la cause finale), on peut considérer le manque d’espoir suscité par la crise comme une des « causes matérielles » de ces actes désespérés. Ainsi, Cyrille Lachèvre, journaliste de L’Opinion remarque :

« Si les conséquences sur l’activité sont donc encore difficiles à prévoir, les causes des attentats, elles, sont en partie d’ordre économique. Au moins autant, sinon plus, que religieuses. Derrière la radicalisation des frères Kouachi ou d’Amédy Coulibaly, c’est l’histoire « classique » de jeunes Français en rupture avec le monde professionnel, sans perspectives d’avenir, qui se dessine. Un phénomène qui ne fait qu’empirer d’année en année avec l’envolée du chômage de masse, notamment dans les banlieues. Le taux de chômage dans les zones urbaines sensibles dépasse les 24 % en France, soit 2,4 fois plus que dans la moyenne de l’Hexagone. Le taux de chômage des jeunes (-24 ans) y est de 45 %, là aussi deux fois plus que dans toute la France. »

On le voit, la solution n’est donc pas seulement sécuritaire. Elle est préventive, mais elle dépend aussi de la bonne gestion de l’économie d’un pays. Elle repose donc sur les bases de la société et nous interroge sur les fondements mêmes de la démocratie libérale. La liberté est un tout. Elle ne se découpe pas en tranches. On ne peut avoir la liberté d’expression sans une société qui dispose de liberté économique et vice-versa. La source profonde du mal est bien idéologique. Si la communauté islamique de France est appelée fortement à se remettre en question et à se positionner de manière claire par rapport à l’idéologie qui la ronge, l’État français, lui de son côté, doit vite mettre en place les conditions pour combattre la pauvreté et le désœuvrement d’une génération en perdition et renouer avec la croissance pour susciter l’espoir et chasser le nihilisme. Hélas, pour l’instant il est loin d’en prendre la direction.

  1. Une première version de ce billet a été publiée en polonais par le site wszystkoconajwazniejsze.pl.
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  • Sans haine ni violence :
    Quand on n’arrive pas à maîtriser un flot, il faut commencer par couper le robinet d’alimentation. Sinon, vous n’aurez plus une communauté sur le territoire mais un autre peuple. Et ce n’est pas qu’il ne voudra pas s’intégrer, c’est qu’il n’aura plus aucune raison de faire !
    C’est d’ailleurs déjà le cas.

    • Certes.
      Mais « Le taux de chômage des jeunes (-24 ans) y est de 45% »;
      Comme Jamel Debouze, Anelka, … ne posent pas de problèmes ….
      la solution est donc d’offrir la fortune, le succès, …. à toutes nos « chances ».
      Facile non ?

  • 2 points, un de détail et un qui l’est moins.
    1. Le détail : Cabu dessinait Dorothée dans Récré A2, le Club Dorothée est la version TF1 de cette émission
    2. L’autre : j’ai un peu tiqué sur la 2e partie. Dire que tous les français se sont levés pour la liberté d’expression, et se battent pour que les autres puissent profiter de la leur me semble au minimum exagéré. De mon point de vue, et pour en avoir débattu un peu sur des forums, la plupart des français se battent pour la liberté d’exprimer les idées qui ne les dérangent pas trop, il existe par contre un consensus très général sur le fait qu’on ne peut pas dire n’importe quoi, et que celui qui est chargé de fixer les limites est le Grand Etat, forcément bienveillant.
    Ce constat est glaçant, et va a rebours du message de la 2e section…

  • Complètement d’accord sur l’analyse sauf sur le point 5….

    « Avant que Spinoza ne démontre qu’il y avait 400 interprétations différentes de la Bible, tous les Chrétiens faisaient une lecture littérale des écritures saintes. »

    monophysites, manichéens, capture du pape par les byzantins, cathare, etc… etc… la liste est longue des divergences de lecture avant Spinoza.

    « Comment condamner les racines culturelles du mal sans blesser les individus ? »

    On ne condamne pas. On quitte une religion ( ou un groupe quel qu’il soit) qui ne remplis pas certaines considérations basique d’humanité.

    Mais encore merci d’avoir produit cette magnifique lettre d’Abdenour Bidar.

