Entre Kim Kardashian et Thomas Piketty, faites votre choix

Les paires de fesses proéminentes exhibées par quelques starlettes libèrent-elles la femme occidentale de son carcan de minceur ?

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Kim Kardashian (Crédits Dan Raustadt www.biggerpictureimages.com, licence Creative Commons BY-NC-ND 2.0)

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Entre Kim Kardashian et Thomas Piketty, faites votre choix

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 décembre 2014
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Par Thierry Godefridi

Kim Kardashian - instagram

À l’amie marathonienne qui me demandait ce que l’on pouvait me souhaiter pour 2015, je répondis, par étourderie, que je me verrais bien courir mon prochain marathon (le 55e officiel) au côté de Kim Kardashian. Son fessier dodu, illustrant un article consacré à ce segment du marché de la chirurgie esthétique aux États-Unis, me parut d’emblée destiné à soutenir d’un train régulier un effort de longue durée, tel qu’un marathon, quels que soient l’ondulation ou le revêtement du parcours.

« Si un postérieur pareil est ce qui fait fantasmer les hommes, non merci ! », me rétorqua mon amie qui n’est pourtant pas dépourvue de formes seyantes. Un fessier rebondissant doit en effet ne pas laisser les hommes indifférents puisque les femmes seraient prêtes à dépenser de coquettes sommes pour suivre cette nouvelle mode. « Les hommes ne réfléchissent pas nécessairement avec leurs cerveaux, du coup les femmes non plus », réagit mon amie. Qui de la cause ou de l’effet contient l’autre, vieille querelle autour du principe aristotélicien Omne quod movetur ab alio movetur !

L’engouement pour les fesses hypertrophiées n’est pas limité aux Amériques. La France n’y échappe pas, prétend Jean-Claude Kaufmann, directeur de recherche au CNRS et auteur d’une sociologie des seins nus à la plage sous le titre Corps de Femmes, Regards d’Hommes. Il y voit les influences de la culture latino-américaine et de stars au succès aussi plantureux que leurs anatomies ainsi que des raisons d’ordre économique et psychologique : « Dans les périodes d’incertitude, les gens recherchent la sécurité. Les hommes sont attirés par les hanches des femmes et par leurs fesses pour se rassurer et se sentir en sécurité et les femmes répondent à cela. »

Le Dr Dionne Stephens, professeur de psychologie à l’Université internationale de Floride qui a accompli des recherches sur la sexualité dans la culture populaire, abonde dans ce sens et relève que l’envie de fesses imposantes ne date pas d’hier et emporte aussi la préférence dans les communautés noires. Voilà de quoi revigorer celles qui, jusqu’à présent, auraient estimé qu’elles avaient les fesses plus protubérantes qu’elles ne l’auraient souhaité !

Que cette lubie soit devenue un courant dominant, on le doit à ces vedettes du showbizz qui, comme Jennifer Lopez et Minaj, n’éprouvent aucune gêne à se faire photographier côté séant. Mais, c’est à Kim Kardashian et à son émission de TV Keeping up with the Kardashians dont la diffusion débuta il y a sept ans que l’on s’accorde à attribuer un rôle fondateur dans la propagation de cette nouvelle tendance. Dans un épisode datant de 2011, elle se fit radiographier le postérieur pour prouver qu’il ne contenait aucun artifice et elle en publie régulièrement des photos sur son compte Instagram que suivent près de 23 millions de fans.

À court d’arguments sur le plan du show, ma correspondante déplaça le débat sur celui du bizz. « J’ai tout de même du mal avec cette débauche de fric et la répartition de la richesse ! », finit-elle par me dire. Avec les vedettes de la télé-réalité ou ces footballeurs millionnaires tatoués de la tête aux pieds l’on s’éloigne de la métaphysique schopenhauerienne de la sexualité mais faut-il en conclure à l’immoralité d’une société régie par la loi de l’offre et la demande et le libre choix de ses constituants ? Préfère-t-on vivre dans un monde libre où la richesse est répartie de manière inégale, aléatoire et parfois inversement proportionnelle au Q.I. (laissant à chacun la possibilité de gagner le gros lot), ou, pour paraphraser Churchill, dans un monde planifié où, trois quarts de siècle de socialisme soviétique l’ont amplement démontré, c’est la pauvreté qui est répartie inégalement ? Entre Keeping up with the Kardashians et Planning down with the Pikettys, faites le choix.


