4 mythes sur l’entrepreneuriat [REPLAY]

Contrairement aux idées reçues, l’entrepreneuriat c’est pour tout le monde !

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4 mythes sur l’entrepreneuriat [REPLAY]

Publié le 17 décembre 2014
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La rédaction de Contrepoints vous propose de redécouvrir d’ici la fin de l’année les articles phares de 2014. Aujourd’hui, un article sur l’entrepreneuriat de Philippe Silberzahn.

Par Philippe Silberzahn.
(article publié pour la première fois le 4 mars 2014)

super-entrepreneur

Il existe quatre idées reçues sur l’entrepreneuriat : le fait que les entrepreneurs aiment le risque, le fait qu’ils soient visionnaires, le fait qu’ils soient experts à prédire l’avenir et, surtout, le fait qu’ils soient différents de nous. Revenons sur ces mythes.

Mythe n°1 : Les entrepreneurs aiment le risque

On dépeint souvent les entrepreneurs comme aimant prendre des risques. Qui, en effet, est capable d’abandonner son travail et de tout risquer pour se lancer dans une aventure bien incertaine ? De travailler pendant des mois, voire plus, sans salaire, sans protection sociale, pour lancer une entreprise qui a toutes les chances de ne pas décoller (on répète à l’envi que 50% des nouvelles entreprises ne franchissent pas la cinquième année).

Or un tel lieu commun ne résiste pas à l’examen. Le cascadeur Rémy Julienne aime à répéter « Mon métier c’est de réduire les risques. » Les entrepreneurs font pareil. D’une part, les entrepreneurs procèdent souvent par petites touches : ils essaient quelque chose et poursuivent si ça marche, encourant une « perte acceptable » dans la foulée. Vraiment, consacrer quelques mois à un projet entrepreneurial, est-ce si risqué que cela ? En outre, une telle expérience est de plus en plus valorisée dans les entreprises, ce qui est important si l’entrepreneur rejoint le marché du travail après un échec.

Par ailleurs, le monde du travail se précarise : qui pense réellement qu’avoir un emploi dans une grande entreprise, où l’on est à la merci d’un coup de bourse ou d’une délocalisation, est moins risqué que dans une petite entreprise où l’on a beaucoup plus de prise sur les décisions ?

Enfin, les recherches montrent que ce n’est pas le risque que manipulent les entrepreneurs, mais l’incertitude, propre aux marchés nouveaux.

Mythe n°2 : Les entrepreneurs sont des visionnaires

L’entrepreneur, c’est celui qui développe une vision et qui s’obstine à la réaliser, bravant tous les obstacles, ignorant les critiques, convertissant un à un les sceptiques. La démarche entrepreneuriale est une épopée opposant celui qui sait, l’entrepreneur, à ceux qui ne savent pas, les autres.

Or s’il existe bien des entrepreneurs visionnaires, ils sont peu nombreux – d’ailleurs les livres citent toujours les mêmes – et souvent, lorsqu’on gratte un peu, ils n’étaient pas si visionnaires que cela. Sam Walton, inventeur du supermarché et fondateur de Wal-Mart, avait coutume de dire à propos de sa vision: « Comme toutes les idées de génie, elle a mis vingt ans à mûrir ! » Les entrepreneurs sont parfois visionnaires, mais cette vision se développe au fur et à mesure de leur action, elle est construite par les rencontres et les partenaires. Elle existe très rarement au début de l’aventure entrepreneuriale.

Mythe n°3 : Les entrepreneurs sont experts en prévision

L’entrepreneur, c’est celui qui fait preuve de vision, qui est capable de détecter une tendance que tout le monde néglige, qui devine vers où va le monde. Il est alerte et comprend mieux son environnement. Sur cette base, il peut démarrer une entreprise qui tirera parti de sa vision.

Or aucune étude ne confirme cela. Les entrepreneurs ne sont pas plus visionnaires que vous et moi (enfin vous je ne sais pas, mais moi…). Bien sûr quand on interroge ceux qui ont réussi, ils ont tendance à dépeindre leurs débuts comme celui d’un éclair de génie. La réalité est souvent beaucoup plus prosaïque. Les entrepreneurs ne cherchent pas à prédire l’avenir, ils le construisent.

Mythe n°4 : Les entrepreneurs ne sont pas comme nous

On ne compte pas les articles dépeignant « l’entrepreneur-héro », essayant de comprendre ce qui rend les entrepreneurs spéciaux. On les décrit dotés de caractéristiques psychologiques supérieures, alertes aux opportunités de leur environnement, créatifs, dynamiques, intelligents, faisant preuve de leadership, etc. Le problème, c’est qu’aucune de ces études théoriques n’est vérifiée dans la réalité.

Ce qu’on observe au contraire c’est que les entrepreneurs n’ont aucune caractéristique distinctive. Rien ! Comme le dit Saras Sarasvathy, chercheuse à l’origine des recherches sur l’Effectuation : « Les entrepreneurs ne sont pas plus différents de vous et moi qu’un astronaute ou qu’un comptable. »

Ce qui rend l’entrepreneur spécial, ce n’est pas ce qu’il est, mais ce qu’il fait, et surtout comment il le fait. Ce qui est spécial, c’est l’entrepreneuriat en tant qu’activité, mais cette activité est pratiquée par toutes sortes de gens, dans toutes sortes de situations. Certains sont timides, d’autres sont à l’aise en public. Certains sont des leaders, d’autres fins organisateurs. Certains sont visionnaires, d’autres débrouillards, etc.