  • L’islam me semble bien être une forme du problème et non le fond. Nous nous retrouvons avec des personnes qui refusent une nouvelle avancée de la déterritorialisation de l’économie, la disparition des mono-appartenances, une remise en cause des représentations culturelles et morales par de nouveaux moyens de gestion des contingences matérielles… cela touche effectivement le monde musulman de manière très démonstrative à notre époque. Remarquons que pour les mêmes raisons nous avons eu des guerres de religion à l’intérieur même de l’Europe, avec des populations partageant pourtant le même socle religieux. La question n’est pas de dédouaner les populations musulmanes ou une religion, mais quand-même de remarquer ce qui travaille notre civilisation.
    Parce que le dernier point qui débouche sur une éthique, c’est à dire sur une théorie de l’action efficiente relativement à un champs d’objectifs concurrents sur des échelles de temps hétérogènes, est sans doute le plus important. Proposer la croissance industrielle comme solution à la perte d’identité, voire l’humiliation, vécue par les populations relativement au dépassement de l’industrie, en gros, me parait peu pertinent. En appeler à la solidarité étatique pour palier à l’écroulement de celui-ci et en tous cas la manifestation de sa perte de légitimité, c’est là aussi de l’ordre du déni. En gros opposer des représentations républicaines du 19è siècle à des représentations antirépublicaines du 19è siècle, ce n’est pas le Choc des Civilisations, c’est le choc des obsolescences. La première chose à faire, il me semble, c’est montrer comment notre époque offre des opportunités de se projeter dans le futur plutôt que des risques exigeant le retour au passé.
    Ce qui me désespère le plus c’est que tout semble aller dans le sens de révolutions conservatrices, en occident comme en orient, avec des temps totalement opposés relativement aux dynamiques civilisationnelles et donc le risque de disparition de la nôtre (les civilisations disparaissent lorsqu’elles s’entêtent dans leur dysfonctionnement trop longtemps).

  • Très bonne synthèse !
    Une info complémentaire pour le point 4 : Charb était adepte de tir sportif et avait demandé une autorisation de port d’arme, qui lui a été refusée malgré les menaces qui pesaient sur lui : http://www.armes-adt.fr/2015/01/16/charb-avait-reclame-le-port-darme-en-vain/

  • 1) désolé non, ce meurtre vous a peut-etre toucher, moi pas plus que les centaines de meurtres chaques années… donc ne parlez pas pour tout le monde, 3,5 millions de manifestants (selon les syndicats, la police, l’Etat présent sur place,….) c’est beaucoup, mais ne parlez pas au nom des 63 millions de francais restants…. non la France ne s’est pas soulevé pour défendre la liberté d’expression, mais 5% de la population francaise a été défilé (c’est beaucoup, mais c’est pas la France)… il faudrait arreter de toujours croire posséder la parole divine. Mon deuil personnel c’est ma famille, les morts exterieurs ne sont pas des deuils personnels, il y a 100.000 morts par an, si je devais faire un deuil presonnel pour chacun, merci, mais je pleurerais tous les jours.

    2) Non désolé, vous ne parlez que de ce que vous voulez. Jon Stewart (animateur américain parmis les plus influent des Etats-unis) s’est dit choqué de voir qu’au moment ou il y avait des manifs citoyennes pour la liberté d’expression qu’on puisse mettre en garde a vue et devant la justice un humoriste qui a fait une blague sur le sujet, Greenwald qui est le journaliste qui a dévoilé l’affaire Snowden, a marquer « je suis dieudonné » sur son twitter, pour la meme raison que Jon Stewart. Donc non l’unanimité sur le sujet est plsu complexe. Pour les enfants qui n’ont pas respecté la minute de silence, première question, quid des minutes de silences des 100.000 morts par an en France ? quid de la dites liberté d’opinion qui forcerait des enfants a respecter un silence contre leur opinion ? Est-ce que la minute de silence est ancrée dans la loi ? alors il faudrait respecter un dogme sans valeur ? désolé pas plus que je ferais une minute de silence pour la mort de ma famille, je ne le ferais et pousserais mon gosse a le faire pour des inconnus, ou est la loi qui force un individu a se soumettre à une religion ? Désolé tout comme je ne me mettrais pas a genoux pour prier Dieu car je n’y crois pas, je ne pratiquerais pas la minute de silence qui est la prière laicard detestable… rah la liberté.

