Kenya : quand les lois anti-terroristes renforcent le terrorisme

Comment les mesures d’un gouvernement peuvent-elles servir les intérêts des terroristes ?

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Police Kenya credits Global Panorama (licence creative commons)

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Kenya : quand les lois anti-terroristes renforcent le terrorisme

Publié le 15 janvier 2015
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Par George Nyongesa.

Police Kenya credits Global Panorama (licence creative commons)

Récemment promulguées au Kenya, les lois anti-terroristes semblent avoir divisé le pays en raison de la négligence et de la manière précipitée avec laquelle elles ont été élaborées, débattues et adoptées. Le gouvernement actuel a poussé, de manière irresponsable, vers une pensée dichotomique de type : « soit vous supportez les lois sécuritaires, soit vous êtes un sympathisant terroriste ». Cette vision du monde en noir et en blanc est souvent le reflet de l’intolérance sous-jacente, et la paresse intellectuelle qui conduisent à des conclusions erronées. Ce type d’approches des affaires publiques (législation, décisions et politiques publiques) tue le débat avec comme résultat des idées précipitées et imposées.

Les lois devraient être le fruit d’une réflexion et devraient être fondées sur une logique cohérente et saine, par opposition aux émotions ou aux pressions politiques. L’adoption précipitée de lois sécuritaires draconiennes reflète l’arrogance intellectuelle et le manque de respect pour la pensée analytique.

Dans cet article, je voudrais limiter mon analyse ce qui motive le terrorisme et comment les mesures réactionnaires d’un gouvernement peuvent servir les intérêts des terroristes.

Pour commencer, nous n’avons pas eu ou entendu de discussions pertinentes sur le problème du terrorisme et des terroristes. Par conséquent, en tant que nation, nous n’avons pas une compréhension profonde de la motivation et des objectifs des terroristes et de leurs activités. Notre manque de compréhension nous a conduit à lutter contre ce fléau d’une manière qui encourage les terroristes, divise la société, classe les opposants politiques comme des sympathisants terroristes au lieu d’en faire des alliés face à la situation urgente. Bref, on facilite la mission et les objectifs des terroristes.

Les terroristes commettent des actes de violence de manière à répandre la terreur, à harceler, à affaiblir ou embarrasser les forces de sécurité pour que l’État réagisse de manière excessive pour rassurer les citoyens, à changer les principes et les valeurs des gens et en imposer de nouvelles, à influencer les décisions importantes du gouvernement, à obtenir la reconnaissance par les pays de certaines revendications. De ces objectifs, il est possible de déduire analytiquement la mission et les buts des terroristes. Il est important pour nous de comprendre cela parce qu’un mauvais diagnostic conduit à une mauvaise prescription. Bien que les activités terroristes peuvent être motivées par d’autres objectifs autres que ceux qui viennent d’être mentionnés.

Notre manque d’analyse critique et de compréhension de la motivation et des objectifs du terrorisme et des activités terroristes ont conduit notre gouvernement à proposer des lois mal faites qui vont plutôt aider les terroristes dans leur mission et atteindre leurs buts et objectifs.

En substance, l’objectif du terrorisme et des terroristes est de renier aux gens leurs droits et libertés à travers des activités terroristes. Le gouvernement ne peut pas non plus, dans son effort nous enlever nos droits et libertés. Lorsqu’il fait cela, il aide les terroristes à atteindre leur objectif et devient de fait une organisation terroriste.

L’avènement de la Constitution du Kenya (2010) a marqué l’entrée du pays dans la famille des sociétés libres. Nous sommes une société libre fondée sur les principes et les valeurs des droits et de liberté. Nous sommes une démocratie. Nous sommes un peuple fier de notre liberté de vivre et de poursuivre nos propres objectifs de la manière que nous estimons opportune, et ce aussi longtemps que ça n’interfère pas avec les droits des autres à faire de même.

Dans le but de garantir une société libre, le rôle du gouvernement se limite à la sécurisation de nos droits et libertés. Par conséquent, ceux qui prêtent serment lors de leur ascension aux fonctions publiques doivent rester toujours être conscients qu’ils ont la mission suprême de sauvegarder notre société libre. Les lois de sécurité actuelles transforment le Kenya en une société non libre, ce qui est en fait le rêve des terroristes.

L’argument de confisquer les droits et libertés d’une manière non négociée pour assurer la sécurité est de la foutaise. Droits et libertés, d’une part, et sécurité, d’autre part, peuvent coexister. Nous n’avons pas à choisir entre les deux.

Nous savons maintenant que tous les terroristes tuent pour inculquer la peur et perturber la société libre et refuser aux gens droits et libertés. Pourquoi les (ré)actions du gouvernement devraient prendre nos droits et libertés en vigueur pour accomplir la mission et l’objectif des terroristes ?

Les soi-disant sympathisants terroristes sont des patriotes Kényans qui ne veulent pas que leurs modes de vie soient altérés par des terroristes ou par le gouvernement. Ils ne veulent pas perdre leurs chères valeurs démocratiques et les laisser entre les mains des terroristes ou du gouvernement. Il est possible pour les Kényans d’obtenir leurs droits et leurs libertés même s’ils jouissent de la sûreté et la sécurité de la part du gouvernement.


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