En substance, l’entrepreneuriat, c’est comme toute autre activité : elle a ses spécificités, ses méthodes ; chacun peut les apprendre et les appliquer avec plus ou moins de succès. Tout le monde ne s’y adonne pas, mais l’entrepreneuriat c’est pour tout le monde.


Sur le web.

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  • Globalement en désaccord avec cet article… tout d’abord car généraliser l’entrepreneur c’est comme généraliser le fonctionnaire, cela n’a pas de sens. Il y a les infirmières en hopital et l’employé de la RATP, il y a le fonctionnaire du RSI et le policier,… chez l’entrepreneur, bien que différent, il y a le pharmacien (dont les clients sont garantis par la loi, payé par l’Etat,…) et le petit commercant de fringue, il y a l’entrepreneur qui a eu beaucoup d’argent et qui a pu racheter une entreprise qui marchait très bien, et le boucher… bref des différences énormes entre les entrepreneurs.

    1) Le risque c’est aussi d’avoir une baisse de commandes et donc gelé son propre salaire, gelé ses investissements, de savoir si il faut demander un pret à une banque en mettant en caution son argent personnel,… donc le risque est dans l’ADN de beaucoup d’entrepreneurs, car un salarié n’a pas ce risque d’investir son argent personnel dans un projet qui peut échouer,… si le salarié perd son emploi a cause de la bourse il bénéficie du chomage, ce que le patron n’a pas dans 90% des cas (sauf arrangement si vous etes assoc avec la mise en salarié d’un des actionnaires par ex)… Bref le salarié a : les horaires contraintes, la non adéquation du salaire sur la réussite de la boite dans 80% des jobs,… mais pas le risque, sauf quelque 10% d’entrepreneurs qui ont repris une boite qui marche sur un marché fermé,… mais ca ne représente meme pas 10%… et donc par conséquent oui les médecins, les pharmaciens n’ont aucune prise de risque puisqu’ils savent que le retour sur investissements (et ils peuvent-etre lourd pour eux) est assuré par l’Etat et les clients, mais plus de 90% des entrepreneurs ne sont pas des entreprises comme çà, ou le risque est réel tous les jours.

    2) et 3) Vous dites « les entrepreneurs ne sont pas visionnaires… leur vision est construite dans le temps »… donc ils sont visionnaires. Bien sur que l’entrepreneur n’est pas visionnaire dans son ensemble, car ca ne veut rien dire. Le boucher qui s’installe n’a pas trop a l’etre, il faut qu’il soit pleins de choses, mais pas visionnaire, a part si il veut innover dans son métier, mais dans 90% des cas non… mais un entrepreneur qui aime entreprendre pour entreprendre, va etre visionnaire pas par magie, mais comme vous le dites, construit dans le temps, il va avoir un regard différent sur ce qu’il voit, il va voir dans chaque métier qu’il croise quelque chose a faire,… ce que l’entrepreneur qui a monté sa boite d’expert comptable n’aura pas forcément, et qui restera expert comptable toute sa vie, mais il y a des entrepreneurs qui changent radicalement de métier constamment juste car ils aiment entreprendre.

    4) plutot d’accord, mais l’entrepreneur a bien évidement quelque chose de spécial que l’employé communal n’a pas …. et réciproquement. Chaque métier a ses spécificités. Il n’y a pas d’un coté des etres supérieurs (les entrepreneurs) et de l’autre les salariés… il y a des choix de vies tout simplement.

    • « Globalement en désaccord avec cet article… tout d’abord car généraliser l’entrepreneur c’est comme généraliser le fonctionnaire, cela n’a pas de sens.  »

      Alors ça, c’est incroyable ! Vous n’avez visiblement pas compris l’article. Vous accusez l’auteur de défendre quelque chose qu’il dénonce !! L’objet de cet article est justement de dénoncer les lieux communs, les stéréotypes sur l’entrepreneuriat, bref le propos est de dire qu’il faut se méfier des « généralités » non fondées véhiculées sur l’entrepreneur.
      Je cite : « cette activité est pratiquée par toutes sortes de gens, dans toutes sortes de situations. Certains sont timides, d’autres sont à l’aise en public. Certains sont des leaders, d’autres fins organisateurs. Certains sont visionnaires, d’autres débrouillards, etc. » Difficile d’être plus clair.

      Pour le point 1, vous n’avez pas compris non plus. Le propos de l’auteur n’est pas de dire si oui ou non l’entrepreneuriat est plus risqué que le salariat. Mais de démonter l’idée farfelue que l’entrepreneur recherche le risque. Entreprendre, c’est optimiser les espérances de gains en prévenant les risques, c’est gérer les risques. Bref les entrepreneurs ne sont pas des masos accros aux risques.

      Enfin pour les points 2, 3 et 4… vous dites la même chose que l’auteur tout en prétendant être « globalement en désaccord »…

  • tout le monde est entrepreneur :

    par exemple, en france, beaucoup de gens  » entreprennent  » de devenir fonctionnaire …

     » et le pinard , ça devrait etre obligatoire … « 

  • C’est un article est très contestable et paradoxal sur Contrepoint. Je ne retiens qu’une seul phrase qui remet en cause toute son argumentation.
     » Les entrepreneurs ne cherchent pas à prédire l’avenir, ils le construisent. »

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Miruna Radu-Lefebvre est Professeur en Entrepreneuriat à Audencia. Raina Homai est Research Analyst à Audencia.

 

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