    5) « Oui, mais pourtant chaque fois qu’on entend parler d’un attentat, celui-ci est commis au nom de cette religion et non de la religion catholique ou de la religion juive.  »
    2% des attentats en Europe sont issus des islamiques revendiqués… (source médiapart mais il est facile de trouver l’info) les derniers attentats, stipulé comme tel, sont par exemple l’extreme gauche contre Aube Doré en Grece, ou assez recent, Anders Brevik et son massacre de 100 personnes au nom de la race blanche et…. chrétienne,….
    Bref vous dites un mensonge, mais ce mensonge est essentiel car il est la base meme du probleme qui pousse a deux questions :
    – Comment définir le mot « attentat » et le mot « terrorisme » ?
    – Pourquoi 90% des articles de journaux qui parlent d’attentat ne parle que de 2% des attentats, et pourquoi alors laisser 98% des attentats avec 10% de couverture médiatique ?
    —–
    – Pour la première question, le mot attentat est très difficile à définir, la cour pénale internationale parle d’atteinte à la sécurité de l’Etat et des gouvernements…. ce qui ferait des actions du FLNC contre les gendarmeries/mairies,… des attentats, mais ne ferait pas du massacer de Anders Brevik un attentat car ne touchant pas l’Etat. Cette définition est donc forcément biaisé. Maintenant, si 2 types qui tuent a coup de fusil mitrailleur 11 personnes sont des terroristes qui ont commis des attentats, alors il y a des dizaines d’attentats par an en France et donc 99% des attentats ne sont pas commis au nom de l’islam.

    – pour répondre à la question du pourquoi on parle de 2% des attentats dans 90% des journaux, c’est le meme principe que la lutte contre la vitesse sur route, contrerement a l’alcool et la drogue… le premier tue 50% de moins que le second, mais est sanctionné 130 fois plus…. c’est juste que ca rapporte plus a l’Etat.
    Dans le cas des attentats, parler d’un attentat contre une mairie en Corse, ne fait plus vendre de journaux, le seul truc qui fait vendre, c’est l’attentat islamique. Et il faudrait rajouter que prendre des mesures contre les meurtres et délits sont assez dur, donc les gouvernements preferent que de simple citoyen meurt sans rien faire, mais ne laisserons jamais passer qu’on tue leur organe de propagande que sont les journalistes, et le jeu des peurs, les entrainent irrémédiablement a conduire des politiques sécuritaires et de controle de la liberté, ce qui leur plait a un plus haut point…

    • Liberté Adorée: « 2% des attentats en Europe sont issus des islamiques revendiqués… »

      La plupart des autres sont dus aux séparatistes et autres contestataires qui ne s’en prennent pas aveuglement aux populations. Mais foin, vous avez raison, c’est un épiphénomène et les services de sécurité actuels suffisent largement.

      Par contre il est indéniable que tous les pays à majorité musulmane sont de véritables horreurs pour les libertés et les droits de l’Homme et que c’est une religion conquérante qui a toutes les complaisances de nos chers étatistes, les même qui par leur actions économique désastreuses ouvrent grand la porte à tous les extrémismes et tous les fascismes y compris religieux.

      L’islam n’est pas un problème en France, c’est juste un clou de plus dans le cercueil.

  • Non désolé, chaque Français ne vit pas un deuil personnel. C’est une génération qui vit un deuil, la fin d’une époque, celle des enfants gâtés de Mai 68 qui avaient décidé qu’il était interdit d’interdire.

    Non désolé, la liberté n’est pas le droit à faire tout ce qui vous passe par la tête, à repousser toujours les limites et à chercher désespérément à tuer le père, même quand il est mort depuis longtemps.

    Non désole, la liberté d’expression, ce n’est pas d’acclamer les CRS après les avoir injurié de SS, ce n’est pas de mettre en prison un caricaturiste parce qu’il avait caricaturé.

    Non, désolé, se battre pour défendre ses idées, ce n’est pas pousser les autres dans leur dernier retranchement, dire que l’on est l’exemple même de la tolérance en poussant chaque jour plus loin l’intolérance jusqu’à l’absurde.

    Non désolé, se battre pour défendre ses idées, ce n’est pas décréter que l’autre ne réglera jamais ses problèmes, qu’il est trop con pour cela.

    Non désolé, le problème n’est ni l’Islam, ni le Coran, ni le manque de croissance économique. Le problème ce n’est jamais la faute des autres.

    Ca c’est ce que pensent les enfants gâtés.

    Le problème est que notre société s’est enfermée dans la certitude que son mode de vie sera éternel, que la société, que l’Etat, que la république, que la civilisation était parfaite telle qu’elle était, qu’il faut la cryogéniser et la conserver telle qu’elle était en 1968.

    En 1968, alors que l’on pouvait venter Mao et Staline en étant les maîtres du monde, amalgamer Hitler, Pétain, les impérialistes américains et les forces de l’ordre pour si dire être un héro, alors que la croissance économique semblait éternelle, alors que l’on n’avait aucun début d’idée de pourquoi la croissance économique existait, alors que l’Islam était une victime de l’impérialisme résiduel, clérical et bonapartiste, des colonialistes pétainistes, un crime qu’il fallait expier collectivement.