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  • La femme objet sexuel et boniche domestique, thème cher aux libéraux.

    A lire, relire et apprendre par coeur : http://www.contrepoints.org/2013/11/28/147883-pourquoi-les-femmes-haissent-elles-la-liberte

  • j’ai rien compris, une âme généreuse pourrait m’expliquer? Enfin l’article, le marathon je visualise bien, merci!!

    • Il est vrai que le propos de l’article est un peu alambiqué. Voici ce que j’en ai compris:
      L’amie coureuse de fond illustre la pensée magique dominante dans un pays qui a deux partis de gauche dont un s’appelle la droite, et une conscience collective foncièrement anti-libérale, donc Pikettiste à fond.
      Ladite coureuse reproduit les poncifs liberticides de la gauche anticapitaliste et antimondialiste quand elle fustige « l’immoralité d’une société régie par la loi de l’offre et la demande et le libre choix » ou « cette débauche de fric et la répartition de la richesse ». Taxer d’immoralité la liberté de choisir et glorifier la répartition des richesses sont des totems de cette pensée illibérale dont Piketti s’est fait le héraut, pour ne pas dire le héros. Je remercie les économistes sérieux (mais non médiatiques) comme Elie Cohen ou Philippe Aghion (qui vient d’avoir une élection de maréchal au Collège de France) d’avoir démasqué l’imposture en identifiant ces piliers de l’utopie socialiste dans la compilation de sophismes qui est devenue un best-seller transatlantique, sous la houlette de deux monstres sacrés, Krugman et Stieglitz. Ces économistes de gauche surfent sur l’inculture économique des « bleeding heurts », prompts à épouser n’importe quelle lubie. C’est tout le propos de « La Connaissance inutile » de Jean François Revel qu’il faut lire et relire car son analyse est intemporelle.

  • Belle illustration de la femme éternellement irresponsable, éternellement victime, que proposer notre époque féministe.
    -Photoshop fait maigrir les femmes et les top models sont trop plates… donc les femmes, victimes permanentes et idiotes les suivent : interdiction !
    -Kim Kardashian et quelques autres ont les fesses rebondies, pervers exemple que les hommes suivent : les féministes condamnent.
    De toute façon il semble que la femme qui plaît aux hommes, quelle que soit la façon dont cela se produit (minceur, rondeur, intelligence, richesse) soit le faible et qu’il faille interdire ça.

    L’analogie avec Picketout est parfaitement trouvée puisque dans les deux cas un pseudo raisonnement de santé ou d’intérêt public sert à (mal) camoufler une jalousie morbide envers ceux (celles) qui réussissent à avoir (supposément sans effort) ce que ces censeurs veulent pour eux (elles même) sans pour autant être prêts à en payer le prix.

  • Je préfère sans hésiter Kim, elle au moins elle a des arguments !

  • Je ne comprends pas très bien pourquoi on s’extasie sur les fesses de Piketty. Mais il est vrai que je ne m’intéresse guère à la Jet-Set.

  • Chaque fois que ça parle de femme, de près ou de loin, notre troll Adèle y va de son refrain caricatural « les femmes sont les esclaves domestiques et sexuels des monstrueux hommes ». Il n’y a semble t’il plus que moi sur ce site pour y faire attention.

    Sinon, je n’ai rien compris au propos de cet article. L’auteur nous demande t’il de choisir entre les fesses de Piketty ou la théorie maquereau-économique de Kim Kardashian? Ah, mer… , je m’embrouille!

    Si seulement la structure du monde pouvait se résumer à l’opposition « marxisme sexuel » façon Kardashian contre « féminisme capitaliste » façon Piketty, les choix de vie seraient limpides.
    J’ai l’impression que tout cela m’a fait des noeuds dans le cerveau. Je crois bien que je vais retrouver ma caverne, ma massue, et mon gigot, rien de plus gratifiant. Surtout si c’est Piketty qui fait tourner la broche, tandis que Kim me réjouit d’une danse sensuelle. Pourquoi rejeter l’un quand on peut choisir les deux?