    Ce monde n’existe plus. Ces illusions se sont effacées, le miroir s’est brisé. Faites-vous votre deuil.

    • Une belle anaphore à faire pâlir François Hollande… J’ouvre le débat. Mais si vous répondez « non » à chaque question lancée, on ne va pas aller bien loin. Je précise que j’aimais bien Cabu, mais je n’ai jamais acheté ni soutenu Charlie Hebdo. D’ailleurs vous n’avez pas l’air de bien comprendre ce que peut être une « émotion ». Marrant de voir qu’aux questions que je lance vous répondez avec autant de certitudes en vous plantant totalement dans l’interprétation de ce texte et de son auteur….

      • Je n’ai jamais aimé Cabu, ni le club Dorothée, voici peut être qui peut expliquer pourquoi je vais si vite en besogne.

        Désolé si je vous ai choqué, sincèrement.

        Egalement désolé, si j’ai choisi de passer par le même canal : celui qui faisait écho des questions des gens, vous, pour répondre. Comme pour l’anaphore de François Hollande qui ne parlait pas de lui, je ne parlait pas de vous.

        Je comprend tout à fait cette émotion : on la voit tellement ruisseler partout qu’il faudrait être aveugle.

        Je comprend également votre démarche d’emmener le débat sur le terrain de la dialectique, mais je ne suis pas d’accord : pourquoi devrais-je faire preuve de doute et d’écoute alors que l’autre camps n’a aucune place pour le doute et pour l’écoute, qu’il ne se gène pas pour dépouiller le cadavre encore chaud et engranger les points de popularité ?

        Désolé si en vous mettant devant la cible, vous prenez le boulet, ce n’était pas mon but.

        Je suis halluciné de voir comment la grande majorité des gens dans ce pays se taisent et considèrent que la réduction des libertés est au pire nécessaire, au mieux inévitable.

        Halluciné de voir comment la définition de liberté est soudainement devenue : ‘ne pas faire ce qui est interdit par l’Etat, via la loi et via le politiquement correct’.

        Je pense que là dessus, nous sommes d’accord.

        • OK. C’est déjà de meilleures bases pour poursuivre le dialogue. Autre élément que vous n’avez pas. Ce texte à l’origine a été écrit pour un lectorat polonais et il était destiné à leur faire comprendre (de mon point de vue, bien évidemment) ce qui se passe en France. Il aurait peut-être fallu que je l’indique en intro… Pour le reste je vous répondrais un peu plus tard. J’essayerai de trouver du temps en soirée. Merci. JPO

  • Autre question, sans intention polémique aucune:

    Aux US, il n’y a pas de limites à la liberté d’expression : on peut s’afficher pro-nazi ou pro-stalinienn ou négationniste si on veut; évidemment ça va jeter un froid dans vos relations avec vos voisins. Et pourtant les grands médias nationaux US n’ont pas reproduit les caricatures de Charlie Hebdo, les jugeant « insultants » (c’est le terme du NY Times).

    En France, on se réclame de la liberté d’expression alors même que la Loi Gayssot, dans son article 9 je crois, exclut explicitement certains sujets de cette liberté (ex. le négationnisme). Et là, des millions de gens se dressent pour défendre la liberté d’expression; mais quelle liberté d’expression exactement?

    Peut-on conclure que l’absence de limite conduit a s’autocensurer, ou pour le moins à éviter la provocation?

    • C’est une liberté d’expression « a la française », en quelque sorte. Une usine a gaz comme tant d’autres.

    • Vous pouvez aller plus loin dans le questionnement. Aux Etats-Unis le KukluxKlan qui est le groupe negrophobe par excellence peut parader dans les rues et le fait… et le Président Américain noir a été élu à 2 fois par le peuple américain dans sa majorité et l’animatrice TV préférée est noire.
      En France c’est le contraire, il est interdit de tenir des propos raciste et c’est pas demain qu’on verra une dizaine d’animateurs tv noir (pourtant forte population noire en France aussi) et un président noir.

      La vérité et pour répondre a votre question, la liberté apporte le débat, le débat apporte les arguments et donc démoli les causes idiotes et l’intelligence prend le dessus. Dans un pays assisté comme la France, ou on assiste meme la pensée des citoyens (faites 1 minute de silence ou t’es viré, les historiens sont interdits de révisé l’histoire, le bon humour et le mauvais humour,…) on assiste a un beau troupeau de mouton auquel on dit quoi penser.
      Donc oui, un pays libre n’a pas besoin de provoquer puisqu’il a la liberté de dire les choses et donc n’a pas de limite a tester. Si je faisais un parallèle, si vous légalisez toutes les drogues, très peu de gens iraient se droguer pour provoquer comme c’est le cas actuellement, vu qu’il n’y aurait rien a provoquer, vous ne seriez pas un rebelle. Charlie Hebdo ne cherchait pas juste a caricaturer, ils cherchaient a provoquer, a voir la limite…

    • La grande différence est que la liberté d’expression aux USA n’est pas un droit accordé par l’Etat, mais un droit naturel garanti par la constitution.

      Seul le citoyen a la possibilité de concéder aux autres le droit d’expression ou pas. Ce n’est pas à l’Etat ou à quiconque de se l’arroger.

      Si la liberté d’expression gêne quelqu’un, celui-ci n’a pas à le supporter.

      Ce qui fait que l’on peut tout dire, sauf ce qui gène les autres (sous réserve que les autres puissent prouver que ce que l’on dit les gène vraiment) : s’afficher en pronazi ou pro-stalinien ne vise personne.

    • La question qui se pose est celle de la responsabilisation de celui qui s’exprime. C’est à mon avis toute une sociologie qui ne se traduit pas explicitement dans les lois. En France je pense que nous sommes habitués à une hiérarchie de l’espace public assez forte et un accès rare et réservé aux moyens d’expression, et l’expression écrite est le summum de la distinction, à tel point que c’est le fondement unique de notre système d’instruction par exemple. Dans les pays anglo-saxon c’est différent, et si je reprends mon exemple l’oralité fait partie de l’enseignement : non seulement elle n’est pas proscrite mais les élèves sont invités, avec plus ou moins d’obligation (le paternalisme libéral est présent très tôt : ok les obligations ne sont pas explicites, mais tout le monde les comprend, ou plus exactement le fait de les comprendre est un marqueur social) à prendre la parole dans des cadres plus ou moins officiels.
      A l’inverse la parole est sans doute plus libre dans le contexte familial en France, dans une structure plus égalitaire, là où elle nécessite une plus grande attention dans le monde anglo-saxon puisque soumise à approbation. Comme le contexte familial est souvent homogène, l’exercice habituel de la liberté relative d’expression en France peut ne pas prendre en compte la nécessité de responsabilité.
      A mon avis les pays anglo-saxons se retrouvent donc habitués à la responsabilisation de l’expression par le débat, alors qu’en France, si la licence s’est transformée pour être accordée « a priori » elle peut être retirée a posteriori par des élites qui s’autorisent à le faire en réussissant à faire passer les lois qui les légitimes.

      De toutes façons il y a toujours des moyens de contrôle dans une société pacifiée, et la loi n’est jamais qu’un dernier recours qui, en réalité, ne fait que consolider des normes déjà existantes ou, dans des logiques hygiénistes, des dynamiques normatives en cours.

      • Absolument, dans l’approche libérale anglo-saxonne, il s’agit d’une liberté d’expression, alors qu’en France socialiste, elle a été transformée en droit d’expression décerné par l’Etat.

        Mais c’est le concept de liberté qui est détourné en France, en grande partie à cause de l’approche socialiste qui prévaut : la liberté d’expression est considérée comme un droit à dire ce que l’on veut, droit garanti par l’Etat – alors que la liberté d’expression devrait vouloir dire liberté de consentir ou non aux autres à ce qu’ils s’expriment, droit naturel qui peut requérir l’action de l’Etat en cas de non respect ou d’abus.

        A noter que ce n’est pas le cas que pour la liberté d’expression, mais également pour les autres libertés, qui ont toute été traduite en droit positif.

        • à ce qu’ils s’expriment sur vous … dsl

        • dont la fameuse laïcité, qui est tout sauf une liberté de culte.

        • Mais il s’agit de structures sociales très profondes. Il faut essayer de voir où sont les dynamiques actuelles de changement (aucune sociologie n’est immuable), les éventuelles opportunités à saisir, les différents leviers à notre disposition. Quoi qu’il arrive, même si on s’inscrit dans une dynamique de rupture, on s’inscrit nécessairement dans un conditionnement social et des représentations de l’espace qui nous permet d’exister.