    • C’est qu’elle a bien été programmé…
      à la base les femmes assuraient le pilier de la famille, la structure sociale et l’éducation.

      Puis un jour on les a libéré…de quoi on ne sait pas puisque ma grand mère ne semblait pas si malheureuse que ça…
      La suite on la connait, femme au travail = consommation, imposition, réduction de l’emprise éducative sur l’enfant, partage des richesses réduisant les augmentations de salaires…

      Perso je ne suis pas contre cette idée du travail des femmes, il ne faudrait simplement pas oublier l’idée d’origine.

    • @DrSlump

      Non je pense que les autres ont compris que le libéralisme pour être audible ne devait pas faire des femmes et des revendications féministes un défouloir mais au contraire valoriser les femmes libérales et encourager celles qui le sont pas à le devenir.

      Kim Kardashian est une femme d’affaires, une productrice d’émissions de télévision, voilà ce qui doit être mis en valeur.

      Désespérant. Vraiment.

      • Thatcher n’est pas valorisée sur contrepoints ?

      • « Kim Kardashian est une femme d’affaires, une productrice d’émissions de télévision, voilà ce qui doit être mis en valeur »
        HAHA!!! mais elle ne met en valeur que son derrière et sa bétise !!!

        • Bah , elle doit avoir un talent certain, quand même, pour convertir la bêtise (un truc qui n’est pas franchement rare) et un gros popotin (pas non plus la chose la plus difficile à trouver) en des paquets de pognon pas du tout négligeables.

          Ce talent est difficilement contestable…

    • Le « féminisme » façon Piketty? Je flippe, Adèle filipe-t-elle?

  • Faisons une comparaison entre Nabila et Kim Kardashian.
    1 Gain:(Nabilla) pour la saison 5 des anges de la télé réalité:30 000euros
    (Kim) en 2013 environ 25 milions d’euros.
    2 Vie sentimentale:( Nabilla) séparée de Thoma Vergara après une relation tumultueuse
    (Kim) Est mariée à un enfant.
    3 Fait marquant: (Nabilla)A poignardé son copain.
    (Kim) A fait une sex tape(qui a rapporté des millions)
    Kim Kardashian est en bonne voie pour devenir milliardaire par la force de son travail. Un libéral sain d’esprit ne peut que s’incliner devant cela. Quant à sa camarade française celle ci sera prochainement jugé. Le choix entre Kim et Piketty est simple, sa camarde française est là pour prouver que tout le monde ne réussi pas grace à une plastique avantageuse.

  • Je ne comprends tjs pas vraiment, vous trouvez vraiment que toutes les femmes sont minces, poursuivant l’idéal maigreur, de leur Vogue? Moi non, alors dire wahou à Kim kardashian qui nous montre ses seins et son fessiers, bof, j’aime être comme je suis, tant pis si je ne suis pas rassurante grâce a mon cul et mes seins…
    Ok pour vivre dans un monde avec plus de liberté et de respect, mais là, j’ai l’impression que ce monsieur veut la tête de Piketty pour y ériger Kim-Antoinette à la place, je peux me tromper sur le sens de l’article, mais je veux bien qu’on m’éclaire encore 😉

    • Ou bien là où y a Piketty on a pas de sous dc on mange rien dc on est maigre comme dans les magazines, et dans le monde libéré de Kim, y a de l’argent a dépenser pour se refaire seins et fesse, c’est l’idée??? 🙂

    • Bah ce sont deux cas de jalousie camouflée derrière des pseudo bon sentiments/arguments.

      La femme de l’histoire du marathon est jalouse du popotin de la Kim, donc c’est mal, c’est la société de consommation, c’est un truc à interdire. Et pourtant la marathonienne a des formes pas pires…

      L’économiste et ses potes sont jaloux des gens qu’ils pensent moins intelligents qu’eux mais qui gagnent plus d’argent (leur obsession), donc l’inégalité est mauvaise et il faut que la loi intervienne pour interdire ça. Et pourtant il est loin d’être pauvre…

      Deux cas de « un bon ordre n’existe que si je suis en tête ou personne n’est devant moi »…

  • La seule liberté qui vaille c’est s’accepter tel que l’on est, faire ce qui nous semble bon pour nous et surtout pas écouter les diktats de la presse, de la mode et du showbiz. Sinon, frustration assurée.

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