          Je ne suis pas du tout certain que la France soit très « socialiste », car nous ne nous inscrivons que très mal dans des grandes hiérarchies pyramidales… très vite nous nous retrouvons dans des comportements de transgression d’un ordre unique. Nous avons certes des discours socialistes, peut-être parce que nous sommes tellement peu enclins à respecter les hiérarchies que nous devons nous raisonner et respecter quand même la liberté d’autrui, je ne sais pas.
          Bon… les anglo-saxons ont eux aussi tout un tas de contradictions. Encore une fois je ne suis pas certain que l’accusation morale pure serve à grand chose, il faut quand même se projeter dans l’action sur le réel. « la liberté d’expression devrait vouloir dire… » : « devrait » dans quel sens ? dans un monde idéal ? si nous n’étions pas coupables ? ou alors dans le sens « devra » ou plus exactement « nous devons faire en sorte que la liberté d’expression devienne… » ? Personnellement je ne crois pas dans des Vérités suprêmes, et, quand bien même, qu’y faire référence soit la meilleure stratégie pour les faire triompher.

  • excellente synthèse. Bravo

  • Oui, la liberté d’expression n’est pas totale en France, mais ce n’est pas pour l’instant un problème ni le problème.

    La vraie censure c’est cette dictature moraliste qui diabolise instantanément tout ce qui s’oppose à cet étatisme. Ce n’est pas écrit dans la loi, mais c’est bien plus redoutable et efficace.

    D’ailleurs la France est en train d’en crever économiquement et le peuple y va en chantant « plus d’état ».

  • Le fond du problème c’est que l’Islam n’est pas une religion. C’est une religion, plus un système de gouvernement, plus un code civil, un code pénal et un code fiscal.

    En tant qu’agnostique, le volet religieux de l’Islam me laisse profondément indifférent. Le volet politique est par contre totalement incompatible avec les démocraties occidentales, et présente un danger clair et immédiat pour nos sociétés.

    • Il n’y a pas de religion sans dogme. Après il y a des systèmes hiérarchiques plus ou moins centralisés, et l’Islam n’est justement pas particulièrement centralisé. En revanche les autorités religieuses locales (et territoriales) sont mises en concurrence, en quelques sortes, par des processus plus ou moins exogène.
      Peu importe les textes, ce ne sont pas eux qui font vivre la religion, ce sont les hommes. Et comme pour le christianisme, si les hiérarchies institutionnalisées ne sont plus conformes avec les hiérarchies réelles alors on se retrouve avec une crise de l’autorité religieuse et, le plus souvent, une guerre de religion (ce qu’on remarque bien).
      Le vernis musulman des attentats islamistes n’aide pas vraiment à avoir une meilleure compréhension de ce qui se passe à notre époque ; le sentiment d’humiliation et le fantasme d’un retour à une authenticité perdue ne sont pas du tout réservés aux musulmans, la population susceptible de basculer dans la violence est bien plus large et va sans doute tendre à s’élargir tant que la parole institutionnalisée n’aura de cesse de faire peur à la population de l’avenir et des réorganisations sociales en cours qui échappent aux autorités de contrôle.
      L’équation est d’autant plus difficile que le danger immédiat que vous pointez est bien présent (que l’islamisme en soit une forme plutôt que le fondement importe peu, à court terme).

  • Au moins, les Polonais,eux comme vous le dites si bien, se sont battus pour sortir du joung soviétique. Ce qui n’était malheureusement pas le cas des Français, qui eux, ont capitulés face aux armées allemandes. Il ne faut jamais oublier, cette liberté que vous clamez si fort, n’ a été effective que grâce aux Anglo-saxons. Cela étant , la liberté d’expression ne signifie pas violer l’essence même de la foi d’autrui. Beaucoup de pays sont avec la France que sur le fond, pas sur la forme. La culture ne se situe pas seulement en France et, l’inculture que dans des pays musulmans. Si vous voulez, qu’ on vous respecte, commencez par respecter les autres, l’arrogance ne sert à rien. J’ai peur que cette ci, la France soit seule. pour que cela soit clair, j’ai condamné avec virulence ces actes de terreurs .

  • « Or, si on ne peut réduire l’origine du terrorisme au seul chômage source d’inactivité et de déshérence de la jeunesse (on a vu précédemment que c’était l’attrait idéologique de l’Islam qui en était la cause finale), on peut considérer le manque d’espoir suscité par la crise comme une des « causes matérielles » de ces actes désespérés. »

    Certes, et ici on parle de génération 2 ou 3 mais à un moment vient la question migratoire : laisser entrer du bac-5 qui s’ajoute au stock existant, combiné à l’existence d’un SMIC et d’aides sociales c’est la catastrophe assuré (Surabondance de bac-5 inemployables au smic ) et élevage d’enfants qui ne verront jamais leurs parents travailler.
    –>Bref une belle brochette des merveilles d’un état socialiste.

  • Les Chrétiens-pour être plus précis, je suis catholique, donc je dirai l’Eglise- n’ont jamais fait une lecture littérale des Evangiles, pour une raison simple: le Christ s’exprimait en araméen, ses apôtres juifs en hébreu (de l’époque, fait-il le préciser?), le tout traduit-interprété en grec (item)(Septante), puis en latin (Vulgate), puis en langues vernaculaires. Il y a donc toujours une grande marge d’interprétations, des dizaines de versions. La dernière? Par exemple la TOB, en français. Personnellement, j’ai un faible pour les Psaumes de Maredsous.
    Contrairement au Coran, les Evangiles, comme l’Ancien testament, ne se veulent pas la Parole de Dieu, mais les témoignages rapportés à Son(Ses )Propos, la preuve, par exemple, dans les différences dans les témoignages (« Testament) des quatre Apôtres.
    Donc, la référence à Spinoza est une connerie, une de plus, fatigante pour nous autres cathos et, je pense, pour tout homme cultivé.

    • Ma formulation manque de précision et je n’ai pris le temps de détailler ce passage…N’empêche, je maintiens, avec mon petit bagage de connaissance sur le sujet, qu’il a fallu un Spinoza à l’Occident pour qu’elle arrête de croire littéralement aux écrits de la Bible. La distinction entre le « croire » et le « savoir » vient de lui. Donc un « vite dit » ok, mais « une connerie » ? Si je ne vous avais pas identifié comme le caricaturiste attitré de Contrepoints, je me serai dit: « encore un qui regrette la Sainte inquisition ».

      • Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu. — en grec : Τὰ Καίσαρος ἀπόδοτε Καίσαρι καὶ τὰ τοῦ θεοῦ τῷ θεῷ. (Marc, XII, 13-17; Matthieu, XXII,21; Luc, XX, 25)
        Baruch Spinoza, Juif marrane, a critiqué la Torah et a été excommunié (hérem) par sa communauté en 1656. Vous devriez effectivement prendre du temps pour écrire, et éviter de tomber dans la spécialité que vous m’attribuez (merci), à savoir la caricature. Je vous attribue, à mon tour, un point Godwin pour la Sainte Inquisition, qu’à mon avis, vous devriez aussi potasser.
        Ceci dit, en toute cordialité.

        • Bonjour monsieur Le Honzec,
          je vais mettre des points pour clarifier les choses, car ça commence à partir dans tous les sens, avec un petit effet « Trissotin », ça nous permettra de gagner du temps :
          1) Je maintiens que ma référence à Spinoza n’est pas une connerie, même si elle aurait pu être plus approfondie, comme vous l’avez signalé. Les travaux de Spinoza ont fait date par rapport à la lecture des textes sacrés dans l’ensemble de la civilisation occidentale. Ce qui ont tenté de faire ce travail par rapport au Coran doivent se cacher aujourd’hui. Je n’ai rien voulu dire d’autre.
          2) Il y a dans mon textes quelques caricatures, en effet, mais je n’ai jamais trouvé que « caricaturer » c’était se tromper. Vous ne me direz pas le contraire.
          3) Oui Spinoza a été excommunié par sa communauté et oui, sa communauté était en Hollande pour échapper à l’inquisition.
          4) Je me note de « prendre plus de temps pour écrire » et vous remercie pour votre conseil. En retour, je vous conseille de prendre un peu de temps pour me lire, car je ne vous ai jamais soupçonné de regretter la Sainte Inquisition, au contraire, je me suis dit bien au contraire, « le caricaturiste de Contrepoints ne peut regretter l’Inquisition ».
          Bonne journée

      • Désolé de vous contredire, mais cette distinction existait bien avant Spinoza.

        Saint Augustin au IV° siècle avait déjà lancé un mouvement de pensée, sans doute incomplet et moins explicite, qui séparait ce qui était du domaine de l’entendement humain (la raison, le savoir) et ce qui était du domaine divin (la foi, le croire) : « les pensées de Dieu ne sont pas, de près ou de loin, les pensées des hommes » et qui définissait le péché originel comme étant l’indécision à séparer les deux : la croyance que raison et foi étaient liées. Mouvement de pensée qui procédait de la confrontation des pensées grecques au christianisme.

        Péché originel dont Spinoza c’est fait une parfaite illustration, en essayant de prouver avec la raison l’existence de la foi : démonstration dont l’Eglise avait déterminé de façon dogmatique l’impossibilité avant lui.

        Par contre, je vous rejoint pour dire que le processus d’interprétation de la Bible est très long : il avait avancé assez rapidement sous l’Empire Romain, avec les schismes de l’arianisme, du manichéisme etc… et il a fallu attendre la renaissance pour qu’il reprenne en vigueur, et élimine en même temps le poids des traditions acquise pendant la période intermédiaire.

        Mais Augustin d’Hippone, Thomas d’Aquin et nombre d’autres ont eu une influence plus importante que Spinoza, dont la notoriété tient plus aux constructivistes et rationalistes qui ont cru trouver en lui la preuve absolue de leur foi : celle de l’athéisme et du nihilisme.

        Je suis assez étonné pour tout dire, qu’un libéral cite Spinoza comme référence, Spinoza qui à mon avis est à ranger dans la catégorie des sophistes comme Marx qui ne peuvent considérer le monde que comme un système fermé et défini par leur propre intelligence, mais cela est sans doute compréhensible vu l’influence énorme de la propagande rationaliste dans le système éducatif et la culture Française.

        L’inconnu, le futur et le passé, la liberté, l’amour et Dieu ne sont pas du domaine de la raison.

        http://fr.wikipedia.org/wiki/Fides_et_ratio
        http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_15101998_fides-et-ratio_fr.html

        • Oui sans doute. Merci pour ces détails. N’empêche que les travaux de Spinoza ont fait date. C’est la raison pour laquelle je le cite. A titre personnel, je suis plus proche de la filiation Platon-Leibniz-Ruyer.

          • Maintenant que la mode anticléricale est un peu retombée, commencent à sortir quelques travaux sur les liens entre l’Eglise et la civilisation occidentale, qui contrairement à la propagande rationaliste athéiste, ne se contentent pas de faire une relecture anachronique et moraliste de l’influence de l’Eglise en se concentrant sur certains épisodes : inquisition, croisades, bigoterie, moralisme, etc .. dans le clair objectif de faire un procès à charge et polémique contre la religion.

            J’aime citer les ouvrages de Lenoir : le christ philosophe et comment Jésus et devenu Dieu, parce qu’ils utilisent une approche historique sous un éclairage philosophique.

            C’est ce travail qui devrait être fait sur l’Islam et non un travail critique purement philosophique comme celui de Spinoza : l’histoire de l’Islam, et surtout de sa création en dit bien plus long sur l’Islam que le Coran.

            Mais nous en revenons à la discussion que nous avons eu plus haut sur la dialectique : en matière de foi, mon opinion est qu’elle se révèle une méthode très limitée, la foi n’étant pas rationnelle et donc assez insensible, voire conflictuelle à l’égard de l’argumentation dialectique.

    • Je ne doute pas que les catholiques n’aient jamais fait une lecture littérale des Evangiles. N’oublions pas que ceux qui en faisaient la lecture, littérale ou non, ou même s’ils n’en faisaient pas du tout la lecteur mais en avaient un exemplaire sans autorisation, se faisaient tout simplement tuer. N’oublions pas non plus que les papes, loin de faire une lecture littérale, pouvaient dire (et faire) à peu près tout et n’importe quoi tant qu’ils avaient du pouvoir.
      Remarquons qu’il y a bien des chrétiens qui considèrent la Bible comme seule source de vérité, et que, parmi ceux-ci, certains en font bien une lecture littérale, erreurs de traduction comprises.
      Pour ce qui est de témoignages… là aussi il faut reprendre un petit peu l’Histoire. Évidemment les évangiles sont des constructions, on peut même remarquer que si il existe bien une quantité de Jésus d’un point de vue historique, il n’y a aucune preuve d’une unicité d’une personne ayant fait tout ce qui est dit par les soit-disant témoins. Le Coran a été écrit à une autre époque où, même si la reconstruction de la réalité était possible, l’Histoire était bien installée dans toutes les sociétés et les action de Mahomet et de ses suivants n’étaient pas suffisamment discrètes pour passer inaperçues aux yeux de ceux qui ne s’y intéressaient pourtant pas (parce que Jésus, de son vivant, s’il a bien existé, tout le monde s’en moquait complètement… c’est toute l’idée et la beauté de la chose pour les premiers chrétiens).
      Maintenant, franchement, l’idée que la Bible ait été de tous temps considérée comme elle l’est aujourd’hui à savoir une œuvre totalement humaine sans aucun caractère sacré, c’est une blague ou de la mauvaise foi. Réjouissons-nous en effet d’avoir réussi à repousser l’autorité de l’Église suffisamment pour qu’elle ne nous embête plus trop et espérons que les musulmans réussiront à faire de même avec leurs autorités locales (ce qui est tout de même très probable